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13/12/2011

L'art du Larzac

Unknown.jpegMettons nous d'accord d'emblée, la lutte des paysans du Larzac m'émeut, me touche et m'inspire un infini respect ; ce n'est pas pour autant que je vais m'installer dans une zone où l'on est perdu sans moteur, moi qui n'ai toujours pas mon permis. Des vacances entre amis en revanche, je suis très tenté.

Il est des luttes qui méritent plus que de l'admiration pour leur ténacité. Dix ans d'opposition farouche à des pus gros qu'eux, des plus roublards qu'eux et pas un début de fendillement de l'unité. 103 paysans du plateau du Larzac qui restent ensemble malgré les tentatives de divisions habilement instillées par les négociateurs de l'armée, ça force le respect. 

103 paysans, donc. Des natifs du plateau, rejoints dans la lutte par des étudiants ou objecteurs de conscience. Tout les oppose et ils restent ensemble. Il faut voir les "natifs" dire "moi j'étais paysan, de droite, catholique et je vois débarquer ces barbus prônant l'amour libre, j'étais pas bien sûr d'être trop pour". Et l'armée aura bien compris cela qui proposera un nouveau partage des terres lésant les nouveaux arrivés et confortant les anciens. Scellée, la fin ? Vote à bulletin secret et 99% contre le compromis... C'est pour ce miracle de solidarité qu'il faut aller voir le film. 

Au fond, "tous au Larzac" est un film qui lutte contre les préjugés et les stéréotypes. On y voit des paysans d'une ouverture d'esprit incommensurable. Des étudiants plus travailleurs que jamais, même avec leurs mains carrées, pendant deux ans, ils vont aller sur le chantier d'une bergerie tous les matins à 6h du matin. On y croise aussi des paysans publicitaires de génie, créant le buzz bien avant l'heure avec des brebis sous la terre Eiffel, un journal à 10 000 exemplaires qui ne parle que du Larzac ou encore une marche sur Paris sans slogan où l'on entend que le bruit de leurs bâtons de berger dont le bruit mat galvanisait les riverains plus que des sonos saturées. Respect.

"Tous au Larzac" est un film bon pour la santé : on y croise des septuagénaires et octogénaires plus fringuants que jamais, sans Botox, sans billards, sans même une crème blanche. Tout avec des bons produits, "du bon manger" et de la chaleur de vivre.

Un film antidote aux maux de l'époque, enfin. A l'heure où les storytellers veulent nous vendre de l'opposition entre générations, avec les tenants de la Y qui seraient triomphants et ouverts contre d'improbables séniors dépassés ; à l'heure plus triste aussi où l'empowerment s'étiole et s'essouffle quand il tombe dans le piège du festif et a du mal à recruter sur la durée, au-delà du happening et autres flashs mobs... Je sais, il y a trois termes anglais ci dessus, mais cette fameuse "encapacitation" nous vient d'Outre-Atlantique, et ses dérives d'associations en voie d'atonie aussi. Pour voir les dérives possibles de telles mouvements, un article éclairant sur un livre de Princeton Press, c'est là : http://www.laviedesidees.fr/L-essentiel-n-est-pas-de.html 

Ca fait beaucoup de qualités pour un seul film, beaucoup de bonnes raisons de prendre 2h et en dernier lieu, les paysages superbes filmés avec une admiration non ostentatoire donne envie de voyager et de respirer à pleins poumons pour oublier ces journées qui raccourcissent bien au-delà de l'acceptable. Là où le miracle s'arrête c'est qu'il a moins de salles qu'Intouchables, alors faut se dépêcher...

10/12/2011

Les nouveaux OGM : Optimistes génétiquement manipulés...

M1905_74.jpgQu'un magazine choisisse pour sous-titre "retrouver du sens" et on sait déjà qu'on va se poiler. De ce point de vue, Clés, est au rendez-vous. La nouvelle trouvaille de Servan-Schreiber propose un décryptage tous les deux mois de grandes tendances sociétales en prenant le temps dans un monde de l'hyper vitesse. Alors, je trouve ça bien pensé, d'ailleurs j'adhère aux valeurs du slow food, mais quand je vois 20 pages intitulées slow life, je sens que le piège à c... se referme. Bingo. Pas étonnant, de la part d'un type qui a crée Psychologie Magazine qui est à la psy ce que François Feldman est à la musique classique, ou Edouard Courtial à la diplomatie. Passons.

Peu de choses à sauver dans ce magazine à 5 euros (prochaine fois je prendrais une crêpe au Nutella, il m'en restera quelque chose) où les bons sentiments côtoient systématiquement les conseils pour se faire du bien moyennant un demi-SMIC l'après midi.

Le pire n'étant jamais certain, il faut poursuivre sa lecture et arriver au sujet de couv' "nous sommes tous optimistes, c'est génétique" avec notamment une interview de Florence Servan Schreiber (pourquoi chercher plus loin ?) l'inoubliable auteure de "3 kifs par jour"... Je pensais tomber sur un article très con sur les optimistes qui auraient raison, plus que les pessimistes et à l'arrivée de l'hiver, allez, on se fait plaisir nom de Dieu... Le mal est bien plus profond: tout part d'un cours à l'ESCP avec un prof qui explique que la chance s'enseigne et que chacun à en soi un potentiel de chance à faire croître. Ils ont fait une espèce de nouveau Dalaï Lama, mélangé à Steve Jobs, je vous laisse juge... http://www.youtube.com/watch?v=OoF-_1YKjSU

Moi je comprends tout à fait que ce monsieur fatigué dise des conneries énormes après une journée de boulot... Mais de là à l'inscrire dans les programmes scolaires avec justification pseudo scientifique (si on considère que les Bogdanov sont scientifiques, c'est ouvert) du type "les gens optimistes vivent 19% plus vieux que les autres". Tout est à l'avenant, c'en est effrayant... Les margoulins et autres escros de tout poil nous vendent du séminaire à la con à 3000 euros la journée, de "le bonheur comme facteur de performance" "l'optimisme pour rebooster votre croissance". Ce avec des arguments solides pour vous faire raquer: les français sont plus pessimistes que les brésiliens ou les chinois, ça impacte directement notre PIB...

Le problème quand le lien social s'est délité à ce point et que la kleptocratie marche à plein, c'est qu'elle laisse un boulevard aux pharisiens de tous poils. Avant on se contentait des cartomanciennes, des voyantes, ou en version moderne, la Française des Jeux. Ca n'était pas bien grave. Mais ériger cette connerie en programme national, faut il vraiment que la situation soit grave. Pas de quoi nous rendre optimiste en tout cas...

Demain, nous réfléchirons sur ce concept proposé par mon filleul de 5 ans : le "demi copain". Nouvel avatar de la crise qui implique que l'on ne peut plus avoir d'ami plein ?

07/12/2011

Peine de mort: et si aujourd'hui Sardou battait Dabadie & Julien Clerc ?

'Oléans_appuyé_à_la_guillotine_et_brandissant_la_tête_de_Louis_XVI_-_gravure_anglaise.JPGLa génération Y, les 18-35 ans, est parée de toutes les vertus possibles, à écouter le MEDEF. Cela mérite suspicion.

J'imagine que la peu philanthrope au-delà du raisonnable Laurence Parisot clame son amour des jeunes d'aujourd'hui car ils sont "souples" "adaptables" et "connectés". Comprenez par là, résignés à la perspective de devoir être précarisés et opposés les uns aux autres, dans une déferlante plus violente que celle dépeinte par Marx dans sa parabole de l'armée de réserve qui relève tristement de la prétérition...

Hormis l'ardeur à la tâche, on prête à cette nouvelle génération des idées éclairées sur les préférences sexuelles, les mélanges culturels et autres avancées que les crétins rubricards ou trendsetters rangent dans la case "question sociétales"... Et bien chers docteurs sondagiers grimés en sociologue, je puis vous l'affirmer sans bouger les sourcils, vous vous gourez au-delà du raisonnable...

Gageons que, sur les questions de sexualité, les opinions pourront évoluer avec le temps quand ils comprendront que Gérald, ce mec si cool mais, dont la nana n'était jamais dispo pour sortir et qu'il partait rejoindre avant la fin de la soirée, en fait... Difficile de se déjuger pour eux, et ne blâmons pas Gérald, difficile de s'affirmer et de sortir de la norme. Idem pour nombre de thèmes clivants où le groupe rassure. Qui peut sincèrement s'affirmer communiste à 18 ans aujourd'hui ? Ca n'existe plus si on veut la paix...

En revanche, il est un thème pour lequel l'évolution est moins évidente ; la peine de mort. Car l'expérience ne vaut pas jugement. On peut se prononcer hors connaissance de cause. "Cela sert-il à quelque chose ou pas ?". Voilà le seul débat qui vaille et je croyais la réponse évidente... Pour tester les capacités rhétoriques de mes étudiants, je leur ai demandé de se prêter au jeu, en espérant que l'un d'entre eux aurait le courage ou la malice de jouer l'avocat du pour. Malheur à moi, ils étaient une légion et pas vraiment étrangère... Si le vote avait eut lieu dans cette salle de classe rassemblant de jeunes électeurs, assemblée complètement mixte, il n'est pas dit que la loi Badinter serait toujours en vigueur. C'était avant hier et j'en suis toujours K.O..

On s'habitue à tout, à la détestation de l'autre, à la peur panique, à ceux qui érigent des lignes Maginot, des murs de Gaza et autres clôtures contre l'Autre. Triste mélopée de l'ultra moderne solitude où l'on n'est triste seul mais toujours moins mal accompagné que si c'est par l'autre... Ca, je m'y suis acclimaté à défaut de comprendre. Mais que l'on trouve bénéfique, logique, légitime, de reprendre la vie de quelqu'un ? Ca, les bras m'en tombent...

Pourtant, tout a été dit là, avec l'immense talent de Jean-Loup Dabadie.

http://www.youtube.com/watch?v=QANmYI9N3kY 

"C'est du sang d'homme, c'en est encore. C'en est encore". Cela me semblait être la plus grande évidence. Celle pour laquelle, avec nos pouces opposables et nos cortex frémissants nous avions dépassé le stade guttural, le stade de foot, le stade barbare et obscur. A quoi ça sert ? Seule question qui vaille encore... Comment croire que l'extermination de celui a causé l'impardonnable ramène qui que ce soit ? Je ne connais qu'un imbécile pour avoir bramé qu'il était pour http://www.youtube.com/watch?v=9FJUpNf215A 

Comment en est-on arrivé à ce qui ne résiste pas à la raison ; Sardou mettant Dabadie K.O. ? 

J'hasarde, ce qui a changé depuis 1981, c'est l'hyper empathie et la volonté exacerbée de diffuser du compassionnel, l'idéologie du fait divers... La place occupée par les chiens écrasés ne cesse de croître.  Pradel et Hondelatte, journalistes au fond assez médiocres (avec circonstances aggravantes pour Hondelatte qui s'essaye à la chronique culturelle avec une pauvreté d'esprit que l'on ne trouve guère que chez les experts consultants engagés par Canal pour justifier les millions d'euros investis sur la Ligue 1) ne devraient pas avoir le dixième de l'audience dont ils jouissent pour nous infliger les poubelles de l'âme humaine et pourtant ils sont starifiés comme jamais...

Au lieu d'une société adulte qui se pose la question des désaxés, des fous, de l'injustifiable et de ce que l'on peut envisager pour faire résilience, on préfère revenir en arrière, à la loi du Talion. Certains jeunes m'ont dit que Saddam Hussein condamné à mort nous avançait, c'était un minimum eu égard à l'ardoise hémoglobinique du bonhomme et si on avait pu attraper Hitler, hein... J'en suis resté coi. Oui ? Si on avait attrapé Hitler, quoi ? La face du peuple juif en eut été changé ? Cela aurait ramené tous les tziganes, les homos, les russes, les communistes, les pas comme il faut et tous les résistants ? Ca aurait soulagé quiquonque ? Est-ce un progrès de voir cette scène folle où les manifestants lapident et piétinent Mussolini avec la fureur d'un rottweiller devant un steak ? Ne sont-ils pas plus souillés et moins insérables ceux qui s'abaissent à assassiner l'assassin ?

Ce matin, au cours d'un séminaire passionnant sur les pièges des discriminations nichés dans les CV et les alternatives existantes, un docteur en psychologie sociale m'a confié après mon récit catastrophé que seuls 10% des Français étaient résolument pour et 10% résolument contre. Le reste bouge au gré des questions, et surtout des éventuels événements. M'est alors revenu en mémoire une discussion avec mon ami l'Albatros où nous nous disions que l'actuel locataire de l'Elysée était foutu de rétablir la peine de mort après une mort de policier violé ou quelque chose d'approchant... Elle qui est tant vilipendée (et à raison !) remercions pour une fois l'Europe de nous protéger de cette avanie. C'est bien le seul truc à sauver du traité de Lisbonne...

Demain, nous verrons bien, mais en attendant pour oublier restent les précieux conseils de l'ami Thiéfaine http://www.youtube.com/watch?v=YbvVTE2FNEs