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20/11/2010

La technologie serait donc de droite...

C'est avec une pointe de déception que j'ai lu ce très bon article du Monde, mais en même temps, pas besoin d'avoir fait l'X pour comprendre les conclusions: 

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/11/19/la-...

Ca ne veut pas dire que la gratuité et les possibilités induites par le web n'inspirent pas de généreuses initiatives comme celles-là,  http://www.mailforgood.com ou http://www.aiderdonner.com inventées par des types très bien que je connais, mais ces actions isolées ne reflètent pas la réalité du monde en ligne où les inégalités prospères...

Que nous apprend l'article ? Que non seulement les technologies ne profitent pas aux pauvres, mais elles aggravent les inégalités. Il paraît que les chercheurs se sont ligués dans des effectifs impressionnants et ont étudié des mois pour parvenir à un résultat qu'ils eussent trouvé en quelques pages de lecture de Marx. Car on peut dépenser des fonds considérables pour donner des outils NTIC aux pauvres, si on ne leur a pas donné les outils intellectuels auparavant et l'éducation qui va avec, ça sert à que pouic. Les exemples sont légions dans l'histoire de ce genre d'opération intervenant trop tard et donnant un résultat un peu margarita ante porcos... Donnez la gratuité au Louvre à des mômes qui ne connaissent que la télé, on a déjà essayé. Car les chercheurs s'étonnent que "les pauvres, spontanément, n'aillent pas vers les sites de développement personnel et professionnel ainsi que des outils éducatifs"... En gros qu'ils passent plus de temps sur youtube à voir des chats qui pètent qu'à podcaster Antoine Compagnon au Collège de France ou mettre ted.com en favori...  Prenez un type qui a vécu à la rue quinze ans, si vous lui donnez accès à de la bouffe et de la boisson ad libitum, ce n'est pas pour autant qu'il choisira des aliments équilibrés ou bon pour lui...

Et c'est pourquoi je ne comprends pas que l'on réitère les mêmes erreurs et que l'on ne mette pas le paquet sur l'éducation, que l'on continue à croire benoîtement dans des nouveaux modèles ouverts et gratuits sans voir que la technologie ajoute une strate aux inégalités ambiantes: les gens plus riches ont plus de connexion, plus de réseaux, trouvent des offres moins chers pour accéder aux meilleurs produits et bénéficient du corpus intellectuel pour optimiser l'utilisation de ces outils. 

In fine, depuis l'explosion des NTIC, les riches sont plus mobiles, plus sociaux, trouvent des moyens d'optimiser leur pouvoir d'achat avec le troc les échanges d'appart, les bons plans d'initiés... Les pauvres sont encore plus exclus, ne maîtrisent pas les nouveaux codes de recrutement et ressentent avec plus d'acuité leur condition de déclassement...

Alors on vous répondra que oui, c'est malheureux, l'éducation coûte cher. Comme disait Lincoln: "vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance".

Demain, vous je sais pas, mais moi je traverserai l'Atlantique avec un pincement au coeur....

Commentaires

Certaines études me laissent perplexes, une autre évoquée dans le monde la semaine dernière portait sur l'accès à l'emploi et indiquait que les jeunes gens issus de l'immigration avaient plus de difficulté(s) à rencontrer les recruteurs... hum

Bref, pour revenir aux nouvelles technologies, je partage votre analyse sur le levier fondamental qu'est l'éducation. En même temps, et sans que cela soit à proprement relever des NTIC, on voit que la mise en place de réseaux de tél. mobiles en Afrique alors que le tél fixe était une rareté aux quatre coins de ce continent a permis de faire un bond technologique à moindre coûts au service du plus grand nombre.

Écrit par : sdr | 20/11/2010

Pour les magrhebins, je travaille sur la question actuellement et, avec seules 30% des emplois qui passent par une offre, les magrhebins sont victimes de leur manque de réseau et donc, de leur incapacité relative à être cooptée...

Par ailleurs, excellente remarque sur l'Afrique, c'est bien là le paradoxe.

Écrit par : Castor Junior | 21/11/2010

Pour mettre le paquet sur l'éducation, ils mettent le paquet ; mais un paquet de quoi ?
IUT de Bordeaux une semaine de cours chômée pour cause de dotation insuffisante et d'impossibilité de payer les vacataires , IUT de Nîmes, mêmes mesures probables ; à qui le tour ?

Écrit par : estellebeaurivage | 21/11/2010

Oh SDR, la remarque sur l'Afrique elle était pour moi : c'était à moi de la faire, elle m'appartenait.
Bon. J'avais rien d'autre en stock. Failure.

Écrit par : Ema | 21/11/2010

@ EMa: bon en gros, tu ne fais que souligner sybillnement l'énorme oubli de ma part...

@ Estelle: je ne crains qu"après Bordeaux et Nîmes, le tour de France ne se poursuive...

Écrit par : Castor Junior | 21/11/2010

@Ema: désolé de te griller la politesse, on est jamais assez de deux pour évoquer les paradoxes du continent noir

@Castor: à supposer que 100 % des offres passent par le réseau, 30% donc des maghrébins seraient réseautés Ok mais pour les autres il reste Pôle emploi et les CV et candidatures spontanés dont ils seraient à priori exclus en raison de nom auvergnat ou d'adresse stigmatisées. reste alors, le business communautariste...

Écrit par : sdr | 21/11/2010

@SDR : oui, mais on connaît l'efficacité du service public de l'emploi... ET le business communautariste ne cesse de se développer, effectivement...

Écrit par : Castor Junior | 21/11/2010

Les commentaires sont fermés.