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26/02/2012

Réformer l'héritage pour contrer une société d'héritiers, CQFG

images.jpegPas de faute en titre, CQFG : ce qu'il faut à la gauche. Urgence, et urgence de remettre cela en une des priorités. Dans le bilan de ce que Sarkozy a détruit en 5 ans, les attaques se font toujours plus ouatées, plus feutrées sur cette question de l'héritage. Epineux, dangereux élctoralement. Limite suicidaire. Et pourtant... 

"L'égalité est le pont permettant de relier la liberté à la fraternité", quand Robsepierre prononce cela, il pensait sans doute que cela se réaliserait bien plus vite. Mais la nuit du 4 août et l'abolition des privilèges n'a pas été appuyée jusqu'au bout de la logique. Car si l'on veut avoir cette liberté, ces destins potentiels les mêmes pour tous à même de garantir une fraternité nationale, il faut bien que l'égalité se réalise le plus tôt que possible. Que certains puissent gagner plus, profiter selon leurs mérites, compétences, talents, très bien. Mais quel privilège plus injuste que la richesse à la naissance ? Sinon la beauté comme le disait l'immense Desproges dans sa brillante plaidoirie la-dessus avec Inès de la Fressange:

http://www.youtube.com/watch?v=yvRg1GIHbtQ

Et bien il n'y en a pas de privilège plus injuste. Bien sûr, avec l'allongement de l'espérance de vie, on hérite de plus en plus tard, il est vrai (quand je pense que mes parents lisent ce blog...) néanmoins l'idée d'héritage mène à des comportements inciviques de la part de ceux qui savent qu'ils hériteront. Plutôt que de se focaliser bêtement sur les 10% les plus privilégiés, un vrai projet de gauche doit être capable de cibler ce 1% voir 0,1% qui méprise l'Etat, qui méprise l'intérêt général au motif que celui-ci entrave ses intérêts particuliers. Les ravages sont conséquents. Je connais une lycéenne (ly-cé-enne), d'un très grand lycée privé parisien qui touche 2000 euros d'argent de poche par mois. Non, pas de faute de frappe, pas 20, pas 200: 2000 euros par mois. Attendu que le salaire moyen en France est de 1600 euros, que les stages sont souvent rémunérés 417 euros par mois ; qu'attendre comme attitude civique de ces personnes là ? Face à ces inégalités croissantes, il y a plusieurs réponses à apporter, extrêmement techniques comme le plafonnement des niches fiscales. A chaque fois, on nous oppose le risque d'embouteillage vers Genève et Yxelles (le quartier chic de Bruxelles). On peut également tenter de limiter les écarts salariaux dans les entreprises. On peut et on le doit. 

Néanmoins, le plus évident et le moins porté dans le monde politique car la mesure est plus que désagréable auprès des électeurs, est de taxer l'héritage. Tout bonnement interdire à certains qui n'ont jamais oeuvré de naître rentiers. J'ai fait l'expérience de ce débat et tous mes amis, des plus libéraux aux autres me crachaient à la gueule quand je passais du général au particulier. "Belle idée pour les vrais riches, oui, mais la barraque à l'Ile de Ré, plus celle à Deauville, c'est du racket". Voilà comment se fige une société d'héritiers, ce d'autant plus que les peurs paniques poussent tous les français vers les deux dernières valeurs refuges: l'or et la pierre. Il ne s'agit pas de dire que ceux qui ont peu ne pourront jamais hériter, mais d'organiser un grand soir des successions pour les vraies richesses. Aux Etats-Unis, où les fortunes sont immenses, les plus riches eux mêmes déshéritent leurs enfants pour donner à des fondations d'intérêt général. Les enfants Gates, Buffet ou Soros seront millionnaires, mais pas multimilliardaires, les sommes des parents iront aux universités, à la lutte contre le paludisme et autres. Impensable d'attendre pareille prodigalité chez Arnault, Pinault, Dassault ou Bolloré. Mal français que le déni de richesse. 

Charité bien ordonné commençant par soi même, je précise avant que ceux qui me connaissent ne me pose la question : oui, je sais que privilégié comme je suis, c'est se tirer une balle dans le pied. Mais, primo, mes deux parents seront centenaires (in Sécurité Sociale we trust) deuxio, penser l'intérêt de la collectivité à l'aune de ses intérêts propres est veule. En espérant que l'esprit de Robespierre infuse le prochain locataire de l'Elysée...

 

25/02/2012

1 pas vers la gauche, 3 pas vers la droite: Hollande en miroir inversé de Sarkozy

ballet2.jpgMon ami Laurent H. est un type fin. Alors que nous devisions de la campagne, il m'alertait sur un truc non relevé par les médias : Hollande fait exactement comme Sarkozy. Stratégiquement s'entend. Sinon, pour le programme, on pourrait inciter France Inter a copier Mickey Parade et à lancer un jeu: programme des candidats, le jeu des 7 différences. 7, j'y vais peut être un peu fort...

Pour qui perd du temps à lire les programmes des candidats (ça prend moins de temps qu'une soirée à regarder les Césars) il est évident que les mesures d'ampleurs ont été abandonnées pour les 2 candidats Mainstream. Sarko ne peut plus se permettre, au moins en promesses, de repartir avec des cadeaux au SBF 120 et autres grandes fortunes. Même quand il parle compétitivité, coût du travail ou encore charges et prélèvements obligatoires, Sarkozy fait preuve d'une humilité toute nouvelle pour lui. Fini les accents tatchérien de 2007. Ce n'est pas parce que le champ est lilbre à gauche qu'Hollande veut pour autant l'occuper. Mais il feint très bien la possibilité d'y aller.  

Il crie très fort à gauche pour alerter le chaland, avant de partir à toutes enjambées à droite toute. Stratégiquement, il croit sans doute que cela sera payant. Politiquement, ça risque d'accentuer la fracture entre élites et peuple, mais il s'en fout, il sera bien temps de la colmater au lendemain du 6 mai. Et stratégiquement, à voir le tassement d'Hollande, on peut penser que ça fait pschiiiiit. 

Sarkozy a compris cela : il lâche des horreurs sur les étrangers, les immigrés, les roms, les assistés, les profiteurs, et ensuite, il prend une mesure moins extrémiste. Les électeurs FN sont satisfaits par l'effet d'annonce et l'UMP rassuré de voir que tout cela n'est pas complètement parti en quenouille... On promet les retraites à 65 ans pour faire passer l'allongement à 62 ou 63 ans comme un progrès social. Blague. La stratégie tant réitérée a fini par lasser.

A gauche elle est neuve et sans doute est-ce pour cela qu'Hollande en abuse... La foule boudait cet homme du consensus mou. Après Napoléon le petit, voilà déjà François le petit qui se proposait d'être moins à gauche que Mitterrand (c'est dire...), il patinait, s'époumonait quand vint le Bourget, lieu idéal pour redécoller. Quand on a ni pétrole, ni idées de gauche, on peut avoir des formules "mon ennemi ne se présente pas aux élections, il avance masqué, c'est la finance !". Hourra cri le "peuple de gauche" (que le connard plumitif qui emploit cette expression grotesque soit lâché en Sibérie avec une Autolib comme seul moyen de déplacement) bravo François ! Au passage, on rassure la City, on enterre la proposition de Cahuzac de taxer les français à la nationalité comme les font les ricains y compris quand nos français s'exilent pour leur rappeler le sens de l'identité nationale, on rabote la fusion CSG/IR... Bref, on repart à droite toute. Tricard Francesco, tu danses moins bien le pas de deux que l'homme aux talonnettes.

Pour pouvoir continuer son petit mambo, il faudrait pour Hollande que son partenaire l'emmène à droite et pour l'heure, Sarko le malin ne fait pas ça... La stratégie du miroir inversé atteint là sa limite et va obliger Hollande, s'il veut l'emporter, à faire deux pas à gauche et à s'y tenir. Pas gagné... Une fuite en avant d'autant plus dommageable que la grande consultation de l'an dernier, plus de 3 millions de personnes, avait souligné un fléchissement bien plus à gauche que d'habitude parmi les sympathisants socialistes. Ou sont les inflexions vues dans la campagne ? Quelle diversité programmatique ? Rien, tout est verrouillé par deux impatients, progressistes et libéraux, Valls et Moscovici. Deux blairistes qui nous prennent franchement pour des blaireaux...

23/02/2012

Politique fiction : si le vote du 16 octobre avait été différent...

couv.jpgLa France s'ennuie. Pas dans sa vie de tous les jours. Pas le temps ni les moyens de faire ça. Moravia n'était pas un prolo sinon il n'aurait pas si bien dépeint ce sentiment. 15 millions de Français sont à 50 euros près quand arrive la fin de mois.

En revanche, la France s'ennuie quand elle regarde la campagne. Fort à craindre à ce rythme là que le grand vainqueur du premier tour soit l'abstention. Mardi soir sur TF1, François Bayrou et Eva Joly ont réalisé les audiences les plus basses de la chaîne en prime time. La déconfiture de Bouygues a de quoi ravir d'ordinaire, mais pas là dessus. Autour de moi, je sens monter un grand sentiment de je m'en fous... J'ai l'impression d'être l'organisateur d'une fête où tout le monde se barre et de leur dire "non mais restez on va bien s'amuser ! ". Ils ne m'écoutent plus et s'en vont.

Je reste là, triste comme un Menhir et m'interroge sur leur désertion à tous. Comme en 2007, le barnum binaire est en place et ça ennuie tout le monde. J'irai écouter Mélenchon dans deux semaines pour entendre ce que ça donne, mais dans les ondes, tout le monde ne parle que du second tour, par tractations, nominations ou report interposés. Chaque jour qui passe, de ses reniements sur la finance au MES mardi, Hollande se droitise. Son programme est sorti ce matin, le grand soir fiscal qu'il avait promis est déjà mort. Piketty encensé hier est désavoué dans le programme. Pas de taxes spécifiques sur les entreprises vraiment comminatoires pour empêcher les délocalisations, rien pour le désenclavement des ghettos. Plus que jamais et surtout bien plus qu'en 69 avec Poher et Pompidou, Hollande et Sarkozy ce sera vraiment gris clair contre gris foncé, Duclos revisité par Jean Jacques Goldman, (un socialiste d'ailleurs). Pour la première fois, si les sondages restent en l'Etat, au second tour, j'irais voter blanc...

Incompréhensible : la crise massive est celle du libéralisme, il n'a par conséquent jamais été aussi simple d'être de gauche, et le PS a de plus en plus des accents de MODEM... Infinie tristesse. Par ailleurs, ce parti se ferme : 30 à 40% de ses militants sont des élus (!!!!) il se coupe des talents qui devraient aller à lui pour favoriser un caporalisme interne moribond. Infinie tristesse bis. J'en connais une palanquée de jeunes intéressés par la chose publique portant à gauche mais qui se sont détournés de cette rue de Solférino qui ne parle qu'à elle même.

Du coup, comme toute cette France qui s'ennuie, je divague. Je me dis que si le 16 octobre, les 3 millions de votants avaient porté Aubry pour le PS, nous n'en serions pas là... Au final, nous aurons peut être un élu PS, mais nous l'aurions eu tout aussi bien avec Aubry. Une chèvre avec une étiquette PS l'emporterait sur un bilan aussi catastrophique. Mais Aubry aurait pris la mesure de la situation avec des projets comme ceux là, vraiment intéressants même si dans la liste des signataires on retrouve Gaccio, Pelloux ou Rocard, sur le fond, ça se défend : http://www.roosevelt2012.fr/

Aubry aurait augmenté de 50% le budget de la culture. Dans nombre de quartiers et de villes, la culture c'est tout ce qui reste quand l'Etat et les entreprises ont tout oublié. Eu égard au budget de la rue de Valois, c'était une demie TVA des restaurateurs... Aubry aurait pris la question de l'économie solidaire et sociale comme fer de lance d'une refondation des entreprises classiques. Aubry n'aurait pas reculé sur la santé et l'éducation comme Hollande qui n'avance que quand Peillon lui hurle dessus. Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, c'est donc là que je mettrais mon bulletin. Comme écrit très justement Laurent Bouvet, le PS doit retrouver "le sens du peuple", hélas ils ont déjà raté le tournant le 16 octobre dernier. La seule différence entre la France de mars 2012 et mars 68 qui s'ennuie, c'est donc qu'en mai tout sera comme avant, Hollande ou pas. La seule chose qui changera, ce sont les quelques centaines de copains d'Hollande qui vont truster ministères, cabinets, officines, postes divers et agences...

Demain, nous reprendrons du poil de la bête en avançant dans les cours de Bourdieu au Collège de France...