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13/03/2010

Régionales d'or...

J'aurais sans doute pu l'intituler "régionales dort" tant cette campagne s'achève sans que l'on sache qui a la queue d'une idée pour aider ces régions à grandir.

Si j'ai bien compris ce que nous disent les commentateurs, il y a un consensus autour d'une idée forte: nos régions sont des nains par rapport aux Landers allemands et autres... Donc, premier mouvement, pas besoin de s'affoler pour ces élections de kermesse... Sympa pour les quelques milliards d'euros en jeu. Deuxio, ces élections sont locales avec un impact local... C'est sans doute pour cela que Fillon et Bertrand sont allés partout, que Nico a convoqué la presse chez lui, que 8 ministres sont têtes de listes et qu'en face Aubry et Hamon commentent chaque fait et geste. Tertio, aucun des résultats de demain, positif ou négatif n'aurait d'incidence sur l'avenir des formations politiques...

La conjonction de ces trois grandes données permet de connaître sans se planter les deux vainqueurs de demain soir: l'abstention et les sondeurs.

L'abstention car à quelques voix près, on devrait avoir la moitié du pays qui préfèrent rester regarder Drucker ou profiter des ouvertures commerciales dominicales plutôt que de se rendre à l'isoloir. Je maintiens que le droit de vote devrait être obligatoire mais agiter la poussière sous le nez de la classe politique l'effraye tant que c'est pas demain la veille.

Les sondeurs car ils ont fait l'élection plus qu'aucune autre auparavant. Braquant leurs projecteurs sur ce qu'il faut noter et les journalistes suivaient consciencieusement les consignes, non pas de vote, mais de projection. Du coup, pas de recherche préalable, mais au contraire une info qui suit le flot de données chiffrées imprécises... On confine au débile comme jamais. Ceci induit à ne jamais parler de fond mais à ne commenter en bon turfiste que les aléas de campagne pourrie.

Ainsi, le NPA n'a pas chuté dans les sondages pour cause de base idéologique vaseuse, d'agrégats incertains mais "les électeurs font payer l'absence d'alliance avec le front de gauche. Par ailleurs, la candidate voilée a été très mal perçue par l'opinion". Tout est à l'avenant, le Modem ne paie pas un flou idéologique consternant mais "un casting façon nouvelle star er surtout l'obstination d'un homme, François Bayrou". Généralement, en politique, l'obstination est une vertu, mais pas quand on est l'ennemi autoproclamé du pouvoir en place... Et les journalistes relaient tous fidèlement ces leurres alors qu'il suffit de voir au courroux de Corinne Lepage, aux défections et tergiversations de divers élus que la colère gronde au sein du Modem pour cause d'absence de ligne...

Au sein des trois grands partis c'est encore pire. Les Verts "surfent sur la vague européenne" (pour des régionales, nous voila bien...), le PS profite des dérapages à droite et la droite se prend les pieds dans le tapis... C'est vous dire le niveau.

Corollaire de cette neutralisation des forces politiques, le grand gagnant politique est, quoi qu'il advienne, le FN. Le score dans les urnes importe peu (un peu quand même, s'ils se maintiennent quelque part, bonjour l'angoisse...) : ils ont retrouvé leur capacité de nuisance, s'invitent dans le débat public et pousse le droite à se décomplexer jusqu'à des cimes himalayesques de mauvais goût... Beurk d'avance...

En somme, quelque soient les résultats demain soir, ces élections consacrent surtout une triste défaite du politique devant l'opinion. Le PS peut grand chelemer à souhait, ça ne change goutte à ce qui a fait l'élection: des faits divers, des dissensions, des rumeurs... Dans le même moment, les travaillistes anglais donnés perdant par les mêmes sondages depuis plus d'un an remontent en flèche et semblent pouvoir gagner. La raison ? Des scandales chez les Tories ? Non et même au contraire, ce sont les scandales qui ont plombé les travaillistes. Mais, à l'approche des élections il faut dévoiler son jeu et son programme: Cameron et son chancelier de l'échiquier putatif, David Miliband ne sont pas pris au sérieux d'un point de vue économique... Risquer de perdre une élection politique sur une base idéologique c'est vraiment trop ballot... Perdre un barnum parce qu'on annonce vouloir supprimer le NHS (sécu locale...) et autres billevesées qui passent très bien en France (n'est pas AP-HP...) c'est pas de chance...

Demain, malgré tout, nous irons voter et regarderons la soirée électorale, toujours un excellent prétexte aux libations...

 

 

12/03/2010

Une pause, pas d'andropause...

Ce matin, annonce sur Inter de l'interview de Sarkozy à paraître dans le Figaro Magazine où el presidente annonce une pause des réformes en 2011. Un truc inouï pour notre chef à tous. Je me suis dit que même l'échéance de 2012 ne pouvait pas suffire à le calmer.

Un déjeuner avec une copine bossant dans un ministère me donna une autre version possible: un article du JDD caviardé la semaine dernière où l'on insinuait en gros "Jouanno championne de France de karaté, Sarko fonce la féliciter" et quelques lignes plus bas "Victoire de la musique pour Benjamin Biolay, Carla Bruni-Sarkozy le félicite" pas besoin d'être major de l'ENA pour choper la fine allusion...

Et mon amie de se répandre sur les dernières histoires qui se racontent sous le Figaro, rue de Valois: Carla aurait emmené Benji en Thaïlande et Nicolito, fumasse, aurait envoyé un avion pour la chercher... Alors que je haussais un sourcil interrogateur, ma confidente se rembrunit (ha ha) et m'adressa, définitive: "de toute façon, si tu ne me crois pas, attends le prochain remaniement, tu verras bien ce qu'on filera comme poste à Jouanno"... Les nominations ministérielles me dépassent définitivement.

Demain, on lira les programmes quand même parce qu'à part ces conneries on vote dimanche.

Erratum: demain on ne lira pas les programmes pour être sûr d'aller voter dimanche....

10/03/2010

Mercredi, le Canard est toujours vivant...

Le week-end dernier, angoissé à l'idée de passer deux heures sans un livre, je profitais d'une escapade dans la libraire de Canones pour fureter dans les rayonnages. Sous mes yeux, dégoulinant d'indécence "le vrai Canard" de Karl Laske et Laurent Valdiguié. Machinalement, je l'ai pris. Toutes les semaines, je lis le volatile avec une gourmandise toujours renouvelée. Voyant mon achat, mes compères Thomas B. et surtout Vincent L. tirent la tronche. Ils vouent un culte au Canard, le second ayant épousé les tournures d'esprit du journal. Je vois bien que je les déçois, que je suis un "jaune". Je rigole "pas du tout, il faut toujours savoir comment pense le camp d'en face, c'est instructif".

J'avais tort. Pas sur le fond; il faut toujours comprendre le camp d'en face, les anti-communistes n'ayant pas lu Marx, Proudhon, Lafarge et consorts sont gavants... Les anti-capitalistes incapable de lire un budget, itou. Mais sur le cas d'espèce, j'avais tort. J'ai lu, j'ai rien appris. Enfin, j'exagère, j'ai appris que Charlotte Rampling était du dernier bien avec Hortefeux car ils passent tous les ans des vacances ensemble avec leurs moitiés respectives. Beurk... A part ça ? Que pouic.

Il y a quelques années, tempête dans le landerneau, St Germain en danger Péan/Cohen s'attaquent au Monde. J'avais lu. Et aimé. Pas les auteurs, mais leur démonstration; comment le journal se dévoyait de plus en plus, comment Sollers&Savigneau magouillaient jusqu'à après demain. Comment, surtout, trois trajectoires personnelles faisaient patiner l'ensemble: Plenel voulait se payer les puissants quitte à s'aveugler, Minc droitisait éhontément le canard et distillait son bonapartisme dégueulasse en le maquillant d'égalitarisme républicain. Colombani, bon, je ne tirerais pas sur une ambulance et sa carrière donne sans doute beaucoup d'espoir aux simples d'esprit mais quand même, on voit bien que le casting ne collait pas. Bref, le bouquin était honnête et faisait le job. Je lis toujours le Monde, les auteurs aussi à mon avis, mais la troïka est aux deux/tiers décapitée (le tiers restant n'est pas vraiment le tiers Etat...).

Pour "le vrai Canard", en revanche, tout n'est que fiel, envie et pusillanimité intellectuelle. Les auteurs sont très contents d'eux, ils arrivent à prouver "après une enquête minutieuse" que le Canard penche "plutôt" à gauche et fut plus tolérant avec Mitterrand qu'avec Giscard. Je vous entend dire "et alors?" ils prétendent que c'est un scoop... Ils se moquent d'un journal qui a raté quelques scoops alors qu'il a levé tant de lièvre qu'on n'en trouve presque plus en Garenne.

J'avance dans l'enquête marécageuse et lit avec désolation les auteurs dirent que les comptes sont opaques, qu'on ne sait pas qui détient les actions et autres... Venant de la part d'un mec qui bosse à Libé je pouffe: les comptes du quotidien sont effectivement limpides et ils virent à l'écarlate, sauvés par le baron Rotschild. Ils virent des journalistes et sous-paient les autres malgré toute les pubs pour Prada et Dior... Alors évidemment, qu'un canard sans pub paie bien ses journalistes et aie du blé grâce à ses 500 000 ex, ça énerve... La jalousie est mauvaise conseillère en investigation...

Sinon, on apprend que Roland Dumas étant l'avocat du Canard, le volatile fut clément pendant les statuettes. Humain, non ? L'Humanité foutait la paix à Publicis qui arrosait copieusement la feuille de Jaurès depuis que Laurent, le père du candidat d'aujourd'hui, avait sauvé Bleustein-Blanchet de Buchenwald...

Dernière révélation: le Canard est mysogine. C'est vrai... C'est pas bien, la misogynie. Le coup du journal sévèrement burné est pénible, blamable, répréhensible, mais est-ce une faute journalistique ? Bah non. Brel et Brassens étaient tous deux myso au delà de l'imaginable dans leur vie privée, mais ils chantaient autrement mieux les femmes et l'amour qu'Obispo et Sardou réunis (si si...)... Les auteurs confondent moral et ligne éditorial, à leur âge c'est chagrin...

En bref, je continuerai évidemment à lire le Canard toutes les semaines, même si je sais ou vont leurs sympathies (les auteurs les trouvent débonnaire avec Sarko, ils doivent être devenus presbytes...) et leurs royalties. Quand au livre, j'ai une poubelle à papier en bas de chez moi... Recyclons, ça finira sans doute en bulletin de vote...

Vinz, pardon mon pote, j'aurais du t'écouter, j'aurais gagné du temps...

Demain, déjà jeudi, comme le temps passe...