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15/10/2013

Pas encore mort au champ de bataille du Made in France

9782081301009-la-bataille-du-made-in-france.jpgSubrepticement, le livre d'Arnaud Montebourg la bataille du Made in France a surgi sous mes yeux, au milieu de dizaines d'autres ouvrages. Allez savoir pourquoi, je l'ai pris. Pire, alors que je suis plongé dans un des rares écrits de Céline que je n'ai pas lu - Mort à crédit - j'entame l'opus. Et l'achève avant que les chevaux n'aient eu le temps de souffrir. Mon cerveau politique non plus. Mon cerveau littéraire en revanche... Evacuons le hiatus d'emblée car il faut que ce soit écrit : qu'Arnaud Montebourg fasse comme l'écrasante majorité des politiques et qu'il se prenne un écrivain fantôme (version made in France du ghost writer) ! Ca n'est plus tolérable de lire ça.

Déjà qu'à l'oral, il pérore, il emphase, il ampoule à souhait, mais à l'écrit... Pitié ! Ce n'est pas  juste mal écrit, c'est grotesque !!!! Toute la pompe Mitterrandienne, la culture classique en moi et la fascination pour une mise en scène virile et tout ce qu'il y a de plus toc. Des répétitions ad nauseam du "mon équipe" partout du "la France" toute les 3 lignes du "le volontarisme paiera"... Achetez lui un dictionnaire des synonymes, bordel. Heureusement, le livre n'est pas en lice pour les prix de fin d'année donc passons à autre chose, mais de grâce le prochain qu'il le fasse relire par Bruno le Maire ou Bayrou (qui écrit fort bien et a du temps libre). 

Sur le fond, en revanche, on est conquis. Si, si. On a envie d'y croire, d'autant plus que Montebourg ne donne pas dans l'utopie. Pas de nouveaux phalanstères, pas de lendemains qui chantent et d'internationale ouvrière. Non non, au contraire, une nationale ouvrière avec un protectionnisme bien ordonné qui commencerait par nous même. Les références à Roosevelt sont légion, tant pour le courage que pour des décisions précises comme le "Buy american Act" et le célébrissime "Small Business Act". Mais il ne se contente pas de convoquer de glorieux aînés rarement là pour vous contredire et montre aussi comment Obama peut être une voie à suivre lorsqu'il fait voter des textes protecteurs pour les nouvelles industries. 

Montebourg a de la gouaille. Et des tripes. Il a vraiment sillonné la France et trouver une myriade de "oui nous pouvons" réindustrialiser, recréer, reproduire. Y compris dans des domaines inattendus comme la fonderie. Technophile, il dessine également une France du futur pleine de nouvelles industries vertes, faisant triompher l'économie circulaire et autres techniques relevant des circuits courts. En lisant le livre, où son obsession écologique ne fait pas de doute à chaque page, on ne peut qu'être plus dubitatif devant ces récentes palinodies sur le nucléaire ou le gaz de schiste. L'apprentissage de la realpolitik argueront ces détracteurs. Sans doute, mais c'est dommage tant l'ensemble se tient. Lutter contre l'obsolescence programmée et aller vers une consommation plus maîtrisée à tous égards : des produits locaux, de meilleure qualité, plus chers, mais qui dureront plus longtemps. Bon pour la planète et, in fine, pour le portefeuille. Que demande le peuple ? Ajoutez à cela une défense intelligente du protectionnisme en s'appuyant sur l'exemple de l'exception culturelle française qui nous a permis de conserver un cinéma de qualité (Montebourg ne se prononce pas sur les cas de Romain Duris ou de Mélanie Laurent...) et qu'il faut dupliquer cette démarche dans l'industrie. 

Au final, il surjoue un peu son rôle de martyr (notamment dans l'affaire Florange) nous faisant croire qu'il est le seul à avoir compris comment la terre tournait et qu'il risquait pour cela de finir sur le bûcher des libéraux. Si on ne prête pas attention au cabot et que l'on se concentre sur le message, il y a là indéniablement matière à produire. En France.

14/10/2013

Où sont les digues passées ?

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L'antienne revient par toutes les voix des ténors de l'UMP actuellement "quand la gauche est au pouvoir, le FN progresse". D'abord, reste à prouver que la gauche est au pouvoir actuellement. Quand on écoute le blairiste de droite, Moscovici, parler de son obsession à couper les dépenses publiques, favoriser encore le modèle fiscal des entreprises (quand même Xavier Niel explique que l'environnement fiscal français est favorable aux entrepreneurs !!!), il est permis d'en douter. Ensuite, sur le raisonnement en lui même, les faits sont têtus : archi faux. Il faut le répéter sans cesse car ça passe mal. 2002 : 4,8 millions de voix pour Jean-Marie le Pen. 2012, après dix ans de pouvoir de droite, 6,4 millions de voix pour Marine le Pen. +25% en voix, en volume, en masse, c'est ça qui compte. 

Depuis un an, la vague continue indéniablement à s'amplifier et aux municipales et européenes de l'an prochain, mieux vaut se préparer à une dégelée sévère. Cesser de rêver à d'improbables Front Républicain et autres digues politicardes à l'efficacité désormais aussi puissante que la ligne Maginot. A Brignoles, le fameux front a explosé. Une bourgade, dans un contexte particulier, que l'on ne peut comparer à une métropole. D'accord. Mais il faudrait être d'une mauvaise foi infinie pour penser que les barrières de jadis résisteront encore aujourd'hui.

C'est laid à dire, mais nous devons regarder avec une certaine fierté le second tour de la présidentielle de 2002. Personne n'avait hésité. Un niveau de mobilisation très important et 82% de démocrates contre un faible 17% d'anti-système. Cette digue n'existe plus. La présence de Marine le Pen au second tour de 2017 ne relève pas de la science fiction et la lucidité politique exige même de l'envisager pour comprendre l'étendue du désastre. En cas de second tour Copé/Le Pen ou Fillon/Le Pen ou Sarkozy/Le Pen (rayez les mentions inutiles...) le résultat serait sans doute proche du 70/30. Nombre de voix de gauche seraient lassées, désillusionnées, fatiguées de ce manichéisme, exaspérées de petites luttes... Et dans le cas d'un second tour Le Pen/Hollande, 65/35, 60/40 ? Décidément, ce 82/18 appartient au passé...

12/10/2013

Carte postale de Bilbao

Arriver à Bilbao, c'est arriver à Montélimar. Une ville mondialement connu pour une spécialité, mais à la notoriété disproportionnée par rapport à la taille. Dire que c'est minuscule ne rend pas hommage à cette sympathique ville dont on peut, avec un peu d'entraînement, faire le tour à cloche pied... Aucun regret pourtant de s'y être arrêté pour 2 jours. C'est beau, propret et calme. Même la bruine persistante ne peut altérer le moral.

Autant évacuer le sujet qui fâche d'emblée : le Guggenheim. Le bâtiment est aussi incroyable que la légende qui le précède. On peut passer du temps à tourner autour, le long des berges. Mais à l'intérieur... 1H30 grand max, pour être poli et on en ressort quelque part entre l'énervement et l'incompréhension. Autant l'installation géante de Serra est impressionnante, autant le reste... Une rétrospective Tapies sans ses peintures, 2/3 escroqueries filmées de Wharol, 1 Basquiat pour interpeller le bourgeois et point barre. Impossible de passer à côté quand on va dans la ville, mais la comparaison avec son homologue New Yorkais est clairement ordurière...

Le musée d'Art Moderne, en revanche, est un ravissement. Une superbe expo consacré à Dario de Regoyos (connaissais pas mais c'est charmant) et des salles entières de Juan Gris et de Léger avec, rare, un excellent audioguide gratuit de surcroît. Pour compléter le panorama culturel, on est allé voir une expo marrante sur les Guerilla Girls qui faisaient des happenings dans les musées et les galeries pour en montrer le caractère phallocrate.

Outre les musées, j'imagine qu'on vient Bilbao pour la bouffe et on aura raison. L'inventivité des patrons de bar à Pinxos semble sans limite, le nombre de variations autour du jambon (j'en ai avalé un fondant à se pâmer et un mélange jambon parmesan sans doute pas encensé par Dukan mais sublime) et du saumon ou encore des œufs, donne le tournis. Partout où nous nous sommes arrêtés pour manger (et c'était souvent) nous sommes allés de bonnes en meilleures surprises.

Autre très belle surprise : les basques. Ils sont d'une gentillesse infinie, partout et tout le temps ils nous ont donné de précieuses indications topographiques, répondu avec le sourire à nos demandes les plus évidentes (cherchez un resto, ou un monument qui est en face de toi). Dernier point très notable, on trouve encore des flippers ! Pendant les pauses pluies, alors que des centaines de zombies jouent sur des machines à sous à la con, nous nous régâlames dans un tripot qui disposait d'un flipper et d'un billard. C'est pas ultra typique de Bilbao, mais néanmoins fort appréciable et apprécié à sa juste valeur.  

A y est, on a fait le tour de la ville à cloche-pied. Pour fêter ça, Cap sur San Sébastian.