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11/01/2011

Ecce homo ecce femina

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M'est avis que ce texte est plus que connu, et je n'en ai honteusement pas trouvé la source exacte. Des amis fins lettrés me disent que cela a été détourné par Mikaël Youn, plus brillant dans le scatologique que dans l'eschatologie mais bon...

Que nous dit ce texte sinon que les stéréotypes ont la peau dure et se transmettent de génération en génération par la langue. Alors, avant que je ne glose trop, je laisse le texte tel quel: 

 

Un gars : c'est un jeune homme 
* Une garce : c'est une pute 
* Un courtisan : c'est un proche du roi 
* Une courtisane : c'est une pute 
* Un masseur : c'est un kiné 
* Une masseuse : c'est une pute 
* Un coureur : c'est un joggeur 
* Une coureuse : c'est une pute 
* Un rouleur : c'est un cycliste 
* Une roulure : c'est une pute 
* Un professionnel : c'est un sportif de haut niveau 
* Une professionnelle : c'est une pute 
* Un homme sans moralité : c'est un politicien 
* Une femme sans moralité : c'est une pute 
* Un entraîneur : c'est un homme qui entraîne une équipe sportive 
* Une entraîneuse : c'est une pute 
* Un homme à femmes : c'est un séducteur 
* Une femme à hommes : c'est une pute 
* Un homme public : c'est un homme connu 
* Une femme publique : c'est une pute 
* Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre 
* Une femme facile : c'est une pute 
* Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur 
* Une femme qui fait le trottoir : c'est une pute 
* Un péripatéticien: c'est un élève d'Aristote 
* Une péripatéticienne: c'est une pute 

Le dernier a mes faveurs, vraiment. Ce genre de crispations grammaticale poussent les féministes américaines à débaptiser Kipling à l'entrée de la fac pour transformer le "tu seras un homme mon fils" en "tu seras un homme ma fille"... Pas gagné... Ce qui me fait penser que l'on pourrait paraphraser Tony Blair au sujet des luttes féministes en occident (dans le reste du monde, c'est un brin plus complexe) "on revendique en vers, mais on agit en prose" et du coup, prosaïquement, ça bouge pas des masses (laborieuses).

Demain, c'est l'ouverture des soldes et nous en profiterons pour rappeler à tous ces connards de journalistes que soldes c'est MASCULIN... Voilà voilà...

08/01/2011

Quelques lignes de finesse dans un monde de marge brute...

Larb.jpgNiveau bonnes résolutions éthyliques en ce début d'année je dois pouvoir mieux faire, c'est certain. Pour me coucher plus tôt, me lever plus tard, moins ratiociner sur la République indépassable, caramba encore raté...

En revanche, lassé du flot de bouquins à la con qui sortent, je m'étais promis de m'oxygéner en restant un peu plus au roman et pour éviter les déceptions, autant éviter les attaques ad hominem, mais disons que j'en avais assez des Foenkinos, Rouart et autres romantiques fièvreux au verbe plus sirupeux qu'un truc pour la toux. Dans ces cas-là, j'ai un truc infaillible: piller les bouquins des vieux. J'entends par la mes parents, dont l'un des deux lit ce blog et ne manquera pas de m'insulter et de me menacer de suspension d'héritage si je continue à dire autre chose que "jeune depuis plus longtemps" à la place de "vieux". L'avantage de ceux-là, c'est qu'ils ont tamisé non pas les lumières, mais les étagères; le tamis du temps, s'entend. Celui qui a enlevé toute la drouille.

Amusant, d'ailleurs, de lire "jaune, bleu, blanc" à cette aune. Larbaud, le trop oublié auteur du vice impuni, la lecture et de Fermina Marquez raconte ses vacances avec des demi mondains que son grand sens de l'amitié pousse à grimer en futurs grands écrivains, les égaux de Goethe et autres... Il finiront inconnus au bataillon... Ces écarts de raison mis à part, le livre s'avale sans que l'on y prenne garde. La langue est un peu riche et l'auteur ne rechigne jamais à montrer la supériorité du français de salon sur le français de gare. En Toscane, il n'est pas stupéfait par la pureté de la langue mais abasourdi par cette koiné qui, depuis Dante domine l'Europe des langues. Bon, ces préciosités ne gênent en rien car Larbaud a deux vraies qualités d'écrivains: il aime les livres et en parle bien et idem avec les lieux. Quand il parle de Santa Marghé et Portofino, on le suit pas à pas dans son émerveillement.

Pour le Castor, ce lieu a une résonance particulière. Je m'y suis marié à 19 ans. Pour une semaine. Ma petite amie d'alors avait accepté ma demande genou en terre sur la plage de Santa Margherita où j'avais trouvé une bague dans le sable; j'y avais vu un présage. Habile, j'économisais la cérémonie et le voyage de noces, puisque nous étions rendus et même le divorce puisque l'union ne durait que huit jours. Merci Valéry d'avoir exhumé ce délicieux souvenir.

genere-miniature.aspx.gifJe n'ai pas de souvenir en Essonne, hormis un débat sur l'avenir du travail où j'étais intervenu pour le compte du parti socialiste au désespoir de ma mère qui espère encore me voir m'engager à gauche. 

Des souvenirs des lectures de Jean-Louis Bory, en revanche, je n'en manque pas. Me revient encore en mémoire ma découverte d'un jeune virtuose de 25 ans, moi qui en avais 7 ou 8 de moins; l'auteur du Goncourt 1945, Mon village à l'heure allemande à vous écoeurer de facilité dans le style. A part Benda, une perfection dans le style, une légèreté ironique, j'en vois pas beaucoup pour rivaliser. Enfin, à part Bernard Frank bien évidemment. Mais Bernie il est hors concours...

Après le Goncourt, j'avais lu "miettes, regarder les passants célibataires" d'une drôlerie féroce puis ce très grand livre, de ceux qui vous marque une année, "le pied" resté culte pour de nombreux gays, ce coming out avant que le mot ne soit à la mode. Car Bory, en plus d'être cultivé, puissant, adoré de ses élèves à Henri IV et chéri des auditeurs du Masque et la Plume (en ciné), Jean-Louis était courageux en diable et avait accepté de témoigner à visage découvert sur Antenne 2 pour expliquer que l'homosexualité n'était pas une maladie. Ca n'a l'air de rien, mais il reçu des lettres d'insultes et des menaces, c'était dans les années 70, autant dire hier... Ca faisait trop pour un seul homme et il s'est suicidé en 1979. Quelques mois avant de se supprimer, il nous laissait "un prix d'excellence" que j'ai lu cet après-midi, la larme à l'oeil, tout juste consolé de me dire qu'il me reste "la peau des zèbres" à avaler, mais ça file si vite quand c'est bon à ce point...

Demain, si les enfants s'ennuient toujours le dimanche, moi je me sens d'humeur réjouie par avance...

07/01/2011

Mylène Farmer grande politologue de la jeunesse...

mylene-farmer.jpgPremière semaine de cours achevé et j'en ressors avec une perplexité comparable à celle de l'hétéro beauf devant un gommage argile. 

Ne comptez pas sur moi pour rejoindre les bataillons qui, de Zemmour en Baverez, pestent sur le déclin de notre jeunesse, qui serait inculte, non connaissante et non comprenante, juste amatrice de jeux vidéos débile et de snuff movies...

J'ai toujours accueilli avec circonspection les récits estudiantins d'un âge d'or où ils se vannaient en latin et grec et dès qu'ils avaient un moment de libre, relisaient Ulysse dans le texte (celui de Joyce bien sûr)... Non. Ils sont turbulents, chafouins, avides de vous critiquer, jubilent du mauvais esprit et c'est très bien ainsi.

Un seul point m'a vraiment chagriné: leur nihilisme. Ca m'a frappé comme un direct de Tyson ou un genou d'Erwan Larher, celui là même qui me brisa une côte (faut que je porte plainte auprès de mes parents pour défaut de fabrication...) alors que nous faisions un salutaire exercice de synthèse : une rétro 2010. Essayez chez vous, si vous vous ennuyez. Il faut fermer son ordinateur, réfléchir 10 minutes et lister tout ce qui s'est passé dans l'année puis essayer de relier les événements pour trouver une cohérence.

Premier enseignement: dictature de l'émotion 1 / recul historique 0. Quand nous passions à la France, ils se souvenaient avec une passion qu'on ne trouve plus guère que chez les numismates de tous les faits divers de l'année, mais semblaient plus peiner pour se rappeler que nous avions eu des élections régionales. Alors, je demandais qui était allé voter (pas le bulletin) et comme 1/3 seulement levait la main, je me lançais dans un prêche réac qui me surprenait moi même, arguant qu'en Afghanistan et en Irak, les citoyens sont menacés de morts, font des kilomètres à pied et vont voter à 80%, alors eux, qui ne risquent rien et sont mobiles, ils bougent leurs culs et s'ils pensent que ce sont tous des guignols, ils font comme Apathie: ils votent blanc. 

Malheur à moi. J'ai bien senti que le cynisme débordant qui les anime (festival de boutades sur Hortefeux, l'Erostrate de l'Elysée et tant d'autres, Ségolène aussi) masquait mal un profond désenchantement. Alors que j'avançais ma synthèse 2010 sur la rupture avec les élites, les succès de librairie de Mélenchon, Hirsch ou Pinçot-Charlot, qui tous à leur façon, dénonce les dérives affairistes et moi de faire la très longue litanie des affaires 2010, je me suis pris en retour un très candide mais tellement sincère "mais m'sieur c'est tout le temps comme ça, non ?". Ca m'a mis K.O. 

La semaine prochaine, je reviendrais bardé d'arguments pour leur montrer que même si c'est souvent décevant, ça vaut la peine quand même et qu'on peut contrer le spleen de Mylène Farmer avec l'enthousiasme d'un Jack Lang, cette idole des jeunes...