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29/09/2013

Les 2 Allemagnes sont toujours là...

voisins.jpgJe me trouvais à une réunion de préparation à un forum économique. Une des organisatrices, excédée par la bureaucratie française (je ne pense pas qu'elle n'y ait jamais été confronté) hurlait que pendant ce temps là, nous n'arrivions pas à imiter l'Allemagne. Tous les autres participants opinèrent gravement. Tous, sauf moi qui lâchait dans un silence consterné : "encore heureux".

Inquiétude soudaine chez tous les participants : comment pouvait-on confier la responsabilité des programmes du forum à un hérétique qui ne reconnaît pas la merveille économique de l'Allemagne ? Ne lit-il pas les journaux ? Je rassurais les présents, je savais tout de la croissance (molle) de l'endettement (colossal quand même) et de la balance commerciale, au beau fixe grâce aux exportations. Mais ces quelques indicateurs ultra libéraux ne suffisaient pas à m'extasier devant le miracle économique allemand.

Primo, les travailleurs pauvres sont légion et pas seulement étrangère. Avec Hartz IV et les fameux jobs à 1euro, nous avons près de 20% des travailleurs qui vivent avec moins de 800 euros... C'est ça le pays de Cocagne ? Bien sûr, à court terme, cela diminue le nombre de chômeurs et donc améliore l'état des comptes publics, mais à quoi sert d'être un pays aussi riche si c'est pour avoir une telle masse de pauvres ? Ce d'autant que l'accumulation de richesses actuelles ne profitent pas aux salaires. Et l'on ne parle même pas, pour ne pas faire pleurer, des conséquences que cela sur les populations âgées : si on peut déplorer les ressources de nos anciens, ils restent malgré tout les moins mals lotis au monde quand les vieux allemands sont réduits à une retraite miséreuse pour la grande majorité d'entre eux...

Secundo, on parle souvent des autres avantages, comme le coût des loyers berlinois. Mais cela n'a rien d'un miracle et suit en réalité la même courbe que Paris avec un peu de retard. Berlin est préservé car la ville est 8 fois plus grande que Paris pour "seulement" 2 fois plus d'habitants, mécaniquement le manque de densité urbaine se répercute à la baisse sur les loyers. Ensuite, comme le rappelle à juste titre Piketty, les loyers allemands sont une anomalie historique liée à la réunification des 2 Allemagnes qui a libéré d'importants flux de logements et nécessité de loger des millions de personnes à faibles revenus. Mais la pente des loyers allemands est bien en forte hausse... 

Tertio, comment peut-on louer au XXIème siècle un pays qui adopte une politique d'égalité femme/homme du XIXè ? Il ne faut pas se tromper : Merkel est l'exception absolue. Leurs dirigeants politiques et économiques sont encore plus masculins que chez nous, le taux d'emploi des femmes est misérable et aucune incitation n'est apportée pour contrer cela.

En résumé, des travailleurs pauvres qui ferment leur gueule, une possibilité de dire merde à l'Europe grâce à la balance commerciale et une politique de l'emploi profondément misogyne : l'Allemagne c'est le paradis de Zemmour. De là à ce que l'on s'aligne tous ...

27/09/2013

Valls aux adieux à gauche

adieu2.jpgPour célébrer le 1er anniversaire de présidence de François Hollande, Laurent Binet avait eu cette formule : "Hollande, c'est Sarkozy moins le Pen et c'est déjà ça". Il y avait beaucoup d'amertume dans cette formule, une espèce de consolation triste. On avait le déshonneur de gauche, mais pas la honte, en somme. Mais ça, c'était avant.

Depuis Pierre Moscovici a reçu une standing ovation au MEDEF et Manuel Valls a dépassé Marine le Pen sur sa droite. L'héritière de la marque le Pen, obsédée par l'idée de devenir Garde des Sceaux ou ministre de l'intérieur d'un gouvernement UMP, soigne sa stature et joue le côté grands enjeux. Quand elle s'égare sur une formule, c'est à dessein "la catin du Qatar" ne choquera pas de la même manière, car cette sortie parle à tous les nostalgiques de l'époque ou de Gaulle tenait la dragée haute aux Yankees. Au moins, on ne baissait pas notre froc, en somme. Idem pour les "milliers d'ennemis de l'intérieur", ces propos venimeux sont destinés à montrer qu'on ne s'abaissera pas devant les barbus. Valls ne se donne même plus la peine de s'inventer des ennemis puissants, il veut frapper les plus faibles. On ne refera pas le débat à l'infini, il y a une hausse de cette délinquance particulière : +550% nous dit le Figaro. Remis dans son contexte, on parle de 750 à quelques milliers d'actes. Quelques milliers de trop, évidemment, mais rapporté à une mégapole de dix millions d'habitants ou des millions de touristes passent, on ne peut pas parler de déferlante de violence Rom... Surtout, il existe une réponse de gauche. Casser les mafieux, bien sûr. Mais que ne parle-t-il de la nécessaire scolarisation des enfants fors quoi nous ne sommes plus en République ? Le vrai scandale c'est ces destins volés aux enfants, ce sont eux les victimes, d'ordures mafieuses. Les expulser dans un pays qui n'est pas le leur, puisqu'ils partagent avec les kurdes le fait d'être les errants ultimes convient à renvoyer la poussière sous le tapis. Valls est un Nimby, not in my backyard. Pas à Evry la délinquance, à côté. Pas en France, les Roms. Ha ? En quoi vaut-il mieux qu'un Copé, son meilleur débatteur de la décennie précédente qui tient le même discours sur son fief de Meaux. 

François Hollande est face à son Munich, le déshonneur populaire ou la guerre civile. Il choisit la guerre civile en gardant le fossoyeur de l'idéal de gauche. 

20/09/2013

Contrat de génération Marine

girls-generation-marine-girl-408534.jpgLa seule émission de télé qui ne soit pas obnubilée par le Front National est pourtant celle qui serait la plus légitime pour en parler, silence ça pousse. Tristesse du plagiste qui voit une vague grosse comme un immeuble lui déferler sur la gueule sans réussir à se dépêtrer du sable mouillé devenu presque fangeux. De nouveaux éléments vraiment inquiétants (si l'on est pas sympathisant frontistes) apparaissent chaque jour dans l'analyse de l'électorat mariniste. Le stéréotype historique évoque un beauf à casquette, dans le sud est, déscolarisé. Les clichés ont la peau dure, mais explosent dans les isoloirs : l'électorat s'est répandu sur tout le territoire, avec des percées fortes à l'est, dans le nord et dans les zones péri-urbaines. L'ouest catholique et où le niveau d'éducation plus haut reste le principal bastion préservé. Et encore. 

En outre, les nouveaux électeurs frontistes sont plus diplômés que par avant. Enfin, deux catégories d'âge changent de plus en plus leurs bulletins de vote : les jeunes et les vieux. Les moins de 25 ans et les plus de 60. Les moins de 25, sur fond de crise éternelle, de chômage endémique à 25% votent Marine en force. Nouveauté, alors que les séniors, ces enfants de la guerre qui ont connu les horreurs guerrières directement ou par les récits de leurs parents sur fond de guerres mondiales ou coloniales, votaient de façon sporadique pour le FN, ils sont désormais 16% des plus de 60 ans à se déclarer pro FN. Que déduire de cette chandelle électorale qui se consume par les deux bouts ? Que seuls les actifs du milieu, ceux qui se sont finalement intégrés économiquement et socialement sont préservés du vote FN. Tant que la crise ne se résorbera pas, l'électorat FN croîtra comme un Moloch : les jeunes voteront FN de moins en moins jeunes, craignant pour leur avenir, et de moins en moins vieux, craignant une retraite ultra précarisée...

Hier, les chiffres ont paru sur ce contrat, grande promesse de campagne à 6 chiffres de François Hollande. Résultat un an après le lancement, 7880 signatures... Une bérézina. Et encore, les signataires disent souvent qu'ils auraient de toutes façons embauché un jeune, mais empochent au passage les 4000 euros accordés par l'Etat. En clair, un nouvelle effet d'aubaine. Le type de mécanismes critiqués depuis des années dès que ces mesures politiques se mettent en place. Ceci ne fait donc que renforcer le sentiment d'impuissance du politique à réenchanter le quotidien. Sentiment d'impuissance qui constitue par ailleurs le principal carburant du FN dont l'argument massue pour étayer leurs argumentaires est "vous ne nous avez pas encore essayé, nous sommes les seuls dans ce cas". Payez pour voir, en clair. Au poker, quand on n'en peut mais d'avoir de mauvais jeux, on finit par tenter un gros bluff. Personnellement, je ne paie pas pour voir.