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23/11/2010

Quand le mariage rassure... les hommes riches.

lesmariesdelan2dvd.jpgAvant d'être décalqué par ce p... de jet lag, j'avais l'esprit assez clair pour lire le Pléiade sur les épicuriens mais au bout de 30 pages de lettres à Lucullus et Sénèque tout ça, j'ai craqué et j'ai lu Times. Cet assez mauvais magazine m'a eu avec une couv' racoleuse, parfait pour un trajet en avion: "who needs mariage" et l'enquête promettait des révélations. Comme un gros bifin, j'ai foncé tête baissée et allez, j'ai pas boudé mon plaisir. Pour info, l'article en ligne, moins complet, est là:

http://www.time.com/time/nation/article/0,8599,2031962,00...

Donc le mariage serait une institution en train de changer, mais une institution tout de même. Car, quand on lit l'enquête dans le détail, un truc est vraiment surprenant: à rebours de tout ce qu'on lit sur la déstructuration et la désacralisation des institutions, une écrasante majorité des américains (ceci peut expliquer cela) pense qu'on est plus épanouit en couple, marié, avec des enfants, que le mariage reste le meilleur endroit pour faire des enfants, qu'il faut que ce soit un monsieur et une madame, que le monsieur gagne de l'argent et que la madame place les vertus familiales avant toutes choses... D'ailleurs, même s'ils estiment ne pas forcément vouloir se marier, seuls 5% des sondés disent qu'il sont certains de ne pas vouloir le faire... Les autres, c'est juste qu'ils n'ont pas encore trouvé avec qui et préfère afficher un cynisme mode plus qu'une désolation de circonstance. Bref, in retro veritas.

Là où ça devient intéressant, c'est comme à Carpentras: lorsqu'on creuse. L'âge du mariage est de plus en plus tardif mais surtout les disparités sociales apparaissent de plus: les surdiplômés et les riches (souvent les mêmes) se marient beaucoup plus que les autres et de plus en plus entre eux. Fini l'époque où un PDG pouvait épouser sa secrétaire, pour la bonne et simple raison que les filles ayant fait des études, les garçons peuvent choisir sans mal des épouses de leur niveau, car c'est devenu LA motivation du mariage de nos jours: montrer aux autres qu'on a réussi...

Et cil faut lire les commentaires du sociologue pointilleux expliquant que dans un monde de réussite matérielle où l'on cherche toujours à se singulariser, le mariage arrive tout en haut de la hiérarchie. Le top de la pyramide de Maslow, c'est d'épouser un beau parti pour bien montrer à tout le monde qu'on a réussi là où Zuckerbeg se contente d'être un milliardaire célibataire.

Bon, personnellement, l'idée du mariage ne fait pas frissonner mes ventricules et depuis que j'ai lu ça encore moins. Certaines choses s'arrêtent, pour tout le reste, il y a la Gold de Mastercard, et apparemment le mariage rentre dans la première catégorie: reste juste à déterminer le jour de vos épousailles à quel métal vous avez droit...

Demain nous expliquerons, heureux, que nous connaissons enfin le point commun entre Houellebecq et Mozart: après un bouquin de Houellebcq le vide absolu qui suit est encore de Houellebecq.

20/11/2010

La technologie serait donc de droite...

C'est avec une pointe de déception que j'ai lu ce très bon article du Monde, mais en même temps, pas besoin d'avoir fait l'X pour comprendre les conclusions: 

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/11/19/la-...

Ca ne veut pas dire que la gratuité et les possibilités induites par le web n'inspirent pas de généreuses initiatives comme celles-là,  http://www.mailforgood.com ou http://www.aiderdonner.com inventées par des types très bien que je connais, mais ces actions isolées ne reflètent pas la réalité du monde en ligne où les inégalités prospères...

Que nous apprend l'article ? Que non seulement les technologies ne profitent pas aux pauvres, mais elles aggravent les inégalités. Il paraît que les chercheurs se sont ligués dans des effectifs impressionnants et ont étudié des mois pour parvenir à un résultat qu'ils eussent trouvé en quelques pages de lecture de Marx. Car on peut dépenser des fonds considérables pour donner des outils NTIC aux pauvres, si on ne leur a pas donné les outils intellectuels auparavant et l'éducation qui va avec, ça sert à que pouic. Les exemples sont légions dans l'histoire de ce genre d'opération intervenant trop tard et donnant un résultat un peu margarita ante porcos... Donnez la gratuité au Louvre à des mômes qui ne connaissent que la télé, on a déjà essayé. Car les chercheurs s'étonnent que "les pauvres, spontanément, n'aillent pas vers les sites de développement personnel et professionnel ainsi que des outils éducatifs"... En gros qu'ils passent plus de temps sur youtube à voir des chats qui pètent qu'à podcaster Antoine Compagnon au Collège de France ou mettre ted.com en favori...  Prenez un type qui a vécu à la rue quinze ans, si vous lui donnez accès à de la bouffe et de la boisson ad libitum, ce n'est pas pour autant qu'il choisira des aliments équilibrés ou bon pour lui...

Et c'est pourquoi je ne comprends pas que l'on réitère les mêmes erreurs et que l'on ne mette pas le paquet sur l'éducation, que l'on continue à croire benoîtement dans des nouveaux modèles ouverts et gratuits sans voir que la technologie ajoute une strate aux inégalités ambiantes: les gens plus riches ont plus de connexion, plus de réseaux, trouvent des offres moins chers pour accéder aux meilleurs produits et bénéficient du corpus intellectuel pour optimiser l'utilisation de ces outils. 

In fine, depuis l'explosion des NTIC, les riches sont plus mobiles, plus sociaux, trouvent des moyens d'optimiser leur pouvoir d'achat avec le troc les échanges d'appart, les bons plans d'initiés... Les pauvres sont encore plus exclus, ne maîtrisent pas les nouveaux codes de recrutement et ressentent avec plus d'acuité leur condition de déclassement...

Alors on vous répondra que oui, c'est malheureux, l'éducation coûte cher. Comme disait Lincoln: "vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance".

Demain, vous je sais pas, mais moi je traverserai l'Atlantique avec un pincement au coeur....

17/11/2010

A Toronto, la journée de la gentillesse, c'est 365 jours par an...

bipzf02w.jpgToronto c'est mort la nuit me disait une connaissance de taff dont la famille y vit. M'est avis qu'elle a passé trop de soirée auprès du feu, car la nuit ontarienne est assez enlevée. ET à 6$, soit moins de 5 euros, le gin tonic, elle est biscornue en fin de soirée... Mais c'est pas le sujet.

Sinon, dans un sketch du Comte de Bouderbala, il revient sur l'hallucinant enthousiasme des nords-américains, http://www.youtube.com/watch?v=7JqKW0R0yVk . J'avais oublié, mais c'est tellement vrai... Une gardienne de parking, une vendeuse de tasse aux chutes du Niagara ou une caissière de supermarché; personne ne se contente de vous dire bonjour, tout le monde vous demandera: "bonjour, comment allez vous aujourd'hui, la pêche...", c'est assez frais au début, mais en bon français ça me gave. Je trouve que le droit de faire la gueule est un acquis social irréfragable avec son corollaire, ne pas perdre son temps a être gentil avec les gens quand on aime pas son boulot. Mais ici, ils ne peuvent pas, pas le droit.

Dingue ça, ça commence très jeune, à l'école dès qu'un môme arrive à faire un dessin même de traviole, on lui dit "good job", jamais "well done", tout tourne autour de cet état de Disneyland permanent où tout le monde est gentil et tout le monde félicite tout le monde. Dans les classes de gamins, je ne sais pas jusqu'à quel âge, mais au moins l'équivalent du CM2, on ne mette plus de notes. Pourquoi s'emmerder avec des notions qui vont forcément fâcher puisque tout le monde ne peut avoir 20/20 tout le temps... Je veux pas être réac, mais les bras m'en tombent. Cette machine à fomenter des gens contents quoi qu'ils fassent, y compris les boulots les plus chiants et ingrats, j'y crois qu'à moitié...

Sinon, l'autre truc de fou, c'est la collecte de fonds. C'est partout chez eux. Nous, dès qu'il nous manque 1000 euros, on cherche une subvention d'état, de la région ou autre, eux ils collectent. Une proviseur de lycée m'expliquait qu'elle organisait chaque année une journée de lavage de voitures qui rapportait en moyenne 6000$ pour une association; cette année, envoyer des médicaments au Tibet. Bon, très bien, mais ce truc de don te suit partout. Alors que je m'extrayais paisiblement de ce monde lénifiant de gentillesse dans une escale gastronomique de qualité que nous n'avons pas en France (burger King) le type me demande à la fin de ma commande si je veux rajouter 2$ pour la sick kids foundation... Mais je te jure... Comme j'ai pas dit oui, vu que je connais pas l'asso, j'ai lu dans ce regard que j'étais un infanticide en puissance...

Moralité, toute cette gentillesse n'est pas bien casher à mon avis, un jour par an, ça doit suffire...

Demain, je retournerai dans leur Chinatown, sont moins sympas la bas...