16/09/2013
Peillon trop froid pour des journalistes trop show ?
Quoi que l'on pense de la politique menée par notre ministre de l'Education Nationale, on devrait pouvoir faire l'unité autour de sa conception de la hauteur du débat politique lorsqu'il parle à la presse. Ce consensus pourrait être prolongé avec Jean-Luc Mélenchon (dans les débats longs, pas ses propos de fins de banquets trop fréquents en ce moment...) et Bruno le Maire que j'ai vu hier tenir la dragée plus que haute à ce néo-roquet de Florian Philippot.
Le débat est évidemment impossible car la masse des journalistes ne brille pas par son esprit d'autocritique. Plus caporaliste, tu meurs. Pourtant, le droit d'inventaire qu'ils réclament à tous les responsables UMP pour combler le vide de leurs émissions de rentrée, ils ne se l'appliquent pas et c'est bien dommageable. Un devoir d'inventaire sur la période 2002-2013 où l'on constate l'inexorable montée du FN. De nombreuses causes sont avancées, mais le rôle des médias pointe très très très loin. La paupérisation, l'immigration, l'insécurité, l'impuissance du politique. Tous ces thèmes sont répétés en boucle comme un mantra qui met sagement à distance l'implication de ceux qui les prononce. Des enquêtes accablantes montrent que la part des faits divers a augmenté de près de 200% et personne ne se pose de question. La France, ce pays prospère, riche d'innovateurs et de pédagogues que l'on dépeint comme un nouveau far west. Je me souviens, en 2005, d'un coup de fil de ma tante qui vit à Los Angeles me demandant si je songeais à l'exil avec la guerre civile...
Hier, donc, Peillon fut interrogé sur des faits divers à Marseille et il répliqua sur le thème de l'éducation. Les journalistes s'impatientaient. Ils ont tort. S'ils veulent des commentateurs criminels, qu'ils invitent Hondelatte. Peillon explique l'action menée dans les Quartiers Nord qui va prendre quelques années à porter ses fruits. C'est autrement plus noble.
Second travers : faire mousser et créer des éclairs sur des formules entre personnalités politiques. En ce moment, la nouvelle cible s'appelle Mélenchon. Copé a réussi son OPA sur le cerveau des journalistes : arrêtez de nous emmerder avec le Pen quand le PS s'acoquine à Mélenchon. Peillon a eu la délicatesse de rappeler que le Front de Gauche n'a rien d'extrême, pas de mesure ségrégante ou discriminante ou raciste. Mélenchon est un Républicain. Point barre. Les journalistes boudèrent, ça ne sentait pas le sang.
Troisième travers des journalistes, considérer chaque invité comme un président de la République ou un premier ministre potentiel. Cette tendance néfaste prend des proportions hallucinantes le week-end avec les émissions d'une heure. Invitez un ancien ministre ou un ministre en poste et posez lui des questions sur des champs aussi éloignés que possible de ces prérogatives. Hier, Peillon interrogé pendant les 2/3 de l'émission sur la Syrie, le FN, le fait divers niçois, la dette et les retraites... Est-ce bien raisonnable ? Là encore, notre ministre s'en est tenu à la solidarité gouvernementale en débitant à contre-coeur des éléments de langage, rappelant ce qui lui était arrivé l'an passé quand il avait répondu en son nom sur le cannabis. L'éducation fut donc abordée 10 minutes sur 50...
Ce matin, Thomas Legrand fit une chronique grinçante sur "ce qui profite au Front National" comme par hasard, les travers des médias ne furent pas abordé. Les ultra morveux ne ressentent pas toujours le besoin de se moucher. C'est bien dommage.
09:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/09/2013
La justice, cette mal aimée...
Quand un fait divers macabre survient comme cette histoire du braqueur niçois, il ne faut pas chercher à aller sur des sites d'information calmes et posés. Se rendre sur lefigaro.fr est bien plus instructif. On y voit, à chaud, monter une exaspération latente et l'occasion de se livrer à un déchaînement anti-judiciaire de premier ordre. C'est à se demander pourquoi ces journalistes réclament autant à la justice si c'est pour la condamner par anticipation ?
Le site a consacré de nombreux articles en s'appuyant sur une page facebook ayant obtenu plus d'un million de soutiens pour expliquer que l'opinion soutenait le tireur. Le lièvre fut démonté en moins de 24h : 80% des soutiens à ladite page proviennent de l'étranger et sont sans doute achetés. Est-ce le FN ou leurs copains qui dirigent la page pour tenter de faire monter la sauce. Probable. Je suis curieux de ne voir personne faire le parallèle avec une autre vidéo virale, postée par le mystérieux Institut Pour la Justice, lui aussi proche du FN et qui depuis recycle régulièrement ses analyses nauséabondes sur des sites amis comme Atlantico.fr. Passons sur les magouilles, restent les faits.
Ceux-ci sont têtus comme disait Lénine. Un homme a été braqué, 2 fois. C'est inacceptable et notre société devrait pouvoir nous prémunir contre ces agressions. Mais ce sont des attaques libérales, au fond, la fascination pour le tout tout de suite, l'argent facile et immoral. Donc, deux petites frappes attaquent un honnête bijoutier armes en main. Nul ne peut nier le traumatisme. Toutefois, à aucun moment, la vie du bijoutier n'est mise en danger. Dès lors, comment peut-on soutenir quelqu'un qui a tiré dans le dos d'un homme et lui a ôté la vie ? Par colère... Veut-on que la France devienne les Etats-Unis du XIXème ou du Texas du XXIème où l'on se fait justice soi même ?
On voit bien l'idéologie en marche ici : un honnête commerçant travailleur en a eu marre de se faire agresser par des assistés. Et il faut condamner par anticipation des juges laxistes avec les racailles qui risquent de condamner un honnête homme. Le groupe facebook (sur lequel je retrouve 10 contacts à moi dans les soutiens....) demande à ce que l'on relâche cet homme. Qu'on relâche un assassin ? Qui n'a même pas agi en légitime défense ? Ce pays perd la tête... La seconde lame contre la justice sera de dire que les juges sont trop laxistes avec les dealers et autres petites frappes et que cela les mène automatiquement vers les armes et ce fait divers...
La pression sur le politique est proprement inacceptable, elle sous tend que ce dernier peut ordonner aux juges de rendre une justice partisane. En laissant Valls donner des coups de menton aux magistrats, Hollande se rend coupable. M'enfin imagine t'on un ministre de la santé dire aux médecins comment soigner ? Les magistrats, qui traversent une crise de vocation sont des héros anonymes. Avec leurs études, ils pourraient aller faire du fric facile en étant avocat d'affaires et préfèrent se faire cracher dessus par l'opinion pour rendre la justice... Une société qui n'a pas confiance en ces juges est mûre pour pourrir politiquement. Ce que tous les sondages confirment en cette morne rentrée.
09:13 | Lien permanent | Commentaires (5)
12/09/2013
Tombe la Norvège
On savait déjà depuis longtemps qu'il y avait quelque chose de pourri au royaume du Danemark, il semblerait désormais que la Norvège soit aussi touchée. Les dernières élections législatives nous apportent des nouvelles bien déprimantes : le parti xénophobe et populiste FrP (parti du progrès) a obtenu 16,3%. Ce parti avait été mis dans une lumière glauque en 2011 car le tristement célèbre Andréas Brevik en avait membre pendant dix ans. Suite à son carnage sur une île, les sondages avaient largement chuté avant de redécoller soudainement cette année.
Avec un tel score, ce parti extrémiste va obliger la droite traditionnelle à composer un gouvernement de coalition. La Norvège est un cas à part ; petit pays scandinave, elle dispose d'une manne pétrolière considérable qui donne aux habitants l'impression de vivre dans une bulle. Et leur plus grande angoisse est que d'autres y pénètrent. Une phobie classique en occident, mais le FrP va plus loin que les autres : ils proposent, (ce qui va donc désormais devenir une proposition de loi avec fortes chances de se concrétiser) d'entamer une immigration "évaluée". En clair, bien plus loin que "l'immigration choisie" de Sarkozy, un questionnaire à points où l'on vous prend par métiers ou diplômes. Le parti FrP est ouvertement peu compatible avec les mahométans, pour parler comme la nouvelle égérie Gabriel Matzneff (joli retour pour cet apologiste de la pédophilie il y a des décennies qui revient dans la lumière avec une chronique dans le Point qui ravit les cathos réacs), les communistes et autres formes de non libéraux. 16,3% pour un parti qui se réclame d'idéaux pareils, c'est inquiétant. C'est aussi tout bonnement inexplicable deux ans après Breivik et interroge sur la capacité d'un pays à faire résilience comme d'autres font société. C'est enfin la chute d'une des toutes dernières sociales démocraties d'Europe avec la France (franchement bolchévique...) mais avant d'autres élections qui pourraient tourner, notamment en Allemagne.
Ce matin, un sondage supplémentaire donne 34% des français "en accord" avec les idées du FN. Fillon et Chatel ne dérapent pas, ils sont bons pilotes et la route est angoissante...
09:29 | Lien permanent | Commentaires (0)