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17/10/2010

Le PS se souviendra t'il de ses idées de gauche en 2012 ?

article_cahuzac.jpgLe PS était dans la rue, hier. Comme à toutes les manifs depuis le début et je n'ai vu personne pour leur jeter des tomates. Au contraire, ils avançaient dans le cortège en se pliant à l'humour potache de circonstance; certains militants arboraient un t-shirt à l'imprimé classieux "la retraite à 67 ans, pourquoi pas 69 ? Tant qu'à se faire baiser..."

Du coup, on en viendrait à aimer le PS comme force de gauche. Surtout quand on se ballade dans la manif et où l'on pense avec Clooney "what else" ? Le NPA a des relents puants, leur dernière campagne ravive un certain poujadisme vomitif et idéologiquement plus Drumont qu'autre chose...

Personnellement, je ne cache pas que l'oeuvre économique de Jacques Généreux et certaines sorties de Mélenchon contre les banquiers m'inclinaient à voter Front de Gauche fièrement en 2012. Sa sortie contre Pujadas en "laquais" ne me gêne pas le moins du monde. C'est le cas. En revanche "qu'ils s'en aillent tous" comme titre d'un livre programmatique qui pourrait sortir de la bouche de Marine le Pen, ça me navre...

Sinon, il y a Europe Ecologie, avec l'intransigeante Eva Joly à l'éthique d'airain. Bon, mais ce mouvement s'est constitué comme un paëla, avec fatalement un certain nombre d'ingrédients indigestes. Jean-Vincent Placé, ce Machiavel de parking de supermarché croqué dans Le Monde Magazine de cette semaine où l'on apprend qu'il a 17 000 euros d'amendes de stationnements impayées (il se déplace beaucoup en bagnole, l'écolo...) en serait la figure de proue. Augustin Legrand ? Je veux bien me défoncer la tête avec lui, mais je lui confierai pas mes subventions. Julien Bayou ? "La peur n'est pas une vision du monde", d'accord, mais le squat place Vendôme avec Kro à volonté, non plus.

Alors, bon, ça nous laisserait le PS.... Vous avez vu Moscovici, Valls et tant d'autres gens de droite drapés dans la dignité d'une carte qu'ils brandissent comme une amulette ? D'accord, ils sont infiniment plus brillants que Morano, Estrosi et Balkany... Quitte à choisir des libéraux, autant en prendre avec cerveau. Certes, mais le Grand Soir restera plus qu'en rade. Sur les retraites, le PS accrédite l'idée d'une montée en charge de la durée de cotisation, ne reviendra pas sur l'autonomie des universités, stoppera l'hémorragie dans l'éducation nationale mais ne réembauchera pas... Ils seront meilleurs gestionnaires, limiteront le clientélisme, mais la réduction des inégalités ne figure pas au programme.  

Et cette semaine, fiat lux, Jérôme Cahuzac, Président de la commission des finances à l'Assemblée, PS, a proposé une authentique mesure de gauche... inspirée pourtant des Etats-Unis. Plutôt que d'installer un bouclier fiscal, retenir les exilés fiscaux par une pression inversée, soit à la base. Id est: lorsque l'on gagne sa vie, on le doit à une éducation et un système social et éducatif dont on est redevable à vie. Si on s'exile, on paiera une part (de l'ordre de 5% à 10%) de ses revenus au Trésor Public Français. La droite va expulser la proposition pour ne pas pénaliser 2,5 millions de Français. Faux. En réalité, il suffit d'inscrire la mesure dans la Constitution et surtout, fixer un palier élevé: en clair, ne pas pénaliser les Français partis vivre une expérience mais bien rattraper les fraudeurs sportifs ou grands patrons. Je ne suis pas à l'inspection des Finances, 100 000 euros annuels par exemple, serait une base raisonnable. Cela permettrait de ramener de nombreuses recettes fiscales et ferait revenir un certain nombre d'exilés...

Alors, quand certains comme François Hollande appellent au grand soir fiscal en 2012, se souviendra t'il de cette idée ? J'en doute... Dans le fond, le meilleur analyste du PS reste Bénabar "t'approuves mais tu regrettes, c'est ton côté socialiste"...

Demain, nous épierons l'angoisse monter dans un pays potentiellement dépouillé de son pétrole...

15/10/2010

Livre 1 / Powerpoint 0

jpg_ppt.jpgDans mes bras Franck Frommer ! Je ne te connais pas, mais comme Prévert je dis tu à tout ceux que j'aime bien et un type capable de nommer son titre "la pensée powerpoint. Enquête sur ce logiciel qui rend stupide" (La Découverte), et bah il me plaît.

Powerpoint, comme Facebook, c'est 500 millions d'utilisateurs dans le monde; et surtout 100% des types qui rentrent en réunions, où ceux qui ne parlent pas chiadent leur powerpoint...

Mais, contrairement à Facebook qui relève de la servitude volontaire (à chacun son addiction, personnellement, j'ai du mal à me défaire de trucs plus néfastes, à ce rythme là je passe pas l'hiver; in alka setzer we trust) Powerpoint fait partie de la soumission obligatoire.

Personnellement, j'ai toujours compris que ma seule voie de secours serait le marketing de la rareté: je ne me sers pas de Powerpoint. Ca me donne un côté rétro so chic qui fait la joie de ceux qui bossent avec moi... Quand j'ai eu des responsabilités où mon employeur me l'imposa, je me suis lâchement défaussé sur mes stagiaires qui prenaient un plaisir non dissimulé à tripatouiller les fameuses diapositives. Redevenu indépendant, je retrouvais ma liberté, sauf en juin dernier. On m'avait commandé une mission de conseil et comme c'était pour un PDG de grand groupe on me fit gentiment comprendre qu'il ne lirait pas mes 20 pages Word de recommandations... Je me fis aider pour réduire mon travail dans des slides (les copiés collés ne fonctionnaient pas...) et in fine je me dégoûtais de rendre ce truc que je trouvais d'une connerie rare...

Or, l'intérêt du bouquin est de montrer qu'outre l'incommensurable réduction de pensée induite par le logiciel, le vrai risque pour la société est son aspect chronophage au-delà de toute croyance... Car puisque l'outil propose de la présentation, il faut que celle-ci soit le plus rutilante possible, ce qui peut impliquer des heures et des heures de chignolage... 

"Quand nous aurons compris cette slide nous aurons gagné la guerre", ainsi parlait le Général Mc Chrystal, alors en charge des opérations de l'armée américaine en Afghanistan. Comme dans le gorille de Brassens, la suite lui prouva que non...

Bref, plus que jamais je suis conforté dans l'idée que depuis dix ans en n'utilisant pas ce truc, non seulement j'obtiens les sourires amusés qu'on réserve aux excentriques, mais surtout je me dis que j'ai gagné des milliers d'heures, ce qui me permet d'être à l'heure à l'apéro quand mes potes sont encore au bureau, pour finir leurs powerpoints....

Demain, même si ça ne défrisera pas nécessairement Eric Woerth et consorts, on retournera battre le pavé...

14/10/2010

Quand on regarde "The Social Network", au moins, on est pas devant Facebook

affiche-us-the-social-network-4761933zgrxi.jpgLuchini disait que le bonheur de quelqu'un pouvait le terrasser quand un malheur lui filerait la pêche. Soit. Il en va de même pour moi avec les critiques ciné. Impossible d'aller voir "des hommes et des Dieux", film labellisé "il faut le voir" pour retrouver des valeurs. Quand le tintamarre autour sera fini, j'irai...

Sur "the social network" j'entendis de nombreux panégyriques qui me laissèrent indifférents et puis quelques voix de vieilles carnes (plus Zemmour, obviously) dénonçant "un film qui ne montre pas l'aliénation de la jeunesse à cause du réseau social". Ca me paraissait à peu près aussi pertinent que déplorer l'absence de dénonciation du crime organisé à Marseille quand on filme Jean de Florette... Donc, j'y allais.

Et je fis bien. Fincher retrouve le mordant de "Zodiac" et ne cherche pas à rentrer dans les polémiques sur l'influence ou non, du réseau, mais rend les personnages très vivants. Saisissant portrait du plus jeune milliardaire au monde qui n'a jamais cherché l'argent. Il voulait juste qu'on prête attention à lui, qu'on le reconnaisse. 

Amusant, effectivement de voir les similitudes entre Gates et lui, des types informes, mal dans leur peau, incapable de parler normalement; le réel les rejette alors ils envahissent le virtuel. On voit aussi que c'est une ordure, capable de se couper de tout le monde pour aller au bout de son rêve, mais une ordure involontaire, pas un tueur, et c'est ça qui est jubilatoire. Car il est entouré de petits fachos dominants. Des types parfaits qui font de l'aviron portent impeccablement le costume et tombent les nanas et ces mêmes mecs se font berner par un nabot falot en tongs... 

Et sur ce seul ressort, -la grenouille peut t'elle éclater les boeufs?-, Fincher tisse une toile de deux heures dans laquelle on plonge avec joie. En ressortant, on n'est pas certain d'avoir un nouvel avis sur la violation de la vie privée ou des contacts virtuels comme le déploreront les bonnes consciences, mais on se méfiera décidément plus des types prêt à tout pour compenser un complexe d'ado. Un peu comme si un mec d'1,60 et quelques se lançait en politique pour marcher sur les plus grands que lui, mais ceci relève de la fiction, évidemment...

Demain, nous finirons de lire Herta Muller qui, elle, méritait vraiment son Nobel de littérature en 2009...