11/07/2010
Le prince charmant est une ordure
Père noël, prince charmant, même combat. Un héros inventé par les parents pour avoir la paix jusqu’à ce que vous réalisiez de vous-même qu’il est certains cadeaux qu’il faut savoir mériter et ne pas de contenter de décréter qu’on les veut.
Ce qu’il manque aux femmes, c’est une Alain Souchon. Quelqu’une qui saurait croquer la douce mélancolie qui envahit les hommes passés 25 ans dans le Bagad de Lan Bihoué, « tu la voyais pas comme ça ta vie, pas d’attaché-case quand t’étais petit. On va tous pareils, moyen-moyen, la grande aventure tintin ». Mais personne ne leur a rien dit aux femmes, alors elles rêvent toujours de se faire construire une villa dans une ville qu’on appelle Bergame et qu’on leur offre des perles de pluie venues des pays où il ne pleut pas. Personne ne leur a rien dit. D’ailleurs, elles ont lu « Belle du seigneur » où le beau Solal se douche et se brosse les dents dès potron-minet pour réveiller son Arianne avec la perfection artificielle d’un matin Ricoré. On leur a tant vendu de mythes qu’elles ne peuvent plus regarder la réalité en face. Désolé les filles, mais Tom Selleck et Cary Grant préfèrent les garçons. Je sais, c’est rude, mais il y a pire.
Ce qu’il y a de vraiment désespérant avec le prince charmant c’est qu’il suscite de telles attentes chez les filles de 20 ans que celles qui approchent 30 sans l’avoir trouvé tournent plus aigre qu’un vinaigre artisanal. En cela, il faut les comprendre, au début elles voulaient toute la panoplie, le pack toute options, mais suite aux désillusions, elles doivent se rabattre sur l’entrée de gamme : un mec gentil, qui ne trompe pas, ne bat pas, ne joue pas et si possible, est partant pour quelques projets durables. J'en ai vu, des princesses de la hype, fashionistas en diable, faussement cynique et prête à jurer leurs grands dieux qu'une seule religion, celle qui permet de s'acheter une nouvelle paire de Louboutin chaque semaine, mais en réalité, des adoratrices de Bachelor qui attendent leur Ken avec la même ferveur que les témoins de Jéhovas.
Exit l’imprévu, la folie, la passion le romantisme et autres transcendances du quotidien, vous ne voulez plus y croire. De même « qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », vous jouez la carte de la sécurité. Sans vous en rendre compte, vous êtes passé en quelques temps du « il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud » à « pourvu qu’il soit pas moche, gros et qu’il foute pas du sable partout dans la bagnole ». La résignation n'étant pas le plus populaire des programmes, vous résistez à cette tendance à l'auto-déclassement et entre refus du bas et impossibilité du haut, vous vous retrouvez le cul entre deux chaises et le seul cul du lit.
Mais la nature a horreur du vide, on ne peut pas toujours se contenter de cynisme mal dégrossi. In vino veritas, in mucho vino grosse chopasse... Vous vous réveillez. Quelle gueule de bois ce matin, celui de vos 36 ans. Vous ne connaissez ni le prénom ni la profession de celui qui est étendu à côté de vous. Vous repensez à Marylin dans « certains l’aiment chaud », disant qu’elle craquerait pour un sax alto, pourvu qu’il ait son propre tube de dentifrice. Depuis votre salle de bains où il pisse bruyamment, votre rencontre d’hier soir vous demande l’autorisation d’emprunter votre dentifrice. Soudain, vous comprenez le fameux mot de Calet, « ne me secouez pas, je suis plein de larmes ».
Il repart, un brunch avec un avocat fiscaliste ou quelque chose d'approchant. Un épouvantail d'ennui érigé pour vous dispensez de venir. Vous errez dans l'appart' toute la journée et le soir, en vous gavant de Hagen Daas à même le pot devant un film à l’intelligence du scénario suspecte, vous vous rappelez comment, petite, vous avez toujours de beaux noëls en entretenant le mythe du père noël. Que devient l’amour triomphant quand le prince charmant a fondu ? Comme la blancheur de la neige : de la boue. Récupérez-là pour un bain.
Demain, nous chercherons à comprendre pourquoi le mythe de la princesse charmante n'existe pas...
10:05 | Lien permanent | Commentaires (14)
09/07/2010
Faut-il parler Globish ?
Débat vieux, non pas comme mes robes, mais comme l'indépassable "parlez-vous franglais?" d'Etiemble (Gallimard, 1964) : faut-il ou non parsemer nos discussions de quelques termes de la langue de Wayne Rooney pour faire chic ?
Le débat revient toujours alors que la loi Jacques all good (Toubon) provoque des remous actuels: on doit maintenant parler de téléchargement de pair à pair, de balladodiffusion (podcast) et mettre des pare-feus contre les pourriels (spam).
C'est entendu, ce type de défense est un brin ridicule. De là à dire avec Frédéric Martel dans le Point que cela incarne "la France scrogneugneu qui n'a rien compris et perd la bataille de la culture Mainstream" il y a un pont et pas seulement d'Avignon...
1: premier débat, sur le niveau de la langue. Martel parle couramment et est un véritable anglophile, très bien pour lui, mais la majorité des tenants du besoin de s'ouvrir aux "States" pourrait prendre des leçons auprès de Jacques Delors... Quel intérêt de penser faire le malin en truffant ses phrases d'anglais d'aéroport ? Il faut les voir, et j'en ai vu, des connards de créatifs d'agence de pub, vous dire "ouais, coco, j'ai lu ton draft là... Ouais, tu vois, c'est pas assez impactant, je veux du punchy et du crunchy (sont dans un bateau)... Comment te dire, coco? Tes belles phrases c'est pas qu'on s'en fout, mais shit c'est un peu overpromising". Et ils pensent sincèrement que ça fait d'eux des mecs supérieurs...
2: pensez que s'ouvrir aux States, aller vers la globalisation nous fera gagner la bataille de la culture? Non, et c'est la faiblesse insigne du livre Mainstream déjà évoqué sur ce blog (http://leblogducastor.hautetfort.com/archive/2010/04/03/...
l'important c'est qu'on se trompe de bataille: qu'on loupe la bataille de l'industrie culturelle, c'est possible, mais la culture française va très bien merci pour elle. De Garrel à Amalric, d'Isabelle Carré à Jean-Baptiste del Amo ou Chloé Delaume et Cécile Guibert, les créateurs sont là et bien là et la relève aussi. Après, qu'on soit moins bon pour faire des musées Disneyland... Si le but d'une culture Mainstream c'est de refaire Boltanski au grand Palais et de dire qu'on a gagné parce qu'il s'exporte, je pense qu'on peut se dispenser de jouer ce match...
Tomorrow, we'll escape from the heat unless it starts again like in 2003, which could solve the retirement issue...
08:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/07/2010
Comment peut-on encore être un jeune de droite aujourd'hui ?
Rions un peu dans ce bordel: parlons de ceux qui aiment encore la droite aujourd'hui et pour demain.
Pas Chatel que j'écoute au moment ou j'écris (un ancien DRH de l'Oréal qui défend Woerth, ha ha ha) Bertrand ou Baroin... Non, non, des jeunes de droite. Ces derniers temps, ils filaient bas. Faut dire que depuis leur cultissime lipdub qui avait permis de montrer l'inculture abyssale des jeunes populaires: suite à une daube pareille, les micros s'étaient insinués parmi les allées de l'université d'été et on entendait des jeunes critiquer des noms au PS. Aubry est sectaire, Royal est folle, Hollande est mou et ainsi de suite... On voit la portée des arguments. Le seul Marx qu'ils connaissent est chef étoilé à Bordeaux, Blanqui un morceau de veau et Luxemburg un jardin ou une terre fiscalement accueillante...
DSK a leurs faveurs, forcément, il a leur idées (enfin, pour ceux qui s'intéressent à ce truc suranné) et en plus, une certaine élégance qui fait tant défaut à leurs rangs, de Balkany à Estrosi... Pour le reste, les arguments portent généralement au même niveau que les attaques de Guillon et Porte qu'ils honnissent. Le parallèle s'arrête là, les ex duettistes d'Inter faisant exprès d'être drôle (parfois) quand les jeunes le sont à leurs dépends.
Jean Ferrat se demandait à quoi peut bien ressembler un jeune Républicain indépendant, moquant les seuls pousses de l'époque à ne pas rêver d'un autre monde mais à ressasser les phrases toutes faites de leurs pharmaciens de parents...
Entendons nous bien, je n'ai rien contre une droite qui s'engage par conviction politique. Il en faut pour tous les goûts, mais écoutez monter leurs longues plaintes, aux jeunes pop'. C'est la pensée HEC en marche, la pensée de l'absence de pensée. Tout ce qu'ils veulent, c'est du comptable, des indicateurs, du buzz... Ils créent du buzzomètre pour la vente de PQ, les entrées de musée ou la popularité des ministres avec le même enthousiasme. La santé, l'éducation, le logement sont des indicateurs ou des référentiels qu'il faut prendre en compte pour réorienter les chiffres, mais faut que ça mousse.
C'est à cause de cet abandon total de pensée, ce culte voué à "l'influence", ce rêve "d'exister", cette révérence pour le "charisme" à cause de tous cela, on a une génération Dati, Yade, Chatel, Asparu... Tous en ont commun de n'agir que pour exister et le malheur c'est qu'ils sont plus légitime, plus starifiés par les jeunes de droite qu'un Bruno le Maire, un des rares à cogiter dans ce camp ("des hommes d'Etat" est un excellent livre). On pourrait rajouter Valls dans l'autre camp, mais si Valls est de gauche, moi je suis curé...
Parmi les petits thuriféraires de l'absence de pensée et du culte du chiffre, un chroniqueur radio et starlette du web a sorti le billet le plus con que j'ai lu depuis longtemps et pourtant on m'en envoi. Si vous voulez rire un peu, c'est là: http://mry.blogs.com/les_instants_emery/2010/07/etre-de-d...
Je vous reproduis la conclusion pour vous épargner la vision exhaustive: "La droite n'est jamais aussi forte quand elle est au pied du mur. La gauche n'est jamais aussi faible quand elle ne se construit pas autour d'un homme". C'est l'analyse du sémillant jeune homme (qui a fait HEC...) en réaction à l'affaire Woerth, étonnant, non ?
Si avec ça en face, la gauche se ramasse en 2012, j'écluse une piscine de vodka bien russe (what else?) que je remplirai au fur et à mesure de mes larmes....
08:43 | Lien permanent | Commentaires (9)