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12/10/2010

Apprenons à parler avec les communicants...

Singe+Incomprehension.jpgDécomplexés, les communicants. Déjà que l'on devait se fader le bling bling depuis des années, maintenant, on doit faire avec la morgue des faiseurs de roi de l'image.

Passe encore qu'ils nous disent comment consommer, pourquoi consommer, qu'ils nous informent et nous inondent de messages de santé publique, mais voilà qu'ils disent à tout le monde comment parler.

Hier, j'ai discuté avec un aréopage de communicants, de responsables dans des grands groupes ou fondations qui me disaient tous recevoir des "éléments de langage" chaque jour. Pour chaque événement significatif rythmant la vie de l'entreprise, ils vous adresse un mémo. Le train n'a pas déraillé, il a été "victime d'un dysfonctionnement de signalisation"; le patron n'est pas parti avec la caisse "il a fait valoir ses avantages sociaux dans la mesure de l'accord pris avec les actionnaires" et 3000 mecs ne se retrouvent pas sur le carreau "l'entreprise redéploie ses activités en consolidant ses places fortes".... 

Bon, en politique, à droite, je veux bien. Moi aussi, j'aurais la trouille de savoir qu'Estrosi, Morano ou Lefevbre vont parler en mon nom... Je leur ferais des petits bristols en soulignant en rouge les parties importantes. Appliquée à notre vie de tous les jours, cette emprise se fait plus pesante. Demain, mais c'est déjà très largement le cas, des coachs vous diront comment parler dans votre foyer. Vous ne rompez pas, "mais décidez de mettre un terme à cette relation de façon unilatéral sans pour autant avoir trahi à nos valeurs d'exigences, mais il y avait une opportunité à ne pas rater dans le cadre de notre redéploiement à l'est, avec seins siliconés en option"; vous ne rentrez plus bourré, mais "avez fait oeuvre de socialisation avec les collègues et n'avez pas trouvé d'eau ou de boissons dépourvu d'alcool au string fellow alors même que vous aviez très soif"...

Inquiétante tendance de fond qui a vu le philosophe être remplacé au début des années 80 par l'expert, lui même dépassé aujourd'hui de s'être planté et en passe d'être relégué au placard par la figure du coach... Coach sportif, nutritif, du périné, et donc maintenant, coach de la parlotte... 

Je n'ai rien contre les communicants, au contraire, mais que ne se contente t'il de faire savoir plutôt que d'avoir cette prétention démesurée de penser le monde ? Et maintenant, voilà qu'il voudrait nous faire parler ? Mais vous avez entendu Séguéla, Frank Tapiro Stéphan Fouks et autre Razzy Kemoun ? Ce sont tous des handicapés du vocable, des hémiplégiques du subjonctif et des leucémiques de la syntaxe... 

Bon, départ pour la manif à Montparnasse, en espérant que les syndicats n'ont pas demandé au communicant d'écrire les slogans....

10/10/2010

De la limite du Label...

19492940.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100812_021112_m.jpgDimanche, quand on ne peut plus aller courir parce qu'on a péché par excès de zèle et se retrouve sur le flanc, je me suis dit que j'allais en profiter pour aller voir le dernier Woody. A reculons. Déjà, nous sommes dimanche et je ne l'avais toujours pas vu alors que depuis des années, j'y vais le jour de la sortie comme on va à la messe... Là, je ne le sentais pas et j'eusse du me conforter à ma première impression...

Bien joué, bien écrit, quelques répliques. Evidemment, tant de talent ne peut pas tout planter. C'est comme les mauvais Sagan qui ne sauraient sombrer dans le médiocre; pour autant, ce n'est pas bon. Ca se laisse regarder comme une tisane se laisse boire quand il pleut. C'est mou, c'est lent et c'est inachevé: ça fait beaucoup pour un même film. Evidemment, ça ne remet pas en cause mon admiration pour le réalisateur de Zelig, Manathan et récemment Match Point, mais celui-là, on peut faire l'impasse...

hommes-couleurs.jpgAlors, heureusement, il nous reste des livres que l'on peut apprécier au soleil, en plus. La femme est l'avenir de l'homme et quand je lis Cécile Guilbert ou Maylis de Kerangal, j'ai quelques raisons de croire qu'elle peut être celui de la littérature. Alors, un label Livre Inter, une jeune auteur, je fonçais... Dans le mur. Chloé Korman est normalienne et on le sent; son roman est une dissertation de 300 pages bien ourlées. L'intrigue se déroule sur trois générations, explore différentes classes sociales et promet quelques explorations politiques de haut vols. Ca fait beaucoup de promesses qui n'engagent que ceux qui le lise. Et la déception est à la hauteur de l'attente suscitée par les excellents 10 premières pages qui posent les fondations du roman. Pour le reste, tout n'est que procrastination et ennui profond. Comme pour Woody, eu égard aux 10 premières pages, je lui redonnerai sa chance pour le second, mais cette fois, je le feuilleterai avant...

Demain, nous reviendrons sur un très très grand livre qui a inversé cette déveine "le vol de l'histoire" de Jack Goody où comment la domination européenne est le plus grand exemple de storytelling jamais fait... 

08/10/2010

Pour rire de tout, allez voir Gaspard Proust !

27197_gaspard-proust.jpgLes nazis ont fait quelques erreurs. Non, pas sur les idées. Bon, certaines étaient un peu limites. Mais sur la stratégie ! Attaquez la Pologne au lieu de la Suisse c'est vivre en face de la banque centrale et braquer un Kebab....

Bienvenue chez les cht'is c'est 20 millions d'entrées, autant que de victimes du stalinisme; au moins à l'est la lobotomisation était gratuite.

On dit que les juifs sont malins, ils ont quand même choisi la seule terre arabe dépourvue de pétrole.

Mais, sans la colonisation, tous ces pays sous-développés n'auraient pas pris conscience de leurs ressources naturelles...

Et enfin, la première phrase du spectacle "je suis peut être pas Claude François, mais moi au moins je sais me servir d'un sèche cheveux"...

Tout est à l'avenant, grinçant, flirtant avec jubilation sur le mauvais goût, la mauvaise conscience, les femmes, les handicapés, les beaufs, les gens de gauche, les journalistes de Télérama, les pages roses du Figaro, Proust est un vrai sniper : il n'a aucune cause à défendre...

Je m'en voudrais de faire trop long, je trahirai le propos, mais ces quelques souvenirs que j'extirpe de ma mémoire ne sont pas forcément les plus puissantes saillies... Je cherchais désespérement quelqu'un qui s'affranchisse des codes mainstream (Elie Semoun) où qui ne joue pas avec ça pour sa starisation (Guillon, Porte) ou ne se cache pas derrière des marionnettes. Je n'en trouvais pas, un peu Timsit, mais 100% Proust qui d'ailleurs quitte la scène alors qu'on l'applaudit encore. Il ne reviendra pas, bien d'accord avec Desproges que les rappels sont ridicules: on a jamais bu un plombier revenir donner un petit coup de clé de 12 après avoir réparer une fuite...

Voilà, il faut en profiter, c'est du grandiose, du brutal, c'est fin, c'est fait, c'est tout et c'est en octobre vers la Place de Clichy...