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16/07/2014

Trop Proche-Orient

0707-dessin.jpgJe ne suis pas téméraire au point de vouloir livrer une analyse du conflit actuel. Pas besoin d'être le plus fin expert géopolitique pour voir que des affrontements aboutissants à 190 morts dans un camp et 1 dans l'autre ne va pas. Surtout lorsque c'est ce dernier qui, suite à l'unique décès qu'il a du déplorer, réplique que face à la violence, il faut redoubler de bombes. Quelque chose est pourri, depuis bientôt 70 ans et la création de l'Etat d'Israël. Quelque chose ne va pas dans l'inadéquation des ressources militaires des deux pays, bien sûr.

Quelque chose ne va pas dans l'intention des bélligérants : on sent un désir d'en découdre sans fin, jusqu'à la fin de ceux d'à côté (peut-on vraiment dire d'en face) sans que le processus de paix soit ne serait-ce qu'imaginable?  

Je ne me hasarderai pas plus sur l'actualité là-bas, Pierre Jourde a magistralement replacé les débats dans son article "Le juif, coupable universel" où il rappelle deux choses importantes. Premièremement : condamner Israël, certes, mais encenser le Hamas dont les desseins vis à vis du peuple juif sont ni plus ni moins l'extermination ? Pas pensable. Deuxièmement, "l'importation du conflit". Si l'on s'offusque d'une guerre coloniale, que ne défile t'on toutes les semaines pour les agressions en Syrie, en Russie, en Centre Afrique où une épuration ethnique est officiellement à l'oeuvre ? Jourde feint la candeur, mais il sait bien pourquoi ce conflit envahit tout, embolise tout, il symbolise nos problèmes de cohésion nationale.

Quand on lit les réactions de Thierry Mariani disant "qu'une communauté pose problème", on soupire. Et ainsi ad nauseam fustigeant une communauté ou une autre, amalgamant tout. Les réseaux sociaux sont dans ces cas là une espèce de déversoir à tout ce que l'humanité a de plus vil. J'ai vu des tombereaux d'insultes, d'hyperboles et de phrases trop définitives se répandre comme une traînée de poudre. J'ai frémi devant des vidéos d'auto-défense des juifs, j'ai vomi en découvrant une page Facebook intitulée "Israël Etat assassin" où les commentaires que l'on peut lire sont littéralement insoutenables. L'importation de ce conflit en France est vraiment un poison qui nous intoxiquera tous. Quand je songe que Haïm Korsia, nouveau grand Rabbin, est censé incarner la modération et qu'une de ses premières déclarations évoque "le climat de haine des juifs", quand, à l'évidence il y a un climat de haine mutuel. A quelques heures d'intervalles, j'ai reçu deux mails pour me demander si je n'étais pas franchement écoeuré par les outrances des uns, puis des autres. Peu importe qui. Chers amis, juif, musulmans, jaune à pois verts ou bleu zébré, sur cette question du Proche-Orient, en tant que français, permettez moi de ne pas avoir d'opinion. D'opinion autre que celle de Prévert à Barbara, "quelle connerie la guerre". 

06/07/2014

Amour, gloire et valium

dorian-gray1.jpgCette semaine, une vidéo circule sur Facebook pour montrer l'inanité de Facebook. Le court-métrage, visible ici, montre donc un homme à la vie misérable qui ment à son "réseau" pour dit que tout va bien, qu'il fait du sport à fond quand il est incapable de se remuer, qu'il est épanoui dans sa sexualité pour dire qu'il va aux putes et qu'il a quitté son job à la con pour ne pas dire qu'il s'est fait virer.

Que le film soit efficace, certes, mais ce qui me surprend ce sont les réactions. "Incroyable, tu as vu ce qu'il fait ? Il faut vraiment se méfier, tout le monde ne dit pas la vérité sur Facebook". Des propos d'une incommensurable naïveté, pour ne pas dire d'une franche connerie et pourtant relativement répandus... Qui peut vraiment penser qu'un réseau social a vocation à refléter exactement la vie des individus qui s'y connectent ? Qui serait assez pervers pour regarder une soirée plateau-télé et discussion météorologiques, résultats scolaires et impôts ? Les faux et vies héroïques existent depuis l'Antiquité, la seule chose qui change, c'est la massification puisque chacun a désormais la possibilité d'enjoliver sa vie pour la raconter aux autres. De son propre chef, ça c'est plus amusant. Car dans la télé dite réalité, le travestissement vient de scénaristes qui visent à éliminer l'ordinaire, l'anodin, pour dévoiler du spectaculaire. Sur les réseaux sociaux, on devient donc son propre scénariste. Mais là encore, rien de neuf. C'est propre à Internet.

Les hommes ne mesurent pas 1,79m ou les femmes 1,64m sur les sites de rencontres. On se grandit, s'amincit, montre son meilleur profil. On polit le joyau de sa vie pour rendre plus trépidantes ses vacances, son boulot et mythifie ses soirées entre amis. Franchement, où est le drame ? Et surtout, libre à tout à chacun de le croire. C'est une vaste comédie et par définition, il y a ceux qui regardent et ceux qui peuvent prendre part à l'élaboration du scénario.

Plus que le mensonge mis en scène, le court métrage montre surtout un homme en interaction avec de nombreuses personnes alors qu'il est seul à crever. Un homme qui souffre de la tyrannie de plus en plus forte au bonheur, à la vie réussie. Il suffit de se promener en librairie et de voir l'inexorable extension des rayons dévolus au développement personnel pour voir la perverse injonction à être heureux... Sauf que contrairement à ce que disent ces livres à la con, il n'y a pas de recettes si ce n'est d'essayer de ne pas trop se mentir, d'être ouvert aux rencontres et de ne pas tricher avec soi. Si l'homme du court métrage était plus entouré, il ne lui arriverait pas ça. Enfin, je crois hein.

Parce que vos vrais amis ne sont pas vos "contacts" (heureusement, car je crois que je suis à 800 et des brouettes, si je les avais tous invité à mon mariage, mon PEL n'aurait pas survécu) et qu'eux ne se feraient pas avoir par des subterfuges aussi grossiers. La solitude était grande cause nationale il y a quelques temps et c'est vrai que c'est une plaie terrible. Et je suis vraiment soulagé de n'en être pas frappé. Sur ce je repars en quête du bonheur qui est simple à trouver, aujourd'hui : go Rodger, do, le serbe doit trépasser, Wimb' is your house !!!

  

02/07/2014

Le monde vu par les voleurs de pomme

Ladro-di-bici.jpgCe matin, en lisant les journaux, j'imagine ce qui passe pour le détenu d'une prison à qui l'on a apporté un journal. Du jour ou de la veille, peu importe. Ce détenu n'est ni un violeur, ni un assassin, ces deux figures archétypales de la représentation des détenus, alors qu'elles constituent une infinie minorité des prisonniers. C'est un voleur de pomme, ou un voleur de bicyclette pour reprendre l'imaginaire de Brassens ou du cinéma italien. Dans les faits, ce serait sans doute un voleur de scooter, un type qui a conduit bourré ou qui a flanqué un bourre pif de trop un soir dans un bar où les pandores buvaient un café. Bref, un type qui a déconné, mais sans plus.

Il sait qu'il a fait une connerie et le voilà incarcéré pour quelques semaines. Avec des répercussions pluriannuelles en termes de stigmatisation sociale... La semaine dernière, je discutais avec François Besse, l'ancien comparse de Mesrine. Lui a sans doute fait des vraies conneries, très bien, mais il mène un aujourd'hui un combat remarquable à l'OIP. Quand on lui parle des conditions de détentions et de la stigmatisation sociale qui n'a pas évolué depuis Valjean, il sourit et lâche "si ça a bougé. C'est pire maintenant". Rapport après rapport de Jean-Marie Delarue, on sait effectivement que la prison ne réussit pas son rôle de réinsertion et pire, qu'elle détruit les détenus. Que l'immense majorité des détenus n'ont rien à faire en prison et que l'on ne peut, faute de places, enfermer des potentiels dangers publics. Bref, il faudrait un Grenelle de la justice pour discuter ensemble de qui doit être enfermé, quelles peines alternatives et autres méthodes de rétorsions il faudrait employer. Mais l'on voit à la lumière de la réforme Taubira que les français sont très intolérants avec les voleurs de pomme qu'ils suspectent trop souvent d'être des violeurs récidivistes en puissance et ne veulent surtout pas qu'ils puissent étudier ou faire du sport en prison, car ils y verraient une espèce de prébende... 

Je retourne à mon voleur de pommes. Il lit les titres. La BNP condamné à une grosse amende ? En lisant l'article on voit bien que des dirigeants ont nargué la justice américaine pendant 10 ans, qu'ils se sont donc considérés au dessus des lois. Ils ne seront pas inquiétés. Il se souvient qu'on a discuté pendant des semaines de Bygmalion et demande à ses copains de cellule si Millot ou Copé doivent les rejoindre en centrale. Peu probable. Et là Nicolas Sarkozy mis en examen pour la seconde fois. Il semblerait qu'il ait beaucoup déconné, mais pourtant ses copains montent au créneau pour parler "d'acharnement". Quand il était passé devant le juge, personne n'avait dénoncé l'accablement dont il était victime, lui. Sarkozy serait relaxé aussi. L'histoire montre qu'il en va toujours ainsi à 3 lampistes près. Le détenu regarde alors la télé, elle passe une rediffusion d'LCP. Il reconnaît cet exalté bronzé au brushing qui doit coûter un SMIC en entretien. Mais oui, il était premier ministre ! Dominique de Villepin explique, posément que "la prison n'est sans doute pas une réponse adéquate pour la délinquance en col blanc". Quand on triche avec de l'argent en somme, même beaucoup, même énormément, même très longtemps, ça n'est pas grave... Impensable. C'est une chose que les parents aident à dédramatiser une gaffe enfantine en disant "ça n'est que de l'argent". Ou "le matériel ça se remplace" quand un enfant à explosé une facture de téléphone, joué à des jeux en ligne avec la carte bleue parentale. Mais il y aura sanction. Privé d'argent de poche, obligation de travailler pour rembourser. Des peines peu sévères mais ayant valeur d'exemple. Les adultes n'ont même plus cela, ce qui rend les délinquants en col blanc moins responsables que des mineurs. Comment veut-on que notre voleur de pomme les respecte ?