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10/12/2009

Juste et beau à la fois

En matière d'art, j'aime ce qui dit quelque chose et exècre ce qui a quelque chose à dire. C'est particulièrement vrai des livres, les auteurs à thèses, persuadé d'avoir une conception de l'univers absolument unique, me navre. Hier, je me faisais la même réflexion à propos du cinéma en allant voir la famille Wolberg.

Pourtant, je ne pense pas être allé le voir dans les meilleures conditions: après un enterrement éprouvant. Je veux dire particulièrement éprouvant, sinon c'est pléonasmique. Celui d'un personnage comme on en croise dans les livres, à une autre époque. Un homme qui fumait comme une aciérie de Lorraine et buvait plus qu'un moteur de Maserati. Il n'était évidemment pas que cela, il hébergeait les indigents, collectionnait les livres, les disques, mais aussi les canne épées, les appâts pour la pêche ou les boîtes de camembert, un descendant du Facteur Cheval revisité par Audiard père, en somme. On enterrait une époque, avouez que c'est éprouvant.

Alors, en rentrant sur Paris, dans la nuit noire tombée trop tôt, je voulais légitimement me changer les idées. Le cinéma en haut de ma rue me rassurait plus que le Multiplex. Fauteuils d'un rouge délavé, tissu défoncé et assistance clairsemée: le pied. La réclame de la presse parlait d'un petit bijou et j'étais certain je ne sais pourquoi qu'il s'agissait d'une comédie. Tout le monde fait des comédies aujourd'hui, non ? Les premiers plans me détrompait. Papa travaille tout le temps et déteste son artiste de frère qui le lui rend bien, en moquant ce maire obnubilé par le travail. Pas vraiment la grande marrade en perspective, mais une grande justesse de ton, en revanche. Les plans suivants jusqu'à la fin me conforteront dans mon assertion initiale: impossible de "pitcher" la famille Wolberg, de le faire rentrer dans une case de promo; il ne se passe pas grand chose dans ce film, dans cette petite ville, dans la vie de cette galerie de portraits. Pourtant, grandir, se parler, aimer, regarder en arrière, devant soi, se détacher ou s'envoler, tout cela est dit avec beaucoup d'élégance par la caméra d'Axelle Ropert pendant 1h20. Elle n'insiste pas, ne veut pas nous déranger pendant le 1/4h de trop. Saluons cette élégante concision en nous arrêtant là.

08/12/2009

Christophe Barbier est-il un con ?

Je préviens par avance les thuriféraires de l'Express, la réponse sera oui, donc vous pouvez zapper ou poster un com' du type "le poujadisme le dispute à l'injure sur Internet, égout de la démocratie et symbole de la décadence morale actuelle" j'en supporte par avance le poids...

Donc, en ce moment un livre aux éditions la Découverte lui intente un procès à lui et d'autres dans un livre inutile à lire et superflu sauf si vous êtes grand voyageur Paris-Nevers et que vous en avez marre des paysages. Ca s'appelle les éditocrates galerie de portrait de ceux qui ont un avis sur tout, Barbier, Joffrin, Attali... Il suffit d'allumer la télé puis la radio pour arriver au même résultat. Dans les émissions de débat, on les voit, à "C dans l'Air" sur France 5, toujours les mêmes zigues: Barbier, Cayrol pour les sondages, Rochefort pour le prix de la baguette, Reynié (ha ha ha) pour une vision neutre de la politique (re ha ha ha), Boniface pour les relations internationales, Tapiro pour l'image du monde, Odon Vallet pour la religion et ainsi de suite.

Chez Taddei, c'est plus varié, beaucoup moins d'éditocrates. Certes, il a ses bons clients comme tout le monde, on ne peut pas avoir des experts révélés chaque matin, mais c'est d'un autre niveau (Debray, Todd fils, Rosanvallon, Slama) mais même les plus brillants, il n'en abuse pas, ayant compris que toute saturation entraîne une chute du niveau, de crédibilité de la parole quand elle est omniprésente. Tenez, sérieusement: qui lit encore vraiment chaque année les livres d'Alain Minc ou de Jacques Attali ? Per-sonne, les fayots qui gravitent autour d'eux, c'est tout. Ce sont des bouquins qui s'offrent, qui se montrent dans les rayonnages ou sur un bureau mais personne ne les lit.

Or, ce besoin pressant a malheureusement envahi la sphère publique. Bien sûr un omniprésident, c'est entendu, mais aussi une omni-opposition aussi bête que la voix de son bourreau qui sprinte tête baissée vers le piège et répond à toutes les polémiques, sans voir que parler de l'orthographe d'Estrosi ou des frasques de Laporte permet d'éviter de s'attarder sur la disparition de l'histoire géo pour les terminales S... Benôit Hamon est certes plus sympathique et costaud politiquement que Lefebvre, mais en répondant comme un sniper sur tous les sujets, il est, hélas, aussi con... Mais, s'il fallait un VRAI coupable, un plus que les autres car doté d'un libre arbitre, ce sont tout de même les imbéciles qui s'essoufflent, stylo et caméra au poing, à rattraper les conneries des autres pour les consigner dans les tuyaux, et en les asticotant. Mettons tout les médias mainstream de Libé au Figaro et de l'Obs au Point en passant par l'Express. Le Diplo, le Canard ou Marianne par exemple, vivent leur vie rédactionnel,  je ne dis pas que c'est toujours transcendant, mais ils font le job.

Les médias mainstream ont depuis quelques années un bouc émissaire désigné pour expliquer cette course à l'échalote: l'Internet. C'est à cause d'Internet et de ses dérives nauséabondes vers le spectacle, l'immédiateté et le spectaculaire qu'ils font des unes sur Sarkozy, sinon, promis ils poursuivraient la geste d'Albert Londres. Mon cul oui. Fidèle lecture de rue89, j'y lis tous les jours des articles en contre champ, avec d'autre focales, bien plus intelligent que le post.fr, et vu l'audience du site, je ne suis pas le seul. Passons mais les exemples affluent.

Rien de vrai dans toutes leurs excuses sur le besoin de faire des unes sur Rama Yade, autre qu'ils se sont tellement shootés à la drogue de leur autosuffisance qu'ils croient sincèrement à la nécessité de leur message permanent et divin, ainsi résumé hier par Christophe Barbier (revenons à notre mouton) : "Aujourd'hui Ségolène fait ça (Modem tout ça) pour être partout. Car un présidentiable doit être partout et doit avoir un avis sur tout. Sur la main de Thierry Henry, sur la Grippe A sur le succès des Ch'tis"... Au risque de décevoir son fan club en écharpe rouge, non Christophe, c'est pas ça qu'il faut pour être présidentiable. Il faut avoir deux trois autres trucs: une conception du politique, coercitif ou non, une idée des services publics et deux trois choses à l'avenant. Si Ségolène avait ça, au lieu de dire "les files d'attentes sont interminables et on meurt de la Grippe A" constats que peut dresser ma concierge, elle aurait pu dire quelle était sa conception d'une politique de santé publique et de réponses aux pandémies... Mais il fallait répondre à Christophe sur la gestion de la crise par Roselyne...

Le plus navrant avec Barbier, c'est qu'il est normalien et agrégé, mais comme disait Flaubert "je préfère le sots incultes aux sots éduqués, ils font moins de dégâts" ou quelque chose d'approchant, mais l'idée est là: Barbier c'est l'incarnation triomphante de l'intelligence au service de la médiocrité.

Demain c'est mercredi, jour de sortie de l'Express et nous achèterons plutôt le Canard...

07/12/2009

Une smart box gratuite

Dans tous les Monoprix, on ne trouve toujours pas la pilule en vente libre, en revanche on trouve des tas de smart box, façon élégante de se décharger du choix du cadeau sur le récipiendaire: prends ta preuve d'amitié ou d'amour et choisis je ne veux pas me planter. Je croyais que la beauté du geste, justement, c'était de choisir.

Mon plus vieil ami et bien plus encore lui choisit de ne pas choisir. Il est brillant travailleur du système et phalène de nuit tendance free jazz, il fourmille toujours de projets d'essais et attend toujours plus de débats. L'organisation en rhizome du web est donc faitespour lui. Son premier post m'a farci le crâne pour une problématique qui me semblait simple, mais je voulais le signaler car il reviendra bientôt avec des projets dingues comme une réponse à Onfray sur le thème "la bible sans dieu fait-elle de nous des laïcs croyants?"...

Amateurs de cogito, c'est là que ça se passe: http://la-boite-a-idees.hautetfort.com

Demain, c'est la fête des lumières à Lyon. Mais comme Diderot n'est pas invité, je resterai à Paris...