02/06/2012
Gauche populaire : défense de tour d'ivoire.
Parfois, les évidences sont dures à admettre. Mon amoureuse avait beau me le seriner, mes amis intègres me dire de me méfier des facilités et de creuser, je n'écoutais pas. C'était tellement jouissif, cette démolition en règle de Terra Nova et des dangers du communautarisme. Je ne voyais pas plus loin et ce petit mouvement de la gauche populaire me ravissait. Si vous ne les connaissez pas, ça veut dire que vous ne fréquentez pas les médias sociaux, où ils s'accordent des satisfecit et des brevets d'analyste politique agrée dans une ronde de léchouilles incessantes et franchement pénible. Si vous voulez en savoir plus, c'est notamment là : http://gauchepopulaire.wordpress.com/. Sinon, donc, il faut rejoindre facebook et twtiter, Instagram et google+ ou ils se likent, se prennent en photo, s'autocongratulent et s'empapaoutent dans une incessante noria d'auto-admiration digne de lasser Narcisse lui même...
Ils sont beaux, jeunes, riches et plein de succès. Pardon, "successfull". Ils ont la vanne "quick", et parlent par codes pour éloigner le brave gars venu du peuple, celui qu'ils encensent toujours surtout parce qu'ils n'en comptent aucun parmi leurs rangs. On trouve ainsi des "JDCJDR" à la fin de leur message. Après un travail digne de Champolion, j'en ai déduis que cela voulait dire "je dis ça, je ne dis rien". Si avec ça, vous ne vous sentez pas plus intelligent... Tant qu'à faire, ils se baptisent aussi GP pour "gauche populaire". Là seule GP que je reconnaisse c'est la gauche prolétarienne, elle a sans doute commis des excès, fait couler du sang et rendu coupable de kidnappings. Soit. Mais eux au moins, avait un idéal. Et cela, je mets quiquonque au défi de m'en trouver un au sein de ce collectif ? Yakafokon à toutes les lignes dès que l'on sort du "pourquoi" pour aller vers le "comment". Pour dauber sur une certaine gauche et expliquer la montée du FN, il y a du monde, mais pour expliquer quelles actions mettre en place CONCRETEMENT pour réduire les inégalités dans ce pays, les salonards se débinent. Yaka à foison, mais faux cons, ils se pourraient bien qu'ils fussent vrais... Détournons de Gaulle, la GP c'est un troupeau de cabris sautant frénétiquement en hurlant "le peuple le peuple". Ensuite, ils se redressent sur leurs petites pattes de derrière et entament une ronde dansante en invoquant le peuple comme les indiens implorent la pluie. Le résultat n'est pas du même tonneau puisque pour des raisons facile à comprendre, parfois, il pleut...
Toujours sur le fond, ils se moquent de Terra Nova, donc, mais aussi de quiquonque invoque un particularisme. Osez le Féminisme, les LGBT, le CRAN, toute forme de distinguo leur est inacceptable. Le mot même de discrimination est une aberration selon eux, il n'y a que des inégalités. Ha ? Ils se cantonnent donc dans leur petite tour d'ivoire, d'où ils ne cherchent pas à redescendre pour regarder les maux de l'hexagone. Vu de loin, assurément, les inégalités déforment le pays, mais de près, n'est ce pas plus dur de trouver du boulot après 45 ans ? De demander une formation alors qu'on va tomber enceinte ? De vouloir être commercial quand on s'appelle Mohamed ? De dire qu'on ne doit pas être délégué au handicap quand on est handicapé ? Est-ce une inégalité de se faire traiter de "sale pédé" dans une salle de classe et un vestiaire ou de la bêtise pure ? Non, je demande...
Vincent Peillon m'avait dit que, jeune prof de ZEP, il avait compris que tout ne se résumait pas aux inégalités quand il avait été obligé de mentir pour trouver des stages en grimant les prénoms de Djamila et Rachid en Louise et Thomas. Monsieur le ministre, si vous pouviez adresser un courrier à la gauche populaire, la nation de gauche vous en serait reconnaissante.
Enfin, il y a cette testostérone intellectuelle que répand partout leur leader, Laurent Bouvet. Il arbore ses parchemins universitaires et sa maison d'édition (Gallimard) comme d'imbéciles culturistes montrent leurs muscles. C'est fort honorable d'être professeur d'université et louable d'être publié chez Gallimard, mais cela ne vaut pas autorité. Or, c'est souvent ce qu'il utilise pour repousser les manants qui contestent ses philippiques. J'ai un respect infini pour les savants. Une fois, j'ai croisé Emmanuel Todd dans le bus et je l'ai interrompu pour lui dire que je l'admirais et j'en bafouillais. Quand j'ai croisé Régis Debray, je n'ai pas pu parler, sur mon domaine d'enquête, je me suis retrouvé sur une table ronde avec Françoise Milewski qui m'a inspiré un respect immense. D'ailleurs, le respect ne se décrète pas, il s'impose. L'homme impose une malsaine envie de débat, de pugilat quasi. Heureusement, j'ai appris mon Chateaubriand et dispense mon mépris avec parcimonie, car il y a trop de nécessiteux. A quoi bon lui faire plaisir ? Il insulte à tout va, dégaine du raciste et pétainiste à tout bout de champ pour s'ériger en opposant à la peste brune de gauche. Parfois, c'est drôle comme dans ces échanges avec Sylvain Bourmeau: 2 taurillons ivres d'eux mêmes qui se foncent dessus. Parfois, moins, comme quand il lynche Eva Joly et toi aussi que je ne connais pas qui a juste voulu faire entendre une musique différente.
Gauche populaire, donc, par provocation, par écho à la droite populaire. La gauche populaire s'est aussi fondée contre une gauche bien pensante qui fait du petit blanc un beauf et encense la diversité. Bien sûr qu'il faut défendre le petit blanc populaire de Joigny, de Verdun et de Grigny, mais il n'est pas besoin d'avoir longuement poussé les humanités psychologiques pour comprendre ce que cette peur d'être assimilé à un beauf signifie des membres de la GP : il faut imaginer Sisyphe heureux et il faut imaginer les membres de la gauche populaire se bidonnant en écoutant Laurent Gerra, le tout couvert par du Wagner à fond, des fois que des oreilles ennemis passeraient à proximité de leur cache et découvre leur vraie nature...
10:24 | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
Cher Castor,
Je découvre ce texte avec effroi. Je vous ai connu, en effet, bien mieux inspiré. Vous parlez de choses que, manifestement, vous ne connaissez pas.
"Beaux et successfull", les membres de la Gauche Populaire ?
D'accord pour "beaux" : ça, c'est l'évidence, nous le sommes tous. C'est d'ailleurs comme ça qu'on s'auto-sélectionne.
Mais il y a, parmi nous, toute sorte de gens. Des étudiants, des intellos précaires qui ont choisi de bouffer des pâtes pour pouvoir vivre de leur plume. Et des moins courageux qui, comme moi, font un job alimentaire le jour, et écrivent le dimanche et la nuit, parce qu'il faut bien payer son loyer, ma pauv' lucette.
Je ne cherche pas à me faire plaindre, hein. Entendons-nous bien : je concède que je vends asez cher mes huit à dix heures d'ennui quotidien. Simplement, c'est bien plus monacal et bien moins festif, comme syle de vie, que ce que vous décrivez là.
Alors c'est vrai, je twitte. Dieu que c'est bourgeois-boème, de twitter ! C'est prouvé, d'ailleurs, c'est principalement dans le XVI° arrondissement que l'on twitte. Pour #jdcjdr, j'admets même l'avoir utilisé une fois, immédiatement après avoir découvert que ça signifiait "je dis ça, je dis rien" et non "jour de colère, jour de rage", comme je le croyais depuis des semaines.
Pour finir, ma meilleure amie vient de se faire licencier à 40 ans, une autre des mes copines est en CDD depuis 15 ans et avait les larmes aux yeux quand nous nous sommes parlées ce matin, parce qu'un énième CDI vient de lui passer sous le nez.
Quant à moi, dans une autre vie, certes très lointaine, je me suis fait traiter de "sale gouine" suffisamment pour savoir ce que ça fait, ce qui ne me vaudra jamais de militer en faveur du mariage gay et d'avoir de la sympathie pour le communautarisme LGBT.
Cher camarade, je te souhaite bien du bonheur avec Todd, Debray, et la gauche prolétarienne, toi qui as - tout comme moi - voté pour Mélenchon en croyant cela révolutionnaire.
Coralie Delaume,
Membre de la gauche populaire,
Belle et successfull,
Qui ne reviendra plus sur ce blog.
Écrit par : Coralie Delaume | 02/06/2012
Bien vu, merci ça rafraichit les neurones, la Gauche Populaire ! Quelle prétention insupportable, quelles petites ambitions ridicules, quels faux intellos rêvant de postes de conseillers ministériels...Article partagé.
Écrit par : rushes.infos | 02/06/2012
Au moins, cette manière de nous massacrer est très drôle et bien écrite. Dommage de ne pouvoir apprécier totalement pour être à la fois, pas jeune, nettement pauvre, sans succès particulier, et vivre (sans être le seul chez nous) parmi ce fameux "peuple" dont vous parlez, en plus d'être de la "minorité" des handicapés que vous évoquez, (ce qui n'a pas de sens, 100% des êtres humains pouvant se réclamer d'une quelconque minorité et en faire leur unique étendart) et dont je connais une part des turpitudes en plus d'être père d'une enfant qui l'est aussi, tout en étant de la Gauche Populaire. Vous voyez, il n'y a pas que moi... votre raisonnement est du coup partiellement invalide aussi. Pour l'aspect Yaka, lisez un peu plus en détail ce que nous écrivons, même chez moi qui ne peux revendiquer aucune dimension intellectuelle, et justement ce Laurent Bouvet, dont vous connaissez l'éditeur et non le livre, qui consacre de longues pages aux solutions "concrètes. N'hésitez pas à le contacter pour le "démonter dans un débat sans mal", cela pourrait être distrayant. Mais bon, je vous comprends et j'ai de l'indulgence pour l'humour, même si ça coince un peu quand il s'agit, non pas d'un petit débat entre micros courants germanopratins de la gauche, mais de la question qui finira peut être par vous faire observer gentiment la victoire de l'extrême droite. J'espère que vous aurez alors tout le loisir de vous exprimer à ce sujet et de vous montrer toujours aussi drôle (Ema ?). (Enfin, non j'espère qu'on raconte n'importe quoi et qu'on finira tous jeunes, beaux et riches dans une cabine téléphonique)
Wuyilu : à la recherche de la fontaine de jouvence, de la corne d'abondance et du portrait de Dorian Gray.
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
@ Coralie : cela fait une différence de fond entre nous, je continuerai à lire votre blog.
@ Wuyilu : je m'appelle Vincent... Je connais Ema mais ce n'est pas le cas. Vous vous focalisez sur 3 lignes, je n'ai jamais dit que tous les membres de la GP étaient riches, mais les portes-paroles et étendards ne me font guère pleurer. Je connais le livre de Bouvet, recensé ici même http://leblogducastor.hautetfort.com/archive/2012/01/24/le-sens-du-peuple-est-il-soluble-dans-un-parti-du-cens.html
Un très beau cours d'histoire, prof solide, mais pas l'once d'une solution concrète. Personnellement, je sue du neurone pour faire accoucher, hiérarchiser et remettre en forme des solutions empreintes de l'entrepreunariat social sans me contenter de mots magiques "égalité" oui, mais quel chemin ? Bien à vous, Fidel Castor.
Écrit par : Castor Junior | 02/06/2012
Comme si l'entrepreneuriat social s'opposait au retour de l'idéal républicain. Comme si d'ailleurs l'entrepreneuriat sans le retour de la politique primant sur l'économique était une solution car, pour bien connaître ce milieu (très bien même), pour cinq qui vont dans un sens, six vont dans le sens contraire...
Vous dites que la gauche populaire ne propose pas de solutions ? Encore heureux qu'elle se limite à donner du sens, des valeurs, et un chemin à la gauche, cela lui vaut déjà tous les qualificatifs anathémisant d'extrême-droite du monde ! Qu'est ce que cela sera quand la fusion viendra avec eux qui accusent la gauche d'oublier, à chacun de ses passages au pouvoir, les questions pourtant essentielles de la monnaie et des frontières, c'est à dire aujourd'hui, de l'euro-divergence et de la stagnation de la demande globale agrégée.
Et d'ailleurs puisque vous lisez Todd, vous savez tout ça. Il a tout écrit dans l'illusion économique, paru en 1997. Les solutions macroéconomiques sont connues depuis longtemps. Rose&Reséda commence à en reprendre une partie et les installer au coeur des débats du PS. De plus les solutions pour produire, consommer, vivre autrement, elles existent toutes aussi déjà. Par contre à gauche, aujourd'hui le vivier "d'idées" dominantes, c'est Terra Nova. Voilà tout le rôle, me semble t-il, de la gauche populaire : proposer des mots, des discours, des stratégies, une vision de la République, pour que toutes ces solutions que nous connaissons déjà puissent avoir un jour un chemin de concrétisation, à gauche et au-delà.
Enfin, comment dénoncer un collectif qui refuserait de voir les discriminations que subissent Mohammed et Sophie, quand soit même on utilise l'argument des intellectuels du peuple sans le peuple, du "XVIe" (comme si moi, par exemple, je n'étais pas fauché et habitant d'une zone rurale). Vous avez raison, continuons à compter les blancs pour s'opposer à ceux qui comptent les noirs et les arabes.
L'ironie grinçante, et certes plaisante, ne me paraît néanmoins pas tout justifier.
Cordialement,
PS : je précise que je suis sympathisant mais pas membre de la gauche populaire
Écrit par : Nicolas Gonzales | 02/06/2012
Cher Nicolas, vous feriez bien de devenir membre, ça relèverait le niveau. En revanche, là où vous faites totalement fausse route, c'est que vous les écoutez trop et surtout vous accordez trop d'importance aux "think" tanks. Terra Nova ne domine rien du tout à gauche. Ferrand peut continue à se palucher page après page dans Libération, leur influence se limite aux réseaux dissociaux ou dit sociaux, tout cela n'est guère sérieux...
Écrit par : Castor Junior | 02/06/2012
Heu Terra Nova ne domine tellement rien qu'ils sont omniprésents dans le gouvernement... wouarfff : http://www.marianne2.fr/Terra-Nova-le-vivier-des-cabinets-ministeriels_a219169.html
Vous voyez, pas très sérieux.
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
Heu Terra Nova ne domine tellement rien qu'ils sont omniprésents dans le gouvernement... wouarfff : http://www.marianne2.fr/Terra-Nova-le-vivier-des-cabinets-ministeriels_a219169.html
Vous voyez, pas très sérieux.
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
Je vous rassure, je suis jeune, j'ai encore beaucoup à apprendre, et je n'ai rien inventé. Je puise à différentes sources, dont les leurs. Mais peut-être pourriez vous porter ma lettre de candidature, vous feriez un très bon avocat ! (je me permets cette petite pointe d'ironie puisque vous semblez bien aimer le genre !). Concernant votre argument sur Terra Nova, et bien qu'un article qui tournait ces derniers jours sur ces méchants réseaux sociaux #jdcjdr montrait leur présence importante dans les cabinets nouvellement constitués des ministres de gauche, je dirais qu'il est recevable s'il est pris au pied de la lettre. On ne peut en revanche contester l'importance idéologique de la "deuxième gauche" depuis le début des années 80, ni nier que le PS a réalisé son programme, sinon porté au moment des urnes : la décentralisation, le tournant de la rigueur de 83, la priorité à la construction européenne sur les questions sociales que l'on voit lors de l'acte unique, de Maastricht, ou encore de la libéralisation des services publics sous Jospin, sans même parler de la politique du Franc fort ou encore des lois de dérégulations bancaires... De toute évidence, cette deuxième gauche n'a pas les clefs de la résolution de la crise du monde globale que nous traversons, mais elle est encore dominante idéologiquement. S'attaquer à Terre Nova, c'est s'attaquer à cela. En tout cas c'est bien comme cela que je comprends les choses - mais peut-être que je comprends bien mal, après tout, c'est possible !
PS : Encore que parler de deuxième gauche me paraît trop élogieux. Reprenant le concept de "sociologie de la pensée zéro" que Todd développait dans l'Illusion économique, on pourrait parler de "gauche zéro" (voir -1) pour l'évoquer... Je m'amuse, je m'amuse.
Écrit par : Nicolas Gonzales | 02/06/2012
Pardonnez-moi pour le doublon...
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
Je vous trouve un peu sévère avec ces jeunes intellectuels plein d'entrain. Certes, ils publient davantage sur Twitter que dans des revues scientifiques, mais c'est le cas de tous les véritables penseurs, de nos jours. Pour le parallèle avec la Gauche Prolétarienne, cf. http://lactualiteselonblochladurie.wordpress.com/2012/05/18/mieux-que-la-gauche-populaire-la-gauche-plebeienne/
Écrit par : Fernand Bloch-Ladurie | 02/06/2012
En tous cas Nicolas Gonzales, vous venez vous même de porter votre lettre de candidature (-; Parce qu'en creux vous signalez aussi des solutions. Et je permets ici de remettre le lien d'une de mes modestes contributions au débat où si j'insiste sur la question qui occupe ce billet, je parle un peu de la question du type de politique pouvant être actée (même si j'ignore s'il correspond véritablement au sens de la GP) voir dans la seconde partie: http://wuyilu.hautetfort.com/archive/2012/04/25/la-reponse-aux-fondements-de-la-republique.html
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
Ma foi si j'ai deux avocats commis d'office, la vie est fantastique !
Écrit par : Nicolas Gonzales | 02/06/2012
@ Fernand : merci pour ce moment d'anthologie !
@ Wuyiulu, Nicolas : pardon, mais cet article est un tissu de conneries, ça ne veut rien dire. j'ai moi même passé 6 mois à Terra Nova au pôle "lutte contre la pauvreté" avant de réaliser que tout ne servait qu'à cirer les pompes de Ferrand, les milliers de noms accolés à Terra Nova n'en font pas partie. Est ce que vous croyez qu'Ayrault, Peillon ou Touraine appelle Ferrand pour savoir comment penser ? Mosco à la rigueur...
Écrit par : Castor Junior | 02/06/2012
Soit. Il vous reste à refuter le "Terranovisme" du PS même sans Terra Nova.
Écrit par : Nicolas Gonzales | 02/06/2012
Entendu, défi relevé, j'y consacrerai une note entirère...
Écrit par : Castor Junior | 02/06/2012
J'espère que vous ferez l'effort de me signaler la note, car je n'ai pas l'habitude d'aller sur blog (qu'en fait je découvre). Mais je me sens plutôt tranquille, tellement le point que j'avance (comprenez bien que Terranovisme est à prendre au second degré) est etayé par une tonne de littérature diverse et variée.
Écrit par : Nicolas Gonzales | 02/06/2012
Vous voyez : vous qui êtes expert en discriminations. Je me suis absenté 3 heures pour essayer de faire des choses dans la vraie vie, avec ma fille, dans un quartier bobo, pour acheter deux ou trois petites choses pour ma femme, fête pétainiste mais entrée dans les moeurs oblige. Et bien, dans cette ville et ces conditions, la discrimination je l'ai sentie à chaque seconde, dans le hurlement de douleur de quelqu'un qui marche mal et dont chaque pas est un coup de poignard au bout de 5 minutes par résonance directe dans la moelle. le regard des petits bourgeois devant mes grimaces de douleurs et les lunettes de ma fille mal-voyante, toutes les places handicapées du quartier squattées par des voitures sans macaron et des camions de livraison mal garés, la difficulté de stationner à proximité de là où je devais aller... Mais ce n'est pas un poste que je demande, au regard d'"une douleur dont personne n'est responsable ! Quel rapport ? Je ne vais pas monter un lobby pour obtenir la simple correction des gens ou davantage d'accessibilité dans cette ville de gauche terranovienne qui fait beaucoup de com là dessus, mais peu de choses (et j'ai compris que vous ne partagez pas leur vision) ! Une vision républicaine globale qui ne donne pas aux catégories parce qu'elles ont une identité, mais parce qu'elle comprend globalement la différence et l'englobe dans sa conception, sans quota, mais dans le respect de la personne humaine, c'est juste ça. Et en poussant les gens à revendiquer catégoriellement, on ne fait que renforcer l'individualisme qui creuse les discriminations : moi d'abord et qu'importe celui qui n'est pas comme moi. Je suis rentré un peu en colère et plié en deux. Et je ne vous en veux pas à vous, vos positions étant mesurées au fond, contrairement à votre article.
Écrit par : Wuyilu | 02/06/2012
J'ai découvert cet article via une publication sur Facebook, et vue la discussion qu'il a engendré, j'ai décidé d'apporter (certes tardivement) ma contribution toute personnelle à la discussion.
Je copie-colle ici directement le commentaire que j'ai écrit à l'instant sur le statut Facebook en question :
"Bonsoir,
Je découvre à l'instant (et avec des heures de retard) ce texte du Castor, je me permets une intervention dans cette discussion.
Tout d'abord, quelque chose qui a été je crois relevé dans ladite discussion : ce n'est pas une critique de la Gauche Populaire. Les thèses en sont à peine évoquées (tout juste la notion de "petit blanc" dont elle n'est pas à l'origine et qu'elle n'est pas la seule à évoquer y compris à gauche), les méthodes (somme toutes classiques : l'analyse universitaire) n'en sont pas contestées. Ce qui est assez nettement repproché, c'est l'attitude sur les réseaux sociaux.
Cependant je suis assez circonspect quand on repproche à un collectif... d'agir comme un collectif. Qu'un collectif d'intellectuels (puisque c'est ce dont il s'agit) pratique la promotion systématique des travaux de ses membres, ben justement, c'est l'un des buts évidents quand on se constitue en collectif. Qu'il y ai des réactions (qui certes peuvent être excessives parfois, j'en conviens) face aux critiques, quoi de plus naturel ? Quand en plus lesdites critiques (ce qui est assez fréquent) ne sont en fait que des caricatures et/ou des procès d'intention, l'exécution est de mise, et franchement je ne vois pas à quoi on peut s'attendre d'autre.
Peut-être y a-t-il un certain systématisme dans la disqualification a priori de la critique (je n'en sais rien : je ne suis que sur Facebook, par conséquent je n'ai pas accès à toute l'information sur le sujet), ce qui est certes dommageable... mais correspond (malheureusement, de mon point de vue) à l'attitude qu'ont l'immense majorité des intellectuels dès qu'on conteste leurs prémisses ou l'orientation de leurs travaux. J'ai eu l'occasion d'observer comment un Emmanuel Todd, par exemple, était capable d'exécuter sur place et avec la complaisance du public une critique de fond argumentée. C'est un travers commun. Pas réjouissant, mais pas de quoi pousser des cris de horfraie.
Ensuite, la note du Castor s'attache à discréditer non la démarche de la Gauche Populaire, mais la légitimité de ses membres. Et ce faisant, il use des mêmes ficelles argumentatives... qui sont repprochées à la Gauche Populaire.
Alors certes j'ai pu observer venant de certains membres de la Gauche Populaire (notamment de la part de Laurent Bouvet, que j'ai eu l'occasion de rencontrer et qui m'a semblé par ailleurs un homme en tous point charmant et ouvert d'esprit) des attitudes franchement peu glorieuses, de dédain voire de mépris, mais de là à y réduire la Gauche Populaire, il y a un pas, ce me semble. Surtout, lorsque le Castor donne dans la caricature ("Ils sont beaux, jeunes, riches et plein de succès") ou dans l'attaque stéréotype physique (les "costumes crèmes" et la "barbe taillée avec plus de soin que le jardin élyséen" du précédemment cité Laurent Bouvet), et bien il attaque sur du vent, et on a la nette impression qu'il s'agit d'un règlement de compte personnel et pas d'une critique.
Sans oublier toute la dimension purement esthétique de l'attaque (le passage sur le rapprochement avec la Gauche Prolétarienne est assez surréaliste, j'ai trouvé).
Enfin, et c'est là ce que je repproche d'abord à cet article, il est à mon avis dans l'erreur sur deux points fondamentaux.
D'abord, lorsqu'il repproche à la Gauche Populaire (je résume) de rester dans une démarche intellectualiste abstraite. C'est il me semble une attaque infondée, pour trois raisons. D'abord, parce que la démarche de la Gauche Populaire n'est pas, il me semble, d'être une pourvoyeuse de politiques publiques. Il y a des techniciens et des groupes de techniciens tout à fait talentueux capables d'adapter en termes de politiques publiques concrètes des orientations générales. C'est même leur métier.
Ensuite, parce que sur énormément de sujets à mon avis extrêmement importants, la gauche a été très longtemps tout simplement absente (hormis certains groupes très réduits, en effectifs, en audience comme en influence, à l'instar du M'PEP ou du PT, par exemple, organisations que leurs orientations idéologiques rendent de toutes façons marginales). Dans ces conditions, en matière d'immigration, par exemple, il ne suffit pas d'appréhender d'une autre manière une pensée construite, mais bien d'en construire une. C'est une tâche qui me semble nécessaire (mais bien évidemment non suffisante), qui va être hardue et prendre du temps (d'autant que ces domaines vides de pensée à gauche sont nombreux, cf. ce qu'il s'est passé lors du "grand débat" sur l'indentité nationale) mais à laquelle la Gauche Populaire me semble avoir commencé d'apporter des premiers éléments.
Enfin, parce que, précisément, la Gauche Populaire me semble, à travers ses travaux jusqu'à présent produits, s'attacher avant toute chose au concret. Evidemment, dans le cadre d'analyses intellectuelles voire universitaires, le concret, ce ne sont pas des feuilles de route techniques. Mais la Gauche Populaire me semble se focaliser sur les solutions concrètes tout autant que par exemple peut le faire un Alain Bauer (qui redevient plus que jamais à la mode, apparemment) en matière de sécurité publique.
Ensuite, et pour finir, le Castor me semble faire preuve de mauvaise volonté intellectuelle lorsqu'il avance que pour la Gauche Populaire, les discriminations n'existeraient pas. Certes, comme je l'ai écrit plus haut, une partie du sujet m'échappe du fait de mon absence de Twitter, de Google+ et d'Instagram (je découvre d'ailleurs l'existence de ces deux derniers réseaux sociaux grâce à cette note), mais comme il me semble que la Gauche Populaire se manifeste avant tout à travers les travaux de ses membres plutôt qu'à travers leurs interventions sur les réseaux sociaux, force m'est de constater que dans ces travaux au moins il n'y a pas de négation de l'existence de discriminations.
Cependant il y a d'une part refus d'accorder une importance surdéterminante aux discriminations pour expliquer des phénomènes qui y sont trop souvent (et à l'emporte-pièce) attribués (l'exemple typique étant le sujet de la fameuse "une" de Libération : la quasi uniformité des membres de cabinets ministériels), et d'autre part refus tout aussi affirmé de toute traitement différencié d'une partie de la population sur ce genre de critères, que ce soit par des discriminations légales (quotas) ou des "dispositifs" et autres "aménagements" (qui, comme le dit bien ce gauchiste de Franck Lepage, sont destinés "aux femmes, aux jeunes, aux noirs, aux arabes etc." pour "les rendre moins femmes, moins jeunes, moins noirs, moins arabes etc."). Sur ces deux points, on l'aura deviné, je suis assez nettement du côté de la Gauche Populaire, aussi la malhonnêteté intellectuelle qui vise à agglomérer ces positions de principe avec la négation des discriminations (d'autant qu'il m'est personnellement arrivé d'en subir, mais c'est un tout autre sujet) m'apparaît-elle particulièrement clairement, et, j'ose le mot, choquante.
Voilà.
Après, la Gauche Populaire est bien évidemment critiquable, que ce soit dans sa démarche ou ses travaux, après, les comportements de certains de ses membres peuvent être largement contestables voire insultants (là, pour le coup, j'aurais envie de dire : c'est la nature humaine), mais cette note du Castor ne donnait ni dans le premier registre ni dans le second. Il s'agit pour moi clairement d'un règlement de compte personnel aggrémenté d'esquisses (dont certaines largement sujettes à caution, comme je l'ai écrit plus haut) de critiques sur l'un ou l'autre mode, le tout recouvert d'un glaçage "humoristique" qui ne me touche absolument pas (j'ai eu l'impression parfois que Yann Barthès se dissimulait derrière le clavier du Castor...). Bref, pour moi, une note écrite sous l'impulsion du moment, ni faite ni à faire."
Écrit par : Brath-z | 03/06/2012
Cher Brath-z merci pour cette conséquente contribution au débat, mais comme tous vos camarades, vous esquivez ma critique de fond qui est de dire que le positionnement anti Terra Nova ne suffit pas. Ensuite, quand je vois ce les membres de la GP infligent à tous les commentateurs, la violence des mots, je suis vraiment amusé de voir que je peux choquer...
Écrit par : Castor Junior | 03/06/2012
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