Chant du cygne des temps à l'Assemblée...

Excellent reportage dans le Monde magazine sur les jeunes députés. Je vous rassure, si ça vous avait échappé, on ne parle pas d'épigones de Benjamin Lancar ou de Bruno Julliard (Dieu que ce petit gommeux est suffisant et bête, pitié envoyez le en mission d'observation de la piraterie en Somalie) mais des moins de 40 ans. Vous n'en connaissez pas ? Normal, ils sont 12 sur 577, soit 2% de l'Assemblée. Les plus de 70 ans sont trois fois plus nombreux... Look for the embrouille...

Bien que Castor Junior de mon état, je n'ai jamais fait de la promotion des jeunes mon étendard, mais un tel déni de partage du pouvoir vous frappe au coin de la conscience citoyenne. Parfois, il m'est arrivé qu'on me demande si je n'étais pas trop jeune pour faire mon boulot, j'imagine qu'il en va de même en politique et qu'il est plus rassurant à nos âges de vendre des fringues ou des téléphones ou des objets bio, c'est jeune le bio... En revanche, il ne vient à l'esprit de personne de dire à certains fringants septuagénaires qu'ils sont peut être un peu vieux pour faire la tournée des popotes, de boire des kirs, serrer des louches et inaugurer le local de la pépinière des talents...

Si on poursuit la lecture sociologique de l'Assemblée (féminine à 18% ce qui, en soi, suffit à souligner le malaise représentatif.......) on trouve 100 fonctionnaires et 117 avocats et médecins pour 25 employés et 1 ouvrier (je crois que c'est Gremetz). Il va s'en dire que l'intérêt général est toujours biaisé par les intérêts particuliers des corporations auxquelles on appartient et que les cardiologues n'ont pas les mêmes préoccupations que les caissières ou même, surtout, que les chômeurs, puisque chômeurs quand tu es cardiologue (Français...) c'est que t'y mets de la mauvaise volonté...

Mais plus que cette distorsion sociale, cette distorsion d'âge me paraît particulièrement pernicieuse pour notre démocratie: en 1981, l'afflux de députés de gauche avait rajeuni l'Assemblée où la moyenne d'âge tournait autour de 42 ans, la moyenne a grimpé de 15 ans en 30 ans... Dramatique, pour deux raisons:

1/ la plus citée: les vieux de 78 ans qui ont voté HADOPI sont dépassés et nous manquons de décideurs en prise avec la société. Je ne développe pas car c'est suffisamment étayée partout.

2/ la moins citée car moins politiquement correct mais tellement évidente: en créant l'idée d'une société politique bloquée, les jeunes qui s'engagent sont la lie. Ceux dont l'Entreprise n'a pas voulu. Objectivement, je connais dans l'entrepreunariat social un tas de types d'une trentaine d'années proche de la quarantaine très brillants qui changent le monde à leur manière mais ne veulent pas s'engager en politique de peur d'aller jouer les utilités pendant 15 ans... Résultat, une consternante médiocrité chez ces jeunes (Delphine Batho...) qui permet aux malins de crever l'écran (Le Maire, NKW, Wauquiez). Tout ceci nous prépare des lendemains qui chantent...

Demain, pour nous remonter le moral, nous écouterons ça en boucle:

http://www.youtube.com/watch?v=4Zet3eLu-ms 

Quelques livres pour noël...

Bon, ne nous mentons pas, Nöel approche. Personnellement, m'asseyant joyeusement sur le politiquement correct et ayant réussi à convertir ma famille aux thèses de Gorz sur la décroissance, on a cessé les cadeaux pour cette année... Une victoire sur l'hystérie consumériste que j'espère reproduire pour les dix prochaines années. 

Mais toi, toi qui me lis et qui face aux luminaires de rue, aux vitrines arrogantes ne sais que répondre si ce n'est "aïe, je vais devoir faire allégeance avec le capital". Certes, mais on se calme et on boit frais; comme chaque année, tu vas pouvoir offrir des livres. Souviens toi que 28% des français ne lisent qu'un livre par an ou moins, donc tu as de grandes chances de ne pas faire doublon, contrairement aux DVD et myriades de cadeaux glacés de technologie que l'impétrant aura déjà et revendra dès le lendemain sur leprixduministre ou labaiedel'eu... 

Bon, si celui que tu vises est un peu chic, un peu hype et qu'il n'aime pas avoir le même présent que les autres, tu lui offres qu'avez vous fait de moi, d'Erwan Larher. Premier roman, petite maison d'édition, du nerf de la politique, mais sans aspirine et jargon marxiste, t'es sûr de ton coup... 

Si ton parent est très consensuel, limite chiant et qu'il ne jure que par les bandeaux des prix littéraires... Change de parent, ou d'ami. Mais bon, quand même, dans ce cas, offre lui l'excellent naissance d'un pont de Maylis de Kerangal, ça évitera d'acheter une escroquerie grimée en prix Goncourt....

Si, mieux, ta connaissance se pique d'aimer la littérature qui dérange, celle qui dit quelque chose sans avoir forcément quelque chose à dire, va sur corpus delicti de Julie Zeh. Julie Zeh c'est cette allemande  qui avait eu le cran de produire une fille sans qualités après Musil et d'y être parvenue. On retrouve cette écriture au scalpel et cette intelligence au laser ou l'inverse où, dans un monde perdu entre Gattaca et Kafka, elle invente une séditieuse en procès contre la société qui réclame le droit d'être malade, voir de fumer. Pas fumeux pour un sou, mais bluffant en diable.

Si ton ami ou parent est gros lecteur, déprimé sans être dépressif, fin sans être transparent, alors il faut foncer pour Svevo en Quarto. Personnellement, la conscience de Zeno fut une gifle; de celle que seul un Tyson courroucé peut vous infliger. Découvrir que le trentinois avait été capable de réitérer la performance d'exploration psychologique trois fois en autant d'autres romans, me mit proprement K.O.. Svevo, c'est l'anti-Berlusconi, il n'y a rien de trop, pas de pathos à la Moretti pas d'excès ou d'emphase à la Begnini, juste cette bienveillance glacée à la Tabucchi avec quelque chose en plus, une suprême analyse de l'âme humaine, quelque chose qui ressemble à la grâce, en fait.

 

 

Bon, ton ami ou parent de noël, il peut aussi avoir peur des romans, ou pas envie. Pas comprendre pourquoi on s'acharne à lire des fables quand la réalité affabule plus souvent qu'à son tour. Dans ce cas là, il y a les biographies et les essais, mais si t'offres palimpseste ça va sentir le sapin et pas seulement pour des raisons de conifères. Non, en cette fin d'année, noire, prend un truc sombre mais qui s'avale d'une lampée et ça c'est le dernier mort de Mitterrand de Bacqué qui raconte comme si elle avait tenue la crosse, la vie de François de Grossouvre jusqu'au moment où celle ci fut trop pesante pour lui...

 

 

Enfin, si ton ami ou parent aime les surprises, je ne saurais que trop lui conseiller un homme louche de François Beaune. Pourquoi une surprise ? Bah, je l'ai pas lu, donc c'est ma surprise du chef, mais une cheftaine m'assure que c'est ce qu'elle a lu de mieux cette année et elle se situe aisément dans ces 72% de français lisant plus d'un livre par an, donc, je vais la suivre.

Sinon, demain, les autoroutes se chargeront, les hottes aussi et les estomacs trembleront devant les embouteillages à venir.... Sommes nous vraiment plus stupides que ces dindes que nous gavons pour l'occasion ?

Rater son tir à bout portant...

Pourtant pourtant...

L. qui va beaucoup au cinéma et dont les goûts rejoignent souvent les miens m'avait dit que je passerais un bon moment, même si en sortant, plus rien. R. en avait remis une louche, elle avait adoré. Bon... J'adore Rochdy Zem, alors pourquoi pas, Lanvin ça va, Gilles Lellouche ? Surcôté, mais ne nous arrêtons pas à ces pécadilles.

Comment résumer cette 1H25 confondante de connerie ? Tout tient en réalité dans les 5 premières minutes : rien ne tient debout, pas une once de vraissemblance... C'est un peu comme en maths (bon, ceux qui me connaissent savent que je suis très fâché avec les maths mais je suis quand même certain du principe qui suit) si l'hypothèse de départ est foireuse, tout un bon raisonnement ne vaut pas tripette.

Et là, c'est tout le drame: la réalisation est nerveuse, musclée, la musique juste bien balancée, pas trop affolante pour rien et les acteurs se donnent à fond... Mais tout ça pour absolument rien car on tombe d'étage en étage au point de rejoindre les mineurs chiliens devant ce festival d'événements non crédibles... Cet aide soignant mignon, amant poule qui se mue en tueur d'élite en un éclair, sa femme enceinte pour qui personne n'a d'égard, le mec à moitié mort qui cavale le lendemain matin (avec une piqûre d'adrénaline) mais pitié ! 

Normalement, les seuls qui ratent des occasions à bout portants ont sur le dos le maillot de l'équipe de France ou du PSG, mais le résultat est le même: on se demande pourquoi on a passé 90 minutes devant l'écran...

Demain, pour nous venger de tout ça, nous conseillerons quelques livres à ceux qui n'ont pas fini leur cadeaux de noël...