19/07/2010
Agenda culturel...
Y a pas que Paris-Plage. Déjà parce qu'il n'y a pas que Paris, même si la province copie; Clermont-Ferrand mène l'opération "sable chaud" (je n'invente rien, ça doit être un consultant en naming à 1500 euros/jour, franchement ça les vaut)...
Quand on se lasse de suer comme un boeuf au milieu du bruit, et si on appartient au sexe féminin, d'entendre 100 fois par jour "et mademoiselle, franchement, t'as un permis pour être bonne comme ça ? Tu croirais pas qu'y a moyen de moyenner", il reste la culture. Oui, mais devant l'abondance, tentons une petite sélection.
1 expo: Monet et l'abstraction.
Dans une vie précédente, je me devais de montrer mon museau dans tout ce que la capitale compte d'expos. Cela vous rend comme qui dirait, sélectif. Depuis Ensor en début d'année à Orsay, que pouic. Je laisse les snobs s'extasier sur les bouses de Hirst et sa foire aux vanités. Et puis là, Marmottan. Révélation. L'expo Monet et l'abstraction, c'est extraordinaire. Le genre de visite (Marmottan, c'est presque la province, mais la ballade vaut le détour...) dont on ressort plein d'envie. Le principe de l'expo consiste à mettre en parallèle une toile de Monet et une plus récente, que le maître des nymphéas a influencé. Mes préférences vont à Kandinsky, Masson et Zao Wouki mais il y aussi du Rothko et d'autres guests stars. Surtout, on sent une telle délivrance dans les palettes de couleurs, que l'on en ressort, avec un sourire béat.
Après ça, le reste est palot, donc rideau.
2 films :
Si votre esprit est surchargé, saturé des dernières recos de l'année, que vous ne vous sentez pas de supporter quelque chose d'exigeant, allez voir "l'Italien". Si si. Le truc avec Kad Merad. C'est de l'excellent divertissement si on le prend comme tel. Beaucoup de blagues, comique de situation à souhait, jeu habile sur les clichés, aucun pathos, un zest de conscience et hop, emballe c'est pesé.
Bon, en revanche, si vous avez quelque dispositions, quelque envie de vous laisser guider vers une histoire, sans conteste "Tournée" est fait pour vous. C'est grand. Voilà comme ça c'est dit. Amalric serait grandiose en lisant la liste des 23 bleus, mais là, franchement, il y a mis tout son coeur et ses actrices nous donnent une leçon de vie. A l'heure du culte du ROI (return on investement) c'est un splendide pied de nez, une gifle de désinvolture. Le film ne raconte rien, ne va nulle part et c'est superbe. La beauté du geste, sans arrière pensée, confine au sublime.
Des livres des livres des livres:
Emmanuel Hoog, quand il a quitté l'INA remplacé par un godelureau dont la principale qualité se niche en bas de son dos (il n'a pas de malformation cérébrale, non non) tout le monde a du pleurer. Parce qu'Emmanuel Hoog pense droit, en arrière, devant et sur les côtés. Son livre est un salutaire ras-le bol contre le business mémoriel, les stupidités de lobbys passéistes en même temps qu'il sonne une vaillante charge pour la construction d'un futur engagé dans la bataille des images pour et par la culture. Un homme qui reconnaît les dangers d'Internet mais loue les opportunités inouïes qu'offre le web et qu'il a lui même mis en place avec 26 millions d'heure de programme en ligne... Son livre se hisse au même niveau d'exigence et d'intelligence, c'est dire.
Faute ? Faute de mettre un livre d'économie dans la liste. Sans doute, mais tant qu'à en lire un, au moins, choisissons en un pédagogique, humble, interrogeant avec exigence les errances des économistes et tapant relativement fort sur les dérives de l'argent fou.
A compléter pour faire bonne mesure par "la pitié et la potence" classique de Bronislaw Geremek sur l'histoire de la pauvreté en Europe, permet de voir ou vient et de relativiser. Avant, les vagabonds, on les pendait haut et court parce qu'il ne voulaient pas bosser, ces salopards.
Et puis, quand on fini de faire le malin en ayant lu des essais, on peut tranquillement reprendre le cours de la vraie vie en lisant des romans.
Je ferais maigre, mais si vous avez les nerfs accrochés, "L'enfant bleu" d'Henry Bauchau touche avec beaucoup de justesse le monde de l'autisme. Si vous souhaitez quelque chose de plus actuel, pas forcément plus léger mais bien mené "le cours du jeu est boulvèrsé" d'un israélien dont j'ai oublié le nom, chez Gallimard. Pour les fanas d'histoire, "HHHH" de Laurent Binet chez Grasset est un excellent diesel: si vous tenez les 150 premières pages un peu molassones, les 300 suivantes sont d'excellentes factures.
Enfin, l'été, on échappe un peu à la valse des chroniqueurs et l'actu. On en profitera pour les non vacanciers pour replonger avec Fallet dans "Paris au mois d'août" (Folio) ou, si l'on veut toucher du bout du doigt la perfection du style et l'énervement à froid "la trahison des clercs" de Julien Benda qui a été republié en Cahiers Rouge... Enfin, puisque mes vacances me traînent vers la mitteleuropa je ne saurais que très très chaudement recommandez absolument tout Sandor Maraï, dont les oeuvres complètes sont publiés chez Le Livre de Poche...
Voilà pour les conseils plus ou moins éclairés, je recueille les vôtres pour les livres à lire, évidemment (dont le Erwan Larher, mais faudra attendre fin août)...
Demain, nous verrons que l'Amour est dans le Pré est une triste mythologie de l'époque...
21:23 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Claire Thibout t'apportera ta petite enveloppe demain comme prévu...
Écrit par : r1 | 20/07/2010
Ouais, qu'elle se grouille, mon avion pour l'île d'Arros décolle à 16h...
Écrit par : Castor Junior | 20/07/2010
Heureusement que tu as apprécié Monet et l'abstraction (que je n'ai pas vu). Jackson Pollock et Monet, c'est l'orgasme, bordel ! (oui c'est un gros mot et alors ? )
Écrit par : Stéphanie | 21/07/2010
Ah ? Au contraire, j'aurais émis quelques réserves sur Pollock, un peu tristoune par rapports aux autres, plus lumineux...
Écrit par : Castor Junior | 21/07/2010
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