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27/03/2013

13 desserts et l'on en reprendrait encore !

9782070787746FS.gifJe crois que j'avais entendu parler de ce livre pour de mauvaises raisons. Le côté Wunderkind de l'auteure qui avait 22 ans à la sortie de son premier roman (elle en a, depuis, publié un deuxième que je vais m'empresser de lire du coup) était tout ce qui revenait sous les plumes des commentateurs. Or, n'est pas Radiguet ou Sagan qui veut et souvent ces dithyrambes portant sur la seule jeunesse se heurtent à la lecture. J'ai ainsi pu récemment en faire l'expérience en lisant le bavard Defalvard ou en feuilletant l'indigent Sacha Sperling et d'autres Beaujolais Nouveau de chez Gallimard qui à l'instar de l'infâme nectar sont sympas pendant 10 pages, mais qu'on délaisse bien vite de peur d'avoir mal au crâne.

Aujourd'hui, de façon stupide, le premier roman est devenu un genre en soi, même le second qui a désormais le droit à un prix (remporté par Camille Bordas, d'ailleurs). Sous la plume de critiques ineptes, certains très beaux romans sont ainsi ramené à leur catégorie, comme s'ils étaient des espoirs ou des juniors. A contrario, lorsque nombre d'auteurs sexagénaires reconnus commettent des bourdes monumentales en essayant de singer le rythme de jeunes plumes, personne ne leur dit qu'ils écrivent "comme dans des premiers romans". Fermons le ban sur le sujet, il faudrait un livre entier pour compiler leurs conneries en la matière, ne nous énervons pas. 

Bref, un je ne sais quoi dans la rédaction de la 4ème de couv m'incitait à aller voir plus loin que la mention "premier roman". Ou plutôt à aller voir 230 pages en arrière. J'entamais d'un oeil gourmand et, comme lorsqu'on vous lâche devant un buffet de religieuses au chocolat, j'engloutissais tout en une fournée. Impossible de se réfréner d'emblée. La voix du père est drôle et faible (il est mourant) et bien vite lui succède celle de sa fille, merveille d'intelligence froide, de cynisme cru. Si ce devait être 13 fois le même dessert, ce seraient des vols au vent. Pour le nom. Tout est incroyablement léger dans la trame où l'ont virevolte parmi les embuches (son père meurt, donc, son frère va en prison). De longs articles nous explique doctement que la jeunesse de 2010 contrairement à celle de 68, ne sait plus rêver et ne pense qu'à s'indigner. Là, au contraire, Bordas nous parle d'amour, de voyages, d'absolue liberté avec une fraîcheur qui claque violemment les joues de messieurs les censeurs. Je m'en voudrais d'en dévoiler plus, ce serait gâcher ladite fraîcheur. Je n'avais pas connu pareille sensation depuis les romans de Rezvani. Si vous tombez dessus par hasard, n'hésitez pas un instant.

24/03/2013

Hollande et la logique Buisson

Panneau-Sens-obligatoire-tourne-a-droite-Europ-B21C1E.jpgEt si le maître à penser de François Hollande était Patrick Buisson ? "Non, pas possible" s'écriront en choeur tous les militants qui ont porté l'homme normal pour en finir avec les dérapages incessants de l'ancienne majorité sur l'identité française. Bien sûr, hormis l'infâme Manuel Valls, il y a moins de sorties sur les Roms, les Maghrébins et autres immigrés. C'est pour le mieux. Le climat s'est apaisé, entendu.

Mais l'autre spécificité de Patrick Buisson était, selon le bon mot d'un sondeur dont j'ai oublié le nom (tous les mêmes) d'être un GPS qui disait toujours "au prochain carrefour idéologique, tournez à droite". Or, depuis bientôt un an qu'il est au pouvoir, Hollande emprunte la même voie.

Sur le traité européen revisité, le mécanisme européen de stabilité, le grand soir fiscal qui ne viendra pas, le crédit compétitivité impôt dont on se félicite au MEDEF, l'accord sur la flexibilité de l'emploi applaudi par Laurence Parisot... Plus, bien sûr, la politique sécuritaire de Valls qui ne déroge en RIEN de celle de Guéant. Trahison éternelle des idéaux de gauche. Il y a bien la loi de Taubira sur le mariage pour tous, mais tous les vrais libéraux sont pour, il n'y a pas non plus de quoi se relever la nuit... Fatalement, une telle politique infecte devait finir par causer des dégâts...

Oui, bien sûr, les propos de Delapierre traitant Moscovici de "salopard" et les envolées de Mélenchon sur la "finance internationale" et la "pensée française" sont malvenues, maladroites, débiles... Oui Méluche s'enfonce dans son personnage qu'il a crée et abuse d'une rhétorique navrante née de son "qu'ils s'en aillent tous". Cela ne le glorifie pas.  

Néanmoins, néanmoins, néanmoins. On ne peut laisser les socialistes et Copé fourrer les électeurs du Front de Gauche et le FN dans le même sac... Les électeurs du FN n'ont pas voté Sarkozy au second tour seuls 51% d'entre eux ont voté pour lui et 14% ont même voté Hollande. Les électeurs du Front de Gauche ont voté à plus de 90% pour Hollande et les autres se sont abstenus. Ces 4 millions d'électeurs ont joué le jeu de la démocratie, ont poussé à l'alternance et soutenu l'idée que l'un valait mieux que l'autre : pas de bonnet blanc et blanc bonnet en 2012. Aujourd'hui, cette sémantique remonte à la surface mais à la lumière crue des faits... La colère est mauvaise conseillère verbale, mais il faut chercher à en comprendre l'origine...

 

22/03/2013

Revoir le match un an après

ca-m-emmerde-ce-truc-1.jpgJ'avais lu des papiers plutôt laudateurs sur ce livre au moment de sa sortie en octobre dernier. Mais j'avais décliné, la tête encore trop farci de cette interminable matraquage de la campagne présidentiel. Quelques mois plus tard, nous n'en sommes plus là. La guerre Copé/Fillon est passée par là, le Hollande Bashing est devenu un sport national (voir inter) et Sarkozy s'est vraiment imposé une cure de silence médiatique tant et si bien qu'aujourd'hui, le match est loin.

C'est donc avec un cerveau neuf que j'ai lu d'une traite ce très bref livre qui retrace les 15 derniers jours de la campagne 2012. Les 2 journalistes, Vigogne et Mandonnet sont très très bien informés. C'est l'avantage du livre, le point de vue intimiste. Non plus le Sarkozy des foules, des caméras, des meetings. Non, celui du cercle 1, les 10 proches et Carla. Les 3 proches même, Emmanuelle Mignon, Pierre Giacometti et Jean Michel Goudard qui acceptent de l'entourer pour cette anti-nuit du Fouquet's où il rumine sa défaite. Tout un symbole, il finit son règne avec une cheftaine scout sans scrupule, un sondeur et un publicitaire...

C'est la force du livre : nous montrer un misérable. Un boxeur les yeux explosés, qui moulinent dans le vide, à la desperado. A part Patrick Buisson, la plume Camille Pascal et les 3 cités plus haut (et Copé...) tout le monde (même parfois Claude Guéant...) est gêné pendant ces 15 jours. Guaino éructe, NKM enfonce son cou de cygne dans ses vestes Vanessa Bruno, Jupé reste en réserve et Fillon est aux abonnés absents. "Il a tout fait", cette rengaine revient inlassablement : l'appel -faux et archi faux- des 700 mosquées à voter pour Hollande, insinuant même que Tariq Ramadan soutenait Hollande. La séquence sur le "vrai travail" qui hallucine jusque chez les militants UMP ou le clip de campagne du second tour cette immondice où ils ont mis un panneau "douane" écrit en arabe quand il parle de frontières (au bout d'1min 36, ). Là, tout le monde est frappé de dégoût. Comme Claude Chirac qui répond que jamais son père n'appellera à voter pour ces idées là. Ce que cet homme a osé pour tenter de conserver le pouvoir est tout bonnement inimaginable, une campagne inouïe de démagogie, de folie clivante et de tentative de lobotomie collective. Il avait perdu tout contact avec la réalité et Carla Bruni l'aidait en trouvant que la France est un pays de cons qui se permet d'ignorer le génie de son mari.

Amusant hasard du calendrier, l'ex a été mis en examen pour abus de faiblesse. J'ignore évidemment ce que donnera la décision de justice, mais en lisant ce livre, on serait tenter de lui intenter le même procès, non pour Madame Bettencourt, mais pour le peuple de France dont il avait la bouche pleine... Quand on déprime de voir ce que nous avons, on peut se consoler en repensant à ce à quoi nous avons réchappé.