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18/12/2015

République à l'intérieur des mers, sécession au-delà ?

img-195327361ff.jpgLes élections régionales de dimanche sont encore commentées, ad nauseam, avec ce résultat : 7 régions à droite, 5 région à gauche. Nul besoin d'avoir fait maths spé pour réaliser que le total ne correspond pas au redécoupage décidé sur un coin de table pour passer de 22 à 13 régions. L'en manque une... Et là, manque l'ensemble des DOM-TOM. Lesquels appartiennent pourtant à la République française depuis 1848, quand Nice et la Savoie n'y sont que depuis 1860 (et quand on voit comment votent les niçois...). Et l'Alsace-Lorraine qui nous a fait une si grosse frayeur, on l'a récupéré il y a moins d'un siècle... Pourtant, aller expliquer que Strasbourg a moins d'histoire française que Fort de France et vous vous ferez huer dans les salons.

Bon. Donc le péril FN est loin. C'est bon la République a gagné ? Oui oui, le FN a été battu partout en France, foutez le camp les défaitistes. Surs ? Est-ce qu'on peut quand même reparler de la Martinique qui a élu un quasi octogénaire indépendantiste ? Alfred Marie-Jeanne, 79 ans va pouvoir pendant 6 ans nous expliquer que l'ensemble des maux de son île son liés au jacobinisme exacerbé et va pouvoir déverser sa colère sans rien proposer pour les maux alors même que les compétences régionales (transports, lycées, formation) sont clés pour le redressement d'un territoire où le chômage des jeunes est dramatiquement élevé... 

Et en Corse ? On en parle des connards qui ont brandi un bouquin de 1758 et ont lu des passages en langue corse ? Le tout dans notre belle République ? Elles sont ou les belles âmes qui ont pleuré pendant toute la campagne qu'on parlait parfois arabe dans des mosquées en disant que ça menaçait la République ? Ca les emmerde pas trop qu'on parle autre chose que français dans un bâtiment public ? Le problème est évidemment résumé par l'adage "loin des yeux, loin du coeur". Si d'aventure on parlait breton à l'hôtel de région Bretagne, on peut présumer que les remontrances parisiennes seraient plus fortes. Dès lors, il faut choisir : soit ces îles sont dans la République, ça pose problème et on cogne, soit on largue les amarres...  C'est bien beau de conspuer le FN, mais ces élections sans lamentations témoignent de nos lâchetés, de nos concessions trop nombreuses sur la République. On se pousse du col, on fanfaronne de façon pavlovienne face à un ennemi unique sans réaliser que les attaques sont plus insinueuses ailleurs. Valls aime à citer Clémenceau (en oubliant que celui-ci était Communard...) pour marquer un peu plus son personnage martial. On aimerait parfois qu'il brandisse la solution du Tigre Vendéen pour la Corse "immersion totale de l'île et de ses habitants pendant 10 minutes" ça les ferait réfléchir un peu, les thuriféraires de Paoli.... Abstention, piège à con ; concession, aussi. Nous y sommes. 

14/12/2015

En finir avec les bas du Front Républicain

321_001.jpgLes faits sont têtus et en démocratie, tout les résultats doivent s'analyser à l'aune du nombre de voix. Si, comme dans le roman de Sarramago, tout le monde se mettait à voter blanc, celui ou celle qui obtiendrait une voix aurait gagné, mais avec une voix et non 100% des résultats exprimés. Donc, avant d'avancer que le FN a été submergé, regardons qu'il a fait 6,82 millions de voix, 800 000 de plus qu'au 1er tour et même 400 000 de plus que le record, déjà historique de la présidentielle 2012. A ce rythme, dans un an et demi, Marine le Pen peut tabler sur au moins 8 millions de voix. En 2012, Sarkozy et Hollande en avait chacun glané environ 10. Mais cette fois, avec une fracturation, pas sûr qu'ils aient autant... Ne pas voir cela serait de la folie. Et l'argument selon lequel le FN au pouvoir est le meilleur moyen de les décrédibiliser est un leurre (ceci pour ceux qui croient que la prise de quelques régions hier aurait précipité le FN vers une défaite en 2017) : dans toutes les mairies prises par le FN en 2014, le parti a explosé ses scores avec 10% de plus en moyenne lors des régionales. A Beziers la liste FN de Louis Aliot a agrégé 48% au 1er tour. Barrage ? Pas sérieux...

On parle souvent de l'opposition au Front National comme d'un barrage républicain. Si l'on conserve l'allégorie, reconnaissons qu'hier on a érigé des digues dans la panique la plus complète du premier tour, panique folle qui a tout de même vu des militants de gauche faire campagne pour Xavier Bertrand et Christian Estrosi... Cela ne se reproduira pas et surtout, une fois qu'on a fait cela, on ne peut guère faire plus, à part aboutir au rêve ultime du FN, à savoir une fusion du PS et des Républicains. 

La montée du FN s'explique sans doute par des facteurs économiques et socio, mais surtout par la faiblesse de l'offre politique actuelle et au manque de renouvellement. Trente ans de politiques sans grande réforme. Quelles sont les plus grandes mesures prises depuis 20 ans pour contrer le cancer du chômage : les 35h et l'autoentrepreneur. Et leur ingénieurs sont toujours là. Comme ceux qui ont réformé les retraites, la santé, l'éducation... Et d'ailleurs, ils se proposent de revenir en 2017. Regardons la primaire à droite : Sarkozy, contre Juppé et Fillon, plus d'un siècle de mandats à eux 3... Et le nom de Sarkozy dans 15 affaires, Juppé qui fut condamné, et toujours là... Le FN est en réalité bien pire du point de vue des affaires (voir ici un article rappelant que les élus FN ont été 3 fois plus condamnés que leurs homologues PS et UMP entre 1997 et 2012) mais s'érige en chantre d'une forme de morale. Dès que quelqu'un dit trop de conneries, il est viré. Ils ont poussé les caciques du père le Pen, les Gollnisch et autres, pour présenter des candidats beaucoup plus jeunes, moins usés par trente ans de formules creuses. Les reports de voix entre le 1er et le 2nd tour montre que le ras le bol domine : Wauquiez et Pécresse l'emportent notamment en siphonnant les voix de la Manif pour Tous. On peut convenir sans froisser personne que démarier des couples ne constitue pas exactement un programme de redressement collectif pour le pays. Mais c'est un coup de gueule. Comme celui de Troadec en Bretagne, régionaliste bonnet rouge qui glanait tout de même 6,7% des voix sur un programme réduit à néant, mais fort en décibels. Cette exigence de radicalité devrait déboucher sur des mesures dès ce matin. Redonner le perchoir à Bartolone ? Folie... Consoler Saintignon, Castaner et consorts avec des postes au CESE et autres fromages ? Hérésie...

Tous les mouvements politiques émergents depuis quelques années mettent tous en avant, quelle que soit leur orientation politique, le fait que le premier big bang nécéssaire est institutionnel. De Nouvelle Donne à Nous Citoyens, de gauche à droite, tous montrent bien que la vraie radicalité ne peut naître que d'une réforme radicale de nos institutions. Supprimer le Sénat, pas pour les économies de bout de chandelles, mais pour supprimer les allers/retours de la navette, moment de petits arrangements pour gros lobbys... Réduire le nombre de parlementaire, ériger le cumul absolu, diviser par 10 le nombre de communes.... Ce big bang là aurait l'effet salutaire de renforcer les responsabilités des élus et surtout permettre l'émergence de nouveaux visages. Encore une fois, avec une absence de proportionnelle mais un jeu à deux tours, on peut ériger des barrages, mais lorsqu'ils cassent, on reçoit un torrent de boue. A méditer rapidement...

12/12/2015

Lettre à mes amis qui regardent ailleurs

La-maison-brûle.jpgLa planète brûle et 195 chefs d'état se sont réunis au Bourget. Cocorico. L'accord est sans doute insuffisant, mais au moins ça avance on trouve 100 milliards pour "l'aide à l'adaptation et aux énergies renouvelables". La France brûle et on peut craindre qu'un électeur sur deux sortira uniquement pour faire ses courses de Noël, dimanche... Depuis une dizaine de jours, je vois fleurir sur les réseaux sociaux des bannissements grandiloquents des électeurs Front National. M'accordant avec Gérald Bronner pour dire que les réseaux sociaux produisent de la "mêmeté" et, connaissant l'écrasante majorité des contacts de ma page Facebook, je sais qu'il n'y a pas, ou en proportion épsilonesque, d'électeurs FN. Ils sont 1150, admettons qu'une douzaine (mais je pense 10 fois moins...), sans rien laisser paraître, glissent un bulletin FN dans l'urne. Cela ferait 1% de mes contacts... Pas exactement à l'image de l'hexagone, plutôt de la résistante Martinique et de ses 1,4% d'électeurs FN...

En revanche, je ne préfère pas connaître l'étendue du cataclysme, mais le pourcentage d'abstentionnistes parmi ces même contacts est malheureusement à deux chiffres et je crains que cela ne commence pas par un 1, mais peut être un 3 ou un 4, comme le reste du pays... Des tonnes d'abstentionnistes. Le je m'en foutisme, comme l'intelligence et la connerie, sont fort bien partagés. Alors, une précaution s'impose. Il y a autant de nuances d'abstentionnistes que de gris dans les romans de gare. Hier soir, je dînais avec un ami abstentionniste du second tour, en mode spinoziste. Il se délecte de la misère socialiste en espérant que cela recomposera plus aisément la vraie gauche, le moment venu. Je ne dis pas que j'adhère (nonobstant toutes ses conneries, dérapages et autres, j'irai voter Bartolone parce qu'il n'est pas seul à bosser  pour la région et que je crois bien plus à ce collectif qu'à l'autre), mais je peux entendre. D'autres amis partagent et pratiquent "l'abstention militante" : ils connaissent tous des programmes des uns, des autres et ne trouvent rien qui les contente. Une profonde désespérance. Hormis cela, ils peuvent prendre des heures pour aller manifester, se déplacer, soutenir, pétitionner, bref, ils ont la politique dans le sang, croient au collectif mais ne se retrouvent pas dans l'offre politique actuelle. Dur de les blâmer...

En revanche, il y a ceux qui s'en foutent. Complètement. Mais alors com-plè-te-ment. Ceux qui me disent "de toutes façons, ils sont tous pourris". Comme dans le cliché, oui oui, je l'ai entendu à maintes reprises depuis quelques jours. Tous indifférenciés, reprenant ainsi sans s'en rendre compte l'éternelle antienne du FN. Suffisamment foireux, nos responsables pour ne pas leur voler dix à quinze minutes dans leur dimanche où ils iront faire des courses de noël ou bruncheront pendant 3 heures.... Mais bon, perde dix minutes pour voter, pour choisir, ça non.

Alors cher ami qui pense cela, qui dit que cela ne te concerne pas et qu'ils n'ont qu'à se démerder, que les régions ne servent à rien et que de toutes façons tu t'en sortirais mieux toi même, réfléchis deux secondes. Souviens toi, quand tu étais petit et que tu mangeais à la cantine. C'était assez dégueulasse, mais au moins tu avais le ventre plein et plein de copains autour de la table. Depuis, c'est mieux, on a fait rentrer des diététiciens et on essaie de manger plus équilibré, tous ensemble. C'est important, surtout pour ceux qui mangent moins bien chez eux, de s'éduquer à l'alimentation équilibrée. Quand tu t'en foutras demain en t'abstenant joyeusement, tu permettras comme c'est déjà le cas dans les mairies FN d'avoir des lycées où les cantines mettront du porc un peu partout. Pour rigoler, pour faire chier. Surtout, tu pousseras sans le vouloir un pouvoir exécutif qui exclura de la cantine les plus modestes s'ils n'ont pas tout réglé. C'est facile d'étudier quand on a pas mangé, hein ? Et souviens toi, quand tu étais petit et que tu ne connaissais pas un mot, on t'invitait à chercher dans le dictionnaire. D'ailleurs, la plupart des mairies en offre aux mômes. 2 mairies FN les ont retirés "pour mesures d'économies" officiellement, même si l'achat de tous les dicos de la ville pèse beaucoup moins lourd que l'augmentation d'indemnités qu'ils se sont voté à peine élus (en moquant l'éthique des élus PS et UMP...)... Tu diras qu'ils peuvent aller sur Wikipedia, mais c'est toujours pareil, il faut pouvoir en parler avec des parents qui t'y poussent. Bref, c'est le serpent qui se mord la queue des inégalités et tu renforces le cercle vicieux. Par flemme...

Les régions, tu t'en fous. Qu'on expulse et mène la traque à ceux qui fraudent dans les transports (même si c'est pour aller chercher du boulot...) tu t'en carres, d'ailleurs tu as ton Pass Navigo, ou ton Vélib, ou ta bagnole et tu fais du co-voiturage donc faut pas te faire chier, t'es citoyen... T'as raison, va. Et surtout ne réfléchis pas aux raisons qui font que tu as pu trouver un logement et un boulot où la problématique de transport n'est pas prégnante, soit que tu bosses de chez toi, soit que tu es proche de transports pratiques. La culture, tu reçois des invitations, t'aimes pas trop l'art officiel et d'ailleurs, ce soir tu as un vernissage secret, avec envoi par SMS une heure avant de l'endroit exact. Alors ce que la politique fait comme soutien culturel, tu t'en carres un peu. L'été, tu t'éclates dans les festivals un peu partout en France et tu payes ton billet d'entrée, donc pas de politique. La prochaine fois que tu iras au Eurockéennes, à Rock en Seine, à Solidays, à Avignon ou ou que ce soit, tu demanderas les budgets et tu verras que sans aides publiques, sans ces politiques pouilleux que tu piétines et méprises si ostensiblement, ils ne peuvent pas exister. Ils mettraient la clé sous la porte. Beaucoup l'ont fait, mais ça serait bien bien bien pire si on cessait où si le FN qui sort des kalachnikovs dès qu'il entend le mot culture, arrivait au pouvoir. Ca sera sympa, l'été dans la France FN avec uniquement des concerts de santons et de la bourrée auvergnate (j'ai rien contre les auvergnats, hein...). 

Toi de toutes façons, tu t'en fous, les politiques sont déconnectés, et tu veux changer de vie, t'as pas besoin d'eux pour ça. T'as quitté ton job de salarié et t'as monté ta boîte en vivant sur tes ASSEDICS. Ou tu t'es formé pour monter un salon de thé en passant par un CFA. Y avait des politiques pour t'aider, là ? Bah non, t'as pas vu d'écharpe tricolore, donc ils étaient pas là. Pauvre con (ou pauvre conne, hein, ne soyons misandre uniquement, mais quand je pense à l'absentioniste content de lui, je vois plutôt un homme, déformation personnelle). La politique est partout, dans ce pays, et heureusement. Tu ne la vois pas. Si tu continues à ne pas voter, tu verras ce qui se passe quand tu la méprises. Là, crois moi, tu la verras. Quand j'étais petit, il y avait ce comminatoire "si tu ne t'intéresses pas à la politique, la politique s'intéressera à toi". Nous y sommes. Alors vote, bon sang.