29/01/2020
Fronder n'est pas jouer
Le néolibéralisme, combien de divisions ? Depuis quelques semaines, nombre de député.e.s macronistes auraient mal à leur gauche, trouveraient que le virage social n'est pas assez fort et quittent le groupe, font des effets de manches, s'épanchent sur les plateaux télés pour dire que le compte n'y est pas. La même chose se passe à Paris avec un macroniste débonnaire qui rallie d'autres macronistes débonnaires contre un macroniste atrabilaire. Une dissidence de personnes, mais un même projet de société.
Fronder n'est pas jouer, ça n'est pas rompre. Parmi les frondeurs socialistes du quinquennat précédent, combien ont réellement rompu avec une politique qui a permis le CICE (lequel a crée 30 000 emplois pour 40 milliards d'allègements de charges... Rappelons que les contrats aidés, supprimés par centaines de milliers par Pénicaud, coûtait entre 10 et 15 fois moins d'aides publiques. Jetons un voile pudique) et autres ignominies ? Peu... Leur grand chef sans doute authentique dans sa colère, Benoît Hamon, traîne désormais son spleen en Bretagne, tel un Chateaubriand de sous-préfecture, instagramant son chat en espérant de chimériques "Benoît 2022" par milliers. Tristesse. Dans les soutiens dudit Hamon, on trouve notamment Olivier Dussopt, désormais implacable petit télégraphiste de la destruction de la fonction publique depuis son ministère. Avant d'être la voix de son maître, sorte d'ORTF 2.0. à elle toute seule, Sibeth Ndiaye était une thuriféraire de Montebourg et promettait de faire rendre gorge à l'ordolibéralisme allemand...
Le pêché originel de la scission de 2008, après le congrès de Reims du PS est toujours là. Il y a celles et ceux qui ont rompu, comme Mélenchon et les autres... Un néolibéral en lavallière, reste un néolibéral.
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26/01/2020
Sommes nous tous mal comprenants ?
Les profs, les agriculteurs.rices, les soignant.e.s, les fonctionnaires, les salarié.e.s et cadres du privés, toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas l'ouvrir mais n'en pensent pas moins, les autoentrepreneur.e.s... À nous toutes et tous, millions de courroucé.e.s, Macron, Philippe, NDyaye, Blanquer, Pénicaud ou encore Buzyn ont martelé : "les opposants ne comprennent pas, c'est une réforme de justice sociale". Pour les plus polis ou plus apaisants d'entre eux, l'auto-flagellation fut poussée jusqu'à "il faut qu'on fasse plus de pédagogie", mais ne cherchez pas, nous n'avons pas compris. Le hic, hier, c'est que le conseil d'État, composé des copains de promo d'ENA ont dit que non, en fait, cette réforme est mal pensée, non calculée, non maîtrisée, pleine de chausse trappes à précarité. Rajoutez le caractère anticonstitutionnel des hausses des salaires de profs pour compenser la chute des retraites et ça s'appelle un camouflet juridique lourd. J'imagine que le gouvernement va répliquer qu'ils ont une lecture "idéologique". Surtout, ne rien lâcher, ne jamais avouer qu'on porte un projet injuste, rejeter la faute sur la débilité des opposants qui ne comprennent pas tout le bien qui les attend.
En écoutant la rhétorique des macronistes, ce qui m'a frappé, c'est à quel point elle est semblable à celle des multinationales prises dans leurs contradictions, leurs délits, leurs errances. A chaque fois "vous ne comprenez pas". La fraude fiscale ? Mais non, c'est légal ! C'est de l'optimisation ! Les délocalisations injustifiées ? C'est les contraintes de la compétitivité ! Le maintien du plastique dans la fabrication quand on peut et sait faire autrement ? C'est les nouvelles contraintes du marché, c'est à cause des normes ! Le maintien des pesticides ? C'est par réalisme vis à vis de la filière. La spéculation sur l'eau, sur les matières premières jusqu'aux risques de sécheresse et de famines ? C'est pour mieux vous protéger mes enfants... Le grand méchant loup néolibéral prend vraiment le chaperon rouge populaire pour un con...
Nous avons tous bien compris ce qui se trame, pas la peine d'avoir un Nobel d'Economie pour ça. D'ailleurs, la plupart des membres de ce club sélect se retournent (à part l'ineffable Jean Tirole qui arrive à justifier la prostitution et le don d'organes par le marché, quand Le Maire s'en ira il m'a l'air tout désigné pour le remplacer), la plupart des institutions (OCDE, FMI) itou. Tout le monde écrit noir sur blanc que les réformes dérégulant le code du travail et accroissant les inégalités sont criminelles.
Emmanuel Todd, dans son dernier opus, rappelle que le niveau d'éducation croît très rapidement dans les classes populaires pendant que le niveau de crétins surdiplômés au pouvoir se fait plus patent. Todd s'appuie sur les mêmes stats que Piketty, des stats INSEE, qui montrent que 99% des français s'appauvrissent progressivement chaque année. En bas de la pyramide, des millions de personnes mal logées en haut des foyers qui rognent chaque année des M2 car l'augmentation des salaires ne suit pas l'inflation foncière des métropoles. L'étau se resserre lentement, mais ils se resserre sur quasi tout le monde : une situation idoine pour une lutte des classes. Et là dessus, y a pas de malentendu possible.
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24/01/2020
Différent n'est pas alternatif
Déjà les belles âmes hurlent "il a dit Macron = Le Pen". Non, non. Donc posons le une bonne fois pour toutes : Macron n'est pas le Pen et Trump n'est pas Clinton. Il y a des différences, des nuances, un niveau d'éducation supérieur pour les progressistes des deux camps, un peu moins de magouilles et un peu moins d'appétence pour l'autoritaire. Bien sûr, Le Pen est pire que Macron comme Trump est pire que Clinton. Un flingue sous la tempe, je n'aurai aucun mal à choisir. Je vois les nuances, je sais lire. Mais ces nuances ne suffisent pas. Une nuance ça n'est pas une alternative, et une nuance ne répond pas aux enjeux colossaux environnementaux et sociaux qui sont devant nous. Et puis une nuance, ça ne fait pas peur.
C'est sans doute triste, peut être révoltant, mais les populistes ne font plus peur. Ils relèvent plus des bouffons que des tyrans. Trump, Johnson, Salvini, même le PIS ne font pas le 1/1000ème des horreurs d'Erodgan, Poutine et Xi Jinping. Les journalistes par milliers en taule aux côtés des opposants politiques, c'est eux. Les camps d'internements pour les Ouïghours, c'est eux aussi. Les morts suspectes, les balles perdues, l'impossibilité de s'opposer ou d'enquêter, c'est chez eux. Nos populistes sont "justes" des crétins irresponsables, des apprentis sorciers avec les énergies carbones. Bolsonaro commet des choses irréversibles aujourd'hui, mais il partira, contrairement à Xi Jinping qui pille les ressources premières du monde entier pour ne plus hypothéquer l'avenir de ses campagnes...
On atteint des niveaux inédits dans la provoc populiste. Aujourd'hui Trump marchera aux côtés des "pro vies". c'est une attitude dégueulasse mais ça n'est pas la fin de la liberté d'avorter pour autant. Le Pen ferait pareil. Elle ne renverra pas 200 000 personnes hors de France, elle aura une attitude inhumaine avec les bateaux de SOS Méditterrannée. Mais Macron a eu la même.... Badiou montre parfaitement cela : avant, nous avions le choix entre plusieurs projets de société. Ça n'est plus le cas. Personne ne nous offre le partage, la préservation, la protection. Pas étonnant que les urnes intéressent peu...
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