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27/10/2016

Ode à Emmanuel Macron

325px-HugoOdesBallades.jpgContrairement à ce que mon titre pourrait laisser penser, je n'ai pas bu. Une vidéo diffusée hier d'Emmanuel Macron m'a ravi : on y voit le chouchou des dames patronnesses d'Auteuil fustiger le non Wallon au CETA. Merci à lui d'enfoncer le clou en fustigeant ceux qui s'opposent à un texte opaque (ce que même les promoteurs reconnaissent) avec une régression sociale et écologique forte. Merci à lui, car ce faisant il est cohérent : sa loi promouvait les cars (polluants) et un article qui avait fait hurler la presse pour protéger le secret des affaires. Cet homme est contre la transparence et contre les contraintes depuis le début. En cela, il est cohérent avec son passé de banquier d'affaires. Je ne juge pas le fait qu'il ait passé 2 ans (et empoché 2 millions) de Rothschild, au contraire, je dis que 100% de ce qu'il prône depuis favorise l'intérêt de cette caste là. Malheur à ceux qui ne savent pas lire.  

Personnellement, j'ai lu tout son discours de la Mutualité. Il dit du bout des lèvres que "la solidarité ne doit pas être un gros mot, mais à condition de s'accompagner de beaucoup de libertés"'. A peine un demi mot sur l'écologie. Il déplore l'existence d'un continent de plastiques. Mais il s'arrête là, avant de devoir prendre des mesures contraignantes. On a bien compris que c'est sa kryptonite à lui, les contraintes et les normes. 

Quand il critique la loi El Khomri parce qu'elle n'allait franchement pas assez loin en faveur de la liberté des entreprises, on voit de quel côté des barricades l'ex de Bercy se situe. Quand il dit que "la vie d'un entrepreneur est plus dur que celle d'un salarié", on sent qu'il cherche à se faire applaudir dans les abattoirs et dans les entrepôts Amazon où les livreurs se les roulent quand M. Bezos sue sang et eau, lui. Idem derrière sur ses autres saillies "il faut bosser pour s'acheter des costards", "le statut des fonctionnaires est obsolète, il faut en finir avec l'emploi à vie"... On sent le défenseur acharné de la Sociale.

Hier, quand il nomme comme ambassadeur l'ancienne responsable fiscalité des ultra libéraux de l'Institut Montaigne ou une "passionnée de storytelling" qui, comme tous les fanas de la Valley prétend ne pas prendre position sans se rendre compte qu'elle vomit toutes les contraintes et appartient donc aux ultra libéraux, Macron affirme ses choix.

Dans un univers politique où les contours sont trop flous, où des personnages étrangers comme Arnaud Montebourg sont à droite de Juppé sur la fiscalité des starts-up et à gauche de Mélenchon sur le protectionnisme économique, la constance de Monsieur Macron fait plaisir à voir. Une constance ultra libérale et gentiment progressiste, il n'est pro immigration et contre les discriminations. Pas au nom de la justice où de l'égalité, mais simplement parce que comme dit le PDG d'Apple "discrimination is bad for business". Pas du Blanqui dans le texte. Dans une récente conférence, l'économiste Frédéric Lordon comparait Macron a une tomate élevée hors sol. Pour une fois, je serais en désaccord avec le maître : hors sol français, oui, mais 100% OGM américains. A voir si on aime ça... Qu'on ne m'en veuille pas de vouloir jeter ça à la poubelle, je sais qu'à long terme, ça produit des ravages.  

24/10/2016

Un homme qui dit ça ne devrait pas être Président

9782234075481-001-X.jpegJ'ai lu les 660 pages du livre dont tout le monde parle avec une célérité liée à la sidération. Page après page, l'envie irrépressible de se dire "bordel, mais c'est pas possible". Il est impensable que l'actuel locataire de l'Elysée ne réalise pas l'immensité de la méprise qu'il y a à concevoir qu'il est bien notre président. Cet homme n'a aucun sens de l'Histoire, aucun sens du temps long. Il ne pense que "récit", est obsédé par la presse et les couloirs... Quelle honte pour la France. Son prédécesseur avait évidemment abaissé la fonction comme jamais avec des débats ineptes, des amitiés non avouables et une syntaxe approximative. Mais ça n'est pas parce que Sarkozy fut déplorable qu'on doit se voiler la face : en termes de stature d'homme d'Etat, Hollande est de loin le plus mauvais président de la Vème. Politiquement, il y aurait trop de subjectivité à décerner ce titre, mais pour ce qui est de l'incarnation, pas de doute possible.   

Déjà, l'introduction. Comment Hollande qui ne fréquente que des journalistes depuis 30 ans a pu se faire avoir par "Melon & Melon" (Davet/Lhomme) au point de leur accorder 61 entretiens, soit plus d'un par mois, des dîners à l'Elysée et à leurs domiciles et en pensant qu'ils lui laisseraient le droit de se relire ? Confondant de naïveté... La naïveté est d'ailleurs une des dominantes du livre : naïf face à Cahuzac qu'il a cru intègre. Naïf face à Gattaz, lorsqu'il a réellement cru au million d'emplois créés... Naïf, encore pire, face à Macron (au sujet duquel on apprend qu'il a failli intégrer le cabinet de Fillon en 2010, debout la gauche...), qu'il est certain de maîtriser. Risible, s'il n'était Président. Eu égard à la fonction "pathétique" convient mieux.

Au-delà d'être un naïf, c'est un boutiquier politique. Sur le plus grand enjeu de l'histoire de l'humanité, l'écologie, on apprend que l'homme "pense que ça peut être un sujet", MAIS, "sans débouché électoral, donc il laisse Ségolène y aller seule. Quelle vista... Et encore se félicite-t-il d'éteindre les lumières de l'Elysée, depuis 2015. C'est effrayant. Aucune perspective, aucune capacité de projection. On le voit, on souffre, sur l'emploi : aucune planification, aucune vision de relance par l'Economie de la mer, des nouvelles énergies, la création de centaines de milliers de petites exploitations agricoles, de passage à l'ère du revenu universel pour permettre aux aidants familiaux et aux animateurs socio-culturels de vivre dignement de leur engagement bénévole. Rien. Rien de tout ça, juste des tripatouillages fiscaux, des coups de fil à Gattaz et brûler un cierge en attendant que la courbe s'inverse. Ca ne prend pas. Pour lui, si. C'est l'autre enseignement du livre, Hollande pense vraiment que les français sont injustes car "les indicateurs socio économiques vont mieux, et au niveau international, nous sommes remontés". Cet homme ne parle que pour le Financial Times...

On y voit aussi un cynisme absolu : parlant à des électeurs de gauche déçu par la politique économique du gouvernement, il leur explique que "l'important c'est de fixer un objectif, pas forcément de l'atteindre". Mazette... L'homme qui saluait le tournant de la rigueur, en 83, n'a jamais changé, un homme de la 3ème gauche, plus à droite que Rocard, homme de petites synthèses, de petits compromis. Jamais maire d'une grande ville, jamais ministre, Hollande est passé entre les gouttes et éviter le jugement populaire avant d'être directement propulsé président. Nous payons cette méprise historique. Je ne dis pas qu'Aubry aurait crée l'avènement de la Sociale, mais au moins, c'est une femme d'Etat. Qui a une vision et le sens de l'histoire. 

Au fond, une anecdote résume mieux que tout notre actuel président : lorsqu'il prend des vacances, il emporte les articles qu'il n'a pas eu le temps de lire pendant l'année... Une manie conservée de ces années estudiantines. Quelle déplorable petitesse. Lire et relire encore des plumes amies, des plumes connues, se goberger de notes et d'analyses déjà périmées. Hollande est vraiment cela, au fond, l'homme de l'éphémère, du jour le jour, incapable de la moindre projection. D'ailleurs, il confie aux journalistes qu'il a adoré être candidat et regrette que cela ne revienne pas. Avec une troublante similitude avec Sarkozy, ils sont de bons candidats et de mauvais présidents. Pour 2017, il faut à l'évidence changer cela. 

22/10/2016

Alexandre Jardin, le renouveau populiste

Populisme-Coca.jpgUne séquence de l'émission politique de France 2 fut largement reprise et commentée sur internet, celle d'Alexandre Jardin jetant une brique de lait à Bruno le Maire sur le thème "vous avez écrit une brique, je vous en apporte une autre". Ha ha ha, qu'est-ce qu'on rigole. Le plus cocasse était l'ouverture de la rencontre par le même Jardin qui précisait "Nous sommes tous les deux écrivains". Pour avoir déjà subi la lecture de Jardin, Le Maire est écrivain, oui, mais c'est bien le seul des deux.

Ensuite, à quoi a-t-on eu droit ? A un abaissement sans nom du débat public, par la seule et unique faute d'Alexandre Jardin. Pujadas et Salamé auraient du recadrer les choses, mais je crois que ces deux là sont perdus pour la cause, donc arguons que le Zèbre en chef est seul fautif. Que nous dit-il ? Que la puissance publique est technocrate et qu'elle ne soutient pas les initiatives de la société civile. Mazette, quelle originalité, quelle audace, quel flair ! Et surtout, quel esprit de nuance : en somme "les politiques" sont des cons, et "la société civile" est héroïque. Et modeste, quand le politique est infatué. Diantre... 

Les pluriels globalisants sont ineptes et fascistes à la fois : non, "les entrepreneurs" ne sont pas tous des héros en quête de changement de monde, certains veulent juste gagner un max de blé sans regarder le bilan de leurs impacts négatifs. Non, "les associations" ne sont pas toutes mues par de nobles objectifs. Nombre de fondateurs d'assos le font pour se sauver, pour se regarder dans une glace et emmène beaucoup de monde dans leur spirale folle. Franzen a bien montré cela dans son roman "Purity", même les lançeurs d'alerte ne sont pas, par essence, nos nouveaux Spartacus. Il faut de l'esprit critique, de l'auto-critique.

Si l'on revient à Jardin ce qu'il a dit est d'autant plus navrant que ses exemples sont très mal choisis. Il commence par une leçon d'égalité des chances avec Marie Trellu-Kane, fondatrice d'Uni-Cités... Mais de qui se moque-t-on ? Y a t'il une ONG plus soutenue à bout de bras par tous les gouvernements successifs ? Y-a-t-il une démarche plus encouragée, soutenue, appuyée, y compris financièrement par les pouvoirs publics ? Sans doute pas. Sans "les politiques" pas d'Unis Cités. Pauvre con... Ensuite, il moque le projet de le Maire sur l'insertion par l'activité économique (IAE). Il lit le programme de le Maire sur le sujet, relativement austère en lui disant "c'est un monument de technocratie. A 1000 lieues de ce que veulent les français". Ha bon ? Au contraire, l'IAE repose sur un certains nombre de dispositions politiques, des incitations et de la régulation politique. Ce que les entrepreneurs sociaux de ce secteur demandent relève justement de mesures technocratiques. Intelligentes, si possible, mais technocratiques ou bureaucratiques, ce qui n'a rien d'une injure. Ils veulent au choix une augmentation du nombre de postes disponibles en insertion, une revalorisation de l'aide au poste par travailleur en insertion, ou encore des campagnes de sensibilisation de leurs secteurs, de leur métiers ; de la médiation publique, en somme.

Monsieur Manatthan, l'avatar de Benoît Poelvoorde, aimait à dire qu'Alexandre Jardin "effraye par sa prose". C'est exact, mais désormais il ne se contente pas d'écrire des âneries et des fadaises. Il en profère aussi. Qu'il regarde lui même ce qu'il propose et qu'il tourne sa langue sept fois dans sa bouche. La plupart des Zèbres bénéficient, comme pour l'IAE, de beaucoup de subventions, d'aides, d'appuis. Ils en voudraient plus, on en voudrait plus comme pour ce réseau de crèches qui arrivent à réduire les inégalités d'accès au vocabulaire chez les tous petits. Bien sûr qu'on voudrait qu'elles soient labellisées et existent partout en France. On voudrait plus, mais qu'on nous ne disent pas qu'on ne fait rien. "Vous ne foutez rien, nous on sait faire", c'est en rhétorique exactement le discours de Madame le Pen. Ne faisons pas cette insulte aux nobles zèbres qui sont à moitié noir ce qui les exposent donc à une expulsion du territoire si d'aventure cette dame arrivait au pouvoir...