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21/03/2010

Philippe Djian

Hier soir, Arte, heure indue. Philippe Djian, chez lui, explique comment il écrit (bizarre, il avait gardé ses chaussures)... Au milieu de trois conneries, il lâche, très content de lui "au fond, en littérature, il n'y a pas de génie. Je vois comment ils font". La caméra ne pose pas de question. J'éructe devant ma télé comme un niais. J'éteins ma télé et pour m'assurer qu'il dit des conneries, j'ouvre les possédés de Dostoïevski. Voilà voilà...

Demain, nous achèterons les journaux pour faire durer le plaisir...

20/03/2010

Politique-fiction

19H59, Pujadas annonce en direct les estimations. A voir les mines des uns et des autres, on a déjà compris. La droite a pris une gifle si retentissante que les sondeurs eux mêmes en sont choqués.

L'Alsace, la fidèle Alsace a basculé... Les DOM ont rendu l'âme à gauche aussi... Toute la France rosit, mâtinée d'une verte espérance en des lendemains cyclopèdes. Ce coup-ci, on en a trouvé peu, des téméraires pour aller expliquer que c'est la faute aux abstentionnistes. On lâche les derniers des derniers, les fidèles écervelés: Morano, Estrosi montent au feu. Wauquiez et NKM, les deux QI 180 de la bande, se poussent du col pour 2017, ils seront presque près.

Copé, lui, ne l'entend pas de cette oreille: Nico est mort, vive JFC... 2012 arrive en avance mais il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Les commentateurs sont arrêtés par les journalistes, une demande d'allocution en direct. C'est Dominique de Villepin. Costume d'un noir sacerdotale, cravate du même ton, il brandit le poing et exhorte les foules. 22 mars 1968, le mouvement étudiant était en marche, 22 mars 2010, le mouvement pour la République, le MPR, sera crée et appelle toutes les consciences libres de ce pays à résister aux dérives monarchiques et autistes du régime actuel.... On est obligé de le couper au bout de dix minutes, juste après sa demande de renationalisation de Total et de la BNP... Martine Aubry en a les sourcils qui frisent, elle se tourne vers Montebourg qui crie au plagiat: ces mesures figurent dans le projet socialiste pour 2012. La surenchère démagogique s'étire tout au long de la soirée pour terminer avant de rendre l'antenne avec la proposition d'Hervé Morin de saisir les bonus des grands patrons pour les donner aux Restos du Coeur.

22 mars, Villepin promet d'autres allocutions. Il est pris de court car le roitelet de l'Elysée convoque les caméras au palais pour le soir même. Disciplinées, elle viennent en masse. Nicolas se tient droit comme un i sans majuscule, mais ce n'est pas de sa faute. Il prend une tête d'enterrement et annonce, solennellement, que suite à la déroute de la veille, il tire toutes les leçons. La France est soulagée, son monarque a entendu ses souffrances, rien ne sera comme avant. Xavier Bertrand à Matignon, Estrosi aux affaires sociales, Lagarde à Orsay, Woerth à Bercy, Bachelot pleinement aux sports et Debré (Bernard, faut pas pousser...) à la santé; Chatel à l'écologie et Boorlo avec, pour la première fois, l'éducation nationale et la Recherche...

J'arrête là la fiction, il se pourrait que la réalité soit pire...

Demain, quand même, allons voter...

 

18/03/2010

History of (social) violence

Hier soir sur France 2, docu de Christophe Nick "le jeu de la mort", bon. C'était intéressant en tant que tel mais très con pour les conclusions qui en furent tirées.

L'idée de base tient du syllogisme débile (je sais, redondant, mais vraiment con quoi) dans les années 60 l'expérience de Milgram avait prouvé que 60% d'un panel test torturait un frère humain si on lui en donnait l'ordre. Christophe Nick a transposé l'expérience aujourd'hui sous forme de jeu télé avec de l'argent potentiellement à la clé. Effaré, on voit 80% des candidats continuer de balancer du haut voltage malgré les cris du type (qu'ils ne voient pas). Et là-dessus, la voix off nous dit "la télé a banalisé la violence et on voit que le monde est plus violent que dans les années 60, époque où la télé était marginale, donc la télé rend violent"... Ca m'a laissé sans voix de connerie.

Derrière un débat mené par Christophe Hondelatte (ha ha) avec Morandini (bis) une journaliste de Télé Z ou Télé mag (ter) et David Abiker perdu la dedans en arrivait presque aux mêmes conclusions. Abiker disait, heureusement, que la télé rend con mais pas violent, les autres défendaient leurs bouses. Pire, on était allé chercher Alexandre Lacroix, philosophe bien peigné et poli pour dauber sur la télé : tellement simple pour un philosophe de taper sur ce qui n'est pas livresque en s'affichant à la télé... Il y avait aussi une psy télé : je respecterai la convention de Genève mais les psys télés sont à Sigmund ce que Guillaume Musso est à Julien Gracq...

Je me suis juste interrogé sur une évidence: pourquoi personne n'a parlé de ce qui nous rend vraiment violent: la société libérale et virile. Sur l'argument années 60, années 2010 et contestation: pourquoi les gens désobéissent moins alors qu'il y eut la Shoah s'interroge le réalisateur? Mais dans les années 60, on en parlait constamment, aujourd'hui, l'histoire s'enseigne à partir de Thriller de Michael Jackson jusqu'à la résurgence de Britney, l'histoire on ne veut pas en entendre parler, c'est poussiéreux quoi.

Sur les racines de la violence: il faut lire tous les bouquins de Christophe Dejours sur la souffrance en France, au travail ou ailleurs. Comme disait Staline, "un mort c'est une tragédie, 1 million c'est une statistique", notre vrai drame c'est d'avoir une lecture statistique du monde, par essence externe à la compassion et à la douleur. On a tous des archétypes en tête comme "le plein emploi est une chimère, 6% c'est un beau taux" (les archétypes s'énoncent bêtement) or, cela signifie des millions de personnes en situation très précaire. On s'habitue à tout, les millions de personnes mal logées, les enfants battus qui feront des adultes exclus (70% des personnes en situation de grande exclusion sont issus des services sociaux de l'enfance). Lundi, une étude montrait que 20% des étudiants mangeaient mal faute de moyens (un repas par jour...). Aujourd'hui, le spectre de la violence sociale ne cesse de s'étendre, jeunes, moins jeunes, pauvres à moins de 817 euros (merveilleuse trouvaille de Bruxelles) pauvres à plus de 817 euros par mois et autres...

Corollaire de tout cela, plus la violence imprègne, moins on est solidaire, donc prêt à écraser l'autre. Montrer qu'on est pas une lavette quoi. Cet esprit a imprégné le monde de l'entreprise ou c'est un privilège d'avoir un boulot et un insigne honneur de recevoir un salaire. La compétition virile écrase les autres. D'ailleurs si Renaud était encore un chanteur de qualité, il ne reprendrait pas grande chose à son immense "Madame Thatcher". Merveilleuse chanson qui montre qu'à part Maggie, tous les grands violents de l'histoire sont des mecs. Peut être rajouteraient ils quelque chose comme "patrons voyous, spéculateurs verreux et traders fangio, je vois pas de gonzesse chez ces zozos... à part bien sûr La Parisot"...

Sur ce, camarades, je m'en vais commémorer les 139 ans de la Commune à ma façon (j'ai un dèj place de la Nation quoi...)