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07/10/2010

Ouverture : on ferme ! Mais, et si on n'avait jamais ouvert ?

ronces2.jpgCe matin, les journaux révèlent que Kouchner a donné sa lettre de démission en août dernier, se plaignant des "humiliations répétées de la part de conseillers". Il a donc mis plus de trois ans à réaliser qu'il n'était pas en charge des affaires étrangères, tâche qui était dévolue à Levitte, Guéant et Sarkoz lui même. 

A priori, en octobre, le tiers mondiste deux tiers mondain devrait partir, ainsi sans doute que Fadela Amara. Resteront donc au gouvernement (je m'avance là) Jean-Marie Bockel et Eric Besson, le Ganelon ultime est inoxydable.

Alors, comme disait Beigbeder, l'amour dure trois ans et l'ouverture aussi. Le temps, comme vous expliqueront les neurobiologistes de laisser le couple s'approcher, se séduire, s'accoupler et s'assurer que leur enfant est viable. C'est là où le parallèle casse: l'enfant ne fut jamais viable.

J'imagine donc que dans les rangs de la droite populaire, ce sera la jubilation, la preuve que la culture hors sol ne fonctionne pas. Ils n'ont pas tort, je ne voudrais pas de personnalité d'une droite modérée dans un gouvernement de gauche, façon Jupé, ou le brillant Bruno le Maire... Mais ils ont également tort, car la plupart des personnalités d'ouverture sont en réalité des hommes de droite.

Martin Hirsch et dans une moindre mesure, Fadela Amara, font exception: ils sont des dirigeants associatifs avant d'être politique. N'importe qui ayant exercé des responsabilités associatives vous le dira: quand on peut agir, il faut y aller. Amara, il lui reste Lisieux ou une autre circonscription pour pleurer car elle fut roulée dans la farine: caution beur d'un gouvernement douteux, peu à l'aise avec les thématiques de banlieue, on la prie de fermer sa gueule depuis 3 ans en profitant d'un appart de fonction et de sa bagnole. Et elle le fait en bafouant l'éthique et abritant sa famille. Triste.

Hirsch, lui, et je n'en démords pas, a réussi: RSA bien doté, statut des compagnons d'Emmaüs, dotation autonomie jeunes trop faible certes, mais existante... Et il s'est barré dès qu'il n'avait plus rien à faire là.

Quand aux 3 politiques, rappelons quelques vérités. Bockel s'inspire de Blair, il a donc toujours été centre droit et d'un point de vue sécuritaire, il s'inspire plutôt de Pasqua donc le poing levé, chez lui, c'est pour s'abattre sur un type qui refuse de parler...

Kouchner ? French doctor, créateur de MSF, certes... Ministre sous Jospin, d'accord. Mais Kouchner qui a voté Barre en 1981 (Rantanplan a mis 7 ans à comprendre qu'il fallait miser Mitterrand), a bossé pour Total en Birmanie, a monté BK conseil avec des recos bidons à 700 000 euros pour des dictateurs africains. Quand on aime l'argent à ce point, faisant fi de toute considération morale, difficile de prétendre être de la ligné de Blum et même Mendès.... 

Il y aussi Migaud, à la tête de la Cour des Comptes. Grand socialiste celui-là: nommé à la tête de la Cour, son premier rapport prône le gel des salaires des fonctionnaires les 3 prochaines années... Debout la gauche.

Enfin, Besson. Certains rappellent qu'il s'excitait sur le programme économique de Sarkozy juste avant la présidentielle... D'accord, mais rappelons en une belle sur Iago. Il aime tellement l'argent qu'en plus de ses mandats de députés, il a dirigé des fondations: FACE, montée par Martine Aubry mais surtout la fondation Vivendi Universal... Celle-là même qui était présidée par Jean-Marie Messier, ex-dircab' de Balladur et incarnation de ce que la ploutocratie a de pire chez nous. Eric Janus Besson plongeait donc avidement ses mains dans les affaires et voudrait faire croire en 2007 qu'il fut toujours de gauche, qu'il est un scalp pris à un PS dépassé...

Le PS n'a pas à pleurer de ces départs, pas plus qu'il ne devra le faire si jamais Jack Lang s'en allait. Je reconnaîtrai le talent de conquistador de Nabot Léon le jour où il ira chercher Badinter... Je peux donc dormir tranquille...

Demain, nous aurons sans doute encore des crampes aux zygomatiques car ce soir, c'est Gaspard Proust...

04/10/2010

Ce que cachent les attaques sur Martin Hirsch

arton20139.jpg Je sais par expérience que tout pluriel est d'essence fasciste donc prenons des pincettes; mais disons simplement que les journalistes qui ont évoqué le livre de Hirsch sans aborder tout son contenu sont soit des feignants, soit des malhonnêtes qui, sciemment, n'abordent pas toutes les révélations du livre pour garder le seul parfum de scandale autour de Copé et Longuet.

Je précise d'emblée être moi même en position de conflits d'intérêts : Hirsch a préfacé mon livre sur l'insertion et je peux attester que je l'aime bien. L'éthique, l'exemplarité, la proposition de solutions, tous ces trucs un peu vieillot qu'il incarne, moi ça me plaît.

Cela étant dit, balayons l'autre problème: oui, il aurait pu enfoncer Woerth avec qui il fait de l'escalade et Kouchner dont il fut dircab', très bien... Mais tout de même, si on LIT son livre, tout est là.

Ses attaques sur Copé et Longuet font mouche, notamment sur les rapports de Copé et l'argent, Copé et le surmenage, Copé et GDF Suez... Après cela, quand j'entend le même JF Copé dire "Hirsch comme moi, a eu sa famille sauvée par les justes et il fait de la délation", j'ai envie de vomir. Mais quand ce même immonde pressurise Longuet et Larcher pour que le conseil d'Etat attaque Hirsch, je dégobille... Hirshc se retrouve accusé, non pas de plagiat ou de diffamation, mais d'avoir révélé des scandales qui devaient rester secrets. Belle idée de la République...

Par ailleurs, on trouve dans le livre plus de 30 pages accablantes sur les labos pharmaceutiques, notamment Glaxosmithkline qui finance les labos de recherches avec des dons (!!!) de 9 millions d'euros. Au final, la grippe A c'est 18 milliards d'euros et 7 de profits pour les labos... Garreta, Bachelot, en prennent pour leur grade. Une page dans les gazettes ? Non.

Et cette photo de l'Elysée pendant le sauvetage des banques ou Pébereau, Président du directoire de BNP qui est là, bénévolement, et quelques jours après BNP rachète Fortis. Des échos, non ?

Petit rappel, la BNP et les labos pharmaceutiques sont parmi les principaux annonceurs publicitaires, contrairement à Copé et Longuet. Il semblerait qu'on est l'indignation à géométrie variable dans les rédactions...

Quand à la dernière partie, faite de réflexions constructive, de proposition en faveur de la transparence? A peine esquissée. 

Au final, on voit bien les manoeuvres grossières voulant faire passer Hirsch pour un ingrat, un aigri de l'ancien gouvernement qui crache sur ceux qui n'aimaient pas le RSA et on légitime les oukases qu'il subit. Seul Libé (tiens, Joffrin est sauvable sur ce coup, merci Libé) a défendu courageusment un excellent et surtout très salutaire livre ! Lisez-le sans vous préoccupez de la mousse, ça vous donnera envie de renverser tout cela dans les urnes en 2012.

Demain, nous nous demanderons si Dilma ne doit pas son mauvais score a son parler cash: a propos du salaire au Brésil, elle a lâché "c'est comme les règles, on l'attend tout le mois mais il part en trois jours". Classieux...

 

03/10/2010

Nuit blanche, la victoire posthume de Philippe Murray...

pop-hits-martine-orgie.jpgIl paraît que Murray triomphe, d'après l'Obs. J'aimerais juste connaître les chiffres de vente de ses essais aux Belles Lettres. Quel blaireau, à part le Castor et 216 nostalgiques vont s'enfiler 1800 pages de pure misanthropie ? Non, l'image de Philippe Murray triomphe, parce que Lucchini l'a lustré avec son spectacle il y a quelques mois...

J'ai découvert Murray au moment de la sortie de "Festivus Festivus", il y a 5 ans. Je n'avais rien lu d'aussi drôle depuis les déclarations de Minc mais Murray le faisait exprès. Il croquait la vacuité du projet politique, le ramenant à sa seule dimension événementielle avec une férocité proprement jubilatoire; les pages sur la Job Pride sont à pleurer de rire... Mais bon, il est mort trop tôt et nous a laissé ses bouquins.

Hier soir, comment ne pas penser à Murray en voyant la Nuit Blanche ? Un déferlement de créations et un public avide, forcément avide de culture... Nous étions près de Beaubourg et sommes entrés dans une église habitée littéralement par un concert de musique électronique ou des étudiants de l'IRCAM s'avançaient en blouse blanche et joystisck à la main pendant que la chef d'orchestre imperturbable, cadençaient les beats façon uzis... Disons que ça pouvait prêter à sourire car l'escroquerie culturelle, patente, avait au moins l'avantage de bien présenter: l'acoustique du lieu, la solennité, ça s'écoutait un bon quart d'heure. Au premier rang, un barbu sous LSD applaudissait frénétiquement, repris par un groupe d'italiens Erasmus qui ne savent pas qu'on ne boit pas de bière dans les églises, boisson profane... Ce fut ce que nous vîmes de mieux, c'est dire.

Surtout, des grappes, que dis-je, des bataillons, des centuries de spectateurs venus rencontrer la culture partout. Jacadi faites la fête, Jacadi cultivez-vous... Et le pire c'est que ça marche. Dans les cortèges joyeux, des lecteurs inquiets de Libé cherchent le musée de la vie romantique où DJ Stock Exchange mixera du Proust avec un sample de David Guetta. Ils croisent une bande d'étudiants qui les persuadent de les rejoindre vers les anciens frigos où une performance opposera une séance de slam reprenant des extraits de "surveiller et punir" avec en fond un concert de salsa médiéval...

Et les voilà guillerets, repartant vers des "performances" plus improbables les unes que les autres, arpentant la rue de la capitale la bouche pleine de concept et d'hyperboles qu'ils scandent en transe. Demain, les pavés sentiront un mélange d'urine et de vomi et les maliens -donc potentiellement délinquants- nettoieront tout ça avant que les cultureux d'un soir ne se réveille... 

Murray ne propose pas d'issue et reconnaît que le malheureux politique n'a que ça à proposer, car ce serait trop triste, sinon; mais vraiment, en déambulant hier, on aurait voulu qu'hommage lui soit rendu. Aujourd'hui, Jacadi on refait comme d'hab', 5 fruits et légumes, une demie heure d'exercice, pas de sel, de sucre et de l'alcool avec modération...

Demain, quand même, nous reviendrons sur cette histoire de Martin Hirsch parce que les hyènes type Longuet aient été capables de saisir le Conseil d'Etat, c'est que l'opus vaut le coup.