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06/06/2013

Le blues précoce des businessmen

cover_244010_200.jpgC'est l'histoire de 12 000 jeunes, qui s'étaient donné rendez-vous dans 10 ans. Sociologiquement, ils étaient programmés pour devenir des grands hommes. Bac+5, passés par des écoles de commerce, ils devaient 10 ans après leur sortie d'école être les nouveaux conquérants de l'époque. Et l'histoire est finalement moins belle que dans la chanson de Patrick Bruel. Ils trouvent qu'ils ont des vies de con. Voilà le résultat d'une vaste enquête du CEREC.

Les dirigeants d'école de commerce hurlent. Comme les racistes, ils se trompent de colère "seuls 2% d'entre eux sont au chômage, ce qui en période de crise est exceptionnelle". Comprenez par là : caprices de gosses de riches, circulez y a rien à voir. Cette conception dualiste du monde est dépassée et les dirigeants d'école ne le voient même pas.

Leurs indicateurs sont périmées, obsolètes et désuets. Bien sûr que des jeunes formés cinq années après le bac sont moins au chômage que les autres, souvent ils gagnent mieux leur vie dès lors que lesdits diplômes sont ceux attendus par les entreprises. Mais 21% d'entre eux déçus par le contenu de leur vie professionnelle et cela ne fait pas réfléchir les formateurs. Inquiétant. D'autant plus dramatique que les "marginaux", ceux qui ne se reconnaissent pas dans les pauvres points et autre fichier excel à longueur de journée ont bifurqué loin avant le cap des 10 ans et s'ils ont été interrogés n'appartiennent pas à ces 21%. Ils ont trouvé satisfaction dans une autre vie professionnelle, plus soucieuse de l'intérêt général.

C'est peu de dire que nous sommes à un tournant. La part d'étudiants déçus ne cessent de croître. Via la superbe assoc' Pro Bono Lab, j'ai pu rencontrer des dizaines de jeunes désireux d'esquiver tout de suite les affres de l'ennui. En face, les entreprises sont conscientes de ce risque de spleen précoce chez leurs plus grands talents. Mais si elles mettent en place de nombreuses initiatives d'engagement (tutorat de jeunes, soutien à des assoc, mission pro bono) aucune d'entre elles n'a encore eu l'audace de changer le coeur du réacteur en faisant en sorte que le coeur de l'activité soit moins pénible pour les salariés. Les entreprises sociales échappent toutes à ce problème (elles en ont d'autres : surcharge de travail pour les cadres, rémunérations trop faibles...) et les plus grands aigrefins l'ont bien compris en tentant de se repeindre en vert et rose (même s'ils n'ont pas lu Stendhal) comme ces maquignons souriants de Michel & Augustin...

Faut-il attendre dix années de plus que la proportion dépasse les 50% pour que l'on s'interroge sur ce blues généralisé ? 

02/06/2013

Une bonne droite pour enfin cogner à gauche ?

ce-direct-du-droit-d-angelo-lavanga-(en-bleu)-ne-suffira-pas-a-venir-a-bout-de-samir-founou-(en-rouge)-photo-gerald-frigotto.jpgSerait-ce vraiment trop demander que d'avoir une droite au niveau ? On comprend qu'après 10 ans au pouvoir, nos chers amis de l'UMP aient un peu de mal à admettre qu'ils ne soient plus aux manettes. Pour marquer ce mécontentement, ils éprouvent le besoin quasi mécanique de hurler qu'ils feraient mieux s'ils étaient encore aux manettes, poursuivant ainsi sur la lancée du sublime bilan qu'ils ont laissé. Soyons justes, ils ne poussent pas l'arrogance jusqu'à l'insulte et se contentent de dire qu'ils avaient armé la France en 2012 pour faire reculer le chômage et relancer le business, mais que tout s'est cassé du jour où Hollande fut élu.

Cette opposition névrotique est d'autant plus incompréhensible que, depuis un an, on ne peut pas dire que le président socialiste multiplie les décisions à même de courroucer un parti comme l'UMP. A part le mariage pour tous, dont la contestation a pris des proportions délirantes, la politique menée par ce gouvernement n'a de socialiste que l'étiquette. Des efforts dans l'éducation, certes, et un peu plus de contrats aidés que ce que des libéraux feraient... Et encore, un consensus mou s'instaure depuis trente ans, entre toutes les familles politiques pour faire de ces outils l'alpha et l'oméga permettant d'instaurer un peu de paix sociale dans les quartiers ségrégés où le chômage oscille entre le double et le quadruple de la moyenne nationale. Aussi, la colère idéologique a droite relève-t-elle de la colère de mauvais perdant. Même si elle prend les traits d'une rage que l'on ne retrouve plus guère que lorsque l'on jette des morceaux de viande crue au milieu d'une cage remplie de pitt bulls affamés. Et la colère étant mauvaise conseillère, la droite se divise comme jamais, atteignant un niveau de nullité politique inédite.

La psychodrame attachée à leur élection interne de président de l'UMP plus truffée de fraude que dans les sections socialistes marseillaises n'a pas améliorée l'image. Et en profondeur. Au-delà des quelques semaines de rebondissements ubuesques sur les comptes et recomptes de la COCOE, de la CONAR et autres acronymes, l'UMP est durablement entamée par un manque évident de leadership. Tous peuvent critiquer ouvertement Hollande pour son manque d'envergure, mais le moins que l'on puisse dire est qu'aucun des cadors de droite ne fait preuve d'autorité sur ses troupes. Aucun ne parvient à être ne serait-ce que légitime dans le débat. Sur le même mariage pour tous, ils ont réussi à s'engueuler, à se diviser et même dans le cadre de la primaire parisienne, à s'opposer... Ladite primaire voit d'ailleurs ressurgir le spectre de la fraude et des petits arrangements suspects. NKM, plus habile que Copé, ne rentre pas tête baissée dans la mêlée et devrait s'en sortir sans mal et obtenir l'onction nécessaire de son clan pour battre Hidalgo. Le péril sera grand entre une bonne candidate de droite, pugnace et perfide et une mauvaise candidate de gauche, scolaire et sans imagination. Ces limites ne sont pas trop handicapantes pour un rôle de gestionnaire, mais clairement rédhibitoires lorsqu'il s'agit de faire adhérer sur un nouveau projet. Mais quel que soit l'enjeu de cette mère des batailles locales, Hollande ne se sentira pas menacé ou contraint d'infléchir sa politique tant qu'il ne sentira pas la menace porter sur sa fonction propre.

Or, comme me disait un ami de droite, ayant travaillé avec certains des premiers rôles actuels, pour l'heure Hollande est bien placé pour l'emporter en 2017. En battant Marine le Pen au second tour. Comme souvent avec ces exercices de futurologie, les possibilités de faire évoluer le scénario sont grandes, mais l'on ne voit pas poindre les signes d'un apaisement nécessaire (pour eux) à droite. Et la gauche se contente donc de gérer les affaires courantes sans avoir à prendre de risques sociaux et se permettant même de continuer à ignorer superbement la demande de justice sociale qui défile dans la rue. D'ailleurs, les questions de remaniement, l'éjection immédiate des plus libéraux du gouvernement (Moscovici, Cazeneuve) et leur remplacement par ceux dont le programme était autrement plus ambitieux (Aubry, Aubry, Aubry et peut être Aubry) n'est donc malheureusement plus à l'ordre du jour. Aussi, pour que ce gouvernement tienne ses promesses sociales, il faut aller brûler un cierge pour la réconciliation du camp d'en face...