13/09/2020
En vert et contre tous ?
On savait déjà que les français étaient des veaux, mais à ce point, ça laisse pantois : songez que les électeur.rices bordelais.es se sont mobilisé.es pour élire un homme qui a comme seul priorité de sauver les sapins pour noël et les lyonnais.es, un thuriféraire de l'écriture inclusive détestant le Tour de France. Misère...
Si ça ne prenait tant de place, je trouverais cela très drôle. En à peine trois mois, les élu.es EELV sont en train de dilapider leur capital sérieux. Ils ont évidemment une part de responsabilité là dedans. Rubirola la nouvelle édile de Marseille fait partie des anti vax très remonté.es, comme Rivasi. À l'époque où la planète prie qu'un vaccin leur permette de retrouver une liberté de circulation totale, les propos font tousser... Hurmic et Bernard ont effectivement commenté l'avenir des résineux ou du tour et, ce faisant, ont orouvé qu'ils n'avaient pas encore eu recours à des séquences de media training... C'est dommageable. Mais on a tout de même le droit de se demander à qui profite le crime, en l'espèce le procès en perte de crédibilité intenté de partout. La réponse ne mérite pas une enquête bien fouillée : aux tenants du laisser faire environnemental.
Alors qu'on réintroduit les néonicotinoïdes tueurs d'abeilles, qu'on accélère le déploiement de la 5G au nom d'une chimérique égalité territoriale et d'encore plus hypothétiques emplois boostés par les possibilités de télétravail, alors que les aides aux entreprises du plan de relance ne sont en rien conditionnées par des motifs environnementaux, se moquer des élu.es verts est une aubaine pour un pouvoir aux abois sur la question.
La "séquence" de l'enfumage avec une consultation citoyenne où Macron a écarté les seules mesures contraignantes (ponction sur les dividendes pour financer des projets écologiques, 110km sur les autoroutes et réécriture du Préambule de la constitution) pour garder toutes celles plus molles et malléables, tacler les verts est une question de survie. Idem pour le RN et LR, qui mettent en avant leur écologie rurale et traditionnelle, sans OGM (pour le RN), avec une régulation des espèces par les chasseurs, et le refus de la PMA/GPA pour ne pas modifier ce que la nature a prévu. Idem pour le PS tendance Hollande, Le Foll, Joffrin, tous ceux qui méprisent l'évidence de la fin de l'âge d'abondance...
Que Valeurs Actuelles et le Figaro caricaturent les élu.es vert.es, c'est dans l'ordre des choses. Ils sont dans leur rôle, financés par les lobbys fossiles et les constructeurs de bagnoles. Mais que nombre de titres se joignent à la bataille, jusqu'à la curée, c'est mortifère. Car les listes vertes l'ont été avant tout sur des projets de société, pour qu'on respire dans les centres villes, qu'on en vide les voitures et repeuplent de petits commerces, qu'on ferme les centre commerciaux et facilitent la vie des piétons et cyclistes, qu'on révolutionne les cantines pour qu'on y cuisine à nouveau, frais et local. Qu'on monte des coopératives d'énergies propres, revitalise les festivals et ainsi de suite. Quand le sage montre la route vers Cocagne, l'imbécile regarde un référendum sur les sapins...
11:42 | Lien permanent | Commentaires (4)
07/09/2020
En attendant Godot, edit Covid
En cette rentrée, le doute n'est plus permis : après six mois de matraquage paranoïaque, la France est un asile à ciel ouvert et aux portes fermées. La tribu des "nous ne sortirons pas" grossit chaque jour. C'est assez inattendu, les forcenés qui refusent de sortir d'une banque qu'ils viennent de braquer ont une raison, ils ont un magot et des otages. Mais là ?
Eu égard au niveau d'invective qui anime les membres de cette tribu, je précise qu'outre me laver consciencieusement les mains aussi souvent que Darmanin dit des conneries (peut être un peu moins, quand même...), je porte un masque partout où il faut, j'embrasse pas, je suis un bon petit. Ce préambule passé, est-ce que ceux qui refusent de sortir et exigent qu'on nous claquemurent davantage peuvent expliquer ce qu'ils attendent, au juste ?
On peut attendre un vaccin. Poutine dit qu'il en a un, prenez de l'avance, vous testez et vous me dites, son patient zéro devait être Navalny et pour l'heure, le mec est forfait pour les prochains JO... Si d'autres sortent, aucune certitude n'existe sur leur efficacité. Les coronavirus précédent n'ont pas de vaccins... Ballot. La grippe en a un, qui ne marche qu'à 60% et qui continue à tuer 10 000 personnes par an. La grippe est une maladie salement mortelle et contagieuse, quand des collégiens et lycéens chopent la grippe, on ne ferme pas tout le bahut. Et ils savent d'eux mêmes qu'ils seraient sympas d'éviter d'aller voir leurs grands parents, sauf si leurs parents ont un besoin urgent d'héritage. Donc tout miser sur le vaccin, c'est tout miser sur Dupont-Aignan 2022, pas impossible mais sacrément téméraire.
On peut attendre "un protocole fiable". Je suis littéralement estomaqué par tous mes amis de gauche, des profs notamment, qui n'ont pas de mot assez durs pour les bureaucrates, les consultants, les producteurs de normes incapables de pensée critique ou d'évaluation fine qui hurlent pour avoir "un protocole fiable". Je vois bien l'idée de ne pas se faire poisser comme responsable d'une contamination, mais là encore, attendre un protocole fiable couvrant toutes les possibilités, c'est partir chercher le Graal en tongs ou tenter de trouver du talent chez Eric Reinhardt... Pas impossible, mais hautement plus improbable que Dupont-Aignan 2022.
Il n'y a rien à attendre, on a trop attendu. Les théâtres, les concerts ne sont pas encore réouverts comme ils devraient alors que Roland Garros aura le droit à 11 500 spectateurs quotidiens. 11 500. Pas 10 000, pas 15 000, 11 500, la fausse scientificité se niche dans le chiffre non rond. Tu parles d'une connerie.
Bien sûr qu'il y aura des cas en pagaille, une écrasante majorité d'asymptomatiques, beaucoup de cas bégnins, quelques cas plus graves et même sans doute de plus en plus de morts à mesure qu'il fera froid, qu'on vivre plus clos et rendus plus fragiles par le froid, l'absence de lumière et la fatigue. C'est ennuyeux et ça sera coton pour les hôpitaux, mais ça n'a rien d'une catastrophe, contrairement au dérèglement climatique, contrairement à l'explosion des inégalités scolaires, du tsunami de chômage qui va frapper quelques secteurs mis complètement à l'arrêt par les restrictions sanitaires.
C'est bien la première fois que l'attitude des français me rappelle la fin de Godot :
VLADIMIR : Alors, on y va ?
ESTRAGON : Allons-y.
Ils ne bougent pas.
Ca serait bien qu'on bouge, bordel.
21:05 | Lien permanent | Commentaires (12)
30/08/2020
L'ensauvagement des esprits
Sidéré par les pages et les illustrations de Valeurs Actuelles dessinant la députée Danièle Obono avec des chaînes d'esclave, je me demandais, non pas si c'était légal, mais comment en sommes-nous arrivés là. D'abord, je me suis consolé. Le portrait est violent, mais pas violent comme l'assassinat de Jo Cox, députée travailliste qui défendait le Remain et fut tué par un militant d'extrême-droite pro Brexit. Aux États-Unis, AOC reçoit des insultes violentes comme beaucoup, mais y compris de ses pairs la qualifiant de "pute", ce qui est plus rare... En Allemagne, hier, à l'issue d'une manifestation des opposants au port du masque, quelques manifestants ont adressé un salut hitlérien en direction du Bundestag. À cette aune, ça va en France...
Cela va d'autant plus que Valeurs Actuelles a présenté ses excuses et que toute la classe politique a soutenu Obono ou s'est abstenue de commenter. Pour autant, on aurait tort de penser que l'incident est clos car la fenêtre d'Overton est trop grande ouverte. L'allégorie d'Overton (du nom du fondateur) vaut pour l'ensemble des idées considérées comme acceptables dans le débat public. Fut un temps, le meurtre des patrons abusifs entraient dans la fenêtre, et pas que dans Hara Kiri, dans Libé... Aujourd'hui, même une chemise déchirée de DRH émeut l'opinion, cette fenêtre sociale tient plus désormais du vasistas. Sur les questions sociétales, en revanche, les abus sont d'autant plus tolérées que les propagandistes de la haine avancent sous une pancarte "on ne peut plus rien dire".
Dans un livre édifiant à paraître jeudi, "les grands remplacés" (Arkhé) on plonge avec l'auteur des réseaux de nouvelles extrême-droite, là où l'on appelle Marine le Pen Malika le Pen la gauchiasse. C'est dire. L'outrance permanente est leur mantra. Ils font toujours dix pas en avant vers la droite et seulement neuf en arrière. On les tance, certes, on les fait reculer, re-certes, mais ils gagnent du terrain. Dans le cas Obono, le rédac chef s'excuse pour le dessin, mais maintient le fond de son dossier (opportunément grimé en fiction) : l'un des drames mal connus des français c'est que nombre de noirs furent inhumains avec les noirs pendant l'esclavage. Et grâce au bad buzz, il est invité partout pour proférer 30 secondes d'excuses, puis 5 minutes de révisionnisme historique. Je ne nie pas que des noirs se sont comportés comme des ordures avec d'autres noirs, aujourd'hui encore nombre de marchands de sommeil de migrants sont des migrants eux mêmes. La misère n'est pas toujours mère des vertus...
Mais ce que Lejeune oublie de dire c'est que les donneurs d'ordre de la traite des Noirs, les initiateurs, les continuateurs de cette atrocité historique étaient des blancs. Les responsabilités sous cette période ne font heureusement plus débat depuis des années entre historiens, et hop, opportunément, Valeurs Actuelles instille un doute sur le récit. Avec #MeToo, s'en suivait une dénonciation de systèmes patriarcaux, et hop ils sortent une Une mythique "les nouvelles féministes, elles cassent l'ambiance en soirée".
On aurait tort de croire, bis, que ça n'est "que" Valeurs Actuelles. Macron a accordé un long entretien à Valeurs Actuelles. Il a rouvert le Puy du Fou. Il n'a jamais accordé de long entretien à l'Humanité et autres... L'ensauvagement dont on glose beaucoup aujourd'hui commence plus souvent par les cerveaux trop disponibles...
20:08 | Lien permanent | Commentaires (0)