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29/12/2011

Comment les éditocrates retourneront-ils leur veste si Hollande gagne ?

403e9e2026f7ec40f1fed0c7c2a9886a.jpgCe qu'il y a de proprement stupéfiant ces temps-ci, chez nos commentateurs politiques, c'est le peu de cas qu'ils font de l'adage populaire invitant à ne pas insulter l'avenir. Qu'est-ce qu'ils lui mettent à Flamby ! Ca, il est rhabillé pour les vingt saisons de son quinquennat, pas la peine d'aller dans les boutiques entre deux sommets internationaux, Hollande s'en prend plein la gueule, plus qu'aucun autre  candidat.

Le sujet n'est ni nouveau, ni spécifiquement français. VGE était déjà moqué comme Kennedy, mais les journalistes d'hier comme d'aujourd'hui ont toujours trouvé à n'importe quel impétrant (Montebourg toujours) une ou deux qualités histoire de pouvoir se retourner au cas où. Même Mariano Rajoy, l'adversaire de Zapatero était réputé "sans charisme profond, mais réfléchi, rassembleur et travailleur, de nature à rassurer les marchés". Le service minimum du compliment en marche. 

En France, en 2007, les médias étaient dans une écrasante majorité sarkozystes. Certes, pour autant ils vantaient la fraîcheur de Ségolène Royal, sa capacité à renouveler les thèmes de campagnes comme les équipes ou encore son attention à d'autres thématiques ramenant vers le PS des franges de l'électorat massivement abstentionnistes. Si elle avait été réinvesti par la primaire, nul doute qu'elle aurait eu droit à des compliments. Idem pour Aubry, radicale sur sa ligne à gauche; Valls et sa modernité ou même Montebourg et ses réponses profondes à la crise même si dangereuses pour les marchés. Seul Jean-Michel Baylet aurait sans doute bénéficié du même égard médiatique que François Hollande alors que l'un a réuni 1% des électeurs de la primaire contre près de  60% pour le vainqueur. Est-ce bien raisonnable ? Ce d'autant que lorsqu'on descend dans le fameux "quali" Hollande est considéré comme "le plus crédible", "le plus compétent" ou encore "le plus honnête" et cela n'est jamais ô grand jamais repris. Etonnant, non ? 

Que nous disent les gazetiers aujourd'hui sur le candidat socialiste ? Sans charisme, sans boussole, incapable de trancher, dépassé par les enjeux internationaux, pas vraiment écologiste, pas ferme sur la délinquance, dépensier, manquant d'envergure... J'en oublie sûrement. Pour autant, dans toutes les enquêtes d'opinions, qu'on les aime ou pas, le corrézien continue de soigneusement pilonner toute l'opposition. Les français sont-ils des veaux ? Je ne crois pas. Je pense plutôt que les éditocrates ont perdu les pédales et qu'à part les plus louvoyants et les plus fous d'entre eux comme Christophe Barbier, ou les plus timorés et Tartuffe comme Alain Duhamel, ils auront du mal à retomber sur leurs pattes. Même des antisarkozstes primaires comme FOG tirent à boulets rouge sur Hollande avec son Point, je passe évidemment un voile pudique sur le Figaro, car la Pravda était moins élogieuse pour son leader que ce qu'est devenu ce titre depuis que Mougeotte le préside. 

De l'autre côté du spectre, si Nicolas Demorand est un allié d'Hollande, je suis curé. Depuis qu'il a acquis une certaine surface sur France Inter, il balade son arrogance en bandoulière et s'est mis comme un imbécile à penser avec la doxa, ce qui fait que lui aussi crible le candidat Hollande de défauts. Surtout, comme l'ensemble des autres éditorialistes cumulards, plus personne ne semble trouver une seule qualité à François Hollande. Celui-là même qu'ils chouchoutent dans l'intime car il est sympa et drôle. Mais l'époque n'étant ni sympa ni drôle, on préférerait du sang, du fric, de la rage ou de la haine. Or, Hollande est mou. Il n'a pas 200 femmes derrière lui, une vague histoire de SCI à Mougins avec son ex compagne, mais pas de vrai pognon. Même chose face aux mafieux du PS, il n'est ni avec Guérini et Kucheida comme Aubry qui les a couvert, ni contre comme Montebourg qui s'expose. Non, il est au milieu du gué. Jamais sa réputation de culbuto n'a été aussi justifié. Et les éditocrates ont furieusement peur de s'ennuyer avec un culbuto. Après 5 ans avec un érostrate affolé par le clinquant et avoir connu la possibilité d'un queutard invétéré, la perspective du gluant ne fait pas rêver. Par un troublant effet d'assimilation, les commentateurs se sont mués dans ce qu'ils dénoncent : leur critique d'Hollande est de la mélasse et cela semble relativement inextricable.

Aussi, si l'homme du Tulle s'installe à l'Elysée en mai prochain, il risque d'être à nouveau amusant de lire la presse pour voir Tartuffe dépassé avec des contorsions à même de faire passer les zigs du cirque Romanes pour des types raides comme des saillies... Rien que pour ça, je serai heureux de voter Hollande. Enfin, au second tour bien sûr.

27/12/2011

L'incroyable Turc est-il un super zéro ?

news_illustre_1304967352.jpgQuelle connerie la guerre, Barbara. Quelle connerie les lois qui les révisent, les revisitent et les recomptent aussi ? Tout d'un coup, la France se sent monter une poussée de fièvre anti lois mémorielles; après les avoir enfanté. Pourtant, personne ne remettrait en cause la loi Gayssot, tout le monde l'applaudit même. Oui, mais alors, allez plus loin ? Pourquoi les arméniens et pas les vendéens s'insurgeait avec force l'ineffable Pascal Boniface. Celui-là qu'il se fasse embaucher par Al-Jazeera pour commenter du foot et qu'on en parle plus...

Parce que le ver est dans le fruit de la loi Gayssot, soit on légiférait très largement en condamnant tout outrage à l'objectivité historique (concept oiseux) et toute atteinte aux distinctions par race ou religion (complexe aussi) soit on fait du distinguo. C'est le cas de la loi Gayssot: elle condamne "le racisme et l'antisémitisme" pourquoi pas "le racisme et la sinophobie" parce que la Shoah. Entièrement d'accord. Il s'agissait par la suite de se demander s'il y avait d'autres fâcheries mémorielles concernant directement l'hexagone. Le génocide des indiens a bien eu lieu, mais c'est aux Etats-Unis d'Amérique de s'en débrouiller. Balayons devant notre porte.

Alors, l'indignation sélective du parlement français fait jaser. Pourquoi diantre aller s'enferrer la dedans ? Ce, d'autant qu'en 2001, le gouvernement Jospin avait été plus brave que les autres en reconnaissant le génocide arménien. Fermez le ban, 10 ans après Badinter dit de la nouvelle loi qu'elle est anticonstitutionnel et il semblerait que l'opinion publique se soit retournée comme une crêpe. Foutez nous la paix avec les arméniens ! Comment expliquer ce virage 180° ? Le différentiel reste le même : la France reconnaît le génocide, c'est à dire 1,5 millions de morts et surtout la volonté d'exterminer tous les arméniens quand les turcs parlent de 500 000 morts, liés à des conflits. C'est une négation pure et simple de la notion de génocide, bien distinct de celui de conflits, même sanguinaire. En cela, les accusations d'Erdogan, de génocide Français en Algérie, sont malvenues. Pour autant, ces foucades n'ont rien de surprenant et à elles seules justifient la volonté de légiférer : ne pas baisser la garde face à la Turquie.

Car la Turquie a un sens de l'humour très limité comme l'a rappelé, naguère, l'attentat et accessoirement le piratage du site internet de Charlie Hebdo. Ce phénomène avait mis au grand jour les méthodes musclées de ceux qui se présentent indument comme les héritiers du kémalisme: une censure extrêmement présente. En Turquie d'abord, ou Erdogan a adressé des amendes démentielles aux principaux médias d'opposition et hors des frontières avec des pirates du net qui flinguent à tout va. Aujourd'hui, c'est Valérie Boyer, députée UMP du Var qui est menacée de mort et de viol. Une attitude tolérable ? Evidemment non. La France va t'elle gueuler pour autant ? Non, quelques députés, bien sûr, mais pas plus. Car la Turquie gronde la France et menace au porte monnaie, le MEDEF turque vient en France pour prévenir que cela suffit. Juppé va devoir calmer le jeu. 

Il faudra calmer le jeu car la Turquie est une des économies les plus dynamiques au monde. Avec la Russie et la Chine, trois des quatre BRIC apportant la triste illustration de ce que tout le monde sait: les marchés n'aiment rien tant que les régimes autoritaires où les travailleurs seront bien tenus. Erdogan musèle les médias, intimide les opposants politiques et rend l'Islam d'Etat de moins en moins modérés. A Beyoglu ou Galatassaray, au coeur d'Istanbul, on trouve un quartier gay et les Ipad sont sur toutes les tables de cafés, mais en s'écartant de quelques kilomètres et parfois quelques hectomètres, on est plongé quelques siècles en arrière et le fait d'être une femme est gageure de complexité existentielle... 

L'incroyable Turc, avec sa croissance à 10% et son rôle de tampon entre l'Europe et le monde Arabe est très courtisé. Mais il y a des limites. Quand le même Erdogan se rend en Allemagne pour tenir meeting devant une salle chauffée à blanc en leur intimant de ne pas s'intégrer, mais au contraire de construire la panturquie, il faut se méfier, il y a des précédents douteux dans l'histoire. En France, la communauté turque, très implantée dans certains territoires français, fait également baliser les élus, qui courent après un électorat qu'ils pensent facile à capter. Dans "Banlieues de la République" de Kepel, "fractures françaises"' de Guilluy ou encore "le déni des cultures" de Lagrange, la communauté turque est systématiquement traitée à part par les scientifiques: moins délinquants, plus travailleurs, ils produisent plus de richesses donc sont choyés. Pour autant, ils sont plus que tout autre dans une logique de séparatisme : refusant d'épouser des non-turcs (j'ai conscience du non sens quand les turcs sont nés en France, mais ce sont les termes employés) et fructifiant une économie en circuit fermée. Tout cela pour ça: ne pas condamner les turcs car ils représentent une importante communauté ? Mais une communauté communautariste à outrance. Or, le communautarisme n'a jamais servi la communauté nationale. Rien que pour cela, cette loi a sa raison d'être : rappeler à l'incroyable turc qu'il est aussi un super zéro de l'ouverture d'esprit et du dialogue. 

25/12/2011

Sciences-Po, ennemi public n°1, est-ce bien raisonnable ?

images.jpegEn cette fin d'année, ce n'est pas l'esprit de noël qui anime une curieuse coalition hétéroclite qui tente de nous faire croire que sciences-po est la pire des saloperies qui gangrène le modèle social français.

Ca a commencé par une attaque en règle sur Mediapart de Jade Lindgaard, puis a enflé par un piratage du mail de Descoings où le faussaire faisait dire à tous les étudiants qu'il démissionnait et le 24 décembre un haut conseiller du gouvernement, courageusement anonyme s'est fendu de cette ridicule tribune sur Atlantico : http://www.atlantico.fr/decryptage/sciences-po-paris-elit... 

Je ne suis pas certain d'être un thuriféraire de la direction de la rue St Guillaume, notamment pour le côté comm' à outrance, mais tout de même, peut-on être sérieux deux secondes ? Le début de l'article est charmant: "alors que des révélations sur les rémunérations de ses dirigeants ont fait apparaître un système extravagant de super bonus dignes des traders". Voilà voilà... Pour mémoire, il y est dit que Richard Descoings gagne 23 000 euros par mois et que les membres du conseil d'administration touche 12 000 à 15 000 euros par an. Des traders de la banque de Fangy en Bresse alors... D'accord, Descoings pourrait s'aligner sur un salaire de ministre à 15 000 euros par mois, mais cela ne changerait rien au fait qu'il a, tout en triplant son nombre d'étudiants, réussi à tripler le % (c'est à dire numériquement multiplié par neuf ou quelque chose d'approchants) d'étudiants d'origine modeste. Dans le même temps, toutes les ESC ont stagné ou limite baissé, alors bon... Le directeur de l'ESC Marseille, bonne école mais pas HEC, touche 20 000 euros par mois, donc bon, pourquoi mégoter sur ce salaire là ? Parce que sciences-po reçoit de l'argent public ? Là, ça se défend un peu plus, mais toutes les attaques ont porté au contraire sur une mesure de justice sociale, sciences-po faisant payer les frais d'admission en fonction des moyens des parents. Ces connards de l'UNI sont allés s'étrangler qu'on les taxaient pour payer les parties fines de Descoings. Bonjour le niveau... Que Bernard Ramanantsoa (HEC) rende public son salaire, bonus compris ce doit pas être loin du million et on en recause.

L'autre attaque est bien plus pernicieuse et infiniment plus grave. A la fin de l'article on trouve ceci: "SciencesPo doit s’affranchir de l’illusion qu’il suffit de diversifier les origines sociales d’une élite pour en garantir la pluralité et la représentativité". "Il suffit" ? J'espère que notre ami le corbeau ne dispense pas ce genre de conseil au gouvernement car le mal, le vrai et absolu se trouve là : plutôt que de faire de l'affirmative action comme nous le propose le président depuis cinq ans en organisant une loterie de la misère où il sauve une black (Yade) une beur (Dati) une prolo (Morano) pour la plupart du temps les laisser retomber, l'enjeu ne peut être que de réinstaurer du brassage là où l'endogamie confine au clonisme...

Le modèle proposé par sciences-po n'est pas la solution idéal assurément, mais pour l'heure nous n'avons rien de mieux. Aussi, ceux qui tirent avec une jubilation évidente sur Richard Descoings plus que sur l'école elle même ferait mieux de demander audience au directeur pour régler ça en privé...

Demain, nous reviendrons à des considérations plus nobles comme un calcul du nombre de calories ingurgitées cette semaine quand comme le castor, on a réveillonné 3 fois...