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22/02/2022

Et la morale, bordel ?

Le fait que les révélations de Mediapart sur Roussel soient d'ores et déjà un non événement de campagne a quelque chose de désespérant. Pour le débat public, qui s'habitue trop à ces affaires ; pour la campagne présidentielle, puisqu'on considère qu'un candidat sous les 10% a une immunité sondagière ; pour nombre de militants de gauche, qui refusent d'y voir un mal à cause de l'identité du coupable.

Fabien is not the new Penelope. Les différences entre l'affaire Fillon et Roussel sont de taille. Fillon a fait perdurer un système pendant 25 ans pour 1 millions d'euros détournée et sa femme n'a effectivement rien fait pendant 25 ans. Roussel a touché de l'argent pendant cinq ans seulement et il a bossé et sans doute beaucoup. Il a "juste" touché de l'argent d'un député quand il bossait pour le parti. Bon.

Il suffit d'écouter Fabien Roussel se défendre comme un lion sur le sujet. Il est, sincèrement, convaincu de n'avoir rien fait de mal, puisqu'il bossait. Comme dans la chanson, il a encore rêvé de son job et il en a rêvé si fort "que ses pneus s'en souviennent". Coquin ! 

Roussel ne voit pas le mal car tout le monde faisait ça. Ce qui lui est reproché, c'est peu ou prou ce pourquoi le FN et le Modem étaient emmerdés, sauf qu'eux c'était le Parlement Européen et pas l'Assemblée, mais au fond ce que ça soulève, c'est le financement de la vie publique. Roussel estime, comme beaucoup, que la vie publique est sous-financée et qu'au fond, peu importe d'où viennent les fonds... Et ce cynisme abîme, abîme terriblement une démocratie qui n'a pas besoin de ça. Dans "On a les politiques qu'on mérite", Chloé Morin estime que le débat public est de plus en plus violent, chronophage, avec un goût de la transparence de plus en plus prononcé et que cela a une influence délétère sur celles et ceux qui aspirent encore à être élu.es : ne restent que "les pur.es et les pourri.es". Soit les illuminé.es de la chose publique, soit les revenus de tout. Et elle n'a pas tort... Pris la main dans le sac de ne pas appartenir à la première catégorie, la dénégation énergique de Roussel l'amène, hélas, vers la seconde. La moraline est sans doute un poison, mais la morale reste le meilleur antidote à l'empoisonnement du climat actuel. 

 

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