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02/09/2011

Carte postale d'Orgosolo

P1030544.JPGVoi che entrate qua, ritrovate tutte le esperanze. Ce n'est parce que ce serait l'inverse de l'enfer que l'on pourrait pour autant qualifier le village d'Orgosolo de paradis. Mais c'est le genre d'endroits qui vous rechargent le moral pour un moment. Le village en lui même n'est pas mémorable, nous n'y restâmes même pas déjeuner. Une chaleur insupportable règnait et les quelques restaurants que nous trouvions sur notre route n'étaient pas forcément des plus invitants; trop touristiques.

Si la foule se rend dans ce petit village, c'est pour admirer la spécialité locale: la peinture murale de type cubiste, mais surtout de type résistance politique. Ca commence au XIXème, opposition au pouvoir central unifiant l'Italie. Ca dure plus d'un siècle et donne des films comme bandits d'Orgosolo; surtout en 1969, comme pour notre Larzac, ça se structure en opposition à l'ouverture d'un camp militaire dans la région. Les habitants s'organisèrent et ornèrent tous les murs de la ville de vastes fresques politiques dénonçant la guerre, puis la corruption des élites, encourageant diverses révolutions (on y croise Marianne et des palestiniens, le Che, Marx Lénine et Trotsky) et cette tradition dure jusqu'à aujourd'hui: des dessins illustrent le 11 septembre ou célèbre la chute de Saddam Hussein... Ca se visite comme un musée, entièrement gratuit et pour la beauté du geste. Du coup, en tombant dans le panneau et en achetant quelques cartes postales et autres posters, on a l'heureuse impression de faire un don à la culture.

Une dernière peinture attitre notre attention, Obama et Berlusconi côte à côte avec les sous titres respectifs "progrès" et "procès". Le dessin date sans doute de 2008 ou 2009, avant que ce bon vieux Barack ne soit contraint de négocier avec les lobbys type Goldman Sachs et décoivent le progèrs tant espéré en se contentant de faire mieux (mais qui aurait fait pire ?) que W.... "Si Berlusconi venait à Orgosolo il repartirait à coups de pierres" dit la légende locale. Ca ne changerait pas grand chose à l'état de l'Italie, mais ça soulagerait. En fait c'est un peu cela que l'on est venu voir, ce village d'irréductibles qui résistent à l'envahisseur fièrement et pour toujours. Belle allégorie politique en ce qu'elle fait émerger un paradoxe: on admire un village qui 1/ ne fait pas d'émules dans le pays. 2/ Ou l'on ne vivrait pour rien au monde, parce que quand même, le progrès c'est sympa et être relié au monde moderne n'est ce pas...

Orgosolo, mirroir grossissant de nos contradictions, je reviendrais en pélerinage fêter le jour où nous aussi nous aurons chassé Sarkozy ; mais pas du Larzac à coups de pierre, de l'Elysée à coups de bulletins de vote...

Demain, bordel c'est à peine croyable, nous prendre l'avion direction Orly. Sic transit.