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10/04/2014

J'aimerais aimer le 1, hein

une-personne-tient-le-nouvel-hebdomadaire-le-1-le-10-mars-2014-a-paris_4867067.jpgRoulements de tambours, faites place : un fou relance un nouveau format papier en 2014. L'identité du porteur de projet lui ouvre les portes de toutes les rédactions pour présenter son projet au nom prédestiné pour tout écraser sur son passage. Le 1, d'Eric Fottorino. L'ancien directeur du monde jouit d'une aura de pureté. Quand il y avait des combinazione au Monde, il n'y était pour rien. C'était un directeur pur esprit qui écrivait des livres ou faisait du vélo (ses livres sur le vélo sont charmants, d'ailleurs). 

Plus qu'un nouveau titre, c'est une idée, un concept même osons le mot. 1 comme un thème, 1 feuille qu'on déplie. 1 comme unique, une sorte d'hapax éditorial. Waou... 

Il n'y a pas de pub, de belles plumes et un thème sympa : la France fait-elle toujours rêver ? Autant dire pour les marketeux que j'étais "coeur de cible" pour le 1. L'ai donc acheté. 2,80 euros. Soit plus de deux fois le prix du Canard Enchaîné qui lui aussi vit sans publicité. Mais qui comprend 100 fois plus d'infos, de textes, de "valeur ajoutée éditoriale". 2,80 euros pour un gros tract, c'est cher et c'est énervant. Ca rappelle que tous les directeurs de presse n'achètent jamais de "biens culturels" donc ils se foutent du prix fixé. Ca m'évoque ces éditeurs qui compilent des articles ou des tweets et en font des livres de 120 pages en Garamond 18 qu'ils vendent 14 euros en se lamentant sur la radinerie et l'inculture des français... Le sujet m'irrite au plus haut point. Entre ce que je lis et ce que j'offre, je dépense entre 300 et 500 euros de livres par mois et n'achète plus jamais les livres au rapport euros/page scandaleux entre autres critères. 

Le second point est bien plus ennuyeux, plus dirimant à terme. Car s'il est aisé de changer le prix de vente du magazine, la réforme de fond sera plus lourde. Car outre qu'il y a peu de texte, peu d'entre eux sont dignes d'intérêt. L'éclairage de le Clézio oui, le témoignage de Prejlocaj, re oui. Pour le reste... Le pire étant la pathétique pochade de Pourriol qu'on nous promet de retrouver chaque semaine. Il fait parler deux philosophes morts sur un sujet d'actu. Mais sans légèreté, sans alacrité... Ce titre n'a pas de légitimité en presse. C'est ça qui m'ennuie. Le 1 est une sous-revue, des commentaires de ceux qui ne sont pas ou plus commentateurs de l'actu dans les radios, les chaînes d'infos en continu. La presse écrite se meurt de n'être plus la presse et de singer Internet en permanence. Là, l'intention était sans doute louable, mais le résultat est déprimant. On a besoin de 1, de XXI, d'autres presses, mais pas d'ersatz de commentaires, de rebuts de presse. Espérons que le N°2 du 1 relèvera le niveau...  

06/04/2014

Objectif 0%

images.jpegCe chiffre magique qui fascine l'époque, le zéro. Défaut, délais, stock, papier, panne, les cinq piliers fantasmatiques sur lesquels repose le toyotisme. Internet renforce ce sentiment de toute puissance, de l'absence totale d'accident et de perfection. Au rythme où vont les choses, je sens pouvoir atteindre moi même cet objectif en termes politique. Le 0% de la représentation de mon idéal dans les équipes de gouvernants.

Plus le temps passe, plus je me sens social/radical/libéral. Alors dit comme ça, on accole à radical le PRG et à libéral, Madelin. Tout faux. Radical dans le sens aucune concession avec les idéaux sociaux et les instruments financiers qui permettent l'avènement de l'égalité social : radical sur les impôts, sur la lutte contre la fraude fiscale, pour la mort des niches fiscales, des aides et allègements sous le manteau. La radicalité du programme du Front de Gauche sur les puissances du capital me cogne comme une évidence. Quand je lis Piketty et que je vois que la rente rapporte autant que le travail, je me dis qu'il est urgent d'être radical... Radical également sur la transition écologique, fiscalité fracassante sur le polluant, douce sur le changement, investissements massifs sur les bâtiments à énergie positive, taxation méchante des denrées au bilan carbone dément. Des fraises en hiver ? Que les nababs se les payent à 50 euros le kilo, ça fera des taxes pour l'Etat et le reste du monde se contentera des produits de saison...

Libéral parce que le dirigisme à ses limites et que la sentence de Brecht m'amuse mais je la cantonne à ma cuisine (l'homme est bon, mais le veau est meilleur). Dans mon boulot, je fréquente des entrepreneurs admirables, qui créent de l'emploi sans faire de casse ou chercher à être obnubilé par le profit. Il faut encourager ces gens-là, mais évidement sans déréguler un code de travail protecteur. Non mais. Sur les questions sociétales, je ne m'étends même pas, tant je les soutiens toutes sans sourciller : du droit des minorités au droit à mourir dans la dignité à celui des personnes de migrer et d'acquérir une citoyenneté par la suite...

Problème, avec ce type d'idées vous êtes catalogués, mais mal. Dans deux cases, donc l'on vous somme de choisir. Si vous ne le faites, c'est un double écartèlement à venir. Social traître pour les uns, gauchiste pour les autres. Ma marge de manoeuvre n'est guère épaisse, quelque part sous les 1%, je file serein vers ce chiffre chéri par les amateurs de yaourts à consommer avant la plage...