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25/07/2010

Après St Tropez, le gendarme en préfecture

le-gendarme-de-saint-tropez-1964-6995-2082569151.jpgEt de deux ! Après la Seine Saint-Denis, l'Isère aura un keuf comme préfet. Comprenez par la: bonnes gens, dormez tranquille, l'Etat veille pour vous. Concernant celui du 9-cube, un maire d'une ville dite "sensible" me disait qu'il l'appelait parfois vers 23H pour lui dire "allo, oui, c'est le préfet je circule dans votre ville, tout va bien". Etonnant, non ? Non, consternant...

Plutôt que de tacler systématiquement Nabot Léon, disons du bien : je pense qu'il se sous-estime lorsqu'il avance avoir "flingué le poste de ministre de l'intérieur" pour 10 ans. Avec toutes les conneries qu'il instille, cette logique martiale qui fait passer la France pour une vaste aire de jeux de gendarmes et de voleurs, il faudra sans doute 20 ans pour se relever...

Je dis 20 ans, mais je devrais dire 28. Si je date ça avec une précision de Carbone 14, c'est qu'en 82, Gaston Deferre n'avais pas son Lagaffe en élargissant les prérogatives des préfets: pour être cohérent et accélérer la décentralisation, on accordait audit Préfet de nombreuses prérogatives en matière sociale. Des obligations de cohésion, veiller à l'environnement, au patrimoine culturel et autres... C'est à cause de cette très grande diversité de tâches ainsi que de la neutralité politique que l'on confiait généralement le poste à des ENArques. On peut penser ce que l'on veut de l'énarchie, mais ils s'en acquittaient très bien.

Mettre des gendarmes à la place signifie: pour les gueux, rien à espérer de l'emploi, de la culture et autres, il faut d'abord casser la gueule aux délinquants. C'est la fin de l'égalité Républicaine, de l'équité, on accepte l'idée de ghettos...

Ultime point pénible avec cette martialisation, elle s'accompagne d'une connivence avec le politique dérangeante dans la mesure où elle va de pair avec une dépendance au politique : on rajoute de l'inertie en complexifiant les circuits de décision. Sarkozy critique la lenteur des fonctionnaires, mais, à vouloir tout régenter en matière de sécurité publique, il empêche même les flics de faire leur boulot. Exemple valant son pesant de cacahuètes: lors des émeutes de Villiers le Bel fin 2007, les compagnies de CRS attendaient l'aval du chef de l'Etat, en voyage en Chine...

Plutôt que de mettre des képis dans les préfectures qui feront des rodomontades defunesques chez Elkabach pour annoncer "la guerre aux guerriers", mieux vaudrait laisser des fonctionnaires consciencieux et laisser les flics faire leur boulot en allant dans la rue plutôt que de les presser de faire du chiffre. Ca donne une situation à la grenobloise où les flics déboulent, habillés en Robocop avec l'obligation d'interpeller. Stressés, ils hurlent sur des jeunes qui le sont autant et la surenchère s'enclenchent. La trouille est toujours mauvaise conseillère et pas certain qu'on l'éloigne avec l'envoi massif des recalés de  la 7ème compagnie dans les palais de la République...

Demain, nous rachèterons les journaux avec délectation, il paraît que ce sera la semaine "de tous les dangers" pour Woerth...

21/07/2010

Les codes des politiques pour éviter les sorties de route...

Code$20rock.jpgStéphane Rozès, à propos des conflits d'intérêts, expliquait que nous sommes entrés dans une civilisation de la transparence, corollaire de la société de la communication, où tout se sait. Premièrement, non, on ne sait pas tout puisqu'on ne sait toujours pas qui est le père de la petite Zora Dati, mais en fait, je crois que c'est la première rumeur qui était valable: Bernard Laporte. C'est pour cela qu'on le voit et surtout (heureusement) l'entend moins; il pouponne...

Ceci étant posé comme disent les piliers de bar en vomissant en sortant d la bodega à 5 du mat', je crois au contraire que nous sommes entrés, pour nos politiques, dans la société du code.

Un code, ce n'est jamais qu'un moyen de faire comprendre à des amis ou initiés que nous sommes entre nous et à exclure les autres. Un code bancaire vous permet ainsi de ne dépenser vos sous sans que les autres y ait accès sauf s'il vous le demande poliment avec un cran d'arrêt ou un 9mm, outils qui permettent de dépasser les codes.

Les codes sont très employés dans le sport comme dans la sphère intellectuelle. Les sportifs français se reconnaissent entre eux et s'épargnent la pression des résultats avec leur célèbre "je vais tenter de faire le mieux possible" quand les américains emploient souvent un lapidaire "je viens pour gagner". Dans le champ artistique, la blague éculée de l'album ou le livre de la maturité dit bien ce qu'elle veut dire: un manque d'imagination profond de la critique qui choisit dans son répertoire de dix stéréotypes répertoriées pour encenser ou enfoncer, selon qu'il s'agisse d'un jeune premier, d'un éternel second ou d'une vieille gloire sur le retour.

Au fond, ce n'est pas très dérangeant, cela rend juste monotone la lecture des suppléments littéraires des gazettes ou les interviews dans l'Equipe. Mais artistes et sportifs peuvent s'exprimer par leurs oeuvres ou leurs exploits. Que ces tics de langages creux envahissent et déborde notre classe politique est bien plus emmerdant. Car au fond, on en vient à se demander si notre personnel dominant (mettons les partis de gouvernement pour aller vite) pense encore par lui même... Leur parole étant suivi d'actes (enfin, parfois) cela confine véritablement à un massacre en termes d'imagination.

C'est affolant de voir à quel point le discours politique réel se reproduit jusqu'à la caricature comme le montre très bien "le petit journal" en tapant sur les politiques et leurs éléments de langage.

Mais au-delà de ce psittacisme pour commenter les réformes et les résultats électoraux, nos aspirants au pouvoir s'enferment de plus en plus dans des postures de camp: le premier droit de l'homme, c'est la sécurité. Clin d'oeil à droite. Il faut une rigueur, oui, mais une rigueur juste. Clin d'oeil à gauche. Le problème n'est pas d'avoir plus de fonctionnaires, mais d'avoir des fonctionnaires qui travaillent mieux. Clin d'oeil à droite. C'est la casse de notre pacte social. Clin d'oeil à gauche.

Tout cela doit être pensé par des sondeurs et des consultants en ère du temps, je suppose. Je ne m'explique pas pourquoi cette faiblesse de la langue si ce n'est par croyance aveugle qu'on gagnera ainsi les élections en faisant adhérer les masses, qu'on pense stupide.

On a atteint, de ce point de vue, un sommet lors de l'interview de Sarkozy pour le 14 juillet. Des codes pour rassurer son électorat sur la sécurité et la fiscalité qui, pire que vide de sens, était truffé d'erreurs. Julien Bayou, sur son blog, en a recensé 20 ! http://www.onfaitcommeonadit.com/2010/07/18/20-gros-menso...

Et pendant ce temps la gauche hurle avec les loups, par code, au lieu de penser son programme... Comment ne pas frapper un candidat qui a dit "La France tu l'aimes ou tu la quitte" en lui répondant que nos starlettes sportives ou d'entreprises gagnent de l'argent grâce à nos infrastructures, se font soigner chez nous, mais place leurs éconocroques dans des pays au climat fiscalement plus sains, preuve ultime de leur mépris de la France... Ca, "la rigueur juste" ne s'y attaque guère...

Faut pas désespérer Billancourt, mais en entendant Valls et Hollande, il y a de quoi quand même. Petit rappel, en termes de richesses produites, la France est 2,5 fois plus riche qu'en 1980 et que ni le chômage, ni la pauvreté n'ont baissé, bien au contraire... Ou est l'artiche ? Du coup, un Mélenchon disant tranquillement sur Europe 1 "si je suis élu, comptez sur moi pour faire les poches aux banques", ça manque de code, mais politiquement, c'est plus constructif.

Demain, oh allez, demain nous verrons bien, la torpeur estivale interdit de se projeter.

 

19/07/2010

Agenda culturel...

Y a pas que Paris-Plage. Déjà parce qu'il n'y a pas que Paris, même si la province copie; Clermont-Ferrand mène l'opération "sable chaud" (je n'invente rien, ça doit être un consultant en naming à 1500 euros/jour, franchement ça les vaut)...

Quand on se lasse de suer comme un boeuf au milieu du bruit, et si on appartient au sexe féminin, d'entendre 100 fois par jour "et mademoiselle, franchement, t'as un permis pour être bonne comme ça ? Tu croirais pas qu'y a moyen de moyenner", il reste la culture. Oui, mais devant l'abondance, tentons une petite sélection.

musee-marmottan-monet.jpg1 expo: Monet et l'abstraction.

Dans une vie précédente, je me devais de montrer mon museau dans tout ce que la capitale compte d'expos. Cela vous rend comme qui dirait, sélectif. Depuis Ensor en début d'année à Orsay, que pouic. Je laisse les snobs s'extasier sur les bouses de Hirst et sa foire aux vanités. Et puis là, Marmottan. Révélation. L'expo Monet et l'abstraction, c'est extraordinaire. Le genre de visite (Marmottan, c'est presque la province, mais la ballade vaut le détour...) dont on ressort plein d'envie. Le principe de l'expo consiste à mettre en parallèle une toile de Monet et une plus récente, que le maître des nymphéas a influencé. Mes préférences vont à Kandinsky, Masson et Zao Wouki mais il y aussi du Rothko et d'autres guests stars. Surtout, on sent une telle délivrance dans les palettes de couleurs, que l'on en ressort, avec un sourire béat.

Après ça, le reste est palot, donc rideau.

2 films :

Si votre esprit est surchargé, saturé des dernières recos de l'année, que vous ne vous sentez pas de supporter quelque chose d'exigeant, allez voir "l'Italien". Si si. Le truc avec Kad Merad. C'est de l'excellent divertissement si on le prend comme tel. Beaucoup de blagues, comique de situation à souhait, jeu habile sur les clichés, aucun pathos, un zest de conscience et hop, emballe c'est pesé.

Tournee.jpgBon, en revanche, si vous avez quelque dispositions, quelque envie de vous laisser guider vers une histoire, sans conteste "Tournée" est fait pour vous. C'est grand. Voilà comme ça c'est dit. Amalric serait grandiose en lisant la liste des 23 bleus, mais là, franchement, il y a mis tout son coeur et ses actrices nous donnent une leçon de vie. A l'heure du culte du ROI (return on investement) c'est un splendide pied de nez, une gifle de désinvolture. Le film ne raconte rien, ne va nulle part et c'est superbe. La beauté du geste, sans arrière pensée, confine au sublime.

 

Des livres des livres des livres:

memoire annee zéro.jpgEmmanuel Hoog, quand il a quitté l'INA remplacé par un godelureau dont la principale qualité se niche en bas de son dos (il n'a pas de malformation cérébrale, non non) tout le monde a du pleurer. Parce qu'Emmanuel Hoog pense droit, en arrière, devant et sur les côtés. Son livre est un salutaire ras-le bol contre le business mémoriel, les stupidités de lobbys passéistes en même temps qu'il sonne une vaillante charge pour la construction d'un futur engagé dans la bataille des images pour et par la culture. Un homme qui reconnaît les dangers d'Internet mais loue les opportunités inouïes qu'offre le web et qu'il a lui même mis en place avec 26 millions d'heure de programme en ligne... Son livre se hisse au même niveau d'exigence et d'intelligence, c'est dire.

 

prosperite-du-vice-09.jpgFaute ? Faute de mettre un livre d'économie dans la liste. Sans doute, mais tant qu'à en lire un, au moins, choisissons en un pédagogique, humble, interrogeant avec exigence les errances des économistes et tapant relativement fort sur les dérives de l'argent fou.

A compléter pour faire bonne mesure par "la pitié et la potence" classique de Bronislaw Geremek sur l'histoire de la pauvreté en Europe, permet de voir ou vient et de relativiser. Avant, les vagabonds, on les pendait haut et court parce qu'il ne voulaient pas bosser, ces salopards.

 

Et puis, quand on fini de faire le malin en ayant lu des essais, on peut tranquillement reprendre le cours de la vraie vie en lisant des romans.

Je ferais maigre, mais si vous avez les nerfs accrochés, "L'enfant bleu" d'Henry Bauchau touche avec beaucoup de justesse le monde de l'autisme. Si vous souhaitez quelque chose de plus actuel, pas forcément plus léger mais bien mené "le cours du jeu est boulvèrsé" d'un israélien dont j'ai oublié le nom, chez Gallimard. Pour les fanas d'histoire, "HHHH" de Laurent Binet chez Grasset est un excellent diesel: si vous tenez les 150 premières pages un peu molassones, les 300 suivantes sont d'excellentes factures.

Enfin, l'été, on échappe un peu à la valse des chroniqueurs et l'actu. On en profitera pour les non vacanciers pour replonger avec Fallet dans "Paris au mois d'août" (Folio) ou, si l'on veut toucher du bout du doigt la perfection du style et l'énervement à froid "la trahison des clercs" de Julien Benda qui a été republié en Cahiers Rouge... Enfin, puisque mes vacances me traînent vers la mitteleuropa je ne saurais que très très chaudement recommandez absolument tout Sandor Maraï, dont les oeuvres complètes sont publiés chez Le Livre de Poche...

Voilà pour les conseils plus ou moins éclairés, je recueille les vôtres pour les livres à lire, évidemment (dont le Erwan Larher, mais faudra attendre fin août)...

Demain, nous verrons que l'Amour est dans le Pré est une triste mythologie de l'époque...