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19/03/2013

Le web renforce-t-il l'entre soi ?

De-Toulouse-Lautrec-Mapie-Et-D-assailly-Gisele-Savoir-Recevoir-Entre-Soi-Recettes-Rapides-Livre-864436588_ML.jpgDans une excellente revue pilotée par une marque (billet non sponsorisé, mais faut reconnaître), SFR Player, je découvrais une anthropologue décapante, Danah Boyd. Malheureusement pour moi, je découvre que l'ensemble de ses travaux de recherches sur les réseaux sociaux paraîtront l'an prochain, dans l'édition américaine. Je n'étais plus habitué à pareil décalage. Généralement, la force de la réclame est telle que les auteurs demandent à être interviewés le jour de la sortie de leurs ouvrages. Là, non. 

L'anthropologue a des propos tranchés, assez amusants sur les raisons de l'engouement des ados pour le web, "ce monde dont ils savent exclure les adultes, la quête ultime de tout ado" et plus profonds sur l'homogénéité des cultures et profils. Elle montre qu'à rebours de la raison, les équipes de chercheurs se constituent souvent parmi des gens aux profils similaires alors même que toutes les équipes transdisciplinaires et issues de différents milieux sociaux ont de bien meilleurs résultats que les autres. Mais, et c'est cela le pompon, les équipes les moins homogènes craignent d'être moins efficaces que les autres. Une espèce de tentation naturelle au repli sur soir à rebours de l'évidence de la qualité du travail... 

Confirmation dans le décapant au début et bien plus poussif par la suite (n'en déplaise à l'auteur que j'ai entendu à la radio où il défendait son livre avec une modestie franchement absente) La démocratie des Crédules où le sociologue Gérald Bronner observe l'Internet. J'y ai notamment appris, ce qui m'a profondément navré, que 94% des lecteurs de blogs politiques ne lisent que ceux dont les opinions politiques sont proches des leurs. Une consanguinité idéologique malsaine. Premier cours avec mes étudiants, l'une de mes premières exhortations consiste à leur dire de lire Zemmour et Marris, Hayek et Marx, Laine et Zyjek ou Bauman, bref, écoutez ceux qui sont hors de la boîte. J'ai moi même une passion pour le blog d'Ivan Rioufol, merveille de vrai réac facho comme on produit plus guère. Mais, effectivement , quand je prends quelques secondes pour parcourir les centaines de commentaires sur chacun de ses posts, ce sont généralement des zélateurs de Rioufol qui l'exhortent à poursuivre sa campagne de dénonciation radicale des méfaits des immigrés en France et du caractère dispendieux de notre modèle social. J'imagine qu'il en va de même avec le blog de JL Mélenchon et autres. Au-delà de la seule question de la politique, La Démocratie des crédules souligne à quel point les communautés de croyance se rassemblent sur Internet : les amateurs d'astrologie et de thèses complotistes d'un côté, les rationalistes de l'autre. Mais loin de réussir un cocktail de savoir, le shaker Internet est un puits de connaissances sans fond où les savoirs s'empilent et s'accumulent mais sans se mélanger, et les badauds boivent les ingrédients qu'ils souhaitent sans jamais -ou presque- en tirer le nectar. Et contrairement à l'alcool, c'est l'absence de mélange qui nous donne cette gueule de bois sociale.

Au final, tristesse comme jamais d'imaginer que l'outil le plus puissant de connaissance jamais conçu, rassemblant tous les savoirs, toutes les opinions ne servent pas plus la cause du vivre ensemble. Du coup, demain, nous reviendrons à l'essentiel en attendant le printemps.

16/03/2013

L'Etat, un patron voyou ?

voyou-1970-04-g.jpgPour quiquonque croit encore en la puissance publique, le simple fait d'écrire un titre pareil est un crève coeur. Mais je dois reconnaître que 150 jours pour être payé d'une mission où il était écrit par contrat que le règlement s'effectuerait après 30 jours ce sont des méthodes de margoulins.

Dans ma carrière indépendante, entamée il y a un peu plus de 3 ans, j'ai travaillé avec tous types de structures. Petites et grosses associations, collectivités locales, groupements d'entreprises, grosses boîtes, acteurs du CAC40 ou encore fondations. Généralement, pus la structure grossit, plus il devient délicat de se faire payer vite car l'on quitte l'échelon humain du comptable (ou de "la personne qui gère la compta" dans des toutes petites structures qui n'ont pas salarié cette fonction) pour muter vers "le service compta". Là, on se perd souvent dans un maquis de références, codes, chiffres et procédures, mais bon an mal an, ça finit par arriver.

Les seules fois où j'ai eu des tracas, c'était lorsque mon client se nommait Etat, sous l'une de ses déclinaisons. J'ai rédigé plusieurs rapports annuels d'une grosse agence publique et n'ai du mon salut qu'à ce que l'Agence de communication qui m'employait me réglait rapidement, en me confessant que la puissance publique n'avait pas cru bon d'en faire autant.

Pour la dernière mission, j'étais en cavalier seul et le 19 octobre, j'envoyais ma facture pour clore notre relation professionnelle qui ne devrait jamais se renouveler. Sans génie, sans heurts non plus, tout allait bien. J'aurais donc dû être payé au 19 novembre et comme je déménageais dans ces eaux là, je mis quelques semaines à réaliser que le versement n'avait pas eu lieu. Je relançais, ils cherchaient, trouvaient. Miracle. Là, on m'expliqua qu'il y avait eu un vice de forme et qu'ils avaient égaré ma facture. Re 3 semaines. Alors, je voyais le truc s'enfoncer dans un embrouillamini sans fin, je décidais de me lancer dans une petite expérience mensongère pour voir à quel point une réponse humaine pouvait venir. La somme était relativement importante, sans doute plusieurs mois de salaire pour la personne que j'avais au téléphone. (Sans doute pour ce que j'avais fourni comme travail, mais ça c'est un autre débat : l'Etat est parfois un patron idiot, c'est eux qui m'ont donné ce tarif). Alors, je lui expliquais que j'étais travailleur indépendant, que ça représentait beaucoup et que mes créanciers (sic) commençaient à s'impatienter. J'avais un être humain au téléphone qui ne l'était pas et qui me répondait "votre commande est en cours de traitement, les délais sont longs". La femme cessa de me prendre au téléphone et me répétait la même chose par mail. Impossible d'obtenir une date. 

Excédé, j'ai demandé à un ami un mail de type de menace avec envoi de recommandé avant "action judiciaire" pour obtenir recouvrement avec délais de retard. 3 jours après ce mail, sans l'envoi du recommandé A/R, la somme apparaît donc sur mon compte. Tant mieux pour moi, mais c'est tout de même épuisant de passer par là et navrant du manque d'humanité de l'Etat dans le règlement d'une question vitale.

Dans mon cas, problème de riche, la somme n'était pas vitale, mais au même moment où je voyais clignoter le virement, je lisais le Monde et les articles sur les problèmes des chômeurs qui, même de bonne foi, continue de percevoir des indemnités de Pôle Emploi qui, quelques mois après, leur envoi un simple courrier réclamant les milliers d'euros de trop perçus sans autre forme d'explication. Si cela s'entend pour les finances publiques, on voit ce qui peut arriver à quelqu'un qui a connu une période difficile et n'a peut être pas penser à mettre de côté tous ces trop perçus et se retrouve soudainement dans une situation économique très délicate.

L'exemplarité des acteurs publiques est une thématique de plus en émergente. Il serait bon que l'on étende cela aux acteurs publiques. Renseignements pris autour de moi, tous mes copains indépendants sont toujours plus mal payés par l'Etat que les autres. Quand au droit social, l'Etat ne se distingue pas, loin s'en faut, par son caractère vertueux. Recours massif aux CDD, invention d'autres contrats précaires et flexibilisation des parcours toujours plus fortes. Sans doute le statut de fonctionnaire est il trop protecteur, mais ce n'est pas une raison pour fouetter les centaines de milliers (voir les millions) de personnes employées hors ce statut qui elles aussi, servent l'Etat.

Demain, nous irons acheter un nécessaire à luminothérapie, parce que ce ciel de papier mâché, c'est plus possible.

13/03/2013

L'esquive n'est pas le refus d'affrontement

76430370.jpgPassée les cinq minutes perdues à rire -beaucoup- et à pester -un peu- contre la débilité du propos, j'ai du me rendre à l'évidence : Julien Dray était sérieux. Quand il explique () à Jean-Luc Mélenchon que "jamais dans l'histoire une gauche n'a gagné en tapant sur une autre gauche" cet imbécile le pense. Julien Dray, ce cuistre qui se pique d'humanités en articulant quatre hénaurmités syntaxiques toutes les trois phrases. D'une vulgarité sans nom quand il parle de fric (les toquantes) de cul (peut être pour ça qu'il avait invité DSK), mais bien pire, d'une vulgarité sans nom quand il s'essaie aux grandes idées ou à la culture, toutes choses qui lui sont étrangères. Dans l'interview en question, il atteint le point Godwin en quelques minutes en expliquant le plus sincèrement du monde que la posture du front de gauche est la même que celle qui fut à l'origine de l'avènement d'Hitler en 1933. Olé !

Je ne comprends pas pourquoi Dray a refusé l'offre de Sarkozy de rejoindre l'un de ses gouvernements d'ouverture. Ca nous aurait fait rire un peu, bien sûr, mais aussi débarrassé de cet apparatchik qui n'a plus de "gauche" que sa carte de militant et son passé. Allons bon Juju... "Jamais ?", "dans l'histoire ?". Mais bon sang de cornecouille ignare : l'Amérique du Sud ça entre dans ton cortex, crétin ? Evidemment, Chavez, on aura des soucis. Morales aussi, posera peut être problème (encore que, il est fort sympathique, ce José Bové aux pouvoirs pleins les mains) mais Lula ? Lula et aujourd'hui Dilma Roussef ne sont pas, que je sache, de dangereux gauchistes. Ils ont réduit la pauvreté, redistribué activement les impôts, scolariser les mômes des favelas, entamer la réforme agraire au détriment des latifundistes et pourtant au second tour des présidentielles successives, ces candidats de gauche se sont  toujours imposés au second tour face à un candidat de droite et un candidat... socialiste. La première fois que Lula est devenu président il lui a fallu écarter Fernando Henrique Cardoso, un social démocrate adepte des thèses du FMI. Franchement DSK/Mosco/Cahuzac compatible. Ballot...

Aussi, quand le même Jean-Luc Mélenchon rappelait pendant la présidentielle qu'Hollande n'avait jamais clarifié sa position sur un éventuel second tour Front de Gauche/UMP, il avait raison. En regardant la ligne du gouvernement aujourd'hui, et c'est regrettable, dans un second tour Mélenchon/Copé, la raison et le programme économique les inciterait à voter Copé au grand dam de millions de socialistes de bonne foi qui ne se reconnaissent en rien dans ces libéraux en goguette au pouvoir. Tristesse quand on sait que les électeurs du Front de Gauche ont voté très majoritairement pour éjecter Sarkozy par l'intermédiaire d'Hollande... 

Dray n'est pas isolé, sondage après sondage et grâce aux guignolades de l'UMP, Jean-Luc Mélenchon (mais plus largement le programme du Front de Gauche) est identifié comme l'adversaire le plus sérieux d'Hollande. Aussi, Cahuzac, Mosco, Sapin et même Ayrault se relayent pour cogner et menacer avec leurs pusillanimité habituelle "si vous continuez, pas d'accord aux législatives". Dans l'affrontement idéologique, l'esquive et la réplique sont autorisés la fuite en hurlant "pouce" n'est guère honorable...