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23/01/2020

Sortie du CNR en 2 ans, 4 mouvements.

Les cons osent tout, c'est à ça qu'on les reconnaît. Les ordures, aussi. Pendant la campagne présidentielle de 2017, Macron a eu l'outrecuidance de se référer au CNR, pour évoquer une alliance de toutes les forces du pays au-delà des appareils partisans. Personne dans le parti n'a moufté, et pour cause. Il y avait une grosse part de militants politiques recyclés, seconds couteaux usagés sans avoir servi et prêts à toutes les compromissions pour, enfin, avoir un rond de serviette. Ferrand, Castaner et autres voyaient l'énormité de la chose, mais se tinrent cois. Et puis, il y avait tous les novices, si incultes politiquement qu'ils pensaient que le CNR était une créature de De Gaulle, lequel aurait fait une synthèse toute jospinienne des attentes du pays. Caramba....

Depuis, pendant la réforme des retraites, quelques huiles macronistes ont poussé le bouchon trop loin en se réclamant d'Ambroise Croizat et le petit fils du grand homme de leur rappeler qu'il ne fallait pas prendre les oies du bon dieu pour des canards sauvages et les communistes qui avaient marché sur le patronat, pour des marcheurs qui les lèchent. Le CNR est un miracle politique à l'orée de trente cinq années de redistribution maximale, d'ascenseur social opérant. Ce miracle ne fut possible qu'avec la mise en place d'une mise au pot commun optimale : plus on gagne, plus on donne. À tout. La progressivité partout, c'est ça l'universel. En deux ans seulement, Macron a tout fracassé.

La première en vague en deux temps fut dès 2017. La progressivité de l'impôt sur le revenu, très forte jusqu'aux 2% de tout en haut, fut balayée avec l'abandon inexplicable (et piteusement expliqué) de l'ISF. Cet impôt rapportait de plus en plus, on a tout refilé à ceux qui avaient tout sans contrepartie. La redistribution par les entreprises qui réussissent là encore, exit. Nous avons instauré la mesure la plus ultralibérale, la plus inique qui soit : la flat tax. En fixant une barre à 30%, on écrête fortement la redistribution des boîtes. Or, avec des sociétés qui font de l'hypercroissance ventilée par de la finance, ne récupérer que 30%, c'est se priver de quelques milliards qui ne correspondent en rien à l'économie réelle... On redonne encore plus aux boîtes qui ne reposent sur aucune méritocratie, sur aucun carnet de commande, plutôt sur de la réputation et du storytelling. Tristesse....

Les deux autres lames viennent d'arriver. D'abord, notre système d'assurance chômage, à peu près équilibré, est désormais structurellement déficitaires puisque les cadres supérieurs, plus gros contributeurs, ont vu leurs cotisations diminuer. Incompréhensible. Les victimes seront les personnes les plus éloignées de l'emploi qui, outre des droits au chômage en baisse auront, mécaniquement, moins de moyens à dispositions pour se former. Et enfin, donc, avec la réforme des retraites, 3,7 milliards de cotisations par an perdus au profit de ceux qui gagnent plus de 10 000 euros par mois...  

Impôt sur le revenu, sur les sociétés, assurances chômages et désormais retraites. Dans tous ces domaines, le 1% des français les plus fortunés font désormais sécession alors même que de l'INSEE à Piketty, tout prouve que les 99% des autres français ne s'enrichissent plus et que le seul problème de partage des richesses est lié au sommet... Il nous manque encore l'Assurance Maladie, qui s'effrite un peu plus chaque année avec l'augmentation du ticket modérateur et de la part allouée aux mutuelles. Malgré tout, l'hôpital public blessé tient encore sur les principes. Mais il reste deux ans à Macron, il trouvera bien un moyen d'exempter le 1% de cotisations maladie. Et le CNR sera alors enterré. 

 

 

18/01/2020

Y a-t-il une violence casher ?

Le télescopage des violences de la semaine offre un contraste saisissant. D'un côté, une dénonciation présidentielle forte "une honte pour notre démocratie", pour une intrusion sans mort ni blessé au siège de la CFDT. De l'autre, une concession à demi-mots d'une possible erreur par le ministre de l'intérieur pour la mort d'un homme non armé, à la suite d'un contrôle de police d'une brutalité inouïe.

A propos de cet acte, la décence minimale pousserait à qualifier d'assassinat involontaire, tant les pandores ont furieusement molesté Cédric Chouviat au point de ne pas se rendre compte qu'ils lui enfonçaient le larynx. À voir la barbarie de l'assaut, on se demande s'ils immobilisent un terroriste, un homme armé d'une kalach prêt à défourailler, d'un couteau prêt à trancher dans le vif de la foule, mais non, il n'est muni que d'un téléphone portable.
En dépit de l'évidence du meurtre, de Marine le Pen à Sibeth NDiaye, on récuse le terme de "violence policière" car "les policiers sont dépositaires de la violence légitime". Je ne sais pas s'il y a quelque chose de pourri, mais je sais que le fruit France est mur pour basculer dans un régime autoritaire. A la mort de Malek Oussekine, toute la France, tous les responsables politiques avaient hurlé, mis Pasqua en minorité et demandé à la maison poulaga de ranger ses éléments déviants. 34 ans après, c'est l'inverse. Solidarité, bloc autour d'assassins. La mort de Rémi Fraisse a récemment abouti à un non lieu et ceux qui ont poussé Steve Maia Caniço à se noyer sont toujours en service.

Les violences policières ne sont pas un sujet anecdotique, une petite succession de défaillances, de ratages dans le maintien de l'ordre, mais la manifestation la plus visible de notre indifférence aux abus de pouvoir. Quand je dis "notre", je veux dire par là que l'opposition à ces immondices rassemblent peu de monde. Nous sommes à genoux face à ces actes orduriers, éprouvant un lâche soulagement à ce que ça ne fut pas nous, car aucun des trois morts cités plus haut ne menaçaient l'ordre public. Ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, nous pourrions être les prochains...

De l'autre, les mots sont de plus en plus rudes, pour les casseurs d'abribus, ceux qui foutent le bordel, dérangent la marche triomphante de la consommation en bloquant des entrepôts ou saccageant des boutiques. On les traite d'hérétiques, on les enferme dans des GAV prolongées, on les menace de prison ferme pour trois fois rien.

Des criminels protégés par le pouvoir, contre des agitateurs traités comme des criminels : sans doute l'expression la plus vive du dérèglement démocratique actuel..

08/01/2020

L'heure n'est pas aux narcissismes des petites différences

Souvenons-nous des affiches sur "la droite la plus belle du monde". Pour en tirer les leçons, pour ne pas hoqueter, pour ne pas se retrouver bredouilles alors qu'un impensable succès est à portée de vue.

Impensable car les forces sociales sont exsangues politiquement et que les corps intermédiaires historiques sont fatigués. Il y a quatre mois, la réforme des retraites s'annonçaient comme une joyeuse partie de campagne, avec 2/3 des français approuvant le principe de la réforme. Et puis, comme souvent avec cette majorité, il y eut les injures faciles et arrogantes sur les "nantis", les "privilégiés" ceux "qui ne veulent pas comprendre" visant d'abord nos amis des transports puis les soignant.e.s et profs, pourtant déjà à genoux. Ce crachat contraire à la convention de Genève a relevé ce grand cadavre à la renverse. Comme un électrochoc, la Sociale s'est relevé d'un bond, sur ses pattes, et tel un Moloch, grossissait grossissait. Dans la rue et dans l'opinion, malgré les trésors d'imagination et de désinformation du bloc élitaire. Les gilets jaunes ne voulaient plus de politiques ou de syndicats pour les mener ? Ils restèrent isoler. Ici, aucun politique n'a bombé le torse, et peu de syndicalistes firent les farauds. Concentrés, rassembler sur l'objectif. Les faire reculer. Et ça a pris. Militaires, pilotes, flics, les régimes spéciaux essentiels pour un gouvernement aux abois furent sanctuarisés. Déjà, ils annonçaient du délestage et commençaient à sérieusement tiquer.

Puis vint cette satanée trêve de Noël. Satanée car le gouvernement pliait et perdait du poids chaque jour. Le silence est le dernier or qui leur reste. Dès qu'ils ne parlent pas, dès qu'on entend plus leurs insanités, ils remontent un peu la pente. On est légitimistes, en France et puis il faut être deux pour la révolution, ceux qui la font et ceux à mettre dehors. Ils étaient partis. A Marrakech, même, pour Elisabeth Borne... Ils se sont requinqués, remplumés et le mouvement, lui, a replongé dans les narcissismes des petites différences. Quand la victoire se fait moins sûre, on insulte plus facilement son allié en disant qu'il n'en fait pas assez. On commence à s'invectiver entre tenants du "blocage total", de "grève glissante" ou "autres modes d'actions", alors que l'essentiel, c'est de tenir, de faire masse et de montrer que ces modalités n'entravent en rien la détermination totale d'un groupe qui reste, légèrement mais quand même, majoritaires. 

Les crispations, les stratégies divergentes entre membres du corps social sont la seule vraie menace. Quand tous les syndicats (tous, y compris la CFE-CGC....) claquent la porte de la négociation pour la fonction publique, ils montrent la voie. Seul l'unanimisme face au projet peut rassurer, peut décider les indécis, leur dire que la victoire est possible. L'unanimisme, c'est la dernière arme de la macronie : ils flippent carrément, mais n'en laisse rien paraître... Ils voient bien que si cela continue, ils vont prendre une dégelée colossale aux municipales, hypothéquer les deux dernières années de mandat, mais qu'importe. Ils tiennent car au fond, ils ne cherchent pas à avoir raison : ils veulent le pouvoir. Nous ne devons chercher qui parmi nous à la meilleure ligne, la plus parfaite explication ou alternative. On doit résister, et c'est jouable putain. A demain à République.