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10/09/2013

L'hallali-cité

lhallali_du_cerf.jpgL'ancien président de la République aimait à chanter du Johnny sur les plateaux télés (quand il n'était que maire de Neuilly, s'entend). Dans Requiem pour un fou, il y a ce morceau de bravoure : "c'est l'heure de chanter l'hallali la bête doit mourir ce matin". Aujourd'hui, de nombreux héritiers -déclarés ou honteux- du sarkozysme entame la même chose à propos de Vincent Peillon et de sa charte de la laïcité. Si encore il n'y avait qu'eux, Peillon saurait se défendre, mais ça vient de toute part, y compris sur sa gauche... Merde alors, pour une fois qu'il y a un texte pas con.

Pauvre ministre qui se retrouve face aux meutes de chiens haineux pour avoir agité, non pas un bout de viande fraîche, mais un texte simple et efficace (ici). 15 points qui ne stigmatisent rien du tout, rappellent des grands principes et invitent à un discours profs/élèves qui dépendra de la bonne volonté desdits. Bon. Peillon ne réclame pas d'éloge pour ces points d'évidence, il dit juste que cela doit servir à animer des débats intelligents et ériger des garde fous assez hauts pour décourager ceux qui n'aiment pas la République et voudrait la piétiner comme d'autres habitent un immeuble en emmerdant le règlement intérieur. Ca nique le "vivre-ensemble" comme disent les jocrisses...

Donc, pour de nombreux commentateurs, le texte vise et stigmatise l'Islam. Les commentateurs ne savent pas lire ? Et les assoc de lutte contre l'islamophobie qui reprenne l'antienne en hurlant, elle l'ont lu ? Peuvent-elles me pointer un point, un seul, qui condamnerait Mohamed plutôt qu'Antoine ???? Pour l'UNI, syndicat de droite aux vues à même de faire passer Thatcher pour une progressisste, le texte de Peillon serait une foucade contre... les catholiques. Relisez les 15 points au dessus et dites moi où de pareilles carabistouilles se nichent. Même Bayrou et Boorlo louent le texte, même un médiocre comme Chatel - qui peut rapprocher le FN et le PS dans ses stratégies politiciennes ubuesques - reconnaît des mérites à la charte (pour mieux critiquer l'embauche de profs). Ceci n'empêche pas un Copé, un Hortefeux ou évidemment les jeunes fringuants de la Droite Forte de louer le texte. En clair pour eux, la laïcité ne serait pas compatible avec la République ? C'est pas sérieux...

Concernant nos amis musulmans, comme disait Gilles Képel, c'est tout de même un retournement rhétorique historique que de poser la question en ces termes : "L'Islam est elle compatible avec la démocratie ? ". Après tout, il convient aux musulmans de rélféchir à la questions et de décider si la conception qu'ils se font de leur pratique religieuse peut correspondre au non au pacte Républicain. A priori, à 99,9% la réponse sera oui. Après, il y a quelques furoncles salafistes qui jouent à tester la solidité républicaine avec force burka, produits d'importation, prêche radicaux et autres déclarations outrancières. Bien sûr il y a des français qui partent faire le Jihad en Syrie : 100. Et 5 qui projetait un coup en braquant un Quick... Ils ont une couverture démesurée dans les médias pour 105 crétins sur 5 millions de musulmans français !!!!! Mais pour le reste. Je ne joue pas les candides, je connais les histoires de cantine et de nourriture, m'enfin on a jamais vu de môme hurler devant de la viande tant que ça n'est pas du porc ? Non. En plus on sait depuis 2012, coup de boomerang contre Sarkozy, que les mômes font du Jourdain boucher : ils mangent hallal sans le savoir, c'est moins cher.

Pour nos amis cathos, on peut reprendre la logique Képelienne : à eux de décider s'ils veulent rester dans la République. Qu'ils ne fassent pas de prières de rues devant les théâtres ou l'Assemblée Nationale, qu'ils ne crient pas dès qu'on parle de contraception ou d'homosexualité à l'école et qu'ils nous foutent la paix parce qu'avec leurs conneries, on paye encore leurs instits avec nos impôts... En 1984, fallait pas reculer sur l'école Libre, après on crée des classes et une laïcité à géométrie variable... On voit bien l'intolérance monter et à terme, il y a fort à craindre que l'aspiration de chacun de vivre sa petite foi dans son coin finira par dégénérer en américanisation commence. La liberté s'arrête là où commence celle des autres, merci cher Vincent Peillon d'avoir remis une digue pour qu'on respire un peu....

08/09/2013

Le FN, nouveau miroir aux ambitions ?

mandyn_tentation__d__tail_transi_.jpgLongtemps le parti a été qualifié d'infréquentable et ne risquait donc pas d'attirer grand monde dans ses rêts troués par l'idéologie. Pas de surprise au casting : que des fachos, anciens fachos, néos fachos...

L'idéologie n'a évidemment pas changé, mais Marine le Pen a habilement reprisé le tout avec des mots clés valises : "Patriote", "République", "Nation", "Grandeur de la France". Certes, dès qu'on la taquine, le débat sur l'immigration focalise l'alpha et l'oméga de son discours comme de sa réflexion, mais de prime abord, les nouveaux oripeaux sont plus présentables. Les nouveaux résultats et les nouveaux sondages aussi. Et cela change foncièrement le casting. Robert Ménard à Béziers, l'ex plume de Barnier, prof à sciences-po candidat à Istres, (voir ) nous n'en sommes probablement qu'aux prolégomènes des transferts. Dans le nouveau visage du FN, il y a les mêmes idées rides en moins comme Marion Maréchal le Pen, mais il y a surtout des tas de nouveaux arrivistes qui pensent leurs carrières bouchées par ailleurs. En cela, les cas de Philippot ou Collard sont intéressants.

Collard est un hétéro beauf. Bourrin, amateur de sorties grasses et de gracieusetés fréquentes sur les arabes et les roms. Un gros lourd, donc, mais qui n'a rien à envier à un Mariani, un Lionel Luca, un Ciotti ou même un Estrosi. Seulement voilà, comme montré à l'instant, le casting était trop plein à l'UMP. Collard s'est tenu en marge pendant des années car il ne pouvait intégrer l'UMP et ne risquait pas le FN car il n'aurait pas été élu, dès qu'il a vu la brèche électorale, il s'est engouffré avec succès.

Idem pour Philippot qui a fait ses premières armes chez Chevènement. Là, le potentiel électoral était limité. Le transfert naturel l'aurait poussé vers le PS. Mais son profil d'HEC/ENA déborde de tous les cabinets ministériels. Pourquoi passer 15 ans à pondre des notes quand on peut en quelques mois arriver jusqu'aux plateaux télés ? 

Ces deux exemples réussis vont immanquablement amener des tas de nouveaux candidats. Ménard à Béziers, donc, sera sans doute suivi d'autres nouveaux visages d'un FN attrape tout. Des intellos, voir des technos en quête d'encanaille, de carrière courte. Beaucoup de routiers de la politique, des quinquas qui n'ont plus de temps à perdre et veulent se lâcher. Des avocats, des journalistes (Zemmour est trop malin pour franchir le pas, mais il discute déjà avec Marion Maréchal) ou éditorialistes. Les égéries de la manif pour tous qui voulaient poursuivre le débat dans les urnes et qui ne trouveront pas de places à l'UMP car il faut recaser les battus des législatives, voilà une armée hétéroclite qui pourra trouver des places éligibles aux municipales ou surtout, aux européennes. Ces élections n'intéressent personne et le mode de scrutin hors sol risque de réserver des désagréables surprises l'an prochain. Le niveau record d'europhobie ouvre un boulevard aux impétrants qui arboreront l'étiquette FN. Ces derniers pourront se prévaloir de la primeur en matière de haine bruxelloise. Les anglais ont ouvert la voie avec l'UKIP dont la seule raison d'être est de sièger au parlement européen pour en critiquer l'existence. Je verrais bien Alain Delon dans ce dernier rôle. Ces propos sur l'homosexualité contre nature le place en excellent posture... Il pourra faire un beau duo avec une autre ancienne gloire, Brigitte Bardot, qui pense que les chiots et les taureaux ont plus de droits que les roms ou les arabes...

07/09/2013

Ne pas savoir dire merci peut coûter cher

mxe3j0z4.gifDans un ouvrage que j'ai co-écrit avec mon amie Perrine Daubas, se lancer dans la collecte de fonds, nous avons intitulé un chapitre : "Savoir dire merci, un art capital". M'est avis que nous devrions en envoyer quelques exemplaires à Bernard Cazeneuve, Pierre Moscovici, ou François Hollande...

Nous y narrons une anecdote célèbre dans le petit milieu des fundraisers : Frédéric Jousset, fondateur de Webhelp avait réussi un LBO et empoché un joli pactole. Sortant d'un restaurant étoilé, il sent une mauvaise conscience l'envahir en regardant la foule devant le camion des Restos du coeur. Il appelle les Restos le lendemain et demande quel est le don moyen. Apprenant que c'est 30 euros et s'estimant 1000 fois plus riche que le français moyen, il envoi un chèque de 30 000 euros. Les jours passent, son chèque est débité et il ne reçoit aucune nouvelle. Au bout de six mois, un reçu fiscal arrive par la poste lui permettant de défiscaliser son don à hauteur de 66%. Aucune autre forme de procès, pas de coup de fil du président des restos, pas d'invitation à aller servir une soupe. Pire, aucune explication de ce qu'on allait faire de cette manne importante. Alors Jousset s'est senti écoeuré. Devenu entre temps immensément riche, il donne des millions au Musée du Louvre. A chaque nouvelle exposition, on l'appelle, on lui demande un avis (sans pour autant donner de pouvoir) on le convie à dîner, on lui présente des gens qui partagent son goût pour les arts. Et les Restos du coeur vivent sans ces dons...

Le parallèle avec l'Etat ne vaut pas entièrement. Les citoyens n'ont pas le choix que de payer leurs impôts. Ceux qui peuvent échapper à l'impôt ou quasi grâce à une nuée de conseillers fiscaux sont les mêmes que ceux qui peuvent choisir de quitter la France pour des raisons fiscales (d'autres partent pour d'autres raisons). Mais ceux qui restent n'ont pas le choix. Ils ont exprimé un "ras-le-bol fiscal" paraît-il. Et je les comprends, même si je considère que l'impôt est l'instrument premier de l'égalité entre les citoyens avec l'héritage (qu'il faut augmenter largement pour vraiment redistribuer sous peine d'aller pleinement vers la société de rentiers dépeinte par Piketty). Personnellement, j'ai payé bien plus d'impôts cette année que les précédentes. C'est en partie pure justice car j'ai gagné bien plus que les années précédentes. Mais en partie seulement, car de fortes hausses de dernière minute se sont greffées sur mon troisième tiers. Consultant autour de moi, nous sommes légions de fortunés (si on paye des impôts c'est déjà que la situation n'est pas si précaire) à avoir vu cette hausse. Sans explication, logique ou cap de réformes politiques justifiant cette hausse soudaine. 24% des recettes supplémentaires de l'Etat proviennent de l'impôt sur le revenu et 18% des taxes sur les entreprises d'après une infographie trouvée dans le Monde hier. Pour quel résultat ? Quelques nouveaux profs. C'est tout. Aucune augmentation des salaires de fonction publique qui continuent leur inexorable déclassement, aucune embauche pourtant nécessaire dans la justice, des policiers ou des soignants... Le maintien de techniques aveugles, onéreuses et inefficaces comme ces milliers d'emplois aidés qui n'ont d'emploi que le nom et n'aident en rien. Allez chercher un boulot pérenne après avoir été pousseur sur les quais de la RATP pendant 3 ans, agent d'ambiance péri-urbain ou exhausteur de sociabilité... Difficile de dire que ces rustines pour tous justifient les saignements de chacun...

Dans le même temps, cette même première année de mandature de ceux qui pérorent qu'ils incarnent le changement, le patrimoine des 500 premières fortunes de France a augmenté de 25%. Ceux-là auront sans doute dit merci à Caguzac et Moscovici... Pour les millions de cocus de la réforme fiscale, beaucoup de résignation et, je le crains, son corollaire électoral pour certains. A Marseille comme ailleurs, le Front National se frotte les mains. Ne pas savoir dire merci peut vraiment coûter cher...