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23/05/2015

Que le PS meurt, et vive les socialistes

14-159.jpgPlus le temps passe, moins j'aime le PS. Plus le temps passe, plus j'aime les socialistes, mais on ne les voit et ne les entend plus guère, dans ce parti...

Dans un monde dominé de plus en plus fortement par l'économie, impossible d'ignorer qu'elle constitue la seule boussole d'un parti. A quoi bon être fiers d'avoir tous voté le Mariage pour Tous si c'est pour produire une loi Macron ou un infamant Pacte de Responsabilité et récemment une détestable loi sur le renseignement, que pas un socialiste au sens historique du terme ne peut décemment apprécier ? L'UMP se chamaillent pour des questions de "valeurs" mais économiquement ils sont monolithes, ou quasi. Au PS, il y a une poignée de types qui pensent qu'il faut réduire fortement le nombre de fonctionnaires, diminuer le rôle de la puissance publique, libérer l'impôt sur les fortunés (voir fort thunés quand on regarde leurs propositions) et autres fondamentaux du catéchisme ultra libéral. Une poignée, donc, mais qui ont mis main basse sur la totalité de l'appareil et surtout de la réalité programmatique. Avec Valls en tête de file (qui fit moins de 5% à la primaire, qui n'a rien de socialiste et lui même trouvait ce nom "ringarde) un ministre de l'économie qui n'a pas sa carte au PS (Macron) une économiste en chef ancienne éditorialiste à l'ultra droitier l'Opinion et ex de la City (Laurence Boone) et une poignée de hauts fonctionnaires sans convictions idéologiques (Pellerin en archétype) plus les copains historiques de Hollande convertis au rôle de vilains ; Rebsamen et Sapin. Lesquels se livrent à une surenchère de zèle pour parler des chômeurs fainéants, du fait qu'obtenir un emploi est vraiment un privilège inouï et autres chapelets de sornettes...

Combien sont-ils, cette armée de droitiers, sans aucune conviction écologique et aucune croyance égalitaire ? Quelques centaines, tout au plus, mais ils ont laminé l'ensemble de la gauche de ce pays. En imposant une cure d'austérité de 11 milliards en 3 ans aux collectivités locales, Matignon empêche les exécutifs locaux de continuer à mener une politique sociale. Le principe de la minorité agissante joue ici à plein, il suffit de quelques séides déterminés pour tout bloquer.

Pour autant, l'aspiration au socialisme est bien présente dans le pays. Soyons honnêtes car on adore les étiquettes dans ce pays et voudrions voir des socialistes uniquement au PS. Mais Mélenchon est socialiste, Larrouturou est socialiste et nombre d'élus verts devraient se ranger sous cette bannière. Seule une implosion de Solférino permettrait à ces accidents vallsistes de quitter la galaxie de la gauche et retourner dans leur orbite libéral.

On entend depuis jeudi Cambadélis se goberger des résultats de son vote de pré congrès et de la force de sa motion : 54% de votants, soit 65 000 personnes. Il a fait 60% de ça : 40 000 clampins, dont une grosse majorité qui ne veut rien d'autres que conserver son poste. Est-ce bien raisonnable d'en faire l'alpha et l'oméga de la gauche de ce pays ? A l'évidence non. Vivement que le PS meurt pour que vive le socialisme. 

 

 

 

17/05/2015

Dépasser le trauma Savary

000_arp1503471_72dpi.jpgIl semblerait que l'ineffable Julien Dray ait récemment conseillé à Hollande d'inciter NVB à de la modération de peur "de faire descendre 1 million de personnes dans la rue". On sent encore la puissance du traumatisme du projet de loi Savary : surtout ne pas mécontenter le peuple de droite sur l'éducation, sinon il se fâchera... La photo ci contre montre le ras de marée humain qui s'est abattu sur la gauche qui avait tenté d'intégrer le privé dans le service public de l'enseignement. Fermer le ban. Cette histoire a durablement traumatisé les socialistes.

30 ans plus tard, le privé est plus que jamais plébiscité pour tout un tas de raisons. Pour l'élitisme supputé, la sélection des élèves, la non fréquentation d'éléments perturbants, mais aussi de plus en plus fortement, des raisons religieuses, morales ou de fond sur les programmes. Volonté de contourner une école qui enseigne trop les vaincus et pas assez les vainqueurs, volonté d'extirper ses enfants de cours d'économie dominés par une méfiance à l'égard du capitalisme triomphant... 

En 30 ans, la logique d'investissement éducatif s'est étendu : de plus en plus de parents, aisés mais plus seulement, payent pour que leurs chairs étudient. Cours privés, stages intensifs, conversation dans des langues étrangères... L'idée que payer vous donne un avantage dans la course éducative n'a plus rien d'un tabou. On peut, évidemment, le déplorer, mais les faits sont là. Et ceux là même qui investissent massivement, sont, la nature est bien faite, ceux qui vomissent le plus le système public. Là où les choses se compliquent est que notre système fou fait que nous subventionnons ce privé, avec le système du privé sous contrat. En somme : on encourage ceux là même qui nous persécute et nous crachent à la gueule... Mais quel monde ! De plus, les investissements depuis 2012 en matière éducative atteignent leurs limites, le président Hollande étant piégé par la promesse uniquement quantitative du candidat Hollande d'embaucher 60 000 profs. La casse en la matière fut telle pendant 10 ans de droite que l'on va payer longtemps encore les choix absolument catastrophiques des gouvernements et de leurs brillants Ferry, Darcos, Fillon et évidemment Chatel (j'en oublie forcément, mais j'essaie de ne pas m'encombrer de trop avec cela.) et il faut retrouver des marges de manoeuvres pour lutter contre les inégalités au collège.

La politique c'est faire des choix et parfois radicaux, proposer dès demain la sortie du financement public à tous les établissements de privé sous contrat me semblerait aller dans le bon sens. En finir avec cette aberration. Une minorité d'hérétiques, de haineux de la République, continueront de payer pour que leurs enfants soient éloignés de principes éducatifs qu'ils jugent nauséabonds. Fort bien, qu'ils fassent sécession. Une grosse majorité commencera par geindre avant de rallier les établissements publics. On aura ainsi grandement contraint les effets de contournement ou de détournement de la carte scolaire. Alors, on sera bien contraints de se la coltiner, de l'affronter, cette mixité qui terrorisent tant de parents. C'est un risque à prendre, non ? Politiquement, le risque est nul : notre collège est de plus en plus inégalitaire, peu de chances qu'on l'enfonce encore davantage. Electoralement, on parle de haineux à l'encontre des socialistes, une attitude littéralement incurable. Tant qu'à faire, ils peuvent bien redescendre dans la rue, les contenter ou les chouchouter ne changera pas leur bulletin de vote...

Je sais bien que l'équipe en place sait tout cela et n'aura jamais le courage de le faire. C'est un peu désespérant d'avoir encore peur d'un fantôme de 30 ans, surtout qu'aujourd'hui serait vraiment le bon moment... Avec les socialistes, ça n'aura donc jamais été "maintenant" pour rien, fors le progressiste mariage pour tous...

07/05/2015

Quoi de neuf en journalisme ?

image.jpg"Essayer de tout savoir pour tout raconter, de tout apprendre pour tout vulgariser, de tout comprendre pour tout expliquer, ne rien laisser dans l'ombre qui soit beau ou qui soit atroce, ne pas désintéresser d'aucun aspect de la vie, chercher à tâtons, mais d'un coeur obstiné, tâcher de vivre en avant de son temps, ne point mesurer son succès à sa fortune, être d'autant plus décrié qu'on a raison : tel est, je pense, le métier de journaliste. Tout compte fait, je pense qu'il vaut la peine". Heureusement que la fin du livre vient rassurer le lecteur hésitant sur la tonalité de cet étonnant ouvrage, c'est bien une déclaration d'amour, même si c'est de l'amour vache. L'auteur, père de Bertrand de Jouvenel dont la postérité est bien plus grande grâce à son excellent Du pouvoir, fut un journaliste, rédacteur en chef à l'Oeuvre et auteur d'un livre La république des camarades. 

Ces vingt leçons de journalisme sont publiées par les éditions de la Thébaïde pour la première fois. C'est un très court livre, un opuscule (80 pages) dont je me voudrais de faire un résumé, mais une chose m'a frappé en lisant ce texte vieux d'un siècle : sa curieuse modernité. Curieuse, dans la mesure où si mes sources sont exactes, lorsque de Jouvenel a écrit son texte, les chaînes d'info en continu et Twitter n'existaient pas (je crois, hein). Pour autant, ce que l'auteur dit de la raison pour lesquelles les actionnaires investissent en presse n'ont pas changé : influence, influence, influence. Mais aussi privilège, privilège, privilège. Pas pour gagner de l'argent, mais pour avoir une loge à l'Opéra, l'oreille d'un ministre, des entrées en bonnes écoles, des tables inaccessibles et des adresses secrètes. 100 ans plus tard, le Canard gagne de l'argent, quelques titres de presse pro, mais un grand nombre de titres sont très loin de l'équilibre sans que cela ait l'air d'émouvoir les actionnaires, particulièrement les nouveaux gloutons : Bergé/Niel/Pigasse d'un côté, Patrick Drahi de l'autre...

Ce qu'il dit des chroniqueurs qui sont extérieurs aux journaux, ne révèlent jamais aucun fait ou info d'envergure et pourtant contribuent plus que nombre de rédacteurs au prestige des titres, reste valable aussi. Sans doute le sacre du secrétaire de rédaction est-il plus suranné, mais hormis cela, les observations de Jouvenel sont toutes valables aujourd'hui. Je ne pense pas qu'il y ait particulièrement lieu de s'en réjouir, mais cela vaut le détour par une librairie.