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30/04/2010

God save the left wing....

Ce week-end, nos amis (enfin, les vôtres peut être, moi à cause du rugby, je suis dans l'impossibilité absolue d'aimer ce peuple) Anglais voteront. Tout porte à croire qu'ils choisiront David Cameron, devant Nick Clegg, repoussant Gordon Brown, le seul homme qui gaffe plus que Pierre Charon, au troisième rang.

J'entends déjà les commentaires de nos spécialistes politiques façon Dominique Reynié (ha ha) sur la poussée des droites en Europe, réflexe logique en temps de crise, car, inquiétées par les perspectives sombres, les masses cherchent l'assurance de l'âpreté laborantine. Sont connes les masses, ma parole...

Ce qui me navre n'est pas le retour au pouvoir d'un aristo passé par Eton, sachant habilement exploiter sa progéniture handicapée à des fins électorales. Non, le type est bon, il réussit à déringardiser les tories, leur donne un soupçon d'écologisme... Il mérite sans doute sa victoire après 13 ans de blairisme acharné. Mais faut-il vraiment qu'il soit mauvais, le Brown, pour se faire distancer par Nick Clegg, sorte de Laurent Wauquiez pour le look, François Bayrou pour les idées et Hervé Morin pour le punch... Clegg s'est fait moucher comme une bleusaille par Cameron quand il évoquait vaguement la possibilité de se rapprocher de la zone euro "alors nos impôts ne paieront plus nos écoles et les hôpitaux mais rembourseront la dette grecque". Coulé, pendant ce temps Brown regardait ses manches de chemise. Il n'avait rien à répondre. Ca m'a attristé.

Depuis 1997, donc 13 ans, la gauche anglaise est au pouvoir. Noté que je ne dis pas la gauche est au pouvoir depuis 13 ans en Angleterre. Je parle bien de la gauche anglaise, celle qui se trouve à gauche de le droite et pas à gauche tout court. C'est long, 13 ans. Qu'on t'ils fait pendant aussi longtemps à part quelques cautères ? Ils ont crée de nombreux nouveaux revenus d'assistance pour les filles mères, avec logement sociaux et autres. Ils ont fait en sorte que les pauvres survivent. Mais depuis 13 ans qu'ils sont là, l'Angleterre s'est enrichie comme jamais dans son histoire, on ne vit pas du fruit de son travail dans un pays où les tickets de métro s'échangent au prix de l'once d'or, où le moindre resto correct coûte une semaine de travail et où quand on est malade, mieux vaut une bonne mutuelle ou une solide foi transcendentale... Education, logement, santé, répartition des richesses, après un tel bilan, comment feront les travaillistes pour revenir aux affaires dans 4 ans, et quand bien même ils y parviendrait, à quoi bon ?

Pour mémoire, en France, le seul à s'être réclamé du blairisme, Jean-Marie Bockel a rejoint Sarkozy et est désormais sous-ministre aux prisons. J'y vois une allégorie de ce courant assez juste. J'espère que le PS s'en souviendra au moment d'élaborer son programme définitif, l'an prochain...

Demain, qu'il pleuve ou non, faudra pas se défiler...

28/04/2010

Mauvaise Grèce...

Il y avait le bon et le mauvais cholestérol, Lagarde inventa le bon et le mauvais déficit, aujourd'hui il y a une synthèse des deux: la bonne et la mauvaise Grèce.

Ce matin, toute la presse économique reprend bouche en choeur l'impéritie de la gouvernance grecque. La preuve, les cabinets de notation l'ont fait rétrogadé. Ils lui ont donnée BB+ ce qui correspond à une baisse de trois échelons. Pan sur le bec, la Grèce devient un junk bond, un actif pourri...

Un actif pourri pour un bien non solvable, on comprend, pour une boîte en faillite, à la rigueur, mais un Etat ? Plus complexe, non ? Bah non en fait puisque la même mésaventure est arrivé à l'Argentine il y a une dizaine d'années. L'Argentine qui, depuis, fait le bonheur des français avides de néo guévarisme qui peuvent aller bouffer de la viande divine et des pinards dithyrambiques pour moins cher qu'un Mc do... Pour les argentins, évidemment, tout n'est pas si simple.

Pour les grecs non plus, d'ailleurs. Car on ne parle que de leur dette, comme s'ils étaient d'atroce oisifs, nocifs, qui passent leurs journées à boire de l'Ouzo en mettant en guise d'eau des subventions internationales. C'est évidemment débile, les grecs ne boivent même plus de café, car ce dernier est au même prix qu'au café de Flore quand leurs salaires s'alignent plutôt sur les provinces roumaines. Les jeunes diplômés grecs aident leur parents à payer le loyer, désertent les restaurants et autres, faute de moyens. Mais on préfère stigmatiser d'autres choses, on leur demande des efforts qui susciteraient une insurrection: 25% de réduction de salaire pour les fonctionnaires, des perspectives de retraites improbables et malgré tout, Standard & Poor's recule de trois échelons leur valeur mondiale.

De plus, chaque jour la situation s'aggrave en Grèce et la brave Merkel repousse les discussions de 15 jours parce qu'avant, on vote dans les Landers. C'est un peu comme si en France, avant de se pencher sur le cas des 600 000 chômeurs en fin de droits, urgence sociale sans équivalent, on choisissait d'ancrer l'urgence sur 2 000 nanas qui menacent l'industrie du textile... Ah merde, les urgences sont sélectives, on dirait.

Petit rappel pour finir : Standard & Poor's c'est ceux qui ont collé AAA à Lehman Brothers début septembre 2008, quelques semaines avant que cette dernière ne parte en faillite... Ces tocards infinis, myopes comme des taupes tancent le peuple qui a inventé la philo. C'est un peu comme si un nullard comme Alain Minc qui s'est tant vautré qu'on disait à une époque "que faire ? Ecouter l'avis d'Alain Minc et faites le contraire" avait encore voix au chapitre... Ah merde, le capitalisme est vraiment pas écolo, en fait, il ne recycle pas ses déchets...

Demain, les nuages reviendront, mais bon, on reste en France et ceux sur Athènes risquent de rester plus longtemps...

26/04/2010

Les médias malades de la psy...

psy.gifCertaines gouttes d'eau font déborder les vases, moi c'est un article sur les poils qui a fini de me raser...

Ce week-end dans le Figaro Magazine (à la campagne on ne trouve pas toute la presse qu'on veut et franchement, le Berry Républicain n'a d'intérêt que zoologique), enquête sur la barbe de 3 jours. D'après la plume il s'agit d'une tendance. Bon.

Admettons, ce sont des pages modes, je m'attends donc à lire que ça va mieux avec les peaux bronzés ou au contraire, se marie parfaitement avec les carnations délicatement lactées. Mais non. Pour expliquer une tendance de mode, la journaliste interroge... Des psys. Le psy en question qu'on confinera à l'anonymat ou sa médiocrité lui réserve une place d'office explique sans bouger les oreilles que cela correspond "à une envie de ne pas grandir, le fait de ne pas se raser tous les jours, c'est refuser de devenir un homme". Voila voila voila...

La semaine dernière, un abruti encarté à la droite du Reich avait attaqué Yann Barthes sur ce même détail capillicole en le traitant de sous homme faussement viril. Je passe sur l'homosexualité refoulée et vous le dit sereinement: les homophobes, après votre prochaine séance de tir à la carabine, tirez-vous sur la nouille les uns les autres, ça vous détendra...

Deux choses à répondre. Primo, une barbe fut-elle de trois jours, peut au contraire être un moyen de se vieillir, mais surtout, deuxio, si certains types ne se rasent pas souvent, c'est pour ne pas s'écorcher la peau, guère agréable... Le bon sens, que n'importe quel journaliste pourrait déduire de lui même, semble la chose la plus mal partagée dans les rédactions. Que ne réfléchissent-ils à l'irruption du poil par eux mêmes plutôt que de regarder ceux qui leur pousse dans la main et leur fait appeler des psys à la rescousse ?

Passons sur les psys qui acceptent de prostituer leur discipline en répondant à des questions instantanées et générales quand tout dans leur science est fait pour réfléchir à des problématiques de longue durée et particulières... Je dis bien qu'ils se prostituent et gagnent au moins cela, du fric... Après, si les gens sont assez cons pour écouter Marcel Rufo répondre en direct sur France 3, c'est leur souci. "Allo docteur, vous ne me connaissez pas, mais mon fils Marius de 13 ans refuse de faire ses devoirs et je l'ai vu regarder les seins de sa grande cousine à un mariage ce week-end. Est-il délinquant et pervers polymorphe?". Marcel répond à des âneries pareilles. Pourquoi ? Mauvaise question. "Pour combien?" plutôt, mais ça je ne sais pas...

Les psys sont donc les nouvelles stars des plateaux pour les questions d'éducation, Rufo ou Almos, Naouri sont invités partout, ils ont tribune officielle où ils vendent leur lessive de cerveau en barrique prêt à l'emploi pour le tout venant. C'est ennuyeux, mais il y a pire... Je ne m'explique pas qu'en plus de tout cela, les journalistes interrogent les psys sur la barbe de trois jours, l'addiction sexuelle de Woods et Ribéry (pas ensemble, du moins pas que je sache), l'identité française, le retour du legging, la chute en bourse de Danone et la hausse de Total ou l'inverse; l'engouement pour les soldes, les nouilles en sachets et l'Iphone... Tout ce qui est "tendance" ne saurait être analysé par un journaliste seul, avec son flair de sourcier et ses contacts, non, les tendances il faut les laisser aux psys... Déprimant.

L'argument d'autorité qui devrait encourager les journalistes à se secouer les puces c'est de voir que la dernière fois qu'on a poussé à bout la logique ça a donné "Psychologie Magazine" qui oeuvre autant pour la diffusion de la pensée que Patrick Balkany pour celle du bon goût...

Demain, donc, nous ne lirons pas Psychologie Magazine, mais plutôt Courland de Jean-Paul Kauffmann (je sais, c'est ma phase ex-otages...) un livre élégant et érudit où on trouve cette savoureuse phrase de Dorgeles "l'expérience ressemble aux cure-dents, personne ne veut s'en servir après vous".