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23/12/2010

Merci à mon libraire pour ce très beau cadeau de noël...

martin eden.jpgUn miracle a eu lieu hier, logique en la période. Dans une librairie de la rue du Moulin Vert (le Livre Ecarlate pour ne pas la nommer), ce qui est plus improbable convenez-en. Je venais chercher un cadeau pour mon filleul de 4 ans et je lui ai trouvé un truc du rat conteur qu'a l'air fort chouette (j'espère qu'il lit pas ce blog, il croit encore au Père Noël) et après, je laissais mes yeux fureter dans les rayonnages. Plus mes yeux se baladaient, plus je soupirais. Proust ? Musil, Calvino, boarf... Lowry, Marai ou encore Pascal Mercier... Tout lu...

Je ne voyais rien qui me fasse vraiment palpiter et ne voulais pas lire un Christian Oster ou un Column Mc Caan au prétexte qu'un bon petit bouquin par ce temps c'est mieux que rien. Non, je venais de me cogner trop d'essais et un très bon Villas Mata (le voyage vertical) me disait qu'il fallait que je retrouve la baffe que vous met un "Grand Roman".

Mon libraire le vit et m'alpagua:

-Alors, qu'est-ce qui ne va pas ?

-Boarf, je trouve rien.

-Quel genre ?

-Le genre de baffe, comme quand on découvre "Mars" de Fritz Zorn.

-Vous avez lu Martin Eden ? jack London ?

A son regard, je ne pouvais pas me planter, je l'achetais les yeux fermés en me promettant de les ouvrir vite pour l'entamer. A la caisse, il me rappelait que j'avais de la chance de ne pas l'avoir encore lu. Il me restait cela à découvrir...

Il y a 12 ans, un quinqua m'avait fait la même réflexion en me voyant plonger dans "au-dessous du volcan" et je ne comprenais pas, alors... Depuis, je me suis souvent dit que c'était très juste. Que j'enviais ceux qui n'avaient pas encore lu les Karamazov, La Conspiration, La Panoplie Littéraire, les Mémoires d'Hadrien... 

Depuis donc, 24 heures tout juste se sont écoulées et je regrette un peu mon geste comme un affamé doit se dire (je n'ai jamais connu ce problème, merci papa merci maman. Sauf aux Etats Unis, mais c'est parce que je préférais le jeûne au sandwich beurre de cacahuètes confiture) qu'il n'aurait pas dû avaler toute la baguette: je l'ai avalé d'un coup.

J'ai tellement aimé que je pense que me louperais en en parlant trop. Disons que c'est une histoire d'amour d'une fabuleuse intensité, une source profonde de réflexion sur le sens de la vie, le succès, l'estime, l'argent, les rapports sociaux, l'indépendance d'esprit, les codes... Un livre d'une puissance rare qui dit tout cela sans élever la voix, sans la ramener, avec une discrétion telle qu'on avait pas vu arriver cette maudite page 438 qui n'est suivi que de l'achevé d'imprimerie...

Et puis, mais l'on songe toujours à ces choses là après, Martin Eden, a peu de choses près, c'est mon nom. Mon patronyme a une lettre près et, si mes parents n'avaient finalement fait parler leur amour pour Minelli (je ne m'appelle pas Liza...) Martin aurait pu être mon prénom...

Après ça, le prochain risque d'être fade... Soit je me replonge dans Schnapper, soit, foutu pour foutu, je tentes de comprendre pourquoi les gens aiment Eric-Emmanuel Schmitt ou Katherine Pancol, mais j'ai un peu peur de mourir d'hydrocution littéraire...

Demain, vous je sais pas, mais je moi je dîne en tête à tête avec ce mec http://secondflore.hautetfort.com

22/12/2010

Un Président au bon beurre..

Affiche_LE-PRESIDENT_120.jpgBien sûr, cet homme fut attaqué de toutes parts pour des écarts politiques, au point que tous les socialistes chantaient en s'époumonant "Presidente, Freche s'égara...". En voyant le film qui lui est consacré il n'est pas certain que la chose publique en sorte grandie. Pas plus que la vision machiste du barnum, certes. Mais n'en doutons pas, avant qu'il ne disparaisse des écrans pour laisser de la place au nouveau truc avec Romain Duris ou Gaspard Ulliel, il faut aller voir le Président. Je crois n'avoir pas autant ri au cinéma depuis des mois...

Car au-delà du Tartarin, ce qui est époustouflant, proprement incroyable, c'est l'incommensurable médiocrité de ceux qui l'entoure ; la bêtise crasse du publicitaire qui se targue de ne pas être un communicant mais bien "un pubard", l'intelligence discrète du directeur de cabinet, l'assourdissant mutisme du directeur de la communication. Que des mecs, avec des têtes de marlous, qui entourent ce parrain au physique de baleine échouée sur les côtes, qui se meut avec sa canne et avance en image par image...

Et puis, vers la fin, on voit débarquer l'éditeur Gilles Cohen Solal, l'establishment parisien à vomir... Caricature de lui même avec une chemise blanche froissée et un gros cigare qui cuve son vin (le réalisateur le surprend le soir du deuxième tour, ronflant et se réveillant avec du champagne puis embrassant Frêche)... 10 minutes de délire onirique où un Homais de sous-préfecture lui dit qu'il est le seul à pouvoir réécrire le socialisme. Ha....

Il faut les voir s'affairer, être sûrs de leurs stratégies foireuses et se prendre la tête dans les mains car le parrain fait tout le contraire. Ils lui glissent des mots, le coache, le drive et il fait tout l'inverse. Plus il fait l'inverse, plus il monte, il gagne. Même Elkabbach, il le bouffe cru, pareil pour Fogiel, Durand et Apathie... Les plans tournés chez lui rappelle que c'est un universitaire, ses murs sont tapissés de livres mais s'il se complaît dans la vulgarité et la bêtise c'est qu'autour de lui, tout n'est que stupre, farces et grossièreté, alors à quoi bon se fatiguer ? Devant un journaliste qui ne connaît pas Sun Tzu, Freche soupire, regarde l'assistance et s'exclame "et beh c'est un stratège qui explique qu'il ne faut rien lâcher", pas faux...

On rit beaucoup, donc et quand le film s'arrête, on s'interroge. Le Languedoc ne vote pas à gauche, il vote Freche. 20% de FN et tous ces pieds-noirs qui votent pour Georges qui leur chante "c'est nous les africains", maintenant qu'il a cassé sa pipe, la prochaine élection pourrait bien sentir le mazout et ses embruns bruns... Alors, rions en attendant 2014...

Demain, je me ségoléniserai en bousculant le calendrier et fêtant noël... 

 

20/12/2010

En France, on a pas de terroristes mais on a des flocons...

Ground Blizzard Negaunee MI.jpgOn a les ennemis que l'on mérite. Pays riche, apaisé, démocrate avec un système de santé et d'éducation qui tiennent (pour l'instant) debout, pas facile d'être français. Comprenez par là, compliqué d'avoir peur alors que tous les gouvernants libéraux veulent nous l'imposer.

Depuis quinze ans, on nous vend la peur de l'Autre, de l'arabe pour le dire vite, même si les plus extrémistes du lot vous diront que les saheliens, c'est guère mieux. Le 11 septembre 2001 fut leur consécration, les arabes, c'est les nouveaux bolchéviques, le danger imminent, tous les RER qui explosent, avec la Tour Eiffel, les bateaux mouches et le Panthéon. Bon, 10 ans après bernique... Il n'y a guère que Zemmour, Rauffer et quelques autres affolologues patentés pour parler de barbare quand tous les chercheurs honnêtes vous diront que nous ne fûmes jamais autant apaisés... Heureusement, pour sauver tous les sinistrologues amateurs de sensation, un scoop sensationnel les sauvent : la neige. En hiver en plus, énorme.

Tous les journaux vous le diront, c'est incroyable "oui, oui, Patrick, je vous confirme le scoop, l'info du week-end, ce 19 décembre, il y avait de la neige"...

Ca m'a fait marrer d'autant plus que j'étais embedded, au coeur de l'actu. Pour les 30 ans de mon amie C. nous étions au fin fond de l'Oise, avec 30 cm de neige (je ne fais pas mon marseillais, je me suis arraché un ongle en changeant des chaînes de pneu et j'avais de la neige jusque plus de mi-mollet...) et nous avons cogité. Nous étions 15, urbains et Iphonés en diable. Nous savions tous des fluctuations du Yuan et de l'évolution du score de PSG/Monaco en live. Idem pour la sono que mon ami l'Albatros synchronisait avec un logiciel internet, bref, nous étions so XXIème siècle pour notre fête...

Et pis la neige a redoublé et nous nous sommes vus bloqués, plutôt que de pleurer, nous avons repris de la daube et des gnocchis avec un domaine La Clape de Languedoc parfait pour l'occasion... Les phobiques de l'accident, du truc qui ne va pas, étions désarmés face à ces trains qui ne circulaient plus, potentiellement bloqués par le climat comme ce fut le cas de tout temps, en fait. Ce qui m'a le plus fait plaisir dans cette histoire, c'est de voir que mes amis sont des gens géniaux. En l'occurence, les amis de mon amie C. surtout. Contrairement à tous les hystériques qui agressent les membres de la SNCF ou d'ADP en hurlant "mais vous avez des infos putain !!!!!" on a tous dit "bah si on est bloqués, on est bloqués, on peut pas aller contre la neige quand même".

Pendant 2 heures, nous étions revenus au siècle précédent, bloqués pour 3 jours dans l'Oise, mais entre nous, soudés. Je sortais le tarot. Au début, bien sûr, tout le monde a une urgence, et puis en fait, nous étions bien obligés de reconnaître que rien ne poussait à rentrer... Au bout de deux heures, O. est revenu avec des chaînes pour pneu et les petits parisiens ont monté les trucs et en cortège, à la queue leu leu, on est rentrés ensemble sur ces routes minuscules ou on s'embourbaient. Mais on sortait sans grogner pour pousser les bagnoles et au bout d'une petite heure de galère, l'autoroute arrivait, Paris était en vue... Moralité, avec pas mal de solidarité et de bonne humeur, la neige, on l'emmerde et nous on s'aime.

Voilà, c'était mon conte de noël à moi.

Demain, nous serons officiellement en hiver, il pourra donc neiger personne ne pourra plus rien trouver à redire...