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08/12/2012

Est-ce encore osé d'oser ?

osons.pngAu commencement était le verbe. L'époque le consacre à nouveau, les glaives étant tombés en désuétude. Si les canons fleurissent toujours, ils sont considérés  vulgaires par les élites (qui les vendent quand même). Même en colère, même ulcéré et révolté, il est très rare que l'homme révolutionnaire frappe. Il parle plutôt, comme Besancenot, version télégénique de la transgression.

Il suffit de voir comment la réaction plus que saine du leader des Conti avait choqué l'opinion bien pensante : diantre, il saccage tout, c'est un sauvage. C'était pourtant, une manière saine de dire son ras le bol contre les mots tournant à vide et n'empêchant pas la fermeture de son usine.

Le verbe, comme le rocher de Sisyphe, se remonte jusqu'en haut de la colline puis retombe et on en prend un autre. Fut un temps, c'était "ensemble" puis il fallait à tout pris être "connecté". En ce moment, une action fait florès partout dans la société : oser.

Quel étrange cri puisque d'après Audiard, c'est à la non limitation de cette action que l'on reconnaît les cons... Ce week-end Franck Dubosc qui rentre incontestablement dans cette catégorie, est le parrain du Télethon dont le slogan est, "oser vaincre". Cette communication prolonge une longue litanie qui va du féminisme, au bio, à la France (c'est un forum dont le Castor doit bâtir des programmes pour mettre en lumière ce qui reste de bien dans le pays, vaste programme...) ou plus modestement, à Paris. En effet, pour lancer sa campagne municipale de 2014, Anne Hidalgo s'est placée sous la protection de l'audace. Un procédé habile dans la mesure où cela lui permet de faire de la disruption comme dirait Jean-Marie Dru, en clair être là où on ne l'attend pas. Après 13 ans de Delanoé, le plus dur pour la dauphine sera d'incarner la volonté de faire encore beaucoup et non pas de gérer en bonne mère de famille. En cela, l'audace a une aura démiurgique confortable.

En cela, le retour du Osons de tout bois est intéressant. La dernière fois qu'il fut à la mode, c'était il y a une quinzaine d'années. Jean-Pierre Elkabach en avait fait son slogan pour France Télévisions qu'il présidait. Dans le cas du sémillant lèche botte, cela tenait de l'oxymore vivant et fut vite enterré. Le retour en grâce de l'audace depuis quelques années ne doit rien au hasard, elle est fille d'une crise très profonde. 

Dans la mesure où les croyances dans le changement s'effritent très fortement, où les résignations s'amoncellent, il n'est pas anodin de voir cette demande. Oser le féminisme c'est affirmer que l'on ne peut se contenter du statu quo en matière d'égalité des sexes. C'est venir titiller le cynisme ambiant en remettant le volontarisme en selle. Cynisme qui règne sur la troïka gouvernementale Ayrault Moscovici Cahuzac (et René Coty en prime). Aussi, on ne saurait que trop conseiller à Arnaud Montebourg de lancer une grande campagne de communication "oser les nationalisations". Chiche.

02/12/2012

Le prévisible dégonflage de Montebourg

Baudruche.jpgFlorange. Ce devait être son dossier. Florange, ce feuilleton français où Sarzkozy s'est esquinté sa paire d'épaules volontaristes (il en a une autre paire, plus souples, qu'il porte plus souvent) devait marquer la résurrection du rêve politique français. Rêve de gauche, puisqu'Hollande s'y est rendu pendant sa campagne, pour une séquence émotion dont Laurent Binet a tiré quelques pages très émouvantes dans son "rien ne se passe comme prévu". Rêve de réindustrialiser un pays où ce type d'économie est moribonde. Le candidat désormais président l'avait dit, il ne voulait pas d'une France muséale que l'on viendrait visiter en dormant et mangeant bien. Il rééchanterait nos usines, nos magasins, nos lieux de production.  Chaque fois, les passages les plus engagés de sa campagne était soufflé par Morelle, sa plume, ancien directeur de campagne de Montebour Arnaud. Clap de fin du rêve Montebourgeois, crashé comme une Golf en sortie de boîte en même pas six mois. Et malheureusement prévisible à outrance. Flash back. 

Pendant la primaire socialiste, les journalistes les plus avisés (ceux qui avaient lu son opuscule consacré à la démondialisation) s'étonnaient de ce que Montebourg se présentât chez les socialistes et ne rejoignit pas le front de gauche. C'eut été logique. Le Front de Gauche, se rassemblement large où tous ceux qui sont pour une gauche de combat sont les bienvenus, moyennant une charte d'engagement que l'on pourrait résumer ainsi : toujours donner raison à Jacques Généreux contre Daniel et Elie Cohen (ou Michel Godet et Alain Minc, enfin on s'est compris). Dans le texte, Montebourg rentrait pile-poil, hélas, sa conception si haute de l'intérêt général qu'il expose sur tous les plateaux télé, ne pouvait attendre sa volonté si forte de faire aboutir son intérêt particulier avec un maroquin. Il l'a eu. Hollande lui a donné un cadeau empoisonné. Un truc foutraque, à l'image du sanguin ministre, où il pourrait faire étalage de son caractère et se piquer de mots. Le chien fou Montebourg avait un bel os à ronger : le Made in France. Il sortait se promener d'entreprises précaire en plan social, de brasero en salle de presse, frétillant de la queue et la truffe toujours impeccable. Bon Montebourg. Hélas, si Montebourg est le pittbull de gauche du gouvernement destiné à intimider le patronat et la finance, Ayrault et Hollande tiennent la laisse et le ramène à la niche quand bon leur semble. Florange en fut la plus éclatante et la plus humiliante illustration. Désormais Montebourg n'a guère le choix : soit il accepte son sort de chien battu mais au chaud, soit il brise ses chaînes et rejoins les prairies du Front de Gauche.