31/03/2011
Carte postale de New York
"Gotta move folk you can't block the line, gotta keep on movin'", cette phrase d'accueil entendue à l'aéoroport, je l'ai entendu à nouveau en faisant la queue dans des trucs à touristes, surtout, ne pas arrêter le flot d'énergie. Ce peuple n'est pas contemplatif, ma foi.
Sorti de ça, l'aéroport donc, au pas de charge, nous nous établissons dans l'appart trouvé pour les vacances loué à un type fort sympathique qui nous voyant arriver s'inquiète "vous z'êtes en couple, car ton pote là, l'est super grand et le lit en mezzanine", non nous ne sommes pas en couple, mais en revanche nous avons une passion modérée pour Lilliput, un pote passant dans le coin nous dépanne d'un matelas à moteur et le tour est joué. Une fois qu'il est joué, il nous faut le faire, le tour. En bas de l'immeuble, un petit parc ou des blacks à doudounes et pantalons baggy, casquette de base ball tchatche très fort. On regarde si les caméras sont là tant on se croirait dans the wire, mais non. On a pas les codes me répète je à l'infini en voyant des cadres costards cravates s'avancer en trottinette ou en croisant des loqueteux dans le métro triturer leur Ipad et passer des commandes de brief à la chaîne. Ici, les apparences sont plus que trompeuses et des voisinages délabrés valent des millions de $.
Seconde évidence, le nombre de psychotiques est proprement délirant. Est-ce parce qu'il n'y a aucune institution pour les accueillir ou les héberger, que les ruptures familiales sont plus violentes qu'ailleurs, mais des dingues qui avancent dans la rue, en hurlant que c'est la fin du monde, sont légions ici. Comme sont légions les clochards qui bossent à recycler les déchets. On les voit avancer par dizaines, grands sacs plastiques à la main, pour trier, verre, emballage, carton et ramasser les surplus. Du coup, New-York est propre, mais le lumpen est ancré et volontaire dans sa condition avec une énergie qui fait froid dans le dos. Le marche ou crève anime cette ville avec des aspects sympathiques comme les musiciens de rue, ou plus irritants comme ces serveurs qui te demandent cinq fois pendant le repas if "everything is all right".
La vie nocturne, elle, est tout bonnement bluffante pour qui aime la musique, les scènes de live jazz tous les trois cents mètres et des rencontres improbables dans les chiottes pour mecs comme on en retrouve dans les polars de James Lee Burke. Hier j'ai pissé aux côtés d'un type qui m'a entrepris amicalement en employant "motherfucker" comme un signe de ponctuation. Quelque chose comme "your friend is motherfucking tall. You look like englisk motherfuckers. Ha no, you're french ? Paris ? That's a city of motherfucker", nous lâchait-il, admiratif.
Sur cette saillie poétique, nous plongeâmes vers d'autres antres jazzy in the city that never sleep, mais le mercredi, jour des enfants, elle avait besoin de repos. Qu'à cela ne tienne, nous y reviendrons.
Demain, nous nous délasserons après un footing le long d'East River et nous irons voir de quel bois on se chauffe dans les musées, ici.
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25/03/2011
Ne disperse pas ton énergie à critiquer le PS, l'étrange cri socialiste...
Bon, on y arrivera pas, ils sont trop bêtes au PS. Je voulais vous parler de " le dernier stade de la soif", de Frédéric Exley et aussi de "ni peur, ni haine" des chroniques de Jean Prévost exhumées par Joseph K à la troublante actualité quand on pense qu'elles sont écrites en 32-33... Mais non, des agapes associatives hier et une discussion sidérante avec des socialistes m'ont fait quitter cette intention livresque.
Je ne leur ai pas caché mes orientations, mais contrairement à ce que pensait lesdits socialistes, sans polémiquer: m'est avis que le PS est un parti de centre droit, gestionnaire pragmatique. Toutefois, je fais la différence avec le parti de l'Erostrate de l'Elysée et dans le cadre d'un second tour, j'irais mettre une rose comme je l'ai toujours fait, sans enthousiasme; en mode, tu regrettes mais il te reste qu'à approuver quoi.
Néanmoins, leur dis-je, puisque nous n'en sommes pas encore au second tour, peut-on parler calmement et s'interroger sur "pourquoi toutes les idées de gauche fuient le PS". Ils rétorquèrent d'emblée "ne perds pas ton énergie, il faut rester unis pour gagner". Heu, hors sujet ?
Non, je dis "pourquoi à la réforme fiscale de Piketty, vous allez préférer (dixit le Monde d'hier) Elie Cohen et plus de souplesse et régulation... Pourquoi Maurin n'est pas entendu et vous préférez Cahuzac qui ose "en 2012 il faudra faire des choix, sans doute rééembaucher des policiers. Et des profs ? 50 000 postes supprimés depuis 2007. La question n'est pas celle des moyens". Je redemande donc, poliment: "quelle est la différence ECONOMIQUE, LE PROJET DE SOCIETE qui différencie DSK, Moscovici et Valls d'un Alain Juppé ? Pas de réponse, si ce n'est que j'étais populiste et caricatural.
Je ne prêtais pas attention à la déviance langagière coutumière et tentais, en vain, de les faire parler idéologie: mais sur le logement, la question des exclus, toutes les propositions de gauche faites à une fondation dite "progressiste" ont été retoqué au motif spécieux que ça coûtait cher la première année... Vous avez pas de proposition différenciante ? C'est pas la question, on propose beaucoup et il faut avancer unis...
Sur la question des conflits d'intérêt, ça a confiné au sublime et le débat était clos. Je cite cette phrase sans toucher une virgule, elle résume ce que je pense du PS: "Pour l'affaire MAM, c'est dommage car elle a prouvé qu'elle était une femme d'Etat, une vraie serviteur et pour une connerie, elle a tout gâché". Je n'ai rien à ajouter.
Demain, on parlera des livres mentionnés au début parce qu'il n'y a pas de raison d'arrêter de se faire plaisir au motif que le PS existe...
09:33 | Lien permanent | Commentaires (5)
24/03/2011
A trop faire suer le burnous, la France vire au burn out
Quitter les oripeaux ministériels peut faire de vous un grand homme. Qui se souvient du premier ministre de la Fonction Publique du gouvernement Raffarin ? Mais si, vous savez ce sénateur du Nord... Non ? Evidemment, Jean-Paul Delevoye était un homme politique archétypal au verbe plus mou qu'une poignée de caramel. Il devait prononcer des phrases comme "une France forte dans une Europe forte ne pourra se faire qu'avec une fonction Publique efficace, ce qui ne se résume pas à la question des moyens". Penser qu'un homme comme ça, gris comme le poivre, ait pu devenir notre dernier Zorro a de quoi laisser pantois. Si vous ne me croyez pas, écouter plutôt :
http://www.dailymotion.com/video/xhra1n_jean-paul-delevoy...
La France est en burn out, à force de trop avoir tiré sur la corde, d'avoir trop fait suer le burnous, elle n'est même plus en capacité de révolte, trop fatiguée pour ça. On nous gouverne par les espérances, les peurs et les humiliations. Les espérances s'étant heurtées sur le mur de Berlin et le cours de Lehman Brothers, restent les peurs et les humiliations... L'analyse politique de Delevoye enfonce Apathie, Duhamel et autre Perrineau.
L'espace d'un instant, j'en oubliais ma pondération naturelle et saluais ce chiraquien historique en me disant "chic chic, il reste un analyste au scalpel, vivement qu'il opère !" mais c'est là que le bât blesse: quand il fut en position d'opérer, il fit exactement comme tous les autres. Il a retrouvé de la voix depuis qu'on la placé dans une chambre d'enregistrement -Médiateur de la République- où ses cris se heurtent aux murs capitonnés des décideurs qui n'entendront pas ce qu'il dit. C'est bien dommage car sa tirade sur la déshumanisation des services publics qui pousse à couper les ressources des handicapés dont le compte à la Poste leur rapporte 1 euros d'intérêt au motif que l'ordinateur décèle "revenus complémentaires" est éclairant, mais restera sans doute sans suite...
Delevoye va quitter sa médiation pour devenir Défenseur des Droits. Son premier droit sera de se défendre et de piquer les prérogatives d'institutions pourtant excellentes comme la HALDE ou le défenseur des enfants, où Versini excellait (elle est de droite, notez ma tempérance qui va croissant...). Et ainsi les malins au pouvoir auront prouvé que + et + peuvent donner - quand on annule les bonnes volontés en les faisant s'affronter: la France s'enfoncera dans le burn out, mais on l'entendra moins, c'est déjà ça...
Demain, nous reviendrons avec des livres plein les poches, voir plein la besace car tout ne tient pas dans les poches...
09:29 | Lien permanent | Commentaires (8)