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12/02/2012

Bref, je suis allé à l'URSSAF

maison.jpgNormalement, tous les détournements du programme ultra court de Canal + ("déjà culte" dira le connard chroniqueur télé) se font en vidéo. N'ayant pas de smartphone pour ne pas être harcelé jusque dans ma poche, je ne me suis pas filmé vendredi en me rendant à l'URSSAF. Ca aurait valu le coup, mais il m'eut fallu beaucoup, beaucoup, beaucoup de batterie. Pour faire bref, comme promis en titre (en en 2012, il faut tenir ses promesses), je suis entré à 12H45 et ressorti à 15H15 avec EXACTEMENT le papier tamponné que j'avais consciencieusement rempli en ligne deux mois avant. 

Ce genre de récit a ceci de pratique qu'il tacle gauche et droite dans leurs tréfonds idéologiques. "Putain mais deux heures de queue pour être reçu et pendant ce temps là, on gagne pas", cette litanie du consumériste dépité, je l'ai entendu à maintes reprises pendant mon attente. La droite moque une gauche incapable de bosser, une armée de fonctionnaires qui ne savent rien foutre. Souvent je les voyais repartir, ces fiers entrepreneurs, le rouge au front d'avoir été conseillé de lire le formulaire où il était écrit ce qu'il fallait cocher et nos fiers entrepreneurs n'avaient pas pris le temps de lire "quand on lit, on gagne pas". Et oui, camarade...

A côté de ces rares gros cons, il y avait le lot commun en difficulté devant le sabir administratif. Et puis tout ceux, souvent "issus des minorités visibles" comme l'a finement trouvé le hiérarque cul pincé qui voulait dire que certains immigrés n'étaient même pas blancs, qui se heurtaient au limite du bon sens et venaient se renseigner sur le moyen d'être payé pour ce qu'ils avaient fait. L'intégration passe par là compagnon opprimé, le formulaire B647 qui t'ouvrira les portes, d'autres formulaires.

Et au milieu, j'étais là pour exister. Ca a fait rire la conseillère qui me recevait. Je lui disais que j'avais fait tout ce qu'il fallait pour être dans les clous, avait saisi l'opportunité d'un modèle souple et rapide (l'autoentrepreneur) mais puisque, problème de riche, je dépassais les plafonds, je venais me mettre "en libéral". Le mot me coûtais, je préférais dire "à mon compte". Je m'étais donc inscrit en ligne, mais j'ai disparu des écrans radars. La modernisation de l'Etat trouvait ses limites. Il y a 15 jours, j'appelais l'URSSAF puisque je n'avais pas de réponse à mes mails. J'expliquais mon problème, on me répondait que les problèmes pour l'enregistrement en ligne n'étaient pas traités par mail (logique). On m'enjoignait donc à imprimer mes mails (authentique) et de les envoyer par courrier. Ceci n'ayant pas donné plus de résultats, je suis allé passé 3 heures dans la maison des fous, et ai passé un peu de temps avec une conseillère très sympathique qui citait Aristote pour détendre l'atmosphère. Elle voyait un très gros livre sortir de mon sac, alors qu'elle jetait un coup d'oeil chenapan, je la devançais : "ce sont les cours de Bourdieu au Collège de France sur l'Etat. Grosso modo sa thèse, c'est que l'Etat n'existe pas en tant que tel, mais fonctionne sur les ressorts propre à la croyance", nous regardions les papiers qui officialisaient ma mise à mon compte, fièrement tamponnés et partîmes d'un grand éclat de rire. L'humain était au fond du couloir. Bref, je suis allé à l'URSSAF.

09/02/2012

Comparer Mélechon et le Pen, les chiens de garde malades de la rage...

Unknown.jpegComme de nombreux passéistes, je lis  la presse papier sans délaisser la presse en ligne. Si je continue dans cette attitude c'est, entre autres, parce qu'à mon sens rien ne remplace une demie heure (parfois 20 minutes...) quotidienne de lecture du "quotidien de référence" en termes de densité d'informations. Même si souvent je m'égosille ou je me désole, notamment pour leurs attaques à répétitions sur sciences-po, ou pour leur fascination jadis pour DSK (z'ont vite tourné casaque la dessus) cette lecture reste précieuse pour qui veut se targuer d'être informé. Juste après, je tombe sur la une de l'express "de l'affaire du Carlton aux réseaux étrangers: les Call Girls" et je me dis sans ambages, "qu'ils crèvent, l'auront bien cherché". Mais ceci est un autre sujet... Revenons au Monde.

Le Monde se veut ouvert, mais pêche en réalité par l'intolérance consubstantielle à la pensée mainstream. Ce côté Brice Couturier (mais envoyez le à Davos en invité permanent...) point de salut hors du marché libéral mais régulé parce que tout de même... C'est exaspérant. Politiquement, le Monde regarde donc avec une curiosité mâtinée de bonhommie la montée en puissance des écologistes tant qu'ils se ramassent à la présidentielle. Il compatissait avec l'inexorable déclin du PCF car cela rapprochait son but ultime : un bon vieux bilatéralisme à l'anglo-saxonne. A la rigueur, Bayrou incarne une espèce de Lib Dem très bien pensant, tout cela reste dans le cadre. Mais fors ce prisme qui va du centre gauche à la droite classique, point de salut.  Pour le FN, ils composent comme tout le monde: en les ignorant. Pas malin mais tout le monde fait pareil. Fait nouveau qui courrouce chez Niel/Pigasse/Bergé, la montée du Front de Gauche. Ils ont voté "non" le 29 mai 2005 à la bénite consitution de Giscard, veulent VRAIMENT limiter les hauts salaires, lutter contre la fraude fiscale, les paradis fiscaux, repenser les systèmes de décisions économiques, limiter le pouvoir des actionnaires, favoriser les investissements liés à l'emploi et l'innovation sans ce mot valise de "compétitivité'... Inacceptable pour le Monde qui comporte en son coeur 4 pages sur l'économie peu suspecte de remise en cause du système actuel (sans compter le supplément "argent" ; j'avais l'impression d'être un traître à la cause en lisant ça dans le métro. Penser que mes compagnons de voyage me prenait vraiment pour un scrutateur des oscillations de l'assurance-vie...). Alors, le Monde a trouvé un truc génial : Mélenchon / Le Pen, mêmes combats claironne t'il en une depuis quelques semaines.

D'autres que moi s'en sont émus, évidemment, comme là (http://l-arene-nue.blogspot.com/2012/02/populisme-est-ce-...), mais cette observatrice aiguisée n'est pas abonnée au quotidien du boulevard Blanqui...

Cela fait trois fois que le Monde affiche fielleusement ces ressemblances. Fieulleusement, fallacieusement, tout ce que vous voulez car le Monde précise dès les premiers paragraphes "les programmes sont radicalement différents". Ha ? Mais s'ils sont différents à ce point, pourquoi les rapprocher ? Parce qu'ils parlent au peuple ? Mais tout le monde parle au peuple, sinon on fait du lobbying électoral...

Le populisme a bon dos, surtout que le dernier "sondage choc" mettant Hollande et Sarkozy a égalité, on voit bien que l'absence de le Pen ne profiterait en rien de rien de rien à Mélenchon, mais à Sarzkozy très majoritairement, mais sur cette évidence politique le Monde est moins dissert... La malhonnêteté intellectuelle érigée à ce niveau ça ne s'appelle plus de l'incompétence, ça s'appelle de la haine. De la haine de la gauche comme tous les sociaux libéraux du Monde qui se sont rabattus sur la droite classique plutôt que l'autre gauche. Dans le fond, le Monde rappelle ce vieux mot d'ordre communiste : la droite c'est pas grave, on sait s'opposer, le problème c'est les socialistes, ils nous ont toujours trahi. Trahison des clercs, trahison du Monde a sa mission, nous voilà bien... Contraints que nous serons d'avancer vers une alternance forcée. Ne soyons pas daltoniens: en réalité, au second tour, plutôt que rose, nous voterons jaune...

05/02/2012

Guéant ne se lepenise pas, le FN n'a pas le monopole du racisme ordinaire

racisme_ordinaire.jpgMon amoureuse s'énervait contre le réflexe pavlovien poussant tous les journalistes à parler de lepénisation du discours de Claude Guéant. Je ne pouvais que lui donner parfaitement raison. Passée l'admiration devant l'analyse au scalpel de celle qui partage ma vie, je me posais la question du grand pourquoi. 

La réponse, malheureusement, est confondante d'évidence : notre doxa médiatique, dénoncée à très juste titre par le livre et le film "les nouveaux chiens de garde", n'aime pas regarder la vérité en face et quand cela la gêne. Elle met la poussière sous le tapis ou dans une case, c'est selon. En l'occurrence, il s'agit de celle de l'oncle Tom. Pour tout bon éditocrate qui se respecte, impossible d'admettre qu'en France, le racisme ordinaire est prégnant et dans tous les coins de l'échiquier politique. Alors, on parle du FN. Dès qu'un élu "Républicain" dérape, on parle de lepénisation du discours. Dernière exemple en date, Claude Guéant a balancé dans une réunion de l'UNI "toutes les civilisations ne se valent pas". Repris bêtement par tous les médias : il se lepénise. Mais bordel, tous les racistes de France ne sont pas lepénistes ! Pire, une grosse part des électeurs de le Pen ne sont pas racistes. On le voit bien avec le sondage JDD de ce matin sans Marine le Pen au premier tour: les reports sont assez massivement sur Sarkozy mais également beaucoup sur Bayrou ou Hollande, ils veulent dire merde au système, pas nécessairement "dehors les nègres".

Parler de lepénisation du discours c'est dédramatiser, stigmatiser encore plus un électorat populaire souvent désorienté. En revanche, il serait temps de reconnaître le racisme ordinaire d'un Guéant, d'un Hortefeux ou d'un Eric Besson, mais aussi bien souvent en face d'un Manuel Valls et de sa volonté de "javeliser" les quartiers devant les caméras. Il y a aussi une homophobie ordinaire inacceptable chez Douillet ou Vanneste, des propos douteux de Balkany, limite de Morano, Brunel ou Copé sur les musulmans. Des propos prolophobes plein les colonnes de Terra Nova, et tout ça, tous ces tristes renoncements devant l'égalité, me semble infiniment plus dangereux pour la République que les éructations tribuniciennes de Marine le Pen. Car l'ennemi de l'extérieur peut se contrer, le cancer de l'intérieur en revanche est infiniment plus pernicieux et à ce titre plus dangereux...

Bon, sur ce laissons ceux qui veulent fêter la naissance de Mahomet aujourd'hui, controns ceux qui veulent les empêcher de le faire en France au titre qu'ils seraient inférieurs et relisons des livres d'histoire pour empêcher que le 6 février 2012 ressemble à son homologue de 1934...