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18/05/2010

L'apéro défendu par des perdreaux

Ca faisait un bail que je n'avais pas assisté, ébahi, à un débat aussi con que celui sur "les apéros facebook". Je vais me défausser avec une tartufferie assumée: je m'en contrecogne sur le fond, mais c'est la rhétorique des défenseurs qui me gondole et pas seulement de Bruges parce que là, Venise, avec la Ligue du Nord qui revient, on va attendre un peu.

Dans le coin gauche, forcément gôche donc, les défenseurs des Jeunes... Prononcez Jeeuuuuuuuuuuuunes... Joy Sorman en chef de file, ou de meute tant elle donne plus dans l'argumentaire Bulldog. "Des jeunes meurent chaque semaine bourrés en sortant de boîte de nuit et on fait pas une histoire", jusque là, d'accord. "Et à peine les jeunes s'approprient-ils un nouveau territoire de liberté dans cette société qui les étouffe et on les condamne". Et hop, un euro dans le pot commun réservé aux clichés...

C'est le malaise des Jeeuuuuuuuunnnnnnes que vous ne comprenez pas, vous les politiques qui êtes vieux. Vous ne comprenez pas les free parties, la gay pride, la techno parade, et les autres parade festives.... C'est vrai que Festivus Festivus comme dit Murray ne comprend pas pourquoi on lui entrave sa liberté de se biturer joyeusement. Mais, justement, est-ce joyeux ? On nous rabâche à longueur de temps que nous avons la jeunesse la plus déprimée de l'OCDE (les soudanais ont d'autres problèmes...) et on la fouette ? Injuste ! C'est assez amusant de constater que lorsqu'on se rend dans des bars civilisés (ceux qui n'appartiennent pas aux frères Costes et autres amateurs de lounge) on retrouve une population pas forcément ancienne et aux croyances joyeuses, même si désabusées sur les retraites, dans le futur. Les apéros facebook ne sont donc pas nécessairement les seuls exutoires pour une jeunesse privée de liberté, sacrifiée sur l'autel du profit et autres poncifs à la Sorman...

Personnellement, je n'étais pas à cette immense jamboree buvante, mais je fais le lien avec d'autres happenings ayant existé récemment: des flashs mobs, ou manifs spontanées (pour rendre hommage à M. Jackson, pour danser la tektonik, pour la beauté du geste...) qui signifient contrairement à ce qu'avance les défenseurs des Jeeeeeeeeeuuuuuuuuuuunes, Sorman et Bégaudeau aussi (pov' mômes...) qu'ils sont plus passifs que jamais. Ne me dîtes pas qu'ils sortent, ils attendent "l'événement" fors duquel, point de salut. Je ne vous jouerais pas la ritournelle réac des petits bonheurs quotidiens et simples, mais il est vrai que je n'attends pas que ce soit facebook, twitter ou TF1 qui me dicte, me montre le chemin à prendre pour mener une vie festive. Je me prends par la main et pour l'heure ça fonctionne très bien.

Bernard Stiegler (à qui on ne donne malheureusement pas assez la parole!) explique très bien que cela correspond au stade ultime du marketing libidinal: on a tant sollicité la libido des consommateurs, qu'on ne peut plus les faire réagir que par pulsions, SMS ou déplacement grégaire sans savoir pourquoi. Ca pourrait donner un Woodstock... Comme un rassemblement de chèvres bêlant n'importe quelle daube pondue par les derniers vainqueurs de télé-crochet... Je ne suis donc pas absolument convaincu qu'interdire les apéros facebook constitue une régression pour la liberté des jeeeeeeuuuuuunes.

Quand au camp d'en face, qui serre ses petits poings de censeurs pour déplorer l'absence d'organisateur, je le comprends un peu, mais faudrait tout de même pas les plaindre non plus. Leur défense ne tient pas le coup, mais, attaqués par des ennemis pareils, ils n'ont pas besoin de soutiens...

Demain, si le temps le permet, nous nous plongerons dans le programme du DARD de Patrick Sébastien, un manifeste paraît il.... Ou pas.

17/05/2010

Les "non parents", nouveau chic un brin pathétique

Revenu d'un week-end mariage à Avignon, je tombe la-dessus:

http://www.rue89.com/2010/05/16/les-non-parents-des-gens-...

Dans un premier temps, je trouve ça récréatif... Après tout, cette manie de l'enfant, chose la plus naturelle au monde devenu lutte absolue et exploit digne de l'Everest, ça commence à me boursoufler... Aujourd'hui, journée mondiale de lutte contre l'homophobie et tous les syndicats et autres mouvements revendicatifs exigent que les homos puissent être des parents comme les autres. Les femmes seules veulent des FIV ou le concours de leur meilleurs amis, les mecs seuls cherchent des mères porteuses. Ajouter à cela les portables dans les poches qui rendent les mecs infertiles (statistiques ahurissantes en Espagne notamment, pas cool au pays des taureaux...) l'allongement des études et la pression de carrière, aujourd'hui, trouver le temps et les conditions matérielles nécessaires de faire des enfants, relève de l'exploit. Hier, on faisait des enfants sans y penser, sans précaution et surtout pour conjurer l'ennui puisqu'à l'époque les émissions télés d'Arthur n'existaient pas.

Alors, ce mouvement... Je regarde le comité de création, et de suite, je tique. Noël Godin. Certes, il est sympathique parce qu'il entarte BHL, m'enfin, il est largement plus con que l'entarté. C'est un clown aux relents bruns pas nets, qui vomit son vernis de culture en pleurant sur la connerie crasse du monde et réclame le droit de jouir sans entrave, quand lui même semble en réalité un peu étriqué du cortex.

En plus, Corinne Maier, celle qui a déshonoré Lafargue et son sublime "Droit à la paresse" avec un "bonjour paresse" si consternant que ça me donnait presque envie de turbiner pour ne rien avoir de commun avec cette dame. Le dilettantisme est un luxe, une esthétique qui supporte mal que l'on écrive un essai dessus, surtout si c'est pour se prendre au sérieux en se moquant de ses petits chefs qui ne s'aperçoivent pas qu'on les grugent... Tout de suite, ce binôme me fait sentir que le mouvement ne fait pas une pochade façon école de pataphysique, mais veut juste son petit 1/4 d'heure. D'ailleurs, à la lecture de l'article, ils avaient fait ce qu'il faut pour avec un lieu mode (le Comptoir Général) et convocation de la presse... Il paraît que Libé propose un dossier dessus et comme on les comprend, franchement, quand on ouvre les journaux, on se dit toujours,"tiens, il manque un dossier sur les non-parents..."

Ensuite on lit, brièvement, leurs revendications. Du classique, du vieux comme mes robes (m'emmerdez pas, c'est plus aéré que les jeans, il paraît que l'été revient...) : le monde va pourrir, pourquoi enfanter, ça coûte trop cher, ça prend trop de temps... C'est vaguement lassant, un peu pénible. Je me souviens d'avoir lu le journal de Roland Jacquard, psychanalyste Helvète pote de BHL (deux fois, je sais...) qui vomissait à longueur de pages la marmaille, accessoire inutile de l'homme d'esprit. Au début, je rigolais, ensuite je m'énervais et à la fin du journal j'éprouvais une peine sincère pour ce monsieur très digne, engoncé, voir amidoné dans sa rigueur morale qui crevait de trouille de mourir seul sans n'avoir rien transmis que quelques livres emmerdants et prétentieux...

Le mouvement des non-parents n'a même pas cette érudition, ils sont juste un prurit désespéré à l'idée qu'on les oublie dans le barnum et cherche des cause faussement politiquement incorrect en réalité terriblement mainstream pour parler comme Frédéric Martel. C'est d'un banal de dire qu'on aime être ado-ltes (le néologisme adulte et adolescent proposé par le génial docteur AGA) jouir pleinement de son pouvoir d'achat et pouvoir se coucher tard. Les pubards l'avaient prophétisé il y a dix ans avec un acronyme dont ils ont le secret, leur coeur de cible: les DINKS. Ca signifie double income no kids, double revenus sans enfants pour ceux qui ignorent la langue de Beckham... Se la jouer contestataire échevelé pour terminer chouchou des publicitaires, convenez que c'est un brin pathétique... On se consolera en se disant qu'il vaut sans doute mieux qu'il ne se reproduisent pas, ça nous épargne quelques pauvres mômes de plus....

Allez, demain on lira "Festivus Festivus" de Philippe Murray, moins braillard, mais infiniment plus rebelle...

14/05/2010

La société de défiance

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Yann Algan et Pierre Cahuc sont des types biens. Incontestablement. Ce ne sont pas des hommes en colère, de dangereux gauchistes épiciers solidaires le jour et terroristes ferroviaires la nuit. Non, ce sont juste deux chercheurs qui ont trouvé. Trouvé ce qui fait mal chez nous, en Hexagone où le roi des cons nous dites pas qu'il est portugais parce que la marée noire de la crise a atteint ses côtes et pas seulement de porc, puisqu'après les PIGS (Portugal, Ireland, Grece, Spain) les FUK (France, United Kingdom) are in the eye of the cyclon...

Ce qui fait mal chez nous, donc, c'est la défiance. Bon, sans doute que la loi TEPA, le débat sur l'identité nationale, la carte justice, la loi HPST, et autres inepties politiques n'arrangent pas le schmilblick, mais la défiance nous coûterait 5 points de PIB. Dit comme ça, on s'en cogne, une dépêche INSEE de plus, une de celles qu'on ne lit jamais. Mais là, les 103 pages, il faut les lire pour ce qu'elles nous apprennent des blocages de la société française victime d'avoir le cul entre deux chaises: dans le monde, les pays sont soit Etatistes, soit corporatistes; la France est les deux. Modèle libéral anglo-saxon ou social-démocrate scandinave, la France est les deux... Résultat, des exemples percutants et éprouvés, on protège la corporation des taxis et on les pénalise en les contraignant à acheter à prix d'or une patente, puis les consommateurs sont piégés et paient plus cher qu'ailleurs. Plus pernicieux, on a le SMIC le plus haut de l'OCDE, pour protéger les salariés. C'est bien. Mais d'un autre côté, la société se fige, ne joue pas le jeu, et on a 20% des salariés à temps plein au SMIC, proportion sans équivalent, dans les autres pays, ils ont un SMIC plus bas, mais qui concerne moins de 10% des salariés...

Et tout est à l'avenant, je savais que les jeunes français étaient les moins confiants en l'avenir, mais ce n'est pas tout: nous avons le moins confiance en l'avenir, le moins confiance dans les syndicats, sommes les entreprises qui corrompent le plus à l'étranger... Pire, nous sommes plus de 52% à penser qu'on ne peut pas arriver au sommet sans être corrompu, quand ils sont moins de 20% à penser ça dans les autres pays du monde.

A la fin, on en vient à se dire qu'il faut troquer notre hymne national, oublier La Marseillaise et choisir désenchanté de Mylène Farmer. Heureusement, il y a cette conclusion assez tonique, où les auteurs appellent à relancer véritablement le dialogue entre toutes les parties prenantes plutôt que de continuer à bouder... J'espère que Martine Aubry l'a lu, c'est plus efficace que son care habilement démoli par NKM dans le Monde d'hier...

L'opus magna vous en coûtera 5 euros si vous parvenez à le trouver (pas de la tarte), sinon il est en téléchargement libre ici :

http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS09.pdf

Demain, vous je ne sais pas, moi je verrais si le Pont d'Avignon, on y boit des coups avant un mariage...