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18/03/2011

18 mars 1871, 18 mars 2001, bon anniversaire la gauche...

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J'ai la gueule de bois en ce 18 mars et ce ne sont pas les restes de la St Patrick...

Sur les radios de services publiques, Culture et Inter notamment, on célébre les 10 ans de mandature Delanoé. Il a été élu le 18 mars 2001 et dans son discours pour cette accession "historique" faisant basculer Paris à gauche, l'édile oubliait de saluer le 18 mars 1871; quand les parisiens se soulevèrent contre Versailles et initièrent la Commune. Neuf ans plus tard, le même Delanoé acceptera d'ailleurs un règlement à l'amiable avec les pratiques versaillaises de Chirac et ses emplois fictifs de cour...

18 mars 1871, donc. Dans L'histoire de la Commune de Paris, P.O. Lissagaray narre en témoin enfiévré le souffle d'espérance qui se promène dans les rues de Paris. Le livre a été republié chez Maspero en 1968, puis à la Découverte plus récemment, mais il ne sera pas mis en avant sur les têtes de gondole des librairies. C'est fort dommage, il propose de faire "rendre gorge" aux pourceaux versaillais. Comment qualifier autrement les enfoirés faisant de la spéculation à moyen terme à Paris avec des locaux vides tant pierre qui dort amasse maousse, en $ évidemment ? Comment ne pas penser autrement de toutes ces nouvelles ouvertures de boutiques de luxe en rupture de stock à qui on impose pas de surtaxe sur leur économie de l'irrationnel quand les aides façon la Ruche à République aux entreprises sociales se font trop rares, contrairement à la grande campagne d'affichage de la Ville en ce moment. D'ailleurs, si vous l'avez vu, on voit le tendance social-libérale retournant vers ses racines compassionnelles : "la mairie remercie ses 400 000 bénévoles" se féliciter de ses bénévoles a quelque chose d'indécent, mais passons...

Hier, au salon du livre, il fallait voir la mine des libraires indépendants qui sont dans le rouge et se soignaient au blanc sec tiède à grands renforts d'amertume de ne pas recevoir de subsides pour les aider. A quelques mètres de là, Frédéric Mitterrand passait avec dans sa suite, Jacques Toubon, fier comme un chef de rayon de Monoprix, laissant traîner un oeil las sur les couvertures avec l'espoir qu'étant reconnu, un cadeau lui serait fait. L'offrande ne vint pas, alors il s'en alla. Les mains vides...

Ce livre, donc, passera inaperçu comme son histoire, ses symboles. Surtout ne plus prononcer de gros mot comme révolution, ou seulement si c'est pour y accoler un produit, "l'Ipad, la révolution qui comble le vide entre l'Ibook et l'Iphone", un vide béant j'ai envie de dire...

Exit 1871, welcome 2001, indeed. Une gauche de droite avec une "vraie" conscience sociale, une gauche meilleure gestionnaire qui propose plus de culture et tant pis s'ils ne valent pas mieux au niveau des affaires, quand tout le monde peut lire dans des rapports que l'édile parisien embauche un directeur du design à 7 500 euros par mois... Faut-il que la droite soit ignoble pour que nous fermions les yeux là dessus... Un dernier sondage donnait le christique chiffre de 33% au premier tour pour DSK; les fidèles chantent alléluia, l'an prochain sur la place de la Bastille, on chantera du ABBA, http://www.youtube.com/watch?v=osoRylywEZk

Demain, j'irais voir France/Galles pour rester dans la variété...

15/03/2011

Si j'étais né en 77 à Hénin Beaumont

620502411_small.jpgOn sait les limites des parallèles oiseux. L'emprunt plus qu'abusif à la phraséologie des années 30 tourne en ridicule ceux qui y recourent. Comparaison n'est pas raison, mais tout de même, devant la montée en flèche du FN dans les sondages, la première chose qui me frappe, c'est le jugement porté sur ces électeurs par les médias.

Oui, je sais, la critiques des tuyaux est précisément l'antienne favorite du Front, mais dès que les écolos frémissent de deux points ou les centristes, on a droit à des décryptages sur huit pages, on convoque 16 philosophes et médiologues qui nous exposent, à grands renforts de théories capillotractées comment ces mouvement correspondent à des lames de fond de la société merde quoi, l'aspiration à un autre idéal bla bla bla...

Là, près d'un français sur quatre prêt à voter pour Marine le Pen et les commentateurs sont unanimes: c'est un gros ras le bol et une peur qui poussent ces français à sortir des valeurs de la République. Voilà, circulez y a rien à voir et ainsi, de Julliard à Barbier, de FOG à Apathie, on classe 10 millions de français comme on achève un vide-grenier, excédé par le temps que ça prend.

Du coup, ça m'interroge. Je ne me suis jamais posé la question de voter pour le Front. Objectivement, je me suis assez peu posé celle de voter un jour à droite; trouver une vraie maison de gauche en France est un job à plein temps... Pourquoi ne me suis-je jamais posé la question ? Bon, je n'ai manqué de rien, c'est vrai. Mais de nombreux élécteurs frontistes non plus. Je n'ai jamais connu le chômage, même à mes débuts. De nombreux frontistes, itou. Je n'ai jamais habité une zone dite sensible ou eu à emprunter des transports à faits divers de façon récurrente. Félicie frontiste, aussi...

Souvent, il est dit qu'un seul fait divers suffit à basculer du côté du front, censé incarner l'ordre comme personne. Confession intime, il est vrai que les rares fois où j'ai connu quelques tracas avec des jeunes voulant me dépouiller où m'en coller une juste pour se passer les nerfs, comme cela se passe depuis des temps immémoriaux à l'adolescence, il est vrai qu'ils n'étaient pas représentatif du corps traditionnel français comme dirait Longuet. Pas des gaullois. Si cela n'a pas infléchi mon mode de pensée je ne crois pas que cela soit par idéologie droit de l'hommiste comme dirait Zemmour. Je ne fais pas ceux qui nous tombaient dessus à 12 contre 2 et frappaient au sol ne s'arrêtant qu'à l'ouverture d'une arcade sourcillère (spectaculaire mais peu douloureux, au demeurant) des victimes de la société. Evidemment. Ce sont des petites frappes et de ce point de vue, des jeunes à recadrer. Mais c'est là où le fossé se creuse entre les frontistes et les autres: comment passer d'une volonté d'encadrer tous ces jeunes, de redistribuer les richesses et les emplois, de retisser du lien social qui existait, à des velléités étrangers de remettre tous ces  jeunes sur des bateaux...

Et si j'étais né à Hénin Beaumont en 77 donc, comme d'autres en 17 à Leindenstadt ? Non pas nourri de rêves de revanches ou autres, non pas bercé d'humiliation de haine et d'ignorance, mais gavé d'images d'un monde qui n'existe pas... Je dis Hénin Beaumont mais je pourrais dire Marigny St Marcel ou Villefranche de Rouergue, tous ces bleds ou je suis passé, ou le FN affleure les 35% alors que la seule voiture qui brûle chaque année, c'est un maquignon qui veut toucher la prime d'assurance.

Comme nous le rappelle Bernard Stiegler, nous ne prenons pas suffisamment le temps d'analyser les conséquences de la télé. 3H30 par jour. Si vous ôtez le temps de sommeil et parfois de boulot, ça fait une large partie du temps éveillé avec cerveau disponible comme disait l'autre. Et force est de prévaloir que l'idéologie M6 prévaut... Elle instille des clichés en surexposant les histoires de trafic, de racket, de zones de non droit et de mondes parallèles. Bien sûr qu'ils existent, les images ne sont pas inventées, mais montées, ça oui. Du coup, le risque de la barricade n'est jamais loin.

Jusqu'à cette aveu entendu par un nouveau hasard du web, qui faisait triompher ce monde imaginaire comme jamais. On y voyait Eric Zemmour (who else) interrogé au sujet du sondage donnant Marine le Pen à 25%, "qu'est ce qui explique cela selon vous ? "C'est la vérité qui a gagné, Marine le Pen surfe sur les insuffisances de gauche et de droite sur les questions d'immigration et elle reprend le créneau gaulliste de l'incarnation nationale". Voilà, je crois que le fond est touché, il faut d'urgence taper du pied dessus pour remonter vers la surface parce qu'on commence à risquer de suffoquer là...

 

 

14/03/2011

Prenons de l'avance sur le 1er avril...

Canulars.jpgOui, bon, évidemment, il faudrait parler du Japon. Pour dire notre compassion et notre étonnement de lire la tribune de Thierry Breton, ancien locataire de Bercy et son halluciné "le Japon se relèvera plus fort". Nous pûmes également nous étonner du peu de cas qui est fait de la Lybie ou plus encore de la bataille qui va faire rage à Nice, aux cantonales, entre Dominique Estrosi-Sassone (l'ex) et Jacques Peyrat, l'ex FN, devenu maire UMP de Nice et redevenu FN parce que mauvais sang ne saurait mentir trop longtemps...

Nous eussions pu, donc, mais pour un lundi, je préfèrerais dire un mot du vivifiant livre de Pascal Matéo "les plus grands canulars français". Avouons le d'emblée, avec tout le respect que j'ai pour Le Papillon Rouge Editeur, ce n'est pas le genre d'ouvrage que j'achète. Les compilations moi...

En fait, c'est un hasard qui a mis le livre sur ma route. Un hasard du web qui me mena vers une émission de Michel Field sur le rire, avec un universitaire spécialiste du rire, pompeux en diable et chiant comme une porte de prison. A ses côtés, une voix plus chantante, posée, modeste, cherchant ses mots pour tenter d'en faire passer des bons. Mais d'en faire passer surtout. Un demi de mêlée du rire qui tentait de nous mener vers la bouffonnerie, fallait que j'aille voir ça. Méfiant en diable, je feuilletais l'opus et rassuré par la plume ciselée du sieur, je repartais avec au bout de ma main car sous le bras, je ne loge qu'une baguette.

Vingt chapitres, vingt canulars au travers les siècles avec un même moteur: la fatuité. La crédulité des bernés par les pièges, de tout temps, est étroitement liée avec leur haute opinion d'eux-mêmes. A chaque fois, ça fait mouche. Des types qui se sont laissés embarquer à acheter la tour Eiffel, on croit se pincer et pourtant, le symbole phallique explique clairement ce qui a poussé les gugusses à vouloir acheter ce derrick vieillissant...

La charge portée par Dorgelès contre l'art contemporain m'a franchement ravi: aux moments où les cuistres encensaient un art vide, Dorgelès fit produire une toile par un âne; un authentique baudet ! Il la signa d'un sobriquet italien et tout le monde n'y vit que du feu, déplorant juste l'absence de l'artiste... Une autre qui me ravit, la potacherie de quelques étudiants poitevins amateurs de pataphysique qui s'autoproclamèrent citoyens de Basoche, désignèrent un roi qui réussit, à ce titre, à se faire gracieusement inviter aux noces de Bokassa en qualité de majesté... 

Et des délices inédites, on en découvre ainsi dans les 17 autres histoires, magnifiquement ourlées, ce qui ne gâche rien, de l'opus. J'aurais personnellement ajouter un dernier chapitre, celui où l'on fait passer l'ancien DRH d'un groupe vendant du shampoing pour un ministre de l'Education Nationale, mais là, c'eut été trop énorme, personne ne m'aurait cru...

Demain, nous continuerons à filer droit vers le printemps.