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07/02/2011

Délinquance et immigration... des capitaux.

brigand bien aime.jpg Ce matin Laurence Parisot a parlé avec son ton patelin de la situation économique du pays sur France Inter. 

Sur le salaire maximum, elle bottait en touche en racontant n'importe quoi à propos de l'argent dans le sport et le show buisness, habituelle défouloir des grands libéraux (les footballeurs seraient dans une échelle de salaire de 1 à 500...) et défendait becs et ongles les grandes entreprises du CAC 40 qui ne paient pas leurs impôts en France en rappelant qu'ils font 70% de leur chiffre d'affaires à l'étranger. Soit. Patrick Cohen n'a pas cru bon de répondre...

Comme trop souvent, le mutisme s'oppose à ces grands groupes qui font sans cesse peser la menace de délocalisations de leurs sièges sociaux. Espèce de chantage dégueulasse à la Google mettant l'Irlande à genoux sous coup de fisc fucking (ça doit être douloureux)... Or, peut-on rappeler sans être taxé de paléontopoujadisme quelques vérités irréfragables ? 

- Année après année, la France se place 2 ou 3ème pays le plus attractif au monde pour les entreprise grâce à son climat social, sa capacité à prendre en main les salariés et autres.

- Contrairement à notre image externe de pays de la grèviculture, avec nos 7% de syndiqués, nous ne sommes pas en mesure de mener ce genre de politique et le nombre de jours de grève ne cesse de diminuer années après années et la France de reculer dans ce classement.

- Les écarts de salaires et de dividendes pour ces boîtes ne cessent de croître.

Un exemple à la Armand Jammot (le compte est bon): avec des profits annuels oscillant entre 10 et 15 milliards d'euros et étant assujetti à 33% d'impôt sur les bénéfices, Total devrait s'acquitter de 5 milliards (fourchette haute)... Ca laisse 10 milliards de bénéfs, qu'on ne parle pas de bolchévisme. Or, il s'acquitte de 11% soit 1,5 milliards d'euros. Manque à gagner pour la France: 3,5 milliards d'euros... Total, premier délinquant de France.

Ca n'est pas du crypto populisme d'énoncer quelques grandes vérités fiscales: pourquoi le silence de la gauche sur ces questions ? Terra Nova, think tank progressiste (faux nez libéral connu) reçoit des subsides de Total sous forme de mécénat, ceci incline au courroux modéré... Quand au reste, il faut attendre Mélenchon pour voir un énervement salutaire: Martine sors le martinet pour ces fouettards du code du travail !

Outre les grandes boîtes du CAC 40, que dire de l'attitude des grands groupes de maisons de retraites privées, comme ORPEA qui ont permis au docteur Jean-Claude Marian, de devenir milliardaire sur le dos de la solidarité nationale (les maisons de retraite, même privées, fonctionnent sur fonds publics et avec la sécu) et d'aller joyeusement vivre près de Bruxelles pour ne pas s'acquitter de ces impôts...

Face à tous ces délinquants, il faudra bien qu'un shérif se réveille et si les bandits fuient à l'étranger, trouver un INTERPOL financier, pour faire en sorte que ces bien mal acquis ne profite plus aux mêmes..

Demain, nous verrons si les groupes de soutien à MAM fleurissent sur facebook... 

05/02/2011

Que devient l'émotion quand le contact a fondu ?

joconde549.jpg Mes étudiants sont formidables. Et parfois, bluffants. Ainsi m'ont ils appris récemment qu'après google map, google street et google je sais plus quoi, il y avait désormais ça:

http://www.googleartproject.com/ .

Ca marque une espèce de triomphe du virtuel, non? Un de mes étudiants m'a ainsi dit, badin: "je suis allé au MOMA"... Hors de question de jouer les grincheux: sans rien connaître de l'outil, je les exhortais vivement, de ce que j'en comprenais, à se rendre à l'Ermitage, notamment. Car après tout, les subsides pour aller à St Pétersbourg sont conséquents et si Google met ça a portée de main, fabulous ! Donc nous dissertions sur l'art virtuel. Ayant subi une expo Mondrian peu emballante cette semaine, je me disais qu'une petite utilisation de cet outil m'eut dispensé d'une visite et fait gagner 2 heures que j'aurais mises à profit pour regarder PSG/Martigues...

Rentré chez moi, je me suis familiariser avec l'outil et là... Bah... Il en va des visites virtuelles comme la bouffe lyophilisée: ça enlève la dalle, mais c'est pas bon. On peut cliquer et aller au plus près du tableau me disaient, éblouis, les étudiants. Bon... 

Ce site, en réalité m'effraie en ce qu'il réduit l'art à ce que l'art contemporain a trop souvent tendance à être: du bluff. Du concept toc et chiqué où l'on explique au badaud à ce qu'il doit ressentir et s'il est touché par le storytelling autour de l'oeuvre, alors, il parlera d'art... Déplorable. Pardon d'être basique et grégaire, mais je croyais naïvement que l'art c'était la rencontre d'un oeil et d'une oeuvre et de ce que ladite oeuvre suscite dans l'oeil, si ça reste dans l'oeil, c'est perdu. Si ça se propage au cerveau, au coeur, si ça fait frissoner, it's bingo. Quand je tape Kandinsky dans google Images, je vois ce que j'admire le plus mais mes zygomatiques ne se dérouillent pas. Quand on avait accroché les toiles du génie à Pompidou en 2009, je m'y étais rendu 4 ou 5 fois...

Demain, nous rendrons quand même grâce à ce site qui au fond, donne donc quand même envie de voyager...

02/02/2011

Le livre des livres, de cette rentrée de janvier

9782953353822.jpgOn pourrait, bien sûr, passer du temps à dézinguer des livres. Pour des questions de relations de travail avec des éditeurs, je me fais offrir les valeurs sûres de grandes maisons parisiennes. Je pourrais ainsi vous faire gagner du temps en vous disant que si "testament à l'anglaise" et "bienvenue au club" étaient des grands livres, "la vie très secrète de Monsieur Sim", le dernier Johnatan Coe, est une belle bouse. Idem pour Alexandre Jardin, si l'on pouvait sauver le précédent pour les trouvailles flamboyantes le dernier qui marque sa conversion philosémite débile et sa détestation jusqu'à l'imaginaire de son grand père, passez votre chemin...

Pourquoi je vous dis ça ? Parce que la rentrée littéraire, comme souvent va se focaliser sur dix livres (dont le Mathieu Lindon que j'ai pas encore lu) alors qu'à l'évidence, en janvier il n'y en a qu'un à lire: B.A. BA de Bertrand Guillot, aux éditions rue Fromentin, si votre libraire est mal achalandé, ne le blâmez pas et exigez qu'il le commande... S'il ne voit pas vous dites, "le coup de coeur d'Audrey Pulvar".

Pour faire allégeance auprès de Monsieur Sauvé, je le précise d'emblée: je connais Bertrand Guillot. Je pourrais continuer à trahir le secret militaire en disant qu'il est mon ami, mais je ne voudrais pas qu'il m'attaque pour diffamation, les relations d'amitié devant être partagées, on ne sait jamais. Je me détacherai donc de ma relation à l'auteur, éviterai les superlatifs et tenterai de vous dire simplement en quoi c'est un livre important.

Qu'est-ce qu'un livre important ? Je dirai que c'est un livre qui vous marque par son message. Pas forcément un grand livre, de ceux qui change votre conception de l'univers et sur lesquels les lettrés s'écharpent pour savoir si c'est "grand" "immense" ou au contraire "snob" "du toc"... Rangez là, la recherche, en dessous du volcan, Ulysse, l'homme sans qualité, Madame Bovary, Lucien Leuwen et consorts. Ceux là sont hors jeu pour reprendre le titre du premier roman de Guillot.

Ensuite, vous avez tous les très bons livres. Là, entre un Foer, un Rolin, un Duroy ou un Milovanof, pour d'autres un Murakami et des dizaines, ceux-là sont à la limite du hors-jeu... Et c'est là que surgit Guillot, coiffant au poteau, le Modiano en petite forme, le Xème Rouaud qu'on achète parce que c'est Rouaud ou un Fargues... Je le dis sans ambages, mais avec grand pont (hello Maylis) : B A BA est au dessus de tout ceux là et marque le but de cette rentrée de janvier 2011... Les autres, comme disaient Chateaubriand "il faut dépenser son mépris avec parcimonie, il y a trop de nécessiteux", donc inutile de s'attarder sur la nullité crasse du dernier Rouart, du dernier Begaudeau ou du dernier Foenkinos (tien, que des mecs...).

Je vois que je me prends moi même à mon propre piège en en parlant que de roman. B A BA est aux confins. Pendant 200 pages, Guillot fait du mentir-vrai pour dire comme Jouvet; en l'occurence du "romanréel". Il aurait voulu romancer, mais il n'a pas pu. Pourquoi inventer des destins à toutes ces personnes qu'il a rencontré? Ho, il aurait pu échafauder une expulsion, un polygame, une burka et un patron social qui les emploi, pour faire de gauche, mais il ne l'a pas fait. Il n'a pas travesti sa pratique et se contente de raconter son ordinaire de mec bien. Peut être est-ce pour ça qu'il est de gauche, d'ailleurs (je trahis un second secret militaire).

Le sujet du livre, donc, puisque j'y viens et parce que c'est qui est important, plus que la rentrée littéraire ou que Bertrand Guillot, c'est l'analphabétisme. Un peu comme l'illettrisme mais pour ceux qu'on occulte. Faites l'expérience autour de vous et allez lire le livre, vous me comprendrez.

C'est une bataille de chapelle idiote puisqu'il n'y a qu'un combat: faire décrypter le monde à ceux qui sont devant des codes hermétiques. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, allez au kiosque et achetez les journaux égyptiens pour me faire un résumé de ce qui se passe au Caire en ce moment. Vous serez bien emmerdé. Imaginer ensuite que tout votre environnement, des journaux à votre clavier et écran d'ordi, vos manuels, vos impôts et feuille de sécu, tout apparaît dans ce code qui vous agresse. Là, vous trouvez un type bizarre, qui ne sait pas trop ce qu'il fout là sauf qu'il connaît le code. Il vous apprend, ça prend des mois, mais au final, quand vous décodez, la joie immense est partagée. Sans déconner, à t'on imaginer quelque chose de plus important à enseigner ? Car sans la lecture et les subtilités du langage, comment comprendre que "le PSG, solide dauphin de Lille" ne signifie pas que Martine Aubry a fait n'importe quoi dans la gestion de son zoo aquatique ? Et bien B A BA raconte ce miracle comme personne... 

Valéry disait qu'un écrivain "c'est quelqu'un qui cherche ses mots et quand il les a trouvé, en cherche de meilleur". Guillot est donc un écrivain. Sauf que ses mots, lui, il les offre à ceux qui n'en ont pas. 

Demain, nous irons vérifier que les libraires s'approvisionnent bien...