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18/08/2021

T'es anti quoi, au fond, camarade ?

Salut à toi, camarade. Tu ne veux pas être confondu avec les Fafs qui défilent contre le Passe sanitaire, alors je ne parle qu'à toi, électeur de gauche, ou disons du progrès écologique et social. Tu te méfies des amalgames, des raccourcis, des jugements hâtifs. Soit. Mais en cent mots comme en deux : il n'y a aucune raison fondamentale d'être contre la vaccination obligatoire, ou son pis-aller hypocrite, le Passe sanitaire. 

Alors bien sûr, tu peux être pour la vaccination obligatoire, mais contre le Passe sanitaire. Tu dois être aussi représentatif que les clients golden de Buffalo Grill membre du parti animaliste. Et d'ailleurs, si tu es pour la vaccination obligatoire, tu ne peux que te réjouir que le Passe ait permis de plus que doubler le nombre de vacciné.es quotidiens ces dernières semaines. Ce qui a permis d'aplanir la courbe des contaminations et d'éviter un engorgement des hostos. Parce que tu le sais, au fond, que tout ça c'est une histoire de course contre la montre. Dramatiquement perdue par les DOM et qu'on ait en train de gagner, de justesse, en métropole. On peut critiquer la méthode, certes, mais pas nier le résultat.

Dès lors, camarade, ton argument selon lequel le Passe c'est mal, car tout entier tourné contre les couches populaires s'effondre. Oui, les couches populaires sont moins vaccinées, c'est malheureux. Personne ne veut qu'ils soient malades, mais qu'ils se vaccinent. En défendant leur "liberté" à ne pas se vacciner, vous défendez leur liberté à mourir pendant que les bourgeois vivent bien. La droite inhumaine avec les déshérités, c'est vous, camarades. Oui, on doit plus aux quartiers populaires. Plus de présence humaine, plus de pédagogie, plus d'explications sur les bienfaits de la vaccination. Ça, oui. Mais pas moins d'exigence sur les bienfaits de la vaccination généralisée.

Alors, camarade, tu es contre quoi : la vaccination obligatoire des soignant.es ? Tu te trompes de colère. Tu peux être contre la pusillanimité du Ségur de la santé, des fermetures de lits pendant le Covid, d'une politique qui continue sur un pente mortifère depuis 2003 et l'instauration de la T2A (on avait déjà Castex !) avec un climax sous Touraine. Ça, oui. Et Dieu sait que tou.tes les soignant.es ont morflé depuis 18 mois qu'ielles ont raison de faire la gueule sur les postes, les horaires, les vacances, les moyens, les salaires. Ça, oui. Mais refuser la vaccination quand on est soignant.e, c'est une antinomie, une antiphrase, une injonction contradictoire avec leur mission. Idem pour les enseignant.es. Quand tu oeuvres pour le Commun, le public, tu assumes jusqu'au bout la mission de protection. Les profs qui gueulent mais ne sont pas piqués (très minoritaires) sont des sales con.nes. Et si c'est valable pour ielles, c'est valable pour tant et tant. La vaccination obligatoire au taff n'a rien de choquant. Rien. 

Tu es contre les atteintes aux libertés publiques, à la surveillance des données numériques ? Dans le premier cas, il ne faut avoir raté aucune manif depuis 2015 et les abusives lois sur l'état d'urgence. Parce que des restrictions de libertés publiques, on en a connu des plus graves qu'un QR code pour boire un café... Parle en aux agriculteur.ices bios fiché.es par DEMETER, perquisitionné.es à l'aube pour essayer de cultiver sans OGM et traité.es comme des terroristes. Parle en aux 50 000 fiché.es par PEGASUS. 50 000. Pas le gouvernement ou quelques puissants, mais des miliant.es d'ONG, des lanceur.euses d'alerte... Ielles ont souffert, vu toute leur vie privée hackée, copiée, disséquée. C'est autrement plus pénible que de savoir que tu as bu un Spritz à tel bistrot... Par ailleurs, si tu es contre toute forme de flicage, paye tout en fraîche, en liquide et retire la géo localisation de ton tèl. C'est ton cas ? Respect. Mais je parle désormais à une assemblée de moins de deux pelés et un tondu...

Alors, il te reste quoi pour beugler ? Tu es anti macroniste ? Moi aussi. Oui, ce pouvoir est vertical comme jamais, hautain, condescendant. Oui, ils ont menti sur les masques, les lits de réa, les moyens qu'ils dépensaient.. Oui, oui et mille fois sur hier. Mais aujourd'hui, hic et nunc ? Non, la vaccination n'est pas une solution miracle, une panacée et d'ailleurs personne ne le dit. Mais après 18 mois de pandémie, nous n'avons aucun traitement. Aucun. Et nous avons des vaccins qui diminuent à 90% les formes graves. Ça n'empêche pas d'être contaminé et de contaminer mais ça empêche tout à fait l'embolisation de notre système de santé. Dès lors, il n'y a plus à réfléchir et encore moins à manifester. Si on a une once de sens de collectif, de commun, on va se faire vacciner et on rabroue toutes celles et ceux qui hésitent.

Au fond, camarade, t'es juste anti-macroniste. Tu veux te faire plaisir avec des statuts putaclics où tu convoques l'apartheid, la discrimination et autres... Tu es trop malin.e pour te réclamer anti vax mais tu parles aux sycophantes de Russia Today, hein. C'est pas glorieux. Moi aussi, je suis anti macroniste mais je ne défile pas avec les fafs, avec les complotistes, je ne défile pas contre les soignant.es, je sais où j'habite... Arrête tes conneries, camarade, y a 1000 raisons d'être anti macroniste en 2022 depuis l'ISF en 2017 jusqu'à la réaction brune sur l'Afghanistan, lundi. Mais pas celle là. Fais toi piquer et incite à la piqure. Bisou. 

 

 

 

12/08/2021

Impasses locales dans un désordre global

Dans quelques jours, le grand barnum de la présidentielle va s'élancer à l'occasion des rentrées des partis et mouvements politiques. Et les premières semaines seront agitées par les questions de casting, avant de pouvoir parler du fond. On atteindra ainsi l'acmé avec la primaire de droite, où l'on se demandera si on préfère un poujadiste comme Xavier Bertrand, une poujadiste comme Valérie Pécresse ou encore un poujadiste comme Laurent Wauquiez. Ceci n'empêchera pas les commentateurs de gloser sur "la ligne plus sociale" ou "plus dure" de l'un ou de l'autre voire du troisième, ils peuvent discourir ad libitum sur les 50 nuances de néolibéralisme sécuritaire.

Le sécuritaire et son corollaire identitaire seront, à n'en pas douter, les grands enjeux autour desquels tourneront l'élection et je n'ai pas suffisamment d'imagination pour envisager le concours Lépine des mesures les plus liberticides, les plus ouvertement racistes, discriminatoires, les plus infamantes qui seront proposées pendant la campagne. Expulsions préventives, incarcérations préventives, mise sous bracelet électronique de tous les jeunes de certains quartiers, interdiction de vente de foulards, sauf Hermès, les antennes de C News et Europe 1 vont déborder de propos brunâtres... 

En somme, la présidentielle 2022, comme toutes depuis 2007 et l'avènement de Sarkozy, va tourner autour du refrain "la France n'est plus la France" et chaque candidat.e de ressortir ses cartes postales en sépia où les écolier.es étaient meilleur.es en français, en maths, en langue étrangère bien sûr, où il n'y avait aucune insécurité, etc etc... Le bon gros sens populaire du "c'était mieux avant" et de ces débats de cloche merle englobe tout et empêche toute réflexion d'ensemble. La focale n'étant mise que là-dessus, on est forcé de répondre à ces fausses interrogations. On s'enfonce dans une impasse et on accélère en étant persuadés d'en sortir... 

Pendant un mois, lors de la primaire écologiste, on va enfin parler du sujet qui conditionne tous les autres, qui surplombe tous les autres : la catastrophe climatique. Mais lorsque les écolos auront désigné un.e candidat.e, on interrogera l'élu.e sur la sécurité, l'islamogauchisme et autres fadaises navrantes... Entendez moi bien : l'insécurité est un fléau et elle touche en premier lieu les quartiers populaires. Mais ceux qui se font les hérauts sécuritaires ne mettent pas du Bleu dans les quartiers, ils installent des milices et des caméras dans les quartiers bourgeois, nuance.

Les libéraux sécuritaires devraient comprendre que leurs sujets, leurs totems, vont être balayés et rendus ingouvernables par la crise climatique : ils ont peur de quelques centaines de milliers de migrants ? L'aggravation de la crise climatique va générer des dizaines de millions climatiques. Ils fustigent l'insécurité, les atteintes aux biens et aux personnes ? Les innondations de masse tueront plus de personnes et saccageront plus de maisons que les petits dealers et voleurs... La crise de l'emploi et la valeur travail ? La régénération d'une économie ancrée autour de la résilience climatique est la seul à même de générer des millions d'emplois. Là où la PAC détruit de l'emploi en filant des subventions aux grosses fermes, l'agriculture bio crée des emplois pérennes, non délocalisables, mieux payés. La transition énergétique en créera foultitude, ad libitum.

Bien sûr, le dérèglement climatique est global. Mais on ne peut pas dire à chaque fois qu'il faudrait unanimité mondiale pour agir. Restaurer la France de 1960 ne sauvera pas les sols, l'air, le vivant. Commencer à régénérer la nature pour les générations futures, ça permettra à la France d'être toujours désirable en 2060. Ça devrait quand même orienter nos bulletins de vote. 

10/08/2021

Droits et devoirs de l'universalisme par temps de COVID

L'universalisme français s'arrête là où finit là métropole. Alors qu'on déplore, à raison, les faibles taux de vaccination dans certaines régions, le sud est en tête (avec un décalque vote RN fort : taux de vaccination faible) mais aussi les départements les plus populaires du pays, Seine Saint Denis en tête, le silence sur l'affolante faiblesse de la vaccination outre mer était pesant. Il a fini par craquer quand l'explosion de la pandémie était si forte qu'il fallait d'urgence envoyer des soignant.es en renfort et rapatrier les touristes. Et quand on met le nez dans les chiffres, il y a de quoi se pincer. 

Alors que le taux d'incidence, le nombre de cas et le taux de vaccination connaissent des écarts importants en métropole, mais pas dramatique puisqu'aucun département n'est plus sous les 50% de vaccinations complètes et que les inégalités se gomment (sous la contrainte, mais elles se gomment), on découvre, un peu ébahis, que les départements d'outre mer Guadeloupe, Martinique et Guyane ont un taux de vaccination d'environ 16%.

16% ! 4 fois moins que la moyenne nationale. Ceci, début août soit 3 semaines après la gueulante de Macron qui, à elle seule, a permis de vacciner dans ce court laps de temps plus de 16% de la population métropolitaine. En clair, si nous avions inclus les DOM dans le tour de vis de juillet, nous aurions pu changer massivement la donne. Nous ne l'avons pas fait. Et c'est pour cela que le pire du pire en métropole, est une incidence de l'ordre de 500 à 600 avec un nombre raisonnable d'hospitalisations grâce aux vaccins, contre 1700 dans les DOM avec des populations non vaccinées et donc un nombre d'hospitalisations affolantes, contraignant les autorités à faire ce que l'on fit en mars 2020, un confinement strict, avec des déplacements limités à 1km... 

Comment ose-t-on brandir l'universalisme républicain quand on est capable de différences de traitement pareilles ? Comment ose-t-on parler de troisième dose pour les métropolitains fragiles quand l'écrasante majorité des ultra marins n'a pas reçu de première dose ? Le résultat des régionales, il y a deux mois, montrait bien cette gigantesque différence de traitement entre territoires. Comme le résultat des élections précédentes, d'ailleurs... Les présidentiables se rappellent généralement au bon souvenir des ultra marins uniquement dans la dernière ligne droite avant l'élection. Comme les mêmes se rappellent de l'existence de leurs territoires les plus oubliés, ceux qui ont le plus souffert de la désindustrialisation ou les plus populaires à l'orée d'un scrutin. D'année en année, le niveau d'abstention dans tous ces territoires ne cessent de grimper soulignant que les promesses énoncées sont de moins en moins crues. 

Par temps de Covid, feindre l'universalisme, le claironner, ne suffit plus. Face aux inégalités criantes de moyens de prévention, de protection, on voit on ne peut plus clairement que la République considère certains comme ses enfants, d'autres comme des pièces rapportées...