24/09/2010
Les médias malades du quinquennat...
Aujourd'hui, il devient difficile de débattre des sujets de fond, notamment à cause du grand théâtre où jouent tous nos acteurs politiques. Une tragédie éternellement renouvelée pour savoir qui sera Calife.
Eu égard à mon caractère junior, je marche sur des oeufs pour ce qui concerne les années 80, mais m'est avis que le septennat calmait les gens. Aujourd'hui, le quinquennat aiguise les appétits présidentiels avec, comble du ridicule, le calcul de faire l'impasse sur la prochaine: Copé affirme déjà être candidat en 2017 et va nous boursouffler pendant encore 7 ans de décisions, déclarations et autres gesticulations toutes destinées à le placer le mieux possible pour cette échéance. Non, mais, en 1983, imagine t'on Jack Lang dire: "je serais candidat en 1995 car en 1988, Tonton sera légitime pour se représenter" ? Non et 1000 fois non.
Sachant que Chirac a inauguré ce type de mandat après un septennat, nous découvrons vraiment cette temporalité avec l'actuel locataire de l'Elysée. Alors, bien sûr, on peut accuser un grand nombre de responsables politiques de ne pas prendre leur fonction au sérieux en préférant attendre le prochain remaniement pour obtenir un meilleur maroquin, rentrer au gouvernement, une commission ou autre. Soit, ne les exonérons pas, mais avouons simplement qu'ils ne sont pas aidés. Une certaine presse, et plus elle est exposée au grand public plus ce travers ressort, ne vit plus qu'à l'aune de chimériques stratégiques pour 2012.
Ecoutez n'importe quel intervieweur à la radio, Cohen, Apathie, Elkabach ou Demorand et surtout Askolovitch.... Tous ne parlent que de la prochaine échéance : pour les candidats de gauche, il s'agit de savoir s'ils détricoteront les mesures prises depuis 2007 et pour ceux de droite, s'ils confirmeront les inclinaisons actuelles. Tout ceci donne au présent une espèce de caractère gazeux, inexistant. Cette réforme des retraites, par exemple, pourquoi s'énerver si elle doit être corrigé par la gauche en 2012 ou retoquée par la droite qui devra la financer au delà de 2019....
Le pire, c'est que cette tendance a commencé... en juin 2007 où on observait Bayrou et Royal à la loupe pour voir ce qu'il ferait en 2012 et où l'on commentait l'élection de Strauss Khan a un poste capitale comme la présidence du FMI uniquement comme "un génial coup tactique de Sarkozy en perspective de 2012"... Non mais on rêve....
Le quinquennat est évidemment surtout une plaie pour les acteurs de gauche qui ne peuvent jamais parler de projet sans être suspectés d'être dans la posture par rapport à 2012: se rapprocher d'une ligne Strauss Khan, aller chercher les électeurs de gauche... Ceci, évidemment, répand l'idée que les responsables de gauche n'ont aucune conviction idéologique et axent toutes leurs décisions dans le viseur de 2012.
La droite, adroitement, profite de cela en faisant passer les pires exactions pour un calcul politique; ainsi, la dérive infâme observée depuis le discours de Grenoble, la stigmatisation des Roms et autres ne serait "qu'un calcul pour rallier les voix du front national". Ah bon, ce n'est que ça ! Ils font tous des calculs, celui là où un autre... Et on gomme d'un coup la dérive populiste immonde. Malin.
Pour reparler programme, il serait bon que nos amis journalistes dépassionnent les élections et se réintéresse aux programmes, mais c'est mal parti.... Je pensais qu'un enjeu local comme Paris permettrait de poser les débats mais Demorand a reçu avant hier Jean-Marie le Guen pour lui parler, deux minutes, des retraites, avant de lui dire: "mais alors, 2014, vous allez déloger Anne Hidalgo"... Et pendant ce temps, la réforme des caravanes passe et les caravanes partent à la fourrière...
Demain, nous noierons tout cela dans quelques bons livres qui eux, se désintéressent souvent de l'avenir.
07:54 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
m'est avis que c'est le passage au quinquennat n'est q'un symptôme d'une forme d'accélération du temps ( tartre à la crème) et surtout d'une omniprésence présidentielle qui rend l'homme et la fonction encore plus centrales.
de plus, les ambiances fin règne se ressemblent un peu qu'elles au bout de 5 ne fait que les rapprocher en effet.
Écrit par : sdr | 24/09/2010
j'approuve à mort.
surtout la subtilité de la xénophobie comme "simple" petit calcul entre amis.
je me languis d'une inversion de calendrier, pourquoi, mais pourquoi ces foutues législatives ne sont pas en premier, que ça nous calmerait. rappelle-moi pourquoi, j'ai la mémoire qui flanche, quel était l'ARGUMENT ?
et les analystes politiques de la radio privée resssemblent à des minettes qui se demandent qui de Kate ou de Gisele est la mieux payée (la seconde). "alors, vous pensez que vous allez décrocher la campagne Chanel ? vous vous présenterez ?"
Écrit par : ema | 24/09/2010
http://www.youtube.com/watch?v=2SuKUXMVZ4Y
Écrit par : delif | 24/09/2010
@SDR: très juste. Sur l'accélération, lire "lhistoire va t'elle plus vite de Jeanneney", bien disséqué. Quand à la fin de règne, elle va s'étirer tout du long.
@Ema: l'argument était la candeur de Jospin, qui refusait de voir le piège tendu....
@Delif: l'ai vu en direct... Parfois il m'énerve, mais capable de tant de fulgurances ! C'est pas pour rien que son vrai patronyme est Joyaux...
Écrit par : Castor Junior | 25/09/2010
Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait penser à D. de Villepin: «J'adore courir et parler. Je trouve qu'on est beaucoup plus intelligent quand on court[…]. Beaucoup de mes idées sont venues en courant[…]»; aurait-il déclaré. La politique, en fait, c'est un marathon…
Écrit par : Yola | 25/09/2010
@Yola: ça m'inquiète, moi qui doit en courir un dans un mois, je m'entraîne pas mal en ce moment, et du coup j'espère être plus intelligent...
Écrit par : Castor Junior | 26/09/2010
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