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29/11/2020

Black block, Black rock : même combat

Comme me faisait fort judicieusement remarquer un ami, "les autonomistes et les blacks blocks rejoignent le cortège de tête, ça serait bien d'y mettre un cerveau". Et, en effet, comme c'était infiniment prévisible, l'analyse de la manif d'hier se partage à parité parfaite : moitié du temps d'antenne pour la foule la plus importante vue depuis un an, et, eu égard aux circonstances sanitaires, on peut bien dire que c'est la manifestation la plus impressionnante du quinquennat ; et moitié du temps pour déplorer les violences à Bastille. A cause de ces quelques dizaines de peigne culs, les efforts de mobilisation de centaines de milliers de personnes sont fortement euphémisés ce matin. Sans ces blaireaux, avec la même manif nette sans rien à reprocher, l'article 24 serait peut être déjà retiré. C'est à désespérer... 

S'il y a bien une manif où n'importe qui ayant une leur d'intelligence sait qu'il fallait du calme, c'était celle là. Lors des manifs de gilets jaunes, l'argument de la violence était, aussi, politique. Je ne la cautionne pas du tout rétrospectivement (j'aurais du mal, internet est hypermnésique et je l'ai maintes fois déploré), mais je peux comprendre l'humour des casseurs qui laissaient des mots "grosses pensées aux familles des vitrines". Je peux comprendre, même si ça n'est pas mon modus operandi, qu'on soit exaspéré des modes de mobilisations pacifistes sans résultat, qu'on soit tellement à bout qu'on renverse des poubelles, cogne des vitrines et autres dégradations. Je peux comprendre le geste, mais politiquement, ça se retourne toujours contre vous. C'était même vrai au G8 de Gênes où les émeutes antilibérales firent un mort (Carlo Giuliani) et 600 blessés parmi les manifestants. Malgré ce bilan humain lourd, l'opinion n'eut pas une once de sympathie pour les casseurs...

Hier, les images (puisqu'on a encore le droit...) et les infos sont très claires : il n'y a pas de coup monté, pas de provocation policière, pas de sommation, de tirs de LBD et autres nasses étouffantes à l'origine des violences. Et pour cause, les keufs avaient comme consigne de jouer profil ultra bas. Mais alors que le rendez-vous était à République, ces crétins ont envahi Bastille, commencé à brûler, à casser du matériel urbain et à ériger des barricades, dans une démonstration de force à la fois couarde et stupide. 

Les blacks blocks ne sont pas le phare avancé d'un lumpen prolétariat condamné à la grande pauvreté. Toutes les enquêtes (il y a peu d'études fiables sur des mouvances souterraines) embarquées montrent des jeunes très diplômés que ça amuse beaucoup plus d'aller "casser du keuf" que de se coltiner des boulots précaires auxquels trop souvent, leurs Masters en sciences sociales les destinent (et on peut comprendre que ça soit rageant). C'est d'ailleurs ainsi qu'ils justifient leur geste, à grands renforts de Gramsci, de Toni Negri et autres : ils s'inventent un héroïsme romantique quand ils sont juste à peu près aussi utiles à la révolution sociale que leur presque homonyme qui gère 6 000 milliards de $, Black Rock. En effet, tant qu'ils feront diversion, la bourgeoisie pourra dormir tranquille. 

28/11/2020

Pluralisme essentiel

L'État a le monopole du violence par la norme. Le Covid l'a rappelé très cruellement : durée de sortie, distance autorisée de sortie, horaires de couvre feu et évidemment, autorisations d'ouvertures ou non des commerces, des écoles, des universités, des lieux de culture, des restaurants... Ce matin, tous les journaux s'ouvrent sur la réouverture des commerces "non essentiels", une expression qui ne fait sens que dans la tête que du détenteur du tampon bi-face "essentiel" "non-essentiel". Cet après-midi aura lieu la marche des libertés, contre la loi de sécurité globale, contre les violences policières, contre les entraves à la presse. Elle aura finalement lieu, nos amis de la norme Préfectorale ayant fini par céder devant l'opiniâtreté de défenseurs des libertés publiques qui n'ont pas accepté la censure imposée dans un premier temps par les troupes de Lallement.

Je trouve assez fou qu'on n'interpelle pas davantage l'exécutif sur cette injonction contradictoire chez eux : on ne peut pas exhorter à tout prix la liberté d'expression après l'atroce assassinat de Samuel Paty, après l'infâme attentat de Nice, et la restreindre avec autant de pusillanimité, par la loi de sécurité globale. Car c'est de ça qu'il s'agit, on restreint la liberté d'expression, de filmer, de dénoncer et au fond, d'avoir une opinion contraire.

Parfois des opposés politiques usent des mêmes ressorts rhétoriques. Macron exècre Orban et vice-versa. Idéologiquement, ils divergent en tout, sur l'ouverture des frontières, le rôle de l'Europe, et la souveraineté économique. Mais politiquement, ils se ressemblent beaucoup. Orban vantait la démocratie empêchée par l'URSS, mais, quand on lui a laissé les manettes, il a trouvé que le pluralisme n'était plus nécessaire, que ses opposants étaient fâcheux, les contre pouvoirs pénibles et la presse nuisible. Macron fait pareil. Il est arrivé au pouvoir en promettant de renouveler et sauver la démocratie des griffes du RN. Mais une fois au pouvoir, il musèle les oppositions démocratiques, passe en force avec des ordonnances, "by pass" (sic) sa propre majorité quand elle n'est pas aux ordres, restreint les libertés de la presse fortement ; lire les éditos ulcérés à répétition de Jérôme Fenoglio, du Monde ou les sorties de Reporters sans Frontières, deux organes on ne peut plus pondérer, doit nous alerter. Le rôle des contre-pouvoirs, idem. Eric Dupond Moretti et Yael Braun Pivet travaillent en ce moment à un texte visant à amenuiser considérablement le rôle du Conseil Constitutionnel... Et demain quoi ? On démantèle le Défenseur des Droits, on censure le Conseil d'État ? On ne sait pas de quoi demain sera au fait, mais ce qui est sûr et certain c'est qu'actuellement, à l'oeuvre, il y a une politique de réduction du pluralisme démocratique. C'est pour cela qu'il n'y a rien de plus essentiel que la manif d'aujourd'hui, 14h à Paris et partout en France. Espérons que nous soyons très très nombreux.ses à aimer le pluralisme. 

27/11/2020

Le problème n'est pas Darmanin

A la manif mardi soir, suite aux violences policières contre les migrants place de la République la veille au soir, il n'y avait pas de mot d'ordre unitaire. Pas de slogan, pas de communs, mis à part quelques jeux de mots "expulsez la violence". Alors, assez vite, au microphone, les organisateurs hurlaient "Darmanin démission".
On les comprend. Mais c'est pas le problème. Pas Darmanin, pas Lallement. Ce sont des symptômes du malaise. Mais Collomb, Cazeneuve, Valls, cautionnaient les violences policières, ont plus ou moins couvert voire défendu les assassins de Rémi Fraisse et de Cédric Chouviat, les bourreaux de Théo, ad nauseam...
 
Le plus intéressant, c'est Castaner. Un fêtard un peu kéké, un peu niaiseux, avec des potes de jeunesse dans le milieu. On pensait qu'il aurait une tendresse pour les marlous, ça fut l'inverse. Quand Geneviève Legay, manifestante septuagénaire pris un croche patte à Nice dans une manif de gilets jaunes, il n'a pas vu de violence... Aujourd'hui Castaner tacle les flics qu'il a soutenus mordicus hier. Beauvau, c'est Augias et virer le locataire du ministère ne rendra pas la police propre.
 
Le problème c'est que notre exécutif, dopé à l'État d'urgence, de plus en plus recroquevillé contre l'extérieur use des armes de la lutte contre le terrorisme pour faire taire toutes les critiques démocratiques, toutes les colères. C'est ça, le problème. Avec notre semi monarchie, il n'y a qu'une personne qui puisse mettre fin au malaise en disant aux flics qu'ils ont des droits mais aussi beaucoup de devoirs, en décomplexant l'IGPN pour qu'elle enquête, etc etc. A la manif demain, plus que celle de Darmanin, on exigera la démission des violences policières en espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard pour être entendus.