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10/04/2015

Brader France Télés pour sauver Radio France, ça vaut...

scales.jpgAujourd'hui comme beaucoup de monde, j'imagine, j'ai reçu ma déclaration d'impôts. Comme chaque année, je cocherai la case m'exemptant de redevance audiovisuelle puisque je peux attester ne pas avoir de poste de télévision. En y réfléchissant, c'est un brin stupide puisque cette cotisation sert à financer l'audiovisuel public, et donc Radio France. Or, l'actualité nous le rappelle abondamment, la Maison Ronde est désargentée. Mazette. Ce post ne se propose pas de faire un examen critiques des dépenses et recettes des radios, n'en ayant ni l'envie, ni la compétence. 

Ce que je sais en revanche, c'est que ces débats nous ont fait perdre l'essentiel : les grands enjeux, les grandes masses en jeu. France Télé : 2,5 milliards. Radio France : 650 millions. Soit un rapport de 1 à 4. Or, la radio touche autant les français et surtout les écarts entre la qualité de service public vs privé dans l'un ou l'autre est énorme. Nous n'avons tout bonnement ni les moyens ni la nécessité de nous payer autant de Télévision Publique. Trop de chaînes, trop de programmes débiles singeant le trash, les pistes pour économiser des masses considérables et les affecter à la radio sont là...

La seule émission de Laurent Ruquier, qui n'apporte pas grand chose (et je reste pudique) à l'information de service public, à un coût annuel de plusieurs millions d'euros (Ruquier est à 40 000 euros par mois, ses chroniqueurs stars la moitié, on a déjà 1 plaque en salaire avant d'avoir commencé la prod qui coûte la majeure partie...). Si la même émission était sur TF1, Canal+ ou autre, ça ne changerait rien comme le prouve le transfert d'Ardisson de France 2 à Canal +. Idem pour les quelques séries ou fictions originales qui se démarquent trop rarement de leurs homologues de TF1. Les jeux (qui veut vraiment que sa redevance paye les Amours, Motus et autres Fort Boyard ?) sont évidemment dans la même veine... Voici déjà quelques millions d'économisés et je n'ai pas sorti le bazooka sur l'information de Calvi à Pujadas qui mériteraient des purges sans nom. Gardons Elise Lucet, le reste... Et je cherche du simple, mais on peut trouver mieux : avec 2,5 milliards de budget global, on pourrait penser que 10% sont superflus et les flécher vers la radio. Avec 250 millions supplémentaires, le groupe Radio France pourrait continuer à produire une information audiovisuelle de qualité, ce dont on a réellement besoin, ce qui démarque vraiment. Une info de proximité, une info patiente, une info moins sujette aux recettes publicitaires, au scoop, une information qui élève plus qu'elle ne rabaisse, qui donne à chacun envie de s'engager de s'orienter, de voter en connaissance de cause. Franchement, tenter ce genre de pari, aucun télespectateur ne verrait la différence et des millions d'auditeurs seraient plus que ravis. Allez, Fleur Pellerin, allez le CSA, chiche !

04/04/2015

Le temps, ce nouvel égoïsme

horloge-ancienne-balancier.jpgLa nouvelle ressource trop rare n'est pas seulement financière, mais temporelle. Hartmut Rosa écrit au début d'Accélération que notre rapport au temps reste trop impensé, politiquement. On le réduit à un débat d'avant ou d'arrière garde lorsque ressurgit la lancinante question du temps de travail hebdomadaire. Mais ce qui est insuffisamment porté à l'opinion, c'est la vraie conséquence de nos mal pensées 35 heures : la fracture temporelle.

Depuis 1999 et les grandes lois sur la réduction de temps de travail concertée dans les entreprises, nous avons un écart croissant entre les détenteurs d'un patrimoine temporel renforcé et aux ressources financières limitées et ceux qui n'ont pas le temps de dépenser ce qu'ils gagnent car le temps libre leur devient une chimère alors qu'ils vivent en promesse de société des loisirs. 

Si l'on veut être un minimum responsable sur un sujet comme ça, ceux qui ont la chance ou la malchance c'est selon, d'être concerné à petite ou grande échelle par cette question du temps de travail doivent se prendre par la main. Depuis la crise de 2008, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté de 25% et plus que d'autres, cette petite corporation est confronté à ces dilemmes : prendre plus, s'en mettre ras la soute quitte à imploser ? Tant mieux car quand on est indépendant, en plus de savoir pourquoi, on sait pour combien on bosse. L'indépendant réussit toujours la promesse sarkozyste, lorsqu'il travaille plus, il gagne plus. Avec le risque de travailler moins et de gagner beaucoup moins : refuser un boulot une fois, ça peut passer, à la seconde votre réputation de tire au flanc est faite. Et elle pèsera lourd...

A titre perso, pour des raisons qui m'échappent, alors que je suis en free lance depuis 5 ans avec une croissance très régulière de mon activité, celle-ci explose en 2015, au point que je ne peux tout prendre sous peine d'exploser itou. Et je note qu'à ma place, nombre de personnes prendraient quand même. Les journées font 24h, les heures du matin tôt et celles du soir comptent triple, moins de mails et d'appels. Quand on veut on peut. Sans compter le we. Arithmétiquement, ce qu'on me propose est jouable, humainement ce serait trop pénible. Donc exit, et en plus j'en profite pour me sentir mieux en proposant lesdits plans aux potes qui ont les compétences, l'envie et plus besoin que moi.

Mais le salut du partage ne passera pas par une meilleure répartition entre free lance (même si ce serait un bon début). Il faut réapprendre à partager au sein des organisations : entreprises, comme administrations. Cesser de sur solliciter certains et de laisser tant d'autres de côtés parce qu'ils n'ont pas les codes ou les références, voire "l'expérience". Car, ça, c'est le summum de la tartufferie doublée de l'imbécilité : si on ne vous confie pas la mission c'est que vous ne l'avez jamais faite auparavant.  Logique infinie qui grippe plus que tout l'économie. 

Aussi, avant de voir s'il faut aller vers une semaine de 32H (pourquoi pas). Il faudrait rouvrir plus honnêtement le dossier des 35h : les entreprises ont bénéficié de très très coquettes sommes pour compenser la baisse de temps de travail, qu'elles jouent le jeu plus franchement chez elles en cesser d'épuiser leurs 10% de tops managers pour faire en sorte que l'équilibre du partage du temps parte d'en haut. 

 

 

02/04/2015

Juppé, vraiment ?

Alain-Juppe-en-Afghanistan.-Aux-armes-citoyen_article_landscape_pm_v8.jpgAprès des élections départementales où Sarkozy eut le triomphe modeste qu'on lui attendait, la gauche s'est trouvée son nouveau champion pour 2017 : Juppé. Déboussolé par les revirements sans cesse plus à droite d'Hollande, l'impossibilité de comprendre ce qu'il y a à gauche du gouvernement, le sentiment dominant pour un électeur de gauche en 2015 est clairement la résignation.

Les grands questionnements pour savoir qui d'Hollande ou Valls devrait se présenter ne concerne à l'évidence que ceux qui peuvent être ministre sous l'un ou l'autre. Et la potentialité d'une alternative portée par Aubry/Montebourg/Duflot/Mélenchon et autres ne pourra illusionner que les intéressés. Bien sûr, Syriza est née en peu de temps et Podemos, idem. Mais la France n'a pas appliqué une politique austéritaire sévère comme les pays du sud. Nous sommes dans une infinie mélasse, mais pas dans une situation désespérée au point de pousser à une révolte infinie. 11% de chômage, ça n'est pas 25%. 25% de chômage des jeunes, ce n'est pas 50% comme chez eux. Tant pis pour l'alternative en 2017, la droite flambe dans les sondages pour l'heure... Le PS compte sur une légère atténuation de la mouise en 2016 pour passer sur un malentendu. Pourquoi pas, ça relève d'Elisabeth Tessier à ce stade. 

Et là, donc, alors que la primaire UMP est annoncée (20 et 27 novembre 2016) je vois nombre de voix progressistes, ceux qui considèrent encore Valls comme étant de gauche et qui se réjouissent de pouvoir voter Juppé pour "faire barrage à Sarkozy". Ha, la gourmandise ! Personnellement, je n'exclus pas de voter Juppé car Sarkozy est fou et revient pour se protéger des juges et par attrait le plus grégaire pour le pouvoir. Pour autant, je sais bien pour lire le programme de Juppé qu'il est bien plus à droite que Sarkozy : retraite à 67 ans, fin des 35 heures, 100 milliards d'économies de dépenses publiques... A 72 ans, il ne pliera pas devant la rue. Sarko, en bon roitelet, fera du cahin caha avec force cadeaux aux potes mais ne laissera pas le pays se bloquer. Il n'est dur qu'en posture. L'inverse de Juppé. 

La déclaration d'amour de cette gauche pour Juppé est une prolongation logique de la politique actuelle, celle de la différenciation, du détail, de la critique sociale esthète. Mieux vaut un mariage pour tous que rien, non ? Bah, en 5 ans, avouez que c'est un peu maigre, non ? On nous l'a déjà faite, celle-là. On pensait aussi que l'air serait plus respirable sous Hollande, mais les stigmatisations, les discriminations sont largement aussi fortes que sous Sarkozy comme en témoigne les urnes : votant Hollande en masse en 2012, les quartiers populaires périurbains désertent les bureaux de votes depuis lors de toutes les élections intermédiaires. Parce que pour eux, au fond, c'est la consternation qui domine. Celle de ne pas avoir de vision de société alternative en débat, uniquement des postures et un casting. Juppé ne fera pas exception, qu'il gagne le rôle est une chose, mais on a le droit de vouloir regarder d'autres films...