A nouveau l'homme ne dit pas la vérité ...

Pour le linguiste qui s'est rendu en banlieue observer le nouveau langage des jeunes, littéralement le remaniement signifie "à nouveau l'homme ne dit pas la vérité" (re man y ment ...) et avouons que c'est d'une prescience rare...

Bon, l'ouverture... Il a viré Bockel le blairiste, Amara la casse-couille et le pourtant libéral Kouchner. Il a gardé Marcel Déat qui après avoir bossé pour Vivendi de Messier et s'être intéressé aux charters pour Bamako aura a succédé à l'ineffable Estrosi ce qui, n'est-ce pas, limite la pression. Ouverture out.

Bouclier fiscal, fini en 2011, donc travailler plus pour gagner plus. Macache.

République irréprochable, I would rather not to comment.

Un Grenelle de l'Ecologie, sinon. Bon, il met la plus compétente aux manettes, tout en lui retirant subtilement les transports. Un pilote de F1 au volant d'une Lada ne peut s'en sortir...

Reste cette dernière réforme dégueulasse qui se trame: la dépendance. Là, pas de souci, on prend un petit duo pas trop exposé dont une à carapace: Bachelot Berra et hop, l'an prochain on fait passer ce qui existe déjà dans le rapport Rosso-Debord qui dit qu'à partir de 50 ans, tout le monde devra souscrire à une assurance privée pour son grand âge... Yammy.

Ajoutez à cela le retour de Bertrand et l'entrée de Lefevbre au gouvernement, disons que les commentaires seront haut en couleur. Comme en plus, Copé se dégage du temps juste pour parler aux médias de la révolution en marche à l'UMP, ça va vraiment être génial.

En dernier lieu, comme disait ma copine Cécile, pas très kacher l'attitude de Jeannette Bougrab, qui n'a que son prénom pour parler des vertus du scoutisme...

Allez, c'est pas tout ça mais le Royal Ontario Museum va ouvrir et là-bas, ils ne savent même pas qui est N

Carte Postale de Toronto

Difficile de pas s'interroger sur le besoin d'imposer une finitude à la ville quand tu vois ça, la photo à gauche. Officiellement, avec 447 mètres, la CN Tower était la plus haute tour du monde (je crois qu'un truc à Dubaï a depuis dépassé le bouzin et résolu le problème phallique de quelque émir)... C'est juste dingue. D'habitude, je suis pas très vue, mais là avec les voitures comme autant de petites fourmis et observatoire de l'aéroport de Toronto Island où, comme son nom l'indique, des petits avions se posent sur une piste en bord de l'eau, ça vaut le détour...

A part ça, ce qui frappe à Toronto, c'est le zen. Les gens sont gentils, vraiment. Ils te répondent tous quand tu cherches quelque chose, les voitures te laissent passer, personne ne klaxonne. En plus, depuis que je suis arrivé, il fait grand beau et tu te mets en terrasse au soleil (le soir c'est une autre histoire) et ton voisin te parle systématiquement. Sympa.

Toronto, malgré tout ces fameux buildings en verre, est vert. De nombreuses coulées et des parcs qui te sortent de ton contexte urbain et te permette, ô jogger intrépide en short, d'aller respirer à plein poumon.

Toronto est aussi aquatique et c'est là que ça devient chouette. Cet immense lac posé en contrebas de la ville, avec un port comme à St Trop, des planches comme à Deauville et des petits restos comme partout où l'eau existe, ça aussi, ça contribue à te faire aimer la ville, surtout quand il n'y a pas de techno comme le même décor appellerait forcément de la musique de merde en Espagne ou au Portugal...

Toronto est calme, donc et ce de façon surprenante car tout n'est pas lisse dans la ville, mais assagi. Le nombre de gens tatoués est impressionnant, mais pas un qui le fasse de façon ostensible, je suppose que c'était pour tromper l'ennui. La réflexion m'est venue quand je me suis incrusté dans la fac des beaux arts et que je discutais avec un groupe d'étudiants parfaitement smooth comme leur jus multicolores. Bizzare.

Y a un autre truc de fou, c'est la fameuse et sacro-sainte diversité. Elle est partout et nulle part. Ce n'est même pas une question pour eux, les sikhs se déplacent tranquille, il y en a un qui fait la circulation au bout de ma rue, Chinatown est un peu partout et idems pour toutes les minorités. Mes potes m'expliquent qu'au boulot, c'est fondamental, on ne se sert pas la main pour ne pas gêner un certain islam et les rapports homme femme, on fait attention qu'il y ait d'autre produit que porc ou animaux à sabot fendus à la cantine sans se faire chier avec le Hallal ou le casher. Les linguistes toujours géniaux dans le coin appellent ça "des accommodations raisonnables"' je suis sous le charme de la formule évidemment...

Une diversité qui se retrouve dans les quartiers de la ville, personnellement, j'ai un faible pour Kensigton Market mais j'en reparlerais plus tard, car les mômes se lèvent et faut que je continue ma formation en les faisant petit-déjeuner... Le marathon, easy, les nuits blanches de taff aussi c'est jouable, mais le quotidien de deux mômes de 3 et 1 an, ça, je trouve ça vraiment hard...

Plus je lis Freud, moins j'aime Onfray, plus je lis Psychologie magazine, plus j'aime Onfray...

Détail technique, chez vous il est 11h, mon ordi étant resté à l'heure française, mais si je vous écris le premier jour de mes vacances, c'est qu'à cause de ce putain de jet lag, me suis levé à 4H49 et toute la maisonnée ontarienne dort. Car vi, je suis à Toronto pour 10 jours.

Ce qui explique qu'hier, j'ai pris l'avion que j'ai failli louper à cause d'un putain de colis suspects mais ceci est une autre histoire. Enfin, non, c'est la même je suis arrivé très détendu à l'aéroport, trop peut être et dans mon euphorie, en plus du Canard, j'ai acheté Psychologie Magazine pour le filer à ma copine E à l'arrivée, mais pour le lire aussi parce que j'aime bien Marina Fois...

Je vais y venir, mais première surprise, dans l'avion je sors mon Pléiade de Diderot, du velours cérébral mais j'en parlerai plus tard et je regarde autour de moi. Pas d'autre livre...

Pas 10, pas 5, juste pas d'autre personne avec un livre !!! Pour un vol de 9h! Quelques journaux, mais aucun livre tout le monde avec ses écouteurs et rivés sur son putain d'écran à commencer par mon voisin qu'à pas décocher un mot en 9h, lisant le manuel Air Canada (!!!) le temps que les séries soient disponibles et regardant toutes les conneries possibles (en vrai, moi, avec 3 ans de retard, j'ai bouffé devant Californication et c'est bien).

Et donc, j'ai aussi lu Psychologies trucmuche... Mon Dieu mais tu m'étonnes que Michel y fasse son brûlot ! Il paraît que c'est une des plus grosses ventes de presse, ce qui signifie que des centaines de milliers de gens se font lobotomiser par cette connerie... On trouve quelques chroniques bâclées par des types pour qui c'est un étendard (Charles Pépin). De la moraline partout, mais surtout, surtout, la négation de la psy à toutes les pages !

Au début, une dizaine de question comme (je n'invente rien) "comment sortir du lien fusionnel avec mon père?" "pourquoi donner la vie sachant que la mort est au bout?", "que penser de ma fille de 5 ans qui touche le sexe des petits garçons?"... Et à chaque fois, en 10 lignes, Claude Halmos, qui doit plus tellement avoir le temps d'analyser puisqu'elle débite les mêmes sornettes pré-vomies au Monde, au JDD et sur France Info, répond de façon assez définitive...

Le lecteur, j'imagine qu'il est content puisque chaque mois, l'un d'entre eux va se confronter à un de psys maison  sur un entretien en 6 pages avec des photos (un peu floutées pour le lecteur mais on le reconnaît; la base de l'analyse bordel!!!!) où en gros l'enjeu est de savoir si le type a besoin d'une analyse ou pas: et notre lecteur de déclarer tranquillement que ses parents buvaient, que son frère je sais pas quoi... Non, mais dans quelle époque on vit ? Tu m'étonnes qu'Onfray est pris un bazooka contre ça... J'ai déjà dit ici http://leblogducastor.hautetfort.com/archive/2010/04/20/o... le peu de bien que je pensais du livre, mais avouons quand même que dans l'environnement médiatique, ce recours systématique à de la psy de bazar il y a de quoi s'énerver...

J'en étais donc là de trouver ça franchement con, consternant et avilissant quand je fus achevé par les 20 pages consacrées à l'opération dont Psychologie est partenaire: la journée mondiale de la gentillesse... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? J'en ignorais l'existence et n'en étais pas plus triste...

Allez, il y a 2 lignes à sauver dans le magazine, une citation d'Anna Magnani à l'attention de ses maquilleurs "laissez moi bien mes rides, j'ai mis toute une vie à les obtenir" chapeau, madame !

Demain, j'espère me lever plus tard que 4H49 car à cette heure là, à Midtown Toronto, c'est pas la giga teuf...