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26/11/2016

L'aberration pour les électeurs de gauche : voter aux primaires... de gauche.

cretin-des-alpes.pngDepuis une petite semaine, donc, les torrents de boue de la gauche gouvernementale continuent d'être déversés sur les malheureux électeurs de gauche qui ont fait ce qu'ils pouvaient, ce qu'ils croyaient juste, en allant voter Juppé pour sortir Sarkozy. Ils ont gagné et là, problème, il y a Fillon dont le programme est tout aussi grave. "Il ne fallait pas vous mêler de ce qui ne vous regarde pas" est l'argument le plus souvent employé par tous les commentateurs bon teint, Laurent Bouvet en tête, qui se demande dans un billet navrant de fatuité (pléonasme, quand il s'agit d'un écrit de lui) "que choisiraient-ils entre Fillon et Marine le Pen" ? Qu'il se rassurer, je n'irai pas voter, plus mon combat, que les réacs et autres se démerdent. Si on mérite le Pen, je vomirai, je ferai ce que je peux pour changer les choses sous un régime ennemi, mais bon, c'est la démocratie, avec ses limites...

En attendant, il y a un second tour. Au-delà des petites phrases et autres chicailleries sur quelques aspects sociétaux, leurs vues de l'état divergent. Ils pensent tous deux qu'il faut réduire l'Etat, les dépenses, le nombre de fonctionnaires et autres, certes. En revanche, six mois de Fillon expliquant qu'il faut tout couper laissera des traces dans les mentalités. Par rapport aux profs, le gouvernement actuel a réussi, à force des efforts les plus louables du quinquennat, a recouvrer des niveaux acceptables de candidats aux concours. Et encore sont ils trop faibles car on a augmenté les places avant de toucher aux conditions d'exercice du métier. Mais que se passera-t-il si l'on envoi le signal que le guichet est fermé pour 5 ans ? Les inscriptions au concours seront en chute libre. Ce, alors que nous sommes dans l'économie de la connaissance ? C'est un non sens. Sur la santé : nous avons des salaires plus faibles que d'autres pays riches notamment parce que notre système de redistribution permet d'avoir des médicaments gratuits. Fillon dit comme Ron Paul : si vous ne pouvez pas vous payer vos médicaments, l'Etat n'a pas à le faire. Il reprend ainsi la maxime de Thatcher "je ne connais pas l'argent public, je connais l'argent des contribuables". Entre ces deux projets de société, je fais une différence et une différence fondamentale. Raison pour laquelle demain, sans fierté, loin s'en faut, sans illusion, j'irai voter Juppé. 

Mes amis me hurlent dessus en disant que "c'est jouer perdant. Mieux vaut infléchir l'avenir en participant aux primaires de gauche". Si ça n'était si pathétique comme argument, j'en pleurerai, mais je préfère sourire. Les primaires de gauche ? Permettez-moi de convoquer John Mc Enroe pour les qualifier : you cannot be serious !

Ce matin, lors d'un événement baptisé "le carrefour des gauches" Claude Bartolone a exigé que Manuel Valls ET François Hollande se présentent à la primaire. Peut-on parler de ficelle ou doit-on admettre qu'il s'agit bien là d'un véritable câble ? Depuis le début, les architectes de manoeuvres grossières nous saoulent avec cette primaire pseudo-ouverte, Cambadélis en tête. L'exercice d'auto-persuasion, d'auto-célébration, de youpi ça va mieux la courbe est inversée venez voter a quelque chose de pathétique. Comme ce sketch interminable d'un oncle de province venu à un repas de famille sans être vraiment invité et, enhardi par trop de whiskeys, se met à raconter une déplorable histoire supposée drôle avec une maladresse qui vous met mal à l'aise. Pourquoi diable aurait-on à subir ça ? 

Ce quinquennat est raté. Ca, tout le monde en convient, à peu près sans exception. Ce quinquennat est une immense sociale-traîtrise, comme jamais dans l'histoire, doublée d'une trahison écologique. Ca, tout le monde n'est pas d'accord. Il y a une frange de l'électorat qui trouve que, enfin, certains efforts de modernisation de la gauche ont été entrepris avec la ligne Macron/Valls et qu'il faut prolonger, voire amplifier cette voie. Ils sont très minoritaires, mais ils existent. Fort bien, qu'ils choisissent celui qu'ils veulent : qu'ils fassent une belote ou un tarot, et que le vainqueur y aille sur la ligne développée depuis 5 ans. En face, il y aura la candidature de la France Insoumise de Mélenchon, pas de confusion possible. Voilà une opposition programmatique mais elle n'aura pas lieu. 

Alors, on nous concocte à la hâte un casting croquignolet pour donner l'apparence d'une pluralité. Gérard Filoche est sans doute sympathique, mais qui peut croire une nano seconde qu'il a plus de chances que Poisson à droite (dans un registre beaucoup plus respectable, hein) ? Marie-Noëlle Linneman est là pour éviter au PS d'être plus misogyne que LR avec une seule femme candidate. C'est hélas sa seule contribution au débat. Inaudible et sans propositions marquantes. François de Rugy ? Non, rien. Restent donc deux candidats dits "différents" : Montebourg et Hamon. Montebourg c'est l'inconstance maximale, c'est l'homme qui pourfend la mondialisation et prend comme directeur de campagne un fidèle des fidèles de DSK, François Khalfon... Tout son programme est à l'avenant : plus libéral que Macron sur la fiscalité du numérique, plus protectionniste que Trump pour protéger nos usines contre les chinois. Navrant. Reste Hamon.

Il est sympa Hamon, il a des idées novatrices et emballantes (sur l'ESS, le revenu de base, les discriminations, le partage, du temps, des richesses, des profits) il transpire sans doute une ligne différente des autres. Bien. Mais Hamon, comme Montebourg, serait encore ministre si Valls ne les avait pas viré en 2014. C'est depuis qu'ils sont hors gouvernement qu'ils se sont soudainement rappelés qu'ils étaient vraiment de gauche, nos amis. On peut dire ce qu'on veut de Mélenchon, mais en 2008, il est parti du parti socialiste quand il a vu que la balance aussi appelée "synthèse" basculait toujours à droite quand ils discutent. Les autres restent, haussent les épaules, prennent des postures et connaissent leurs équilibres internes, mais ça reste du tripatouillage.

Ces primaires sont un congrès du PS, rien d'autre. Pourquoi diable se déplacer, donner de l'argent à un parti qui a méprisé toutes les autres forces de gauche depuis 2012 ? Pourquoi faire croire que la gauche gouvernementale intéresse encore des millions de gens ? Pourquoi s'émerveiller sur ces cinquante nuances de terne qui, de toutes façons, s'auto-convoqueront tous pour faire campagne ? Hamon en tête (prudence, sur les sondages de primaire) comment croyez-vous qu'il composera son équipe de campagne ? Avec 100% de visages neufs ? Soyons sérieux, ça serait plus renouvelé, moins cloné, plus sympa, mais ce manoeuvrier politicien de carrière saura recycler ses copains du PS et tout sera bien gardé. Il n'y a RIEN à espérer de cette mascarade pour les électeurs de gauche. RIEN. Pour ceux qui veulent espérer, il y a le programme de la France Insoumise.   

 

 

 

24/11/2016

Au secours, la Pravda revient !

Cx9U1UjWgAAGSvm.jpgDécidément, on apprend peu de ses erreurs. Souvenons-nous de Nicolas Sarkozy en avril 2007, à cheval, en Camargue. Cow-boy dominant qui chevauchait vaillamment pour faire souffler le vent de la modernité yankee sur la France. Les plans serrés le montraient regardant vers l'infini, inspiré, bonapartien. Après coup, quelques journalistes facétieux avaient révélé l'arrière-plan pittoresque, des journalistes tassés dans un camion qui ajoutaient l'inconfort matériel à l'indigence déontologique. Promis, juré, craché, on ne les y reprendraient pas à suivre benoîtement leur nouveau chouchou. Ils redeviendraient journalistes, sérieux et calme.

10 ans après, bis repetita. Mêmes erreurs, mêmes grosses ficelles, mêmes scénario. Mais nouveaux acteurs. Nicolas & Cécilia ont été remplacés par Emmanuel et Brigitte. 3 couvertures de Paris Match en six mois... Le magazine le plus ringard, le plus dégradant, le plus proche de ce que peut commettre Karine le Marchand. Si les tourtereaux s'y affichent trois fois, c'est pour draguer l'électorat âgé, friand de ce magazine et seul à croire que ce gendre idéal à Polo Ralph Lauren et pull bleu (en termes vestimentaires, Macron n'est ni de gauche, ni de gauche) incarne la transgression politique...

Que ce journal manque de recul, c'est classique, mais France 3 ? Lundi soir, cette chaîne, financée par la redevance et moins soucieuse de sensationnalisme pour cause d'audimat a diffusé un documentaire sur "le météore Macron". On est en droit d'exiger un travail journalistique. Pas un portrait à charge et un peu facile, mais bosser, quoi, écouter des contradicteurs, montrer les failles, les ratés, les énormes outrances (les fameuses 15 "petites phrases", il n'en ressortira qu'une) et les quelques gentils bidonages du CV. Tous les interviewés sont ses amis de conservatoire, de l'ENA, un associé chez Rothscild et quelques autres énamourés. Ha-llu-ci-nant de complicité.

La Camargue 10 ans après revient au galop. La séquence chez les pêcheurs d'anguille est d'anthologie : une nuée de journalistes, tassés sur une barque, qui prennent gentiment Macron en photo, triomphant avec ses anguilles. Trump se félicitait de ne pas avoir à acheter de pub, car les médias reprenaient tous ses conneries dans leurs émissions. Idem pour Macron : la publicité politique est officiellement interdite, mais il a trouvé une armée d'écervelés qui produisent littéralement l'histoire, les mots, le scénario, exigé par le couple Macron. C'est navrant...

Je reprends quelques verbatims du documentaire pour montrer le niveau de déchéance journalistique de cette bouse "A 6 ans, il récite tous les poèmes de René Char". "A quinze ans, il a déjà vécu plusieurs vies", "Ricoeur est bluffé". J'ai tout particulièrement apprécié le passage consacrée à la banque Rotschild : que dit-on ? "si ses compétences techniques sont perfectibles, son entregent fait merveille". Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites : en clair, c'est une bille, mais un gougnafier opportuniste qui arrive à arranger les intérêts de Nestlé et Pfizer. Nestlé et Pfizer pour 11 Milliards d'euros ! Tous ces verbatims montre le niveau d'hagiographie, on dirait du Malraux (moins le talent) à propos de De Gaulle. Et ils ne rencontrent jamais un contre point. Myriam Revault D'Allones pour montrer le grotesque à propos de Ricoeur, n'importe quel économiste à propos de la banque, mais non. Le groupie/journaliste ne veut pas écouter un seul son discordant.

Autre technique pravdavienne employée à de multiples reprises : l'inversion du point de vue. Il fut sifflé à Orléans, moqué pour un discours plat comme une dissertation de seconde ? On le voit juste serrer des mains. Il fut pris en flagrant délit de fausses déclaration d'ISF ? On met en avant l'accusation de Sapin qui a fait fuiter l'affaire au Canard Enchaîné. L'affaire du costard ? On lui laisse 5 minutes pour dire que ses contradicteurs sont mal élevés... Il n'a aucun programme ? On le voit écrire un livre (dans lequel il semblerait qu'il n'y ait pas de programme, juste un patchwork de slogan de l'époque "libérez les énergies", "faire confiance aux forces vives" "casser les silos du système")....

Et enfin, le retour à Paris Match : pour son mariage, on voit le film à la mairie. Celui avec le grain d'image un peu pourri qui montre vraiment que c'est le film de l'oncle. Quelques minutes après, on voit le couple danser une valse le soir de la noce. Ces films ne sont pas publics et à priori peu disponibles : c'est donc lui (ou sa femme) qui les ont transmis à France 3. Pourquoi ces niais les reprennent ils et les retranscrivent-ils tel quel ? Cette question reste en suspens après la diffusion du gouvernement. La chaîne de responsabilité est là : pourquoi ce film, pourquoi avoir accepté cette ligne littéralement dévote à l'encontre de Macron, pourquoi avoir accepté la diffusion ? Il y a de quoi se pincer. Pleurer un peu aussi. À cause de ce film, quelques pauvres hères floués par ce village Potemkine télévisuel croiront peut être vraiment que Macron est notre James Dean politique. 

21/11/2016

L'effet Trump a bien eu lieu

données_trump_volées_démocrates.jpgDepuis hier, les éléments de langage déchaînés de la gauche gouvernementale et des juppéistes dépités par le score de leur champion concordent : il y a un effet Boomerang. C'est à cause des vilains électeurs de gauche qui ont voté pour Juppé que tous les bons électeurs de droite se sont détournés de lui et ont préféré voter Fillon. Ayant voté Juppé, j'ai eu le droit à quelques philippiques d'un ancien collaborateur ministériel de ce quinquennat m'ayant enjoint au silence pour deux ans car je faisais mal à la gauche. Mieux vaut vomir plutôt que de faire un examen de conscience. Pas de souci les gars.

Mais ça ne sont pas les électeurs de gauche qui ont fait perdre Juppé. C'est la gauche qui a cessé de l'être pour gouverner à droite qui a déporté l'électorat. La nature a horreur du vide : partout où les gouvernements progressistes prennent des mesures libérales, ils asphyxient la droite classique qui, pour se démarquer et exister politiquement, doit soit se déporter sur des thématiques identitaires forcenées, soit proposer Margaret Thatcher puissance 10. C'est ce que nous venons d'avoir lors de la primaire de droite. Au Royaume-Uni, quinze ans de blairisme donne le Big Governement de David Cameron, mais ce dernier n'a pas sur aller au-delà de ce qu'il a appris à Cambridge, il n'a pas su faire une surenchère. Résultat ? Dans un pays où le bipartisme est une règle absolue, la déferlante UKIP d'une violence rare et le brexit pour dire "fuck les élites. Dehors les immigrés". Youpi...

En France, le quinquennat en cours a désespéré les classes populaires qui n'ont pas retrouvé d'emplois, n'ont pas vu d'amélioration dans les transports et l'énergie (le chauffage c'est 2% des dépenses des ménages aisés, jusqu'à 10 ou 15% des plus démunis). Les attentats qui nous ont frappé durement depuis 2015 ont instillé une ère de doute et le gouvernement s'est fourvoyé dans une logique sécuritaire qui n'a rien de naturelle pour elle. Un an et demi d'Etat d'urgence qui n'a pas empêché le drame de Nice. Perdant sur les deux tableaux.

Revenons à la primaire de droite avec ceci comme grille de lecture. Et avec la différence hyper notable que nous sommes dans une logique tripartite avec la quasi assurance pour le FN d'accéder au second tour contre des US bipartites (j'y reviendrais). Au final, comme pour les US, les candidats modérés crédibles (écartons Poisson et Copé) totalisent moins de 5% à eux deux. Injuste pour NKM et BLM qui ne déméritent pas, mais comme des Chris Christie ou des Rubio ont été balayés par Cruz et Trump qui hurlaient plus fort... Juppé, c'est Hillary Clinton. Dans la partie depuis 40 ans, ayant eu affaire à la justice, présentant autour de lui un establishment prononcé et avec le programme le moins en rupture avec l'autre rive. Le plus proche d'Hollande, c'est lui. Il en est très loin, propose 200 000 suppressions de fonctionnaires, mais Fillon propose plus du double. Il fout la paix aux homos, aux musulmans, ne se soumet pas à Poutine et n'est pas bien fier de la colonisation. Le boulet est trop lourd dans une période où les électeurs sont courroucés. Je ne regrette pas d'avoir voté pour lui : aux US, j'aurais voté pour Hillary Clinton sans enthousiasme mais contre Trump. 

Fillon, c'est l'effet Trump appliqué à la France, en plus présentable et mieux peigné. 500 000 suppressions de fonctionnaires. Complètement fou, mais qu'importe. Fermeture de toutes les mosquées, stigmatisation systématique des musulmans à l'Etat Islamique quand bien même 98% des victimes de l'EI sont musulmanes. Le retour à l'école des années 60, le plein emploi à 39h, le retour des dictateurs arabes qui tiennent leurs peuple et évitent le terrorisme. Songez-y, Fillon promet le "Make France Great again". Comme Trump, Fillon était donné perdant, loin derrière, excessif et n'imprimant pas. Comme Trump, Fillon a critiqué le système et les médias qui refusent de voir la réalité en face. Comme Trump, Fillon a été très activement soutenu par des réseaux troubles, Sens Commun et la cathosphère en tête, eux qui reprenaient joyeusement son soutien aux chrétiens d'orient et tapaient sur Juppé trop musulmano complice... Comme Trump, enfin, Fillon a déjoué tous les sondages : les instituts pourront dire jusqu'à demain qu'ils notaient une poussée ou une progression de Fillon, le score le plus haut jamais enregistré par Fillon était 30%. Il finit à plus de 43%. Un écart abyssal, mille fois au-delà des marges d'erreurs. 

Fillon a donc misé sur la trumpisation, sur l'inflammation des électorats pour l'emporter. Avec succès. Reconnaissons lui ça, il a gagné par KO. Je suis têtu, mais pas obstiné : au second tour, je resterai chez moi, la lame est trop forte. Mon prochain bulletin de vote sera pour la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le seul à proposer un programme d'opposition au brouet libéral de ces trente dernières années. En face, il y aura donc Fillon et Marine le Pen (plus quelques guignols). Fillon est sûr de lui d'accéder au second tour face à le Pen et donc de l'emporter. C'est là où il joue les apprentis sorciers : les récentes élections montrent partout le goût pour la transgression. Les votants, comme des ados brimés par des parents sévères, s'autorisent ce que la morale interdit et votent hors des convenances morales. Quelle digue programmatique Fillon a-t-il pour empêcher Le Pen de le submerger ? Son catholicisme militant, sa détestation des musulmans ? Pas évident que ça passe. En France, son "Make France great again" a un copyright déposé depuis longtemps, depuis bien avant la création des LR. Cette élection 2017 prend vraiment une tournure angoissante.