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17/03/2010

Mon Agenda culturel

Vraiment, parler de la lutte des titans entre Le Drian et Guy Hascoët en Bretagne, j'aurais du mal...

Du coup, le mercredi étant le jour de Télérama et du Figaroscope, j'en profite pour dire deux choses : il faut aller voir "le rêve italien" plutôt que le nouveau Romain Duris (pour une fois, c'est vrai il est dans un film cette semaine) et, même si tout de suite ça recueille moins de suffrages, lire "dégagements" de Régis Debray.

Le rêve italien, c'est l'histoire de 67-69 à Rome avec des étudiants en révolte. Comment une famille bourgeoise catholique sombre dans le chaos parce que deux des trois lardons préfèrent Molotov à Mendeleev, fâcheux pour des apprentis physiciens. Comment aussi un jeune fou de théâtre mais sans le sous s'enrôle chez les flics avant de devoir infiltrer des gauchistes dont il embrasse, entre autres, la cause. Le réalisateur à qui l'on doit Romanzo Criminale récidive dans la bonne tranche de société. Bien écrit, bien pensé et pesé pour les personnages, fort bien joué... Seul bémol, les plans au ralenti, à grand renforts de musique grandiloquente, gênent quelque peu. Cette rencontre entre Lelouch et Coppola vous donne envie de sortir, heureusement, il n'en abuse pas. Vu la concurrence en salles obscures du moment, le choix me semble s'imposer.

Dégagements, c'est l'histoire 67-2010 à Paris, Bombay, Kaboul et Bagdad, au Fouquet's et au Capitole du plus brillant des intellectuels français. J'aime toujours observer l'accueil des médias français aux bouquins de Debray. Du respect si ample qu'on croirait de l'admiration, mais non. De l'obséquiosité, de la putasserie, mais surtout de la crainte, pas d'amour. Et pour cause, il flingue les travers de l'époque en médiologue, autant dire que nombre des gensdemédias en sont pour leur grade. En bon gensdelettres, il ne s'épargne pas, conscient d'être un Diplodocus, mais un Diplodocus débonnaire et joyeux dans son époque. Recueil de textes parus dans sa revue de Médiologie, principalement mais pas que, le livre se picore par bouts, mais on l'engloutit plus vite qu'une viennoise au chocolat (chez moi, ça donne peu de temps...). L'auteur disserte sur ces thèmes favoris, image et écrit, religion et paganisme. Relevé cette phrase "Hugo prophétisait que le papier vaincra le clergé. Et le net, l'Imam ?". Toujours et encore ce sens de la formule, cet amour de la langue qui exaspère les critiques mais ravit ses lecteurs... Petite différence, mais de taille: dans ce livre, plusieurs textes où il découpe, avec une finesse d'entémologue, les fondements du Sarkozysme. Une charge contre les non valeurs de Nabot Léon, sur les nouveaux dominants et leur culture de fric. Contrairement aux polémistes officiels du régime qui se limitent à des slogans, Régis triture et ferraille. Un régal !

Voila, demain nous serons le 18 mars. 139 ans après, à entendre Moscovici et Valls, sad to say but in the Commune we no longer trust...

15/03/2010

Portrait de Ségolène en Olivier Merle

Faire un parallèle entre sport et politique, en théorie, on ne devrait pas. Mais attendu que tous les commentateurs se prennent pour des turfistes, ne boudons pas notre plaisir surtout qu'en l'espèce, j'ai la faiblesse de croire que l'analogie tien la route.

Pour les non amateurs de rugby, une explication s'impose. Olivier Merle est une figure historique du XV de France de rugby. Né en 1965, il fut une star de la décennie 1990 pour les Bleus. On le surnommait "l'homme et demi" rapport à ses mensurations gigantesques. Ce deuxième ligne captait la lumière lors des retransmissions télévisées. Ses percées et percussions étaient extrêmement télégéniques : il enfonçait allègrement l'opposition avec sa puissance et la foule de badauds non connaisseurs hurlaient de joie...

Pourtant, combien de matchs Olivier Merle a t'il fait perdre à la France ? Les statistiques ne le disent pas mais il nous a coûté nombre de parties, dont la demie-finale de coupe du monde 1995 à vouloir happer la lumière sur sa seule immense personne. Dès qu'il avait le ballon, il tentait d'improbables courses effrénées, oubliant qu'il fonçait moins vite qu'un cannasson arthritique... Résultat, l'homme coupé du monde se faisait cueillir comme une fleur par la défense adverse. En défense, c'était pire encore: plutôt que de rallier ses petits camarades sur une même ligne, l'homme des cavernes jaillissait seul pour stopper le péril, seul. Une fois sur dix, ça fonctionnait et cet imbécile de Pierre Salviac hurlait au génie. 9 fois sur dix ça échouait lamentablement et la France était pénalisée...

La soirée d'hier ne m'inspire pas autre chose: alors que l'équipe de France de gauche avance unie vers la victoire, le capitaine Aubry donnant le tempo et tout le monde avançant comme un seul homme, Ségolène se met hors jeu. D'abord, l'élégance du protocole oubliée: elle fait, sciemment, sa déclaration exactement au même moment qu'Aubry. Sans doute pense t'elle sincèrement que son bon score justifie de passer avant une analyse de toutes les régions... Ensuite, que nous dit-elle sur le fond ? Elle tance les écologistes et leur stratégie car sinon elle aurait gagné au premier tour... Quelle connerie, quel aveuglement alors que c'est justement cette alternative rose-vert qui a séduit plutôt que le bloc schtroumpf schtroumpf d'en face (avec que des grognons...)... Enfin, elle fait sa déclaration en gros plan, habillée et maquillée comme une télévangéliste du dimanche, avec du bleu, du vert et aucune rose, Ségolène in, le PS out. Ce qu'elle veut, c'est qu'on parle de son triomphe, pas de celui des socialistes...

En politique comme en rugby, le talent isolé ne sert à rien et bien souvent dessert. Je ne nie pas un brin de talent à Ségolène puisqu'elle va conserver aisément sa région mais en s'obstinant dans sa quête débile de lumière hubristique, elle se brûle les ailes ce qui n'est rien, mais met en péril l'ensemble de l'équipe, ce qui est beaucoup plus dommage...

La comparaison s'arrête là car on ne peut pas la mettre sur le banc, mais les encartés du PS, s'ils veulent gagner dans 2 ans, seraient bien avisés de lui rappeler l'humilité en la mettant au ban...

Les adultes s'ennuient le dimanche...

Dans "l'argent de poche" de Truffaut, la chanson les enfants s'ennuient le dimanche rythme le début du film, où l'on voit les mômes faire des conneries en attendant le réveil des parents...

Dimanche 14 mars, la France s'ennuie. Rien ne change 42 ans après sauf qu'elle ne croit plus au réchauffement autrement que climatique. Mai 2010, elle y pense avec amertume, le 1er et le 8 tombent des samedis, journées bossées, forcées... Quand au grand soir, c'est devenu une insulte.

Le matin, la France a fait la grasse mat', puis déjeuner en ronchonnant sur le prix des victuailles. Sieste devant la rétrospective Jean Ferrat (personnellement, je lisais le dernier Debray, je vous en parlerais plus longuement) puis éructations chauvines devant France/Italie où on se réjouit d'avoir flanqué une raclée aux macaronis...

Vers 19h30, sur TF1 ou France 2, le tube se fait chiant, on ne parle que de chiffres... Tout le monde se désespère de 53,5% d'abstentionnistes avant de les récupérer et de les faire parler dans un hallucinant concert de ventriloques : "ils viendront pour nous au second tour"; "ils ne sont pas allés voter pour vous désavouer". Le français, lassé, éteint son tube qui de toute façon se lasse lui même puisque dès 21H30 on éteint les lumières et remet les séries américaines. Seule France 3 continue mais les héros sont fatigués et les commentaires tournent à vide...

Ce matin la France se réveille et tout le monde lance un appel à cette France ennuyée pour lui rappeler que le monstre bouge toujours, qu'il a même perdu 40 ans et s'est féminisé... Pas sur que cela suffise à ce que la France se bouge dimanche prochain. 21 mars, début du printemps selon le calendrier mais on peut douter que ce soit le printemps des peuples...

Demain, nous nous pincerons encore pour croire que pas un seul responsable politique n'entend sérieusement faire quelque chose pour cette majorité de Français...