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05/09/2014

Pourquoi continuer à cueillir parmi les hors sols ?

fruits_tray_plants.jpgCe matin, je voudrais me mettre un instant, un instant seulement, dans la peau d'un militant socialiste. Un des 120 000. Moins peut être à la vitesse à laquelle les cartes se brûlent et se déchirent. La FNESER comptait encore 60 000 adhérents avant les municipales, 30 000 après. Quand on a un parti d'élus et que ceux-ci prennent la porte, compliqué de de faire venir du monde parles fenêtres. Vu que ça ne laisse pas grand monde, élargissons un peu cette base à ceux qui croient que cette majorité peut faire des choses.

Hier, j'ai discuté avec des véhéments. Excédés par Trierweiler qui casse l'image de la France et Montebourg qui gave. Des Vallsistes. Pensons à eux. Profs ou informaticiens, militants lambdas et persuadés que le quinquennat d'Hollande ne ressemblera pas à celui de Sarkozy pour les plus modestes. C'est leur droit.

Les voilà donc. Connectés en diable, leurs téléphones hier ont clignoté pour annoncé une "alerte", la démission de Thomas Thevenoud. Merde... Une tuile de plus. Sans doute un différent de ligne ? N'était-ce pas un proche de Montebourg, un gauchiste qui avait fustigé la fraude fiscale de Mc Do, attaqué les taxis et autres ? Un chevalier blanc. Raté. Un oublieux des impôts. Et depuis 3 ans... N'en jetez plus.

Cahuzac, Aquilino Morelle, Thévenoud, Yamina Benguigui et sa boîte de prod richissime, Razzy Hamadi ce député proche d'Hamon qui publie sa déclaration de patrimoine laissant entrevoir de confortables émoluments dans le conseil... La proportion de "hors sol", de déconnectés, est absolument hors norme comparée à cette base de 100 000 personnes. D'où mon interrogation (sans réponse) du matin : mais comment diable choisissent-ils ? Sur quels critères ? Comment ne pas déceler des écueils gros comme des icebergs dans les CV des postulants ? Et encore, dans les recours auto-proclamés il y a Mathieu Pigasse...

C'est proprement incompréhensible. Plus les types s'enfoncent, moins ils font confiance, se replient sur leurs carnets d'adresses. Non seulement ils restent étrangers à toute discussion avec leurs militants et leur bases, mais ils n'écoutent pas non plus leurs désirs de s'impliquer. Nous sommes guidés par une armée hors sol, qui, par définition, ne peut savoir ce qui se passe sur le plancher des vaches...

En 2013, j'avais eu une longue discussion avec Yannick Jadot. Ex dirigeant de Greenpeacec, eurodéputé EELV, il me disait "l'enjeu de ce quinquennat, en Europe, sera de renouer avec la démocratie. Le reste, on verra bien". Un long silence avait suivi sa sentence. Il résonne encore.

02/09/2014

Qui est l'exemple pour les grands commis de l'Etat ?

7inspiration.pngEtrange réunion, hier. Etrange comme un vomissement rentré, une énième humiliation larvée, une outrance de plus. Je dois plaider coupable, à fréquenter cette faune là, il faut s'y attendre, mais tout de même. Conservons l'anonymat du membre du gouvernement en question, car là n'est pas le problème. Plus insidieux que le conflit d'intérêt, plus rampant que l'abus de bien social : la complète déconnexion ou perte de réalité, des élites de la fonction publique. Biberonné avec leurs homologues du privé, passés par les mêmes écoles, ils ne connaissent plus de frontières.

C'est ce que montre magistralement Zygmunt Bauman avec sa modernité liquide, notre époque se caractérise par sa liquidité permanente, son absence de digues morales ou physiques. Avant, les grands commis de l'Etat s'enorgueillissaient d'être des grands commis de l'Etat, satisfaits de leur traitement et méprisaient les laquais des intérêts privés. Le rapport ne s'est pas inversé car le politique garde en France cette fascination monarchique qui pousse toutes les puissances (financière, intellectuelle, militaire) vers elle. Mais les très hauts fonctionnaires n'ont plus ce respect absolu pour leur mission : ils s'estiment sincèrement déclassés. Car leur référent est le voisin d'a côté. Tel Emmanuel Macron qui juge qu'on ne peut remettre en cause la sincérité de son engagement car il a divisé son salaire par 10 pour venir à l'Elysée, les nouveaux mandarins pleurent au delà de la décence.

Ainsi de ce membre du gouvernement, très haut fonctionnaire de son état. La personne qui partage sa vie occupe peu ou prou les mêmes fonctions. Un rapide calcul permet de voir qu'ils gagnent environ 25 000 euros par mois. Ce membre du gouvernement déjeune avec François Pinault qui lui explique doctement quelle est sa cote dans le privé, désormais. Stupeur, c'est beaucoup plus qu'actuellement. Ma question est : et alors ? Avec 25 000 euros par mois, un couple doit pouvoir s'en sortir, non ? Surtout un couple aux prétentions progressistes. Mais le membre du gouvernement eut l'impudence d'aller déjeuner chez Laurent (le site internet du restaurant m'informe que le déjeuner y est à 180 euros....) avec quelqu'un que je connais, que je fréquente et qui m'a expliqué que ce membre du gouvernement n'était pas insensible aux paroles de Pinault car "besoin d'argent'. Et 25 000 euros, c'est de l'argent de poche ? 

Ces nouvelles élites sont post sartriennes, pour elles l'indécence précède l'essence. 

31/08/2014

L’air n’est pas plus respirable, au contraire

aire-irrespirable-capital-rusa-agosto_PREIMA20100809_0099_5.jpgJe me souviens sans peine. C’était le 6 mai 2012 à 20h02. Déjà délesté de mes illusions sur Hollande président de gauche, je trinquais avec nombre de comparses qui me remontaient le moral avec un argument de bon sens « allez, au moins, l’air sera plus respirable ». Pas faux. Plus de discours de Grenoble, plus de mouton égorgé dans la baignoire, plus de « casse toi pauvre con ». Une France toujours libérale, mais réconciliée, c’est bien le moins. Or, 28 mois après, je crains que ce ne soit le contraire. Via trois exemples, au moins.

Sur le mariage pour tous, réforme même pas de gauche, mais progressiste, Hollande est coupable d’un pourrissement sans nom. Qu’on aime ou pas ce genre de réforme, on assume ses convictions et on la passe d’un coup comme on arrache un sparadrap. Un an. Un an de débats émaillés d’horreur telles que « la liberté de conscience des maires ». Un an à faire émerger les remugles homophobes qui pourrissaient depuis des années, étouffés par un effet positif du politiquement correct. Résultat, les homophobes de tous crins se disent baîllonnés. Imagine-t-on les tenants de la peine de mort venir hurler ? Bah non, Mitterrand l’a fait passer en trois semaines et les tenants de la guillotine ont fermé leur gueule et accepté le sens de l’histoire. Mais ce benêt à dû croire que laisser le débat longtemps galvaniserait ses soutiens. Quel aigle de la stratégie…

Sur l’immigration… D’accord nous n’avons pas d’Hortefeux condamné, de Morano tonitruante ou de Besson en réincarnation de Marcel Déat. Mais après ? Valls, puis Cazeneuve ne nous expliquent-ils pas doctement depuis plus de deux ans que l’alpha et l’oméga de la délinquance ce sont les roms et les musulmans ? Bah si. Ils reprennent les causes identitaires, montent les uns contre les autres, parlent « d’ennemis de l’intérieur » voient des terroristes en puissance partout et semblent avoir complètement oublié toute cause sociale à la délinquance. Plus de police de proximité, plus de réponse urbaine, plus de renforcement des transports pour lutter contre l’isolement. Non, envoyez les CRS. Bon…

Sur la politique économique. J’entends des socialistes me dire « mais tu as vu la violence des attaques qu’on subit ? » et je ne sais s’il faut rire ou pleurer. La violence ne peut être que dans le camp de ceux qui ont trahi les idéaux de la gauche en humiliant les grévistes, les intermittents, en culpabilisants les chômeurs et en dénigrant l’impôt… Du temps de Sarkozy, la politique économique était révoltante pour des électeurs de gauche, mais ceux de droite s’en accommodaient fort bien. Aujourd’hui, par réflexe pavlovien prévisible, les électeurs UMP hurlent contre leur propre programme et ceux de gauche pleurent l’occasion ratée. Un torrent de larmes qui ne se tarira pas jusqu’à 2017, notre premier ministre en ayant fait le serment. Décidément, l’air n’est pas plus respirable aujourd’hui qu’hier et au second tour de la présidentielle 2017, chers amis qui avez la chance d’avoir une maison de campagne ou une belle terrasse avec barbecue, vous pouvez prévoir de m’inviter, je n'aurai rien de prévu...